Chapitre 7

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« Hm…Où suis-je ? » Cette pensée me traverse peu de temps après que je me sois de me réveiller. J’ouvre les yeux lentement, encore dans l’obscurité de ce qu’il venait de m’arriver et observe tout autour de moi. Des livres de partout par terre, empilés, un tout petit miroir juste à côté de la porte et je me vois assise sur un petit lit en ferraille. Où est-ce que j’ai atterri ? Que s’est-il passé ? J’essaye de me lever discrètement mais ce lit semble vouloir montrer que je viens de me réveiller en émettant un grincement désagréable.

Visiblement je ne vais pas tarder à découvrir qui est le propriétaire de ses lieux car je vois une ombre se former sous le bas de la porte. Par peur, je me précipite vers la petite fenêtre pour pouvoir sortir rapidement mais, en regardant bien à travers, je remarque que je suis en haut d’un appartement dans un quartier qui m’est totalement inconnu et apparemment très excentré. Je prends ma respiration et ouvre cette fenêtre en espérant que je ne tombe pas. Soudain la porte s’ouvre.

- Qu’est-ce que vous faites ?

Je tourne la tête vers mon interlocuteur et je m’aperçois que j’avais été logé par Kaïs. Je repose alors mon pied au sol en soupirant de soulagement. Il est là avec un petit plateau avec un café et du pain, devant moi essayant de comprendre ce que je faisais et je ne peux m’empêcher de lâcher un petit rire nerveux face à cette situation.

- Excusez-moi Kaïs, j’ai un peu paniqué en voyant que je n’étais pas chez moi.

Je referme alors lentement la fenêtre en essayant de ravaler ma honte. Il est vrai que je me doutaix que j’étais chez lui puisque nous avions rendez-vous mais je suis restée méfiante en conséquence de quelques mauvaises expériences. Je décide de me diriger vers lui pendant qu’il dépose le plateau sur un petit meuble qui semble servir de table de nuit.

- Je vous ai apporté du café et un peu de pain, c’est tout ce que j’ai à vous proposer.

- Ce sera parfait merci.

Son accueil chaleureux me surprend un peu et finalement il ne semble pas aussi sauvage que je le pensais. Alors que je lui adressais un petit sourire comme remerciement, il repart dans la pièce d’à côté. J’attrape la tasse de café et en profite pour boire une gorgée avant de faire une affreuse grimace. Beurk ! Ce café est si amer ! Il est très loin de ce que j’ai l’habitude de boire et le goût est… Indescriptible tellement il me répugne. Je repose la tasse aussi vite que lorsque je l’ai prise. Je décide donc de porter mon dévolu sur ce pain qui semble daté de quelques jours mais cela fera l’affaire. Je m’avance et profite pour observer son lieu de vie. Comme je me doutais, il vivait dans un grenier, partageant son logement surement avec des souris. Le planché craque sous le moindre de mes pas et chaque meuble semble avoir vécu depuis des années.

- Kaïs ? Merci de m’avoir aidé.

- Je vous en prie. Vous avez eu de la chance que j’ai réussi à vous rattraper avant que vous ne tombiez complètement. Sinon nous aurions été obligés de vous faire occulter par le médecin.

- Je vois…

- Et si vous me disiez ce qu’il s’est passé ? dit-il en s’asseyant dans un canapé rempli de poussière.

- Et bien… Je ne sais pas vraiment… Tout est flou dans ma tête.

- C’est la première fois que cela vous arrive ?

- Oui et je dois bien avouer que je n’ai pas envie que cela recommence.

Je m’installe alors sur le fauteuil pas très loin de lui en mangeant un morceau de pain et je ne peux m’empêcher de l’observer, sans trop essayer de montrer mon dégoût, en train de boire un café. Comme quoi il est possible de boire une horreur pareille.

- Alors… C’est chez vous ici, vous y êtes depuis combien de temps ?

- Quelques mois, je commence tout juste à être indépendant, dit-il avant de laisser un petit silence et de reprendre, et si nous parlions de votre proposition ?

- Euh… oui, répondis-je en commençant à rougir, me rappelant que je lui avais couru après, ce qui n’est pas habituel pour une femme et encore moins pour moi. Je vous écoute, quels sont vos conditions ?

- 100€ par jour et vous ne me collez pas les basques.

Je déglutis difficilement face à cette demande qui me semble démesurée.

- Pardon ? Cela me semble un peu disproportionné !

- C’est soit ça, soit vous partez toute seule. Autant vous dire que vous ne reviendrez jamais.

- Très bien, 100€ par jour mais vous devez me promettre d’assurer ma sécurité et vous payez vous-même les frais de voyage et de logement.

Il accepte sans broncher et nous mettons en place notre projet pendant quelques heures, débattant sur plein de sujet comme sur les points de départ, le voyage en lui-même, quand nous partirons et aussi quand nous voudrons rentrer. Nous avons décidé alors de partir dès demain matin vers une ville du nom de Literla, complètement inconnue pour moi mais pas pour lui, visiblement. De là-bas nous prendrons le premier bateau vers… On ne sait pas encore où. Ce petit point sera à régler une fois sur place. Afin de nous protéger l’un l’autre, nous signons un contrat stipulant toutes les informations nécessaires à notre protection et aussi pour l’assurer que je le payerais bien. Une fois cela fait, je me lève et lui tends la main en lui souriant chaudement.

- Bienvenu partenaire de voyage.

Il se lève à son tour, me dépassant largement d’une tête voire plus, et décide de me serrer la main en adressant un sourire bien plus timide. Nous nous stoppons pendant quelques secondes, se fixant les yeux dans les yeux et je remarque une teinte de vert parmi toutes les tâches noisette. Mon cœur recommence à battre plus fort et à s’emballer mais cela me parait beaucoup plus doux que toute à l’heure et j’ai les idées complètement claires. Remarquant que nous sommes en train de nous fixer simultanément et bloqués sur place, je détourne le regard en me détachant de sa main. Je sens que mes joues recommencent à rougir et je fais vite diversion en récupérant le petit sac que j’avais emmené au parc et qu’il a visiblement pris le soin de le garder auprès de lui. Il m’observe encore, surement pour me déchiffrer puis s’avance vers moi.

- Je vais vous raccompagner.

Nous traversons la porte dans un silence presque pesant. Si le voyage se passe comme ça, cela ne risque pas d’être très amusant ! Mais il vaut mieux ça qu’être complètement seule, j’imagine. Une fois devant la porte de l’immeuble, je me retourne vers lui et le salue une dernière fois, mais il semble ne pas vouloir me lâcher dans la nature comme cela.

- Vous savez comment rentrer chez vous ?

- Non… Mais je vais bien trouver.

Il émit un petit sourire en coin, sachant pertinemment que je ne réussirais pas à retrouver mon chemin toute seule. Il ouvre la porte de l’immeuble et part devant en s’assurant qu’il n’y avait personne devant nous. Il commence à marcher tout seul devant et je le suis comme un petit poussin, profitant de ce moment pour repérer les lieux et connaître un peu mieux la ville.

Visiblement nous sommes dans un quartier assez éloigné de là où je vis. L’odeur est nauséabonde et chaque bâtiment semble être à deux doigts de s’effondrer au moindre petit coup de vent. Sur le chemin, nous croisons des personnes saoules, des personnes dans une détresse la plus totale. Jamais je n’avais vu cela. Je me sens si mal-à-l’aise dans cette ambiance, je suis tellement privilégiée mais cela ne me rend pas particulièrement joyeuse de voir autant de différences entre chaque catégorie sociale. Alors je voulais me rapprocher d’une personne en train de quémander, Kaïs me stoppe rapidement en me prévenant qu’il ne vaut mieux pas se rapprocher puisqu’elle n’est pas en bonne santé. Malgré mon envie de l’aider plus que tout, je me range du côté de Kaïs et continue mon chemin vers ma « cage dorée » comme il dit. Une fois dans la rue de ma maison, je m’arrête en regardant Kaïs qui semble vouloir continuer son trajet.

- Merci Kaïs, je devrais retrouver mon chemin maintenant. Il s’agit de cette maison. Et même si je sais que vous n’êtes pas quelqu’un de méchant, je préfèrerais que vous ne vous montriez pas devant chez moi.

- Pourquoi ?

- Je n’aimerais pas que ma mère vous voit et vous traite mal. Elle n’est pas très… chaleureuse auprès des personnes comme vous…

- Comme moi ?

Mince ! En vue de sa réaction, ce terme ne semble pas lui faire plaisir et je n’aimerais pas le froisser maintenant. Mais il semblerait que ce soit trop tard. Il regarde de nouveau la maison en soupirant avant de repartir, me laissant seule sur le trottoir en ajoutant juste un simple « à demain » en passant à côté de moi. Je le regarde partir du haut de mon épaule avant de marcher en direction de ma maison. Ma phrase n’est pas spécialement négative, surtout que je ne suis pas comme ma mère, je ne voyais pas Kaïs différemment de moi. Je le trouve même parfois plus humain qu’elle. Malheureusement, je ne peux pas revenir en arrière mais je prendrais le temps de m’excuser demain avant notre départ.

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