Chapitre 1

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« 08/09 : Nous sommes aujourd’hui le Mardi 8 Septembre, et aujourd’hui, j’ai fait une découverte. Ce matin, en allant dans la forêt de Vielburg, je me suis retrouvée face à un petit écureuil, c’est comme ça qu’on l’appelait du moins, dans le temps. Je n’en avais jamais vu auparavant. Ces petits êtres ne font que quelques centimètres de haut et sont tous plein de poils, ils courent d’une vitesse qui me semble démesurée en vue de leur petite taille. Malheureusement, alors que je l’observais avec son petit gland (ou quelque chose du genre), j’ai malheureusement effleuré une branche qui a craqué sous mes chaussures et visiblement, il l’a entendu, m’a repéré et, en à peine quelques secondes, le voilà déjà parti trop loin pour que je puisse en faire un dessin. J’espère pouvoir le revoir de nouveau pour l’étudier un peu plus. »

En un soupir, je referme ce petit carnet qui me permet de noter toutes les choses que j'estime assez intéressantes pour être écrites. Malheureusement, des pages comme celle-ci, il y en a très peu, ce qui explique la poussière qui s’est entassé sur cet ouvrage. Ce que j’aimerais écrire plus ce genre de chose ! Mais cependant, ce genre de moment est devenu rare après la chasse Hierdun et même si cet évènement date déjà de plusieurs années, notre chère Terre ne s’en est pas remise. L’être humain abominable qu’il était avant a préféré détruire toutes autres formes de vie que nous pour survivre et notre nature ne s’est pas refleurie. Nous n’avons plus d’animaux, ou très peu, autour de nous et ce que j’appelle une forêt n’est désormais que quelques morceaux de branches par-ci par-là.

Je me lève lentement et me dirige vers la grande fenêtre qui éclaire ma pièce favorite de notre manoir. C’est ici que je garde précieusement tous mes ouvrages, mes livres, mes dessins et aussi quelques instruments qui ont, eux aussi, bien pris la poussière. Cette pièce est une extension de moi-même, une échappatoire aussi, en quelque sorte, mon cocon. Pourtant, là où j’aimerais vraiment être c’est dans une vraie forêt, comme on peut le voir dans les anciens livres, ce genre d’endroit où les rayons de soleil illuminent les feuilles des arbres et, parfois, réussissent à franchir le feuillage d’un beau chêne pour venir caresser le sol de son étreinte chaude. Un endroit plein de petits bruits, pas ceux aussi insupportables que le bruit des usines qui m’entourent, des voitures, non, des bruits enchanteurs, comme la douce mélodie d’une vie qui se passe derrière un ensemble de fleurs, la chanson d’un petit nid d’oiseaux qui appelle sa maman pour qu’elle leur apporte à manger, quelques craquellements de branches au loin qui sont effleurés par les pattes d’un renard à la quête d’une proie pour se nourrir. Le bruit du vent qui effleure les branches au sifflement de ses envies. Ce genre d’endroit où nous sommes en paix, bien où l’on respire à plein poumon. Un endroit féérique. Mais à mon grand désespoir, ce genre d’endroit n’existe plus, ou du moins, pas à ma connaissance et dieu que j’en ai fait des recherches pourtant !

Alors que je pose doucement ma main sur la vitre de la fenêtre, j’aperçois au loin un enfant qui court avec un morceau de pain plus ou moins dissimulé dans sa veste. Ce gamin aux cheveux bouclés et complètement décoiffés semble être poursuivi par un gendarme. Voilà où nous en sommes arrivés : à la famine, nous qui avions pourtant un pays riche, plein de ressources autrefois. Mais la bêtise humaine a fait que nous sommes là, le monde divisé entre deux : ceux qui vole pour survivre, et ceux qui ont encore la chance de pouvoir se nourrir, non pas sans mal. Je ne suis pas à plaindre, je fais partie de ceux qui peuvent encore manger. Mon père est le Maire de la ville, et même si je n’apprécie pas forcement cette place, je suis vraiment reconnaissante d’être née dans une bonne famille, tout le monde n’a pas cette chance. Soudain mes pensées sont vite balayées par l’arrivée de ma mère :

- Encore enfermée dans cette pièce ? Amélia, voyons, tu devrais plutôt te préparer pour la fête de ce soir. Regarde-toi, tu es toute sale ! s'exclame-t-elle en me regardant de la tête au pied avec son visage rempli de contrariété bienveillante.

- Oui mère, vous avez raison, je vais me préparer, répondis-je simplement en lui adressant un léger sourire sincère.

Elle me sourit en se dirigeant vers moi avant de passer une main dans mes cheveux et retire une branche qui s’était logé dans mon chignon. Moi qui avais pourtant pris soin de les retirer.

- Tu étais encore dans la forêt, n’est-ce pas ? N’arrêteras-tu donc jamais ? Ce n’est pas comme ça que tu vas perpétuer notre nom ! Tu sais, ton père et moi serions vraiment rassurés de te savoir avec un homme. Tu ne nous ménages pas.

Elle recommence…

- Mère, papa et vous avez un peu trop tendance à me voir comme un moyen de perpétuer la famille. Mais il y a tellement d’autres choses que j’aimerais faire avant… avant d’être enfermée dans une prison en or avec un mari affligeant !

- Amélia, voyons ! s’esclaffa-elle.

Je soupire de nouveau en balayant, d’un geste de la main, les réprimandes qu’elle allait me faire et prend la direction de la porte pour aller dans ma chambre et me préparer pour cette fameuse fête. Ma mère me regarde partir et je sens sa déception en elle, cette déception que je ne supporte pas. Si seulement je pouvais les combler, si seulement j’étais aussi simple que toutes les filles qui ne cherchent qu’à avoir un bon mariage. Mais ce n’est pas moi et j’ai beau essayé d’être comme elles, jamais cela ne s’est fini de la bonne façon et je les déçois encore, à tel point que j’en ai fait une habitude désormais. Je la regarde du coin de l’œil alors qu’elle est en train de ranger le petit carnet que je venais d’étoffer.

Une fois dans ma chambre, je prends soin de fermer la porte derrière moi et me dirige vers le grand balcon qui donne sur un des plus beaux endroits de la ville où 4 grands arbres encadrent une place avec quelques bancs. Je viens souvent ici pour lire ou dessiner un peu. Après quelques bouffés d’air frais, je décide de me mettre au travail et de me choisir une tenue pour cette soirée. Plutôt chic et élégante ou décontracté et je-m’en-foutiste ? J’entends déjà ma mère me dire « Amélia ! Tu te dois d’être irréprochable ! » et d’un soupir finalement plutôt amusé par cette voix dans ma tête, je décide de me tourner vers une tenue chic et élégante. Une longue robe noire fera l’affaire.

Après une bonne douche bien chaude pour me détendre un peu et calmer les quelques tensions qui se figent dans mon corps, je m’assois devant ma coiffeuse. Mes cheveux longs et blonds glissent le long de mon corps et semblent ne pas vouloir coopérer aujourd’hui. Cependant, ce n’est pas le moment. Quelques coups de brosse, quelques pinces et voilà ma chevelure d’or prête malgré les quelques mèches rebelles qui encadrent mon visage et ressortent de mon chignon, ce qui lui donne un air faussement décoiffé que j’apprécie, finalement. Un peu de blush, du mascara et un joli rouge à lèvre rosé et me voilà complètement préparée, mais franchement pas emballée par cette fête. Je me serais bien contentée d’une soirée à lire un bon livre au coin de la cheminée, animée par le bruit du craquellement du bois sous la chaleur du feu. Mais je sais que cette fête tient à cœur à mes parents et je dois faire bonne figure, pour eux.

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