26 Décembre 2017

9 minutes de lecture

Appartement de Alexandre Seguin – 19h21

_ C’est délicieux Alexandre, vraiment ! Je devrais venir me nourrir par ici plus souvent.

Je regardais Gabriel finir sa part de poulet au parmesan et à la mozzarella en deux énormes bouchées, et s’écrouler sur le dossier de sa chaise, un sourire béat sur les lèvres et les mains posées sur son ventre plein. Je ris et je commençais à débarrasser la table pour pouvoir amener le dessert sur la table. En me voyant poser des petites assiettes et des cuillères devant lui, Gabriel se redressa lentement et me dévisagea :

_ Il y a un dessert ?

Je répondit le plus innocemment possible :

_ J’ai fait un fondant au chocolat, avec de la glace vanille, caramel, noix de pécan.

Les yeux de Gabriel s’arrondirent et sa langue parcourut ses lèvres. Je du me secouer pour ne pas fixer la trajectoire du petit appendice rose, même si Gabriel était trop partit dans ses pensées pour remarquer.

_ La recette de ta mère je suppose… dit Gabriel rêveusement.

Je regardais tendrement mon ami. Je savais que le gâteau au chocolat de ma mère avait toujours été l’une de ses faiblesses. Sa mère n’avait jamais été une très bonne cuisinière en dehors des basiques, et Gabriel venait manger chez nous le plus souvent possible, aidant parfois ma mère dans la cuisine, le plus souvent la suivant comme un chiot suivrait son maitre tenant sa gamelle pleine.

_ On peut continuer le repas dans le salon si tu veux. Il y a une rediffusion du Père Noel est une ordure qui commence dans 20 minutes.

Un quart d’heure plus tard, nous étions dans le salon, le gâteau au chocolat et un théière remplie de tisane digestive devant nous, j’allumais la télé et nous commencions à manger. J’adorais ce vieux film, et j’avais l’habitude de le regarder en famille lorsque j’étais plus jeune. Une année, les sœurs de Gabriel avait eu une mononucléose durant les vacances de Noel, et Gabriel était resté chez nous, ses parents ne voulant pas qu’il tombe malade à son tour. Cette année là, nous avions regardé le film deux fois, tellement Gabriel avait rit.

Pendant l’une des nombreuses pauses publicitaires, je me levais pour débarrasser et lorsque je revins à la cuisine, Gabriel tenait dans ses mains un petit paquet, emballé dans du papier journal, avec un ruban rouge. Gabriel me le tendit, un peu mal à l’aise et me dit :

_ Joyeux Noël Alexandre, c’est pas grand chose mais bon.

Je pris le cadeau des mains de Gabriel, émut.

_ Attends, j’ai quelque chose pour toi aussi.

Et je me précipitais dans ma chambre pour récupérer le petit paquet que j’avais rangé dans ma table de chevet avant de revenir dans le salon. Je tendit mon cadeau à Gabriel et nous nous rassîmes sur le canapé pour ouvrir nos cadeaux. Je fis délicatement glisser le ruban avant de décoller le scotch, tentant de ne pas déchirer le papier plus que nécessaire. A l’intérieur, je découvris une petite boîte noire que j’ouvris rapidement, son contenu me laissant bouche bée. C’était le bracelet, celui que Gabriel observait lorsque nous étions allés aux Galerie Lafayette le mois dernier. Celui que je lui avait acheté. L’ancre. La seule différence avec le cadeau que je lui avait fait était la couleur du bracelet, alors que j’avais choisi un vert sombre pour Gabriel, il m’avait choisi un joli bleu roi. Je saisi le bracelet et je relevai la tête. Gabriel tenait aussi son bracelet entre ses mains et il me regardait aussi. Je clignais des yeux. Gabriel cligna des yeux. Et nous partîmes dans un grand fou rire. Une fois calmé, Gabriel me demanda en mettant le bracelet à son poignet :

_ Comment…

Je compris sa question et lui répondit honnêtement :

_ Je t’ai vu regarder le bracelet quand on faisait nos courses de Noel, et j’ai pensé qu’il ferait un bon cadeau.

_ Il est magnifique Alexandre, merci.

Le sourire sincère qui ornait ses lèvres me rassura.

5 Janvier 2018 – 11h15

Parc du Luxembourg, Paris.

En ce début d’année 2018, Gabriel et moi avions décidé de prendre l’air en faisant une balade dans le parc du Luxembourg. C’était Gabriel qui avait proposé cette virée, et je compris vit pourquoi quand il nous tira directement vers la terrasse d’un café, où il s’empressa de commander une glace à trois boules, supplément de crème chantilly, et un grand café pour moi. Alors que nous mangions et buvions nos consommations hors de prix, Gabriel me demanda comment mon rendez-vous de la veille s’était déroulé. Depuis qu’il avait découvert les appli de rencontre sur mon téléphone, Gabriel s’était mis en tête de me trouver le plus de rendez-vous possible, soit disant parce qu’il avait besoin de vivre par procuration. Je cédais donc parfois et me retrouvais bon gré mal gré à des rendez vous, plus étranges les uns que les autres. Hier ne faisant pas exception à la règle. Je lui racontais donc désastreux rendez vous avec Louis, architecte parisien. L’homme avait un ego extraordinaire, et m’avait emmené dans un restaurant quatre étoiles et totalement hors de prix. Il avait passé tout le trajet à me parler de ses derniers clients, insistant lourdement sur leurs fortunes et leurs importances. En arrivant au restaurant, il avait piqué une crise car nous n’avions pas la bonne table, puis à cause du vin. Ensuite il avait renvoyé son plat trois fois, le tout sans cesser une seule seconde de parler de lui. J’ai finalement été sauvé par l’hôpital m’appelant pour une urgence. Lorsque je finis mon histoire, Gabriel était écroulé de rire, essuyant même des larmes du coins de ses yeux.

_ Mon dieu, Alexandre, je sais pas comment tu fais mais tu attire toujours les cas !

Je grognais. C’est vrai que mes deux derniers rendez vous n’avait pas vraiment été à la hauteur de mes attentes. Au moins, ils avaient servis à faire rire Gabriel et Zoé. Je pris une gorgée de mon café, maintenant tiède, et remarquait un couple nous observant. La femme, chuchotait furieusement à l’oreille de son compagnon, lui tenant fermement la main, tandis que l’homme fixait Gabriel comme pour essayer de se rappeler où ils s’était déjà rencontré. Je demandais à Gabriel :

_ Tu les connais ? en désignant le couple.

Gabriel leva la tête et observa le couple avant de répondre par la négative. Il pris une dernière cuillérée de chantilly avant de se lever.

_ On y va ? Il commence à faire frisquet .

Il commençait en effet à faire froid, alors je me levais et suivi Gabriel vers la poubelle. Jetant un dernier coup d’œil au couple, remarquant que l’homme s’était levé et se dirigeait vers Gabriel et moi. Je posais ma main sur le bras de Gabriel qui se retourna un air interrogatif sur le visage. Je désignais l’homme, qui se trouvait maintenant juste derrière nous.

_ Excusez moi, je voulais savoir si vous étiez Ben Mirage ? demanda l’homme en regardant Gabriel droit dans les yeux.

Gabriel sourit et répondit :

_ Je suis désolé, je pense que vous faîtes erreur sur la personne.

L’homme lui lança un dernier long regard avant de retourner vers sa compagne en secouant la tête.

_ Ben Mirage ? Quel nom bizarre !

Je ris en regardant Gabriel. Il haussa simplement les épaules :

_ Allons y !

J’oubliais bien vite cet incident, alors que je marchais dans le parc avec Gabriel, parlant de tout et de rien.

8 Janvier 2018 – 03h01

Appartement de Alexandre Seguin

C’est la sonnerie de mon téléphone qui m’a réveillé à trois heure du matin. Etant habitué à ce genre de réveils nocturnes, je ne me pose pas de question et je réponds à mon téléphone pensant que c’était l’hôpital.

_ Alexandre ? C’est Gabriel …

_ Gabriel ? Tout va bien ?

La voix de Gabriel est bizarre, comme s’il était sur le point de pleurer. N’obtenant pas de réponse, je lui redemande :

_ C’est Claire, elle ne va pas bien…

Claire, la nièce de Gabriel. Je me redresse dans mon lit et j’allume la lumière.

_ Gabriel, j’ai besoin de savoir exactement ce qui se passe.

Heureusement, Gabriel semble reprendre ses esprits et il me dit d’une voix rapide :

_ Claire a été malade toute la journée, elle se plaignait de maux de tête, et elle a vomit une fois. Et elle a passé toute la journée à dormir, Marie a à peine réussi à la réveiller pour la nourrir ce midi. On pensait que c’était une simple grippe, mais cette nuit ça a empiré et là Claire a plus de 40 de fièvre et je ne sais pas quoi faire.

J’analyse la situation rapidement, la fièvre, combinée aux autres symptômes n’est pas très rassurante, bien que pas forcément grave.

_ D’accord, est ce que vous avez essayé de faire baisser la fièvre ?

_ On a baissé le chauffage, et on lui a enlevé une partie de ses vêtements. Marie lui a donné un demi paracétamol il y a une heure, mais rien n’y fait.

Je tiens mon téléphone d’une main en passant mon pantalon tant bien que mal. Je dis à Gabriel :

_ Gabriel, il faut que tu l’emmène au urgences. Tu as une voiture ?

Quand Gabriel me répond par l’affirmative, je continue :

_ Emmène Claire à Sainte-Croix, je vous rejoint là-bas.

_ D’accord.

Je ne peux pas m’empêcher d’ajouter :

_ Et soit prudent sur la route !

Je peux presque entendre Gabriel sourire au travers du téléphone.

_ Toi aussi ! Et merci Alexandre.

_ Pas de soucis.

Je raccroche et je me dépêche de m’habiller, avant de me rendre à l’hôpital. Quand j’arrive, je me dirige vers le bureau de Bernard Davis, le chef du services pédiatrique, priant pour qu’il soit de garde ce soir.

Pour une fois, mes prières ont été entendues et je vois de la lumière sous la porte de Bernard. Je frappe à la porte et rentre rapidement dans le bureau.

_ Docteur Seguin ! C’est une surprise de vous voir. Je peux faire quelque chose pour vous ?

J’explique rapidement la situation au Docteur Davis et celui-ci me suis aux urgences. Gabriel arrive moins d’un quart d’heure plus tard, portant la petite fille dans ses bras, suivit de près par Marie, et par Dina. Je leurs fais un signe de la main et Gabriel se dirige directement vers moi.

_ Pose là ici, je dis en désignant l’un des lits vide de la salle des urgences.

Je n’ai même pas pris le temps de me changer, je ne suis pas ici en tant que médecin cette nuit, juste en tant que support. Je reste debout aux côtés de Gabriel, observant le docteur Davis examiné sa petite patiente. Il lui tâte le cou, et à son regard je sais qu’il a les même suspicions que moi. Je ne dis rien, et le docteur Davis se redresse s’adressant à Marie :

_ Madame Blanc, je voudrais faire une ponction lombaire sur votre fille…

Gabriel se tourne vers moi et je hoche la tête en signe d’assentiment. Je vois Gabriel se relaxer légèrement et passer un bras sur les épaules de sa sœur alors que le médecins lui explique la procédure. Alors que Marie signe les papiers acceptant la ponction lombaire, Gabriel demande au docteur Davis :

_ Est-ce que Alexandre pourrait rester avec Claire pendant que…

Gabriel finit sa question par un geste vague en direction de la forme pâle de sa nièce. J’échange un regard avec le docteur Davis. Ce n’est pas très orthodoxe, mais je suis du corps médical de cet hôpital et je ne fais pas partie de la famille de Claire. Et il aura besoin d’une paire de mains pour maintenir Claire durant la ponction, qui n’est pas un moment très agréable à passer.

Comme il y a une possibilité de méningite bactérienne, le docteur Davis mets tout de suite Claire sous antibiotique, avant de l’emmener vers une salle de soin pour la ponction lombaire. Je me prépare et je maintiens la petite fille sous les genoux et sur la nuque, pendant que le docteur Davis enfonce la grande aiguille dans le dos de Claire, qui commence à pleurer doucement. Je la console du mieux que je peux et la procédure est bientôt terminée. Je reste aux côté de Claire, qui doit rester allonger sur le flans un peu plus longtemps.

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