15 Novembre 2017 - 13h01

6 minutes de lecture

« Les bons amis t'aident à retrouver des choses importantes lorsque tu les as perdues ; ton sourire, ton espoir et ton courage. »

Doe Zantama


Garage Tou'Roule - Charenton-le-Pont

Je regardais le garage une fois de plus, en prenant nerveusement une gorgée de mon café à emporter. J'étais garé devant le garage, depuis un peu plus de une heure, et je ne savais toujours pas comment abordé Gabriel. Enfin, j'avais surtout trop peur de sortir de ma voiture. Alors pour le moment, je me contentais d'observer les allées et venues du garage. Comme Gabriel me l'avait décrit dans nos conversations, le garage Tou'Roule se trouvait en banlieue parisienne proche, à Charenton-le-Pont, et vu le voisinage et la clientèle qui venait, je pouvais dire sans crainte que le propriétaire gagnait surement bien sa vie. Durant la dernière heure, j'avais pu apercevoir Gabriel deux fois. La première en compagnie d'une grande femme blonde et mince, une beauté classique et d'un jeune homme noir portant une salopette bleue, une énorme tignasse et un air bougon. La deuxième fois, il était sortit pour accueillir un client à l'entrée du garage. Je n’avais toujours pas mis un pied hors de ma voiture.

Il me fallut un total de trois heures et de coup de téléphones à Zoé, pour me décider à sortir de la voiture. Je me dirigeais à grand pas vers le bureau du garage, cachant mes mains tremblante dans les poches de mon manteau. En arrivant devant la porte du bureau, je pris une grande inspiration. Et puis une autre. Et puis encore une. Je m’apprêtais à faire demi-tour et à m’enfuir en direction de ma voiture lorsque je sentis quelqu’un arriver dans mon dos :

- Je peux vous aider Monsieur ?

Je me retournais et me retrouvais nez à nez avec la femme blonde qui parlait avec Gabriel plus tôt dans la journée.

- Hum…. Je …. Oui, en fait …

Je me sentis rougir en balbutiant comme un lycéen. Heureuseusement, la femme blonde eut un sourire indulgent et ouvrit la porte avant de me faire signe d’entrer dans la pièce. J’entrais sans un mot et m’asseyais sur la chaise positionnée en face du bureau. La jeune femme blonde s’assit en face de moi, avant de se présenter :

- Je m’appelle Libby Lund et je suis la propriétaire de ce garage.

Je serrai la main tendue de Libby.

_ En quoi puis je vous aider Monsieur… ?

Son hésitation me fit réagir.

_ Seguin. Alexandre Seguin. En fait, je suis là pour l’un de vos employés.

Libby fronça ses sourcils parfaitement entretenus.

_ Pour l’un de mes employés ? Il y a un problème ?

Je me hâtais de la rassurer.

_ Non, non ! En fait, je suis un ami de Gabriel Blanc, et je suis aussi son médecin. Comme il est parti de l’hôpital contre l’avis du docteur en charge, je voulais juste m’assurer qu’il allait bien.

_ Je vois. Gabriel n’a pas encore pris sa pause, alors si cela ne vous dérange pas trop d’attendre ici…

_ Non, pas de soucis. Merci beaucoup.

Libby disparut dans le garage et je me retrouvais seul dans le bureau. Je regardais autour de moi. La pièce était tapissée de photos de voiture dans telle ou telle situation. Je supposais que la plupart était des modèles de collection car elle semblaient vieille. Il y avait aussi des photos de l’équipe, Libby au milieu de cinq garçons, dont Gabriel, un immense sourire au lèvres. Derrière la bureau, il y avait aussi une vitrine pleine de trophées divers et varié. La porte s’ouvrit à ce moment là, et je me levai pour accueillir Gabriel, ne sachant pas vraiment à quoi m’attendre. Gabriel se tenait dans l’embrasure de la porte. Il semblait surpris de me voir, mais pas en colère.

_ Alexandre ? Mais qu’est ce que tu fais là ?

_ Tu es parti contre avis médical.

Gabriel s’avança dans la pièce, fermant la porte derrière lui. Il portait une combinaison de travail bleu, et je trouvais que ce look lui allait comme un gant. Empêchant mon regard d’aller trop au Sud, je me concentrais sur le visage de Gabriel. Celui-ci n croisait pas mon regard, passionné par de la crasse qui se trouvait sous ses ongles. Je soupirais.

_ Ce n’est pas un interrogatoire Gabriel. Je ne suis pas là pour te gronder. C’est vrai que j’aurais aimer au moins un au revoir, mais tu ne me dois rien. Je voulais juste m’assurer que tu vas bien.

Gabriel releva la tête, se mordillant la lèvre inferieure, comme toujours lorsqu’une situation le mettait mal à l’aise. Je me détournais et je posais ma mallette sur le bureau avant de l’ouvrir.

_ Viens t’assoir ici, et montre moi tes sutures.

Je parlais de ma voix la plus professionnelle possible, ne regardant pas Gabriel pendant que je préparais mon matériel. J’entendis Gabriel s’assoir sur la chaise, enlever le haut de sa combinaison de travail puis son tee-shirt. Lorsqu’il fut près je me retournais. Gabriel se détourna. Sans faire de réflexion, mais sentant mon cœur se serrer, je m’appliquais à enlever son pansement, qui était rouge de sang. Comme je l’avais supposé, Gabriel avait rouvert sa plaie à l’abdomen. Le saignement n’était pas important et la plaie ne paraissait pas infecter. Par précaution, je nettoyais tout de même, et pour aider la plaie à se refermer, je mis une agrafe. Alors que je refaisais le pansement, Gabriel prit la parole :

_ J’avais honte.

Surpris, je relevais la tête de mon travail. Je croisais le regard

de Gabriel. Je déglutissais le plus discrètement possible avant de demander :

_ Honte, mais de quoi.

_ Je ne t’ai pas tout dis…Sur moi.

Réfléchissant à la réponse de Gabriel, je finissais le pansement et me redressais. Je jetais gants et compresses dans la poubelle avant de m’appuyer sur le bureau, face à Gabriel, les bras croisés sur la poitrine.

_ Et tu compte me le dire un jour ?

Je n’avais toujours aucune idée des intentions de Gabriel à mon sujet.

_ Je n’ai jamais finis le lycée.

Je ne dis rien, bien que je sois surpris. Gabriel n’avait jamais eut de problème à l’école, et il adorait étudier. Je ne comprenait pas pourquoi il avait arrêté ses études, ou le rapport que ça avait avec le fait de partir plus tôt de l’hôpital, sans un mot. Gabriel pris une grande inspiration et continua :

_ Mon père… a perdu son emploi six mois après notre retour sur Paris, et ma mère n’avait toujours pas retrouver de travail. Les choses ont dégénéré et après la mort de mon père, ma famille n’avait plus d’argent. On nous a mis à la rue et j’ai quitté le lycée pour prendre un travail comme serveur. On est allé vivre avec mon oncle pour un temps mais on a accumulé les malchances et maintenant je suis encore entrain de payer les dettes de la famille.

Je tournais les paroles de Gabriel dans ma tête. Cela expliquait bien des choses en effet, sauf une.

_ Mais pourquoi es tu partis sans un mot ? Je croyais que tu étais mon ami…

_ Tu te souviens des rédactions que l’on du écrire et présenter devant nos parent en CM2 ?

Je hochais la tête. Bien sûre que je me souvenais. Je me souvenais de presque tout quand il s’agissait de Gabriel.

_ On avait ces rêves d’enfants… Toi, chirurgien et moi, travaillant sur des fusées….

Gabriel fit une pause, un air triste sur le visage.

_ Tu es devenu chirurgien. Et un excellent chirurgien dans ton domaine si on en croit Google. Et moi je suis garagiste, n’ayant même pas un diplôme du lycée. C’est un peu pathétique tu ne trouve pas ?

Je n’arrivais pas à en croire mes oreilles. Je n’en avais rien à faire du travail de Gabriel ou de ses dettes. Cela n’avait rien à voir avec nous.

_ Je m’en fiche de tout ça Gabriel ! Je n’ai jamais pensé moins de toi à cause de ta profession. E savoir que tu as soutenu ta famille depuis un si jeune âge me rends encore plus fier de toi ! Je veux être ton ami Gabriel.

Gabriel cligna des yeux en me regardant .

_ D’a…D’accord.

Ce fut tout ce que pu dire Gabriel avant que sa voix ne se casse. Etant bien trop heureux du dénouement pour y prêter attention, je me dépêchais de prendre mon portable et je demandais avidement à Gabriel de rentrer son numéro dans l’appareil. Gabriel sait le téléphone avec délicatesse, tapa sur les touches et me rendit mon téléphone. Je ne pu m’empêcher de sourire en voyant le contact intitulé Gabriel. Sans perdre un instant j’envoyais un smiley message à Gabriel. Son téléphone vibra et il ouvrit le message avant d’enregistrer mon contact.

Plus tard dans la journée, alors que j’étais de retour chez moi, faisant des lessives et le ménage chez moi je recevais mon premier message de Gabriel : Café la semaine prochaine ?

Je répondit par l’affirmative sans attendre.

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