7 Novembre 2017 -10h43

4 minutes de lecture

Maison de Alain et Adèle Seguin

A cause du travail, je n'avais pas été capable d'aller à une réunion familiale depuis plus d'un mois. Et même si une partie de moi désirait ardemment être à l'hôpital avec Gabriel, je profitais avec plaisir de mes parents et du reste de ma famille. Mon cousin Benjamin Deschamps, était rentré de sa dernière mission en Iraq il y a quelques mois, et durant cette période, nous étions devenus très proche. Benjamin était journaliste, et même si nous avions presque le même âge, il avait passé la majeur partie des ces dix dernières années courant d'un bout à l'autre du globe pour couvrir les différentes guerres et génocides de ce siècle. J'admirais énormément mon cousin et son travail, mais son dernier reportage l'avait changé, et il était revenu souffrant d'un syndrome de stress post-traumatique assez sévère. Son patron l'avait donc consigné à des reportages en France pendant qu'il suivait une thérapie. J'avais encouragé Benjamin à voir Zoé et grâce à cela, nous nous étions rapprochés.

Cette semaine, la réunion familiale hebdomadaire se déroulait chez mes parents et j'étais arrivé un peu en avance pour aider mes parents à cuisiner et à préparer. Pour un mois de Novembre, le temps était assez doux et ma mère avait décidé de mettre une partie de la nourriture dehors, sur la terrasse. Alors que je coupais les légumes pour le pot-au-feu, j'observais discrètement ma mère.

Adèle Seguin était encore une très belle femme malgré ses 58 ans. Je partageais mes cheveux bruns avec ma mère, bien que les siens ne lui tombent au milieu du dos et soient parsemé de gris, ici et là. Des années de natation avaient données à ma mère des épaules larges et une taille fine, qu'elle avait gardé même après sa grossesse.

— Mam, tu te souviens des Blanc ?

La question sortit toute seule de ma bouche, sans attendre ma permission. Ma mère cessa de touiller la marmite et pencha la tête sur le côté, signe qu'elle réfléchissait.

— Les parents de Gaby, tu veux dire ? Bien sûre que je me souviens d'eux ! Tu passais tellement de temps avec leur fils que j'avais l'impression d'avoir ta garde partagée parfois !

Ma mère secoua la tête.

— Le déménagement de Gaby t'avait rendu tellement triste.

C'était la stricte vérité. Ma séparation avec Gabriel m'avait privé d'une partie de mon cœur, que j'avais mis des années à récupérer.

— Tu n'as pas garder contact avec les parents de Gabriel par hasard ?

Ma me regarda curieusement, mais elle répondit à ma question sans faire de commentaire.

- Non, on n'avait pas vraiment grand chose en comment si ce n'est Gaby et toi.

Je hochais la tête, satisfait par l'explication de ma mère. Nous nous remettions donc au travail dans un confortable silence. Puis la curiosité de ma mère reprit le dessus :

— Pourquoi donc toutes ses questions, Alex ? Je veux dire, après tout ce temps?

— J'ai revu Gabriel, il y a quelques jours répondis je honnêtement. Je n'avais aucune raison de mentir à ma mère.

— C'est vrai ? C'est super Alex ! Vous avez pu parler ?

Je souris devant l'enthousiasme débordant de ma mère.

— Oui, nous avons pu parler... C'est comme si les vingt dernières années n'avaient pas d'importance.

Je pris le temps de réfléchir, de formuler mes pensées avant de continuer :

— Je veux dire, bien sûre que les choses sont différentes... mais je me sens quand même proche de Gabriel, comme si je le connais toujours... Sans avoir besoin de tout savoir sur lui.

Je soupirais, je n'avais jamais été très doué pour dire mes sentiments à haute voix et aujourd'hui ne faisait pas exception. Ma mère me regarda attentivement, me donnant envie de me tortiller sur ma chaise comme lorsque j'étais enfant.

— Ta relation avec Gaby à toujours été spéciale...Je ne pense pas avoir été aussi proche de mes amis un jour. Surtout pas lorsque j'étais plus jeune.

Ma mère me souris, passant affectueusement une main dans mes cheveux. Je lui jetais un regard peu amusé, ce qui la fit rire et secouer la tête. Peut être que ma mère avait raison.

La sonnette retentit à midi pile et j'allais ouvrir la porte d'entrée, accueillant ma tante Emilie, et ma cousine Eliane. Le mari d'Eliane, Clovis et leurs fils âgé de trois ans, Nicolas, se tenait derrière les deux femmes. Je les laissait entrer, faisant la bise à tout le monde.

— Ca faisait longtemps Couz' me jeta Eliane en passant devant moi, un sourire jouant sur les ses lèvres.

Ma mère était la cadette de la famille, ayant deux sœurs ainées, Emilie et Alice et un frère décédé alors que j'était encore en primaire. Si Emilie arrivait toujours pile à l'heure, Alice arrivaient toujours en retard. En attendant la dernière sœur et sa famille, nous nous installâmes dans le salon pour commencer l'apéritif. N'étant pas venu à une réunion depuis plusieurs semaines, je profitais de ce temps pour rattraper les dernières nouvelles. Emilie était médecin généraliste et nous parlions des dernières avancées de ma médecine, du dernier scandale pharmaceutique. Eliane était maquilleuse pour une compagnie de ballet parisienne et elle était entrain de nous raconter les derniers potins de coulisses quand la sonnette retentis pour la seconde fois. Alice et son mari, Christian était enfin arrivés, accompagnés de leurs fille, Charline et de leurs deux petits-enfants : Alexis et Aliénor. Bastien, le mari de Charline avait la grippe et ne viendrait pas aujourd'hui. Benjamin viendrait plus tard, il avait du travail en cours.

Le repas se déroula dans les rires et la bonne humeur. J'avais vraiment de la chance quand il s'agissait de ma famille. Ils étaient aimants, compréhensifs et gentils. Toujours près à aider. Toujours près à raconter des blagues plus ou moins nulles. Je pensais à Gabriel, qui avait perdu son père à un si jeune âge. Je ne pouvais pas imaginer perdre mes parents. Je pris congé vers 16h30, car je travaillait le lendemain matin et ma mère me raccompagna jusqu'à ma voiture.

— La prochaine fois, tu n'auras qu'à ramener Gaby. Ca me ferait plaisir de le revoir, et à ton père aussi je pense.

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