Centre Hospitalier Sainte-Croix

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Novembre 2012 - Octobre 2017

Paris

Je m’habituais rapidement à la vie parisienne. Je connaissais déjà Zoé et Valentine, qui me firent découvrir tous les quartiers sympas de la ville. Nous sortions dans le marais pour boire un coup, nous allions au cinéma, et au musée. Pour fêter mon arrivée dans la capitale française, les deux filles m'emmenèrent même dans un club gay, bien que nous ayons la trentaine. Nous étions complètement hors de notre éléments, mais ce fut une soirée mémorable, pleine de rire. Ce fut la première et la dernière fois que j’allais dans un club de ce genre.

Comme Zoé travaillait dans le même hôpital que moi, elle me présenta ses amis et collègues, ce qui rendit mon intégration bien plus facile. Je rencontrais ainsi Jules, le titulaire de la chirurgie cardio-vasculaire, Nathan, titulaire de chirurgie générale, Barbara et Sandra, deux sœurs jumelles, toutes les deux infirmières de bloc. Pour la deuxième fois de ma vie je trouvais une certaine stabilité dans ma vie, avec un groupe d’amis soudés et un boulot que j’adorais.

Mes parents prirent une retraite anticipée et vendirent la maison de Nantes pour venir s'installer en banlieue parisienne disant que je leur manquais trop. La sœur cadette de ma mère, ma tante, Alice habitait déjà en région parisienne depuis près quarante ans avec sa famille, donc ma mère fit d’une pierre deux coups. Ma tante s’était mariée à un parisien pure souche à vingt ans, et l’avait suivi dans sa ville natale. Elle et son mari, Christian avaient deux enfants, Benjamin et Charline, et deux petits enfants : Alexis et Aliénor.

Enfant, je n’avais que très rarement vu cette partie de la famille car ma tante avait déménagé pour Paris avant ma naissance. Je fus particulièrement heureux de rencontrer mes cousins, qui étaient proches de moi en âge, Benjamin n’ayant que trois ans de moins que moi. Toute la famille se retrouvait chez ma tante le dimanche pour partager un repas. Je ne pouvais pas y aller aussi souvent que je le souhaitais, à cause de mon travail, mais je faisais tout mon possible pour y aller au moins une fois par mois.

J’aimais beaucoup ces réunions hebdomadaires, et j’aimais encore plus avoir mes parents près de moi. Cette nouvelle famille était bien sûr au courant de ma sexualité et aucun d’entre eux n’avait eu de réactions déplacées. Et même lorsque je leur présentais Vincent, ils l’accueillirent tous à bras grand ouverts.

Je rencontrais Vincent six mois après mon arrivée sur Paris. C’était un banquier, et il travaillait au siège de la Société Générale. Nous nous rencontrions à une fête d'anniversaire d'un ami commun. Vincent me plut tout de suite avec sa bouille de mauvais garçon et sa haute stature. Il était blond, avec des mèches lui retombant en vague sur le front et les épaules. Ses yeux n'étaient pas bleus comme ceux de Gabriel, mais gris. Vincent était beau et il le savait très bien, jouant de son charme à toutes les occasions. C'était le genre de personne qui attire tous les regard quand il rentre dans une pièce et je ne pus m'empêcher d'être flatté qu'il m'invite à dîner. Moins d'un mois après notre premier rendez-vous nous rendîmes les choses officielles entre nous et je le présentais à ma famille. Je rencontrais aussi sa mère, avec qui je m'entendis très bien. Six mois plus tard nous emménagions ensemble et je n'aurais pu être plus heureux. Encore six mois plus tard nous partîmes une semaine en vacances à Tahiti et Vincent se mit à genou pour me demander en mariage. Je versais quelques larmes et m'empressais de dire oui, avant d'embrasser mon compagnon à pleine bouche. Quelques mois plus tard, nous nous passâmes la bague au doigt à la mairie du 3ème arrondissement de Paris devant nos familles et nos amis proches.

Le jour de mon mariage, je pensais brièvement à Gabriel. Je ne pensais pas à Gabriel mon premier amour, mais à Gabriel mon meilleur ami. J'aurai aimé qu'il soit là, assis au premier rang avec ma famille pour partager cette journée avec moi. Mais j'étais amoureux et sur le point de dire oui à celui que je considerais être l'homme de ma vie, alors mes pensées de Gabriel s'envolèrent rapidement. Retournant dans le tiroir secret de mon coeur où il se trouvait habituellement. Le début de notre mariage fut heureux. Du moins jusqu'au jour où en rentrant du travail plus tôt que prévu, je retrouvais mon cher mari entrain de baiser avec entrain sa secrétaire sur la table du salon. Cela va sans dire, notre mariage ne survécut pas et je me retrouvais de nouveau célibataire avec le coeur en miettes.

J’appris plus tard que sa secrétaire n’était pas sa première maîtresse, ce qui rendit cette rupture assez difficile. Sans le soutien indéfectible de Zoé, j’aurais sûrement craqué, surtout lorsque j’appris que Vincent avait épousé sa secrétaire, qui se trouvait être enceinte, seulement trois mois après notre séparation. J’avais toujours été assez confiant en mes partenaires, mais après l’épisode Vincent, je devins hyper méfiant et les quelques relations que je tentais échouaient assez rapidement. Je me plongeais dans mon travail, ne sortant que très rarement et sous l’insistance de Zoé.

Un an et demi passèrent de cette façon. Et puis un jour, plus de vingt ans après notre séparation je revis Gabriel. Plus jeune, j’avais de nombreuses fois imaginé notre réunion, si nous devions nous revoir. Je m'étais imaginé marchant dans la rue et croisant par hasard mon ami d'enfance, le reconnaissant instantannément. Ou dans le métro. Si le cadre était à chaque fois différent, notre réunion se passait toujours à peu près de la même façon : Nous nous reconnaissions, je serrais Gabriel dans mes bras, et nous allions boire un café, redevenant immediatement les meilleurs amis du monde.

Je n’aurais jamais imaginé que cela se passerais comme ça.

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