Lycée Nicolas Appert

4 minutes de lecture

Septembre 1996- Août 1999

Orvault

Malheureusement pour moi, ou peut-être heureusement, Gabriel et moi ne fûmes pas dans la même classe en seconde. Je ne savais toujours pas quoi faire face à mes sentiments pour Gabriel, qui ne voulaient pas s’en aller. Les choses allèrent même en s’empirant lorsque début Septembre, Gabriel commença une relation avec Rachel. Les deux étaient très bien assortis, le capitaine de l’équipe de foot et la cheffe des pom-pom girl, enfin vous voyez le tableau. Ce fut mes premiers rendez-vous avec Dame Jalousie. Pourtant, Gabriel passait plus de temps avec moi qu’avec Rachel, et il dormait plus souvent dans mon lit que dans le sien... et pourtant nos deux statuts, la copine et le meilleur ami était aux antipodes. Et les voir s'embrasser, se tenir la main ou s'assoir côte à côte me mettait à l'agonie.

A peu près à cette époque, il y eut une histoire qui défraya la chronique pendant plusieurs mois : le meurtre d’un couple homosexuel par un groupe de jeunes néonazis homophopes. Cette affaire, et la bataille juridique qui s'ensuivit, ne m'aida absolument à faire mon coming out et je décidai de faire de mon mieux pour cacher mes préférences. Je jetais mes magazines, et sans sortir avec d'autres filles, car je ne me sentais pas cabable de coucher avec elles, je flirtais avec tout ce qui portais une jupe, et j'obtins rapidement une image de coureur de jupons, alors que j'étais toujours puceau.

Les choses continuent à aller de mal en pis, car en Décembre 1996, durant mon année de seconde, Gabriel et sa famille quittèrent Nantes pour repartir en région parisienne. Son père avait retrouvé un emploi à Paris, et étant originaire de la région parisienne, la famille Blanc rêvait d’y retourner.

Dire que la séparation avec Gabriel fut dure est un bel euphémisme. Avec son départ, je perdis mon meilleur ami, mon confident, mon frère, mon premier amour. Juste après le départ de Gabriel, nous gardions contact évidemment, c’était le début de la démocratisation des téléphones portables en France, mais malheureusement, ni Gabriel ni moi n’en possédions, alors nous nous envoyons des lettres, où appelions le fixe de l’un ou de l’autre.

Je gardais un contact avec Gabriel, pendant un peu moins d’un an. Si au début, nous nous appelions une fois par semaine, les contacts entre nous se firent de plus en plus rares. Et en décembre 1998, la lettre que j’envoyais me fut retournée non-ouverte, et je supposais que Gabriel avait déménagé. Je pensais qu’il m’enverrai une lettre lorsqu’il le pourrait, car moi, j'habitais toujours au même endroit. Je ne reçut jamais rien.

La vie continue, la roue continue de tourner. Jamais phrases n’ont été plus véridique.

Mes deux dernières années au lycée furent extrêmement douloureuses pour moi. Gabriel me manquait terriblement, et je parle de mon meilleur ami, pas de cet amour naissant, mort avant même d’avoir commencé. J’avais passé presque dix ans aux côté de Gabriel. Pendant ces dix années, nous avions habité dans des maisons voisines, étions allé dans les mêmes écoles. Il ne s’était pas passé une seule journée durant laquelle nous ne nous étions pas vu, sauf pendant cette punition à la fin du collège.

Dans notre petit village de Orvault, tout me faisait ressentir l’absence de Gabriel. Bien sur je continuait à vivre, j’avais toujours mes autres amis, et mon objectif d’être médecin. Je me mettais à travailler d'arrache-pied pour avoir les meilleures notes possible. Et au fur et mesure, les mois passants j’oubliai peu à peu ma douleur et ma solitude. En classe de 1ère, je sortis avec Rachel, et j’eus avec elle mes premières expériences sexuelles, qui comme vous le devinerez sûrement n’ont pas été extraordinaire. Je n’ai pas détesté coucherc avec Rachel, elle et moi y prenions un certain plaisirs, mais je ressentais toujours un manque, que je ne parvenais pas à combler. je pense que mon attirance pour Rachel venait surtout du fait de son ancienne relation avec Gabriel. Savoir qu'il l'avait toucher et embrasser suffisait à m'exiter. Notre relation dura six mois, et nous nous séparons en bon termes. Rachel fut aussi la première à qui j'avouais mon homosexualité en classe de terminale. Cette première déclaration fut comme une libération et bien vite je le dis aussi à mes parents. Mes parents furent un peu triste car ils n’aurait jamais de petits-enfants, mais ils me supportèrent et m'encouragèrent du mieux qu'ils le purent.

Certain jour, un événement, ou un endroit me rappelais Gabriel, comme le jour où une nouvelle famille déménagea dans la maison de Gabriel, mais en général, il restait un souvenir de plus en plus lointain. J’avais une photo de nous deux sur mon bureau, la dernière que nous ayons pris, deux semaines avant son départ. Et je gardais précieusement chacune de ses lettres dans une boîte à chaussures, que je glissais sous mon lit.

Je ne retrouvais plus jamais un ami comme Gabriel, il était unique, et tout ce que nous avions partagé aussi. Personne ne me comprit jamais aussi bien que lui, personne ne me fit plus jamais la lecture comme lui, personne ne me sourit comme lui.

Mais je continuais à vivre, je continuais à avancer. Et si mon ami resta dans mon coeur, la douleur de la séparation, commença à disparaitre.

Après mon bac, je partis à la fac de médecine de Marseille, prêt à commencer une nouvelle page de mon existence. J’avais 18 ans et toute la vie devant moi.

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