Sous la lumière

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Le vent chantait dans les arbres et l'air dégageait une odeur de printemps. Les pétales et les graines s'étaient dispersés sur le sol, tandis que l'herbe verte et les fleurs dansaient avec la brise. On pouvait même entendre l'eau ruisseler au loin.

Tout était si calme.

Elle fermait les yeux respirant à plein poumons l'air pur de la nature, comme une douceur oubliée, adossée confortablement contre le saule pleureur à la peau rugueuse.

Elle ferait tout pour rester ici.

Mais quand elle ouvrit les yeux, tout avait disparu. Son monde imaginaire, sa bulle, elle ne restait jamais vivante très longtemps. Elle désespérait encore un peu plus. Sa tristesse s'alourdissait de jour en jour.

Elle se retrouvait une nouvelle fois dans les rues terrifiantes de Mosda. La ville du Mal. La crasse, la puanteur, les égouts, les rats, l'atmosphère opressante, le brouhaha étouffant et les vulgarités lancé à tout va, ne lui donnaient que l'envie de s'enfuir.

Elle avait vu tellement de choses horribles se passer ici, alors même que les autres enfants la prévenaient qu'il y avait pire, elle n'y croyait pas. Les adultes ne les traitaient jamais correctement, constamment bousculé, constamment raillé par les enfants qui n'étaient pas seuls, constamment insulté par ceux qui avaient beaucoup trop de nourriture pour eux-même, elle ne comprenait jamais pourquoi ils ne voulaient pas leur en donner un peu d'ailleurs.

Elle ne s'y faisait toujours pas de ne pas avoir un endroit où s'abriter quand il faisait froid, la douce chaleur de l'embrasse de ses parents lui manquait tellement. Malgré tout, elle était chanceuse, les faibles ne duraient jamais très longtemps, de ce qu'on lui racontait, mais elle était encore là. Seulement, plus pour très longtemps.

***

Il existait un libraire assez célèbre dans la ville de Mosda. Il était connu pour accueillir le soir les orphelins qu'on voyait parcourir les rues, tellement couvert de crasse qu'on distinguait à peine leur visage.

Les habitants de Mosda aimaient bien se gausser derrière son dos, se moquant de cette habitude inhabituelle, aucunes personnes de la haute ne venaient dans son magasin, le jugeant "sale" ou de "mauvais sang". On trouvait le libraire stupide, incapable de tenir un magasin en autorisant l'entrée à de futiles petites créatures. Toutefois, ses livres étaient d'une qualité assez exeptionnelle, ce qui expliquait pourquoi il n'avait toujours pas fermé boutique.

Les rumeurs étalaient toutes les histoires stupides qu'il pouvait raconter aux enfants de la rue, comme par exemple, celle qui narrait la légende de l'esprit de la forêt d'Eygaas, en bordure de Mosda, un esprit bienveillant qui exaucerait le voeu de celui qui le trouverait. Mais chacun savait bien que cette forêt était si sombre et la brume qui l'entourait, si dense, que l'on n'en ressortait jamais après y être entré. De plus elle donnait froid dans le dos rien que de passer devant.

Les gens secouaient la tête, exaspérés en entendant de telles histoires.

Il faudrait être fou ou simplet pour entrer dans la forêt d'Eygaas.

***

Elle avait tout préparé, enfin, on ne pouvait pas dire qu'elle avait besoin de rassembler grand chose vu qu'elle ne possédait rien. Elle avait économisé les petits pains qu'elle avait réussi à rassembler par-ci, par-là. Puis, elle partit.

Ce jour là une ombre disparu des horizons de Mosda, vers l'ombre inquiétante d'Eygaas.

***

L'esprit gardien de la forêt était depuis longtemps fatigué de tous ces humains qui trépassaient dans son territoire. Il avait tout d'abord offert à ses humains égoïstes d'exaucer un de leur voeu à la condition qu'ils ne rentrent plus jamais dans sa forêt. Il s'amusait bien d'exaucer leur désir ridicule, qui ne fut à chaque fois qu'un terrible désastre pour eux.

Malgré ça, ils finissaient toujours par ramener d'autres vermines en se pavanant, l'air hautain dans leur ville, leur appetit rassasié, bien sûr, ceci avant que ces humains stupides ne voient la destruction causé par leur voeu absurde.

L'esprit commençait à se lasser de ce jeu ridicule.

Mais quel ne fut pas sa surprise en voyant débarquer une bande de macaques furax, feux au poings qui risquaient à tout moment de brûler sa forêt. Furieux, il émis un hurlement qui, comme une énorme bourrasque, chassa toutes ces bêtes idiotes. Il lâcha par la même occasion un sort de noiceur et un de brouillard pour sceller le chemin de quiconque oserait s'aventurer dans sa forêt. Il mit ainsi fin à sa légende.

C'est à ce moment qu'il ressentit quelque chose qu'il n'avait jamais connu avant. Un vide immense, un ennui grandissant. Sans les humains pour le divertir, malgré toute la vie qu'il pouvait y avoir dans sa forêt, il se sentait terriblement seul. Lui aussi, avait commis une terrible erreur.

Il s'appellait Eygaas.

***

Les quelques jours passés dans la forêt furent une horreur. Sans eau, elle finit par boire celle du brouillard. Sans vêtements décent, elle devait constamment vivre presque trempé par l'humidité. Sans lumière, elle trébuchait sur chaque racine. Sans protection, elle s'était faite milles bleus et coupures. Et elle n'avait plus de nourriture.

Recroquvillée sur une racine épineuse, elle se mordait les lèvres à sang, les cheveux qui gouttaient sur le sol, les yeux grands ouvert de frayeur essayant de distinguer le chemin parmi les monstres formés d'arbres et d'ombres. Même l'herbe devenu noir semblait menaçante.

Tout était trop calme.

Elle était malade. Que pouvait-elle y faire ? Après être immergé dans le brouillard en permanence, et sans compter le manque de nourriture, d'eau, de soleil et le froid constant qui reignait dans la forêt, elle ne pouvait que finir malade. Elle ne pouvait plus avancer d'un pas. Elle tremblait sur le sol, ses joues et son nez étaient terriblement rouges.

Elle devenait de plus en plus fatigué, ses yeux se fermaient doucement, elle avait tellement mal partout qu'elle voulait simplement que tout s'arrête.

Elle en avait marre d'être seule de toute manière, ce n'est pas grave si elle s'effaçait ici.

Soudain, une lumière apparue au-dessus de sa tête. Et une douce voix s'introduisit dans sa conscience.

|Petite quel est ton souhait ?|

Un souhait ? Elle ne savait pas quoi répondre sur le moment. Ses pensées étaient engourdies par la maladie. Tout ce à quoi elle pouvait penser maintenant était sa bulle de paradis qui l'avait toujours aidé à rester en paix. Si seulement celle-ci pouvait exister pour toujours.

Ainsi, elle reçut son souhait.

La forêt s'ouvrit autour d'elle pour montrer le paradis qu'elle avait toujours imaginé.

C'était le souhait de Rosaly.

***

Le vent chantait dans les arbres et l'air dégageait une odeur de printemps. Les pétales et les graines s'étaient dispersés sur le sol, tandis que l'herbe verte et les fleurs dansaient avec la brise. On pouvait même entendre l'eau ruisseler au loin. La lumière les bénissaient de ses rayons.

Tout était si calme. Ses respirations aussi l'étaient.

Elle fermait les yeux respirant à plein poumons l'air pure de la nature, une douceur adorée, adossée confortablement contre le saule pleureur à la peau rugueuse. La présence d'une main qui l'enserrait la rassurait de l'autre côté de l'arbre.

Elle existait ici à présent, lui aussi.

Jusqu'à la fin de leur vie.

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