X. J'aime pas la magie, cinquième partie

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 Ils l'auraient tous volontiers applaudi et enlacé pour le féliciter, mais une certaine retenue s'imposait face à l'assemblée des magiciens. Ils se contentèrent d'un large sourire.

  • Nobles mages de ce royaume, merci de tout cœur.
  • Vous avez donc passé l’épreuve de magie, elle ne vous sera pas réimposée, expliqua Daphné, en revanche vous devrez passer l’épreuve de résistance physique. Elle aura lieu demain, jour de repos pour tous les autres aspirants. La cloche ne sonnera donc pas. Présentez-vous au palais au lever du soleil et demandez à me voir. Bonne chance, seigneur Dernéant.

 Il inclina la tête.

  • Merci, mage Daphné.
  • A demain, donc…

 Elle posa la main sur la poignée de la porte et y envoya une minuscule décharge de magie. Le pêne claqua et elle ouvrit la porte devant eux. Les mages se levèrent et sortirent tous à la suite. La lumière douce qui irradiait des murs même de la salle des secrets s’éteignit à la seconde où le pied du mage Omi’Dhal, le dernier à quitter les lieux, passa le seuil. Les mages traversèrent le couloir glacé et remontèrent l’escalier, dans la file imposée par l’étroitesse du corridor. Arabelle rejoignit Jal et ses amis à l’avant du groupe.

  • Ne faites pas attention à Isaac, conseilla-t-elle à l’aspirant messager, il ne vous en veut pas personnellement. Il s’est présenté au concours de messager avant de devenir mage, et il a été refusé parce qu’il a raté l’épreuve de magie… Trop impulsif. En plus Flinalivel l’a mouché pour vous soutenir, alors qu’il essaie de la séduire depuis des mois et il déteste Omi qui a aussi pris votre défense… Il ne faut pas trop lui en vouloir.

 Elle les dépassa sans laisser à Jal le temps de répliquer. Isaac avait tenté le concours et échoué… Jal réalisa soudain que s’il échouait au concours des messagers, il ne saurait vraiment pas quoi faire… En tant qu’aînée, sa sœur Imre hériterait du comté d’Herzhir. Que deviendrait-il ? Il lui était impossible, à lui, de se recycler en tant que mage… Il n’aurait plus qu’à se faire page au service d’une famille élevée… Son orgueil et son ambition se révoltèrent à cette idée. S’il échouait cette année, il devrait revenir dans trois ans. Mais que faire durant ces années ? Lidwine affirmait qu’il ne serait pas rien, jamais. Mais quelle place solliciter alors ?

 Il jeta un œil sur Lidwine. La belle escrimeuse rassemblait sa robe grise à crevées pour monter les marches. Et elle ? S’il échouait au concours, la reverrait-il ? Une fois devenus messagers tous les deux, ils pourraient sans doute se croiser, mais si elle échouait et rentrait à Rott ? Pouvait-elle abandonner ?

 Liz, elle, avait bien de la chance… Dans cette prestigieuse académie, avec un potentiel comme le sien, un brillant avenir lui était assuré. Et sa chère cousine le méritait bien. Quand à Vivien, s’il ne devenait pas messager, il régnerait avec sa fiancée Aurine sur l’important duché d’Ondia. Bah, songea-t-il soudain, c’est une raison de plus pour réussir ! Il devait récupérer tous ses moyens pour l’épreuve d’endurance du lendemain. Il faudrait qu’il se lève avant le soleil…

  La chaleur du hall de l’académie surprit et soulagea tout le monde. Les mages s’égaillèrent dans diverses directions. Liz se retourna.

  • Eh bien… Puisque tout est réglé, je dois retourner en cours. Bonne chance pour demain, Jal ! Tu me tiendras au courant, hein !

 Et elle détala vers les étages supérieurs en faisant signe de la main à son frère et à Lidwine. Elle retrouva, en haut de l’escalier, une silhouette dans laquelle le Ranedaminien crut reconnaître Lénaïc.

  • Je te ramène chez toi, déclara Vivien d’un ton qui ne souffrait aucune réplique en se plantant devant son cousin. Le soir tombe et tu as intérêt à dormir autant que tu peux pour être d’attaque au lever du soleil.
  • Je m’incline, répondit Jal en souriant.

 Le Vorodien avait raison. Lidwine s’approcha.

  • Bravo pour la façon dont vous avez fait plier les mages, seigneur Jal. Et sachez que tous mes encouragements vous accompagnent pour demain… Je prierai Merina pour vous.

 Sa lune était donc Merina. Il sourit et s’inclina profondément devant elle.

  • Je serai sous la protection de vos souhaits, dame Lidwine, et pouvant espérer de vous satisfaire, je m’en vais heureux.
  • Vous êtes un flatteur, Jal, se moqua-t-elle.
  • Non point, dame. Je vous souhaite une bonne nuit.
  • Bonne nuit à vous, mon chevalier.

 Elle s’inclina et pivota, puis, de son pas léger et dansant, passa la porte de l’académie. Jal secoua la tête pour se débarrasser de l’émerveillement qu’elle laissait dans son sillage et fit claquer Valte au fourreau.

  • Il est temps de rentrer.

 Le soir tombait et jaillissait en couleurs douces sur l’arrondi de la paroi de l’académie. Jal descendit les marches volantes le nez en l’air, guettant l’arrivée des lunes. Ce fut Kinook la première, mais à ce moment-là, il était déjà arrivé rue des Six-Ponts. Il commençait à connaître le chemin par cœur. Vivien le laissa devant la porte.

  • Bon… à demain, vieux. Je passerai dans l’après-midi voir comment tu vas. Bonne chance. Je prierai Umeå pour toi…
  • J’ai la protection de trois lunes, ce soir, ça devrait aller ! rit son cousin. Bonne nuit, Viv’.
  • Dors bien, Jal.

 Il renfonça son chapeau et s’éloigna vers la rue de la Couronne. Jal le suivit des yeux en réalisant soudain qu’il ignorait complètement où logeait son cousin. Il haussa les épaules et rentra chez lui. Le lit l’accueillit à bras ouverts et il en avait bien besoin.

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