Chapitre 19 - On n'est que des hominidés

14 minutes de lecture

Yannis se débattait comme un diable, dans l'espoir de faire céder les liens magiques, mais la puissance de Malkor était trop grande pour être épuisée aussi facilement. le jeune mage était également incapable de se Déphaser, ses réserves de magie étant taries. Même s'il avait appris que la lumière véhiculait cette énergie, il voyait bien que celle d'une étoile était des centaines de fois plus efficaces que celle d'une simple torche, donc pas de quoi se recharger efficacement. Yannis se débattait tout de même sans perdre du poil de la bête. Malkor pouffa, et dit d'un ton badin :

— Allons, allons... Nos savons tous les deux que, malgré ton grand talent pour la magie, ton inexpérience te fait cruellement défaut. Il te faudrait des années pour apprendre le contre-sort…

— Allez vous faire foutre, cracha hargneusement Yannis. De toute façon, vous auriez tout de même sauté sur l'occasion pour me faire tomber !

— Oh, crois-moi, gloussa Malkor. Ce n'est pas seulement l'occasion que je voudrais sauter…

Puis il ne parla plus, lâchant quelques rires. Yannis ne comprenait pas le sens de ses mots, mais la menace qui couvait derrière ne faisait qu'enfler démesurément. Il devait donc à tout prix se libérer de ce sort. Dans ce cas, au lieu de jouer la carte de la force brute, il aurait besoin de finesse. Yannis se calma et fit semblant d'abandonner, pour donner l'impression que c'était Malkor qui tenait la ligne. Ce plan était un peu trop classique, mais, comme on dit, les classiques, ça marche toujours : Malkor sourit de toutes ses dents et relâcha son sortilège. Yannis tomba sur le dos comme un sac à patates. Il se releva tant bien que mal tandis que Malkor reprenait sa marche. Yannis le suivit sans rechigner, mais il devait gagner du temps : il avait donc besoin d'une alibi direct pour ne pas éveiller les soupçons du prêtre d'Abraxas. Il baissa la tête et fit semblant de marcher comme un condamné.

Après quelques minutes longues comme le nez de Pinocchio, ils s'enfoncèrent dans un couloir moisi qui amenait à une porte en métal très sombre, tellement sombre qu'elle ne diffusait presque aucune lumière. Malkor sortit un gant rouge criard de sa poche, l'enfila et ouvrit la porte avec, comme s'il ne voulait pas se souiller. Une fois rentrés, ils débouchèrent dans une petite véranda mal éclairée, un peu similaire à une salle d'interrogatoire. Malkor présenta une chaise attablée, sur laquelle Yannis s'assit. Elle était très confortable, malgré l'assise défoncée. Malkor fit un geste de la main et une chaise apparut subitement, et il s'assit dessus en s'épongeant le front : il avait manifestement l'air épuisé, mais vu les sorts qu'il avait utilisé (Détection, Liens et Lévitation…), il était logique qu'il soit au bord de l'écroulement. Il respira un bon coup, ce qui fit mystérieusement frissonner Yannis, et il dit d'une voix lasse :

— Bon, alors, qu'avons-nous là… Malkor fouilla dans un tiroir dérobé de la table, et sortit une liasse de papier. Ah oui : un nouvel élève, fraîchement importé de la Terre, se voit gravir les échelons jusqu'à à un stade bien trop important pour que ce soit normal.... Sait maîtriser le Déphasage, connaît et comprend beaucoup de choses malgré son incompétence notable en lancements de sortilèges mineurs. S'entend avec le proviseur, ce qui n'est vraiment pas commun... Franchement, M. Bencheikh, croyez vous bêtement que nous sommes aussi dupes ?

 Yannis cligna des yeux d'étonnement, la bouche entrouverte. Nous ?

— Excusez-moi, je ne comprends pas ce que vous voulez dire… Ce n'est pas à cause de… de…

— De quoi ? Malkor se pencha. Vous pouvez tout me dire, je suis votre professeur de théologie. C'est un peu l'équivalent d'un confesseur comme chez vous, non ?

— Je croyais que vous m'aviez amené ici pour m'interroger sur le méfait que j'ai… que j'ai…

— Allez-y, mon garçon, l'intima Malkor d'un ton paternel. N'ayez pas honte de votre péché. Quel qu'il soit, vous serez pardonné.

— J'ai… J'ai couché avec une esclave humaine… Gobe ce mensonge, espèce de crapaud suintant !

— Ah… Malkor semblait déçu. Et moi qui pensait que vous aviez commis un méfait bien plus grave, ajouta-t-il humoristiquement. Ce n'est pas grave, le rassura-t-il. Tout le monde n'est pas blanc ou noir, et céder à ce genre de pulsions est souvent propre aux jeunes gens comme vous.

Pas seulement aux jeunes, espèce de violeur d'enfants !

— Je comprends. Merci, professeur.

Malkor ricana tel une hyène, puis se cala sur sa chaise comme un blob-fish boulimique, en épluchant des parchemins. Yannis observait tous les petits détails susceptibles de le faire sortir d'ici, mais le temps passait, et il n'en aurait bientôt plus : Malkor le dénoncerait aux services de l'Inquisition et il serait incarcéré, pour ensuite être envoyé en centre de redressement. Il n'aimait décidément pas les espaces restreints et… Depuis quand je suis claustrophobe ? Yannis ne se sentait pas bien, le monde vibrait autour de lui, l'emprisonnant dans un étau déroutant. Il voulait… non, il désirait sortir. Pas seulement de cette salle, mais il souhaitait comme sortir de sa vie, vivre autrement. Le mot hédoniste qu'il considérait comme une insulte prenait maintenant tout son sens, et les autres qui ne le comprenaient pas n'étaient que des raclures sous sa chaussure. Mais c'était comme si ce n'était pas lui qui pensait, mais autre chose. Une pensée insidieuse germa dans son esprit : Malkor était une de ses choses abjectes, et il était sur son chemin. Il ne lui restait qu'une chose à faire…

Il se leva lentement, et Malkor glapit en voyant son regard sombre et sa main tendue vers lui. Il parla alors d'une voix fluette et empreinte d'une peur sans nom :

— Qu'est ce que vous faites ?

 Malkor semblait lui aussi avoir compris.

— N'a… N'approche pas... Sale monstre !

 Malkor s'ébroua, comme s'il n'en croyait pas ses yeux.

— Je te préviens, il me reste assez de magie pour te sécher, sale gamin !

Mais Yannis n'avait cure de cet avertissement : il débordait de puissance. Le gros plein de soupe prononça une formule d'Emprisonnement Réducteur, mais l'effet qui en résulta était tout sauf ce qu'il attendait : le sortilège, prenant la forme d'une onde de choc vert sombre, se tordit comme de douleur au contact de Yannis, puis disparut dans un murmure. Malkor écarquilla ses yeux de stupeur, assistant à un événement unique en son genre : la manifestation d'un Aspect.

— Vous… Non, c'est impossible… Un… Maegi ? Balbutia Malkor.

La puissance magique de l'Aspect était tellement écrasante qu'une aura lumineuse se forma autour de Yannis, projetant des éclairs autour de lui qui arrachèrent des pans de mur qui éclatèrent au sol, blessant au passage Malkor qui hurlait de terreur. Le déferlement d'énergie balaya toute la pièce, qui, comme sous l'effet d'une tornade, se trouva sans dessus-dessous.

Yannis ressentait une jubilation inexpliquée, comme s'il respirait de l'air pur pour la première fois de sa vie. Il avait tellement besoin de se rebeller contre le système. Il leva la main, paume ouverte, et tous les éclairs se précipitèrent dessus. Une sphère incandescente se forma dans sa main, comme une minuscule étoile. La chaleur qui s'en dégageait était si forte qu'on se serait cru près d'un volcan. Une envie lancinante soufflait à Yannis de jeter à cette ordure ce qu'il tenait au creux de sa main, mais, d'un coup, le lien entre lui et ses émotions se brisa, et il perdit le contrôle. La boule de feu se désagrégea dans sa main dans un chuintement pathétique. Yannis cligna des yeux de stupeur, comme si ce qu'il l'avait fait l'avait également choqué. Malkor s'était fait dessus et, par la même occasion, évanoui. Soudain, Yannis entendit un bruit venant de derrière la porte. Il se retourna, écoutant ce qui semblait être un battement sourd et régulier. La porte s'effondra.

Ugo jaillit de l'entrée poussiéreuse et jeta un œil autour de lui, haussant à peine les sourcils à la vue de Malkor. Il posa son regard sur Yannis, qui se fit violence pour ne pas céder à ce flot d'émotions qui le traversaient quand ce regard le transperçait de part en part. Il détourna la tête tandis que son ami éclata de rire en disant :

— Bah alors, toi ! Tu l'as pas raté, on dirait !

— Oui… Marmonna Yannis en observant sa main couverte de cloques.

— Qu'est-ce qui c'est passé ici ? Y a eu la Seconde Guerre Mondiale ou quoi ?

 Ugo marcha jusqu'à Malkor et pris son pouls, puis soupira. Yannis, de son côté, ressentait beaucoup trop intensément, au point de ne plus bouger d'un cil.

— …

— Bah quoi, tu réponds plus ?

 Ugo s'approcha du stupéfié, mais celui-ci l'arrêta en levant les mains devant lui.

— Je ne préfère pas en parler, rétorqua Yannis avant de changer de sujet. Tu sais où est le livre ?

— Je l'ai laissé à Ludwig et les autres. Ils l'ont peut-être lu, qui sait.

Yannis hocha la tête, puis se tourna vers Malkor ; le pauvre homme semblait avoir traversé les vents de Jupiter, tellement il avait l'air choqué. Même si ses yeux étaient ouverts, ceux-ci ne fixaien que le vide. De plus, Yannis ressentait un certain dégoût en le regardant, comme si sa faiblesse faisait de lui une chose qui ne méritait pas son respect. Non, pensa Yannis en secouant sa tête. Non, je peux pas penser ça... Le lycéen détourna le regard et suivit Ugo qui partait déjà sans plus attendre.

* * *

Quand Yannis et Ugo entrèrent dans leur chambre commune, ils furent accueillis par un Hadrian larmoyant qui s'empressa de serrer dans ses bras l'ancien détenu. Surpris par tant d'audace et d'affection, Yannis se sentit un peu gêné et tapota doucement l'épaule de son ami. Celui-ci s'écarta et balbutia quelques mots dont Yannis ne comprit pas le sens. Derrière lui, Ludwig s'avança, suivi de Edward, et le jeune blond demanda :

— Alors, le séjour spécial chez le vieux plein de soupe ? Pas trop princier ?

— Très drôle, rétorqua Yannis d'un ton sarcastique. Un peu plus, et j'aillais avoir une attaque. Heureusement que Ugo était là pour me tirer d'affaire…

— Je n'ai rien fait, dit l'intéressé en fouillant dans ses affaires. Quand je suis rentré, on avait l'impression que t'avais posé, quoi, du C4 ?

Les autres avaient l'air sceptique, aussi Yannis se sentit coupable et leur raconta son expérience post-schizophrénique. Au fur et à mesure du récit, Hadrian semblait perplexe, Ludwig souriait de plus en plus et l'air blasé de Edward ressemblait de plus en plus à une coulée de goudron en plein hiver. À certains moments, Yannis avait du mal à décrire exactement ce qu'il s'était passé, comme s'il vivait un « black-out ». Quand il eut fini, Hadrian l'assaillit immédiatement de questions :

— Mais comment t'as pu déployer autant d'énergie magique ? On a appris récemment que c'était impossible du point de vue strictement humain. La surcharge aurait dû te brûler sur place !

— Je ne sais pas, Hadri.

 Yannis se gratta l'arrière du crâne (une de ses habitudes).

— C'est comme si on avait ouvert un barrage en moi, mais que j'étais assez… heu… « grand » pour le contenir, tu vois ce que je veux dire ?

— Oui, c'est bien compris, mais le problème est là : la sensation de puissance que tu décris, c'est typiquement celle d'un Aspect qui se révèle. Le hic, c'est que on est des homininés, et pas des mages. L'Aspect, c'est la signature des mages.

— Peut-être, dit Ludwig, que Yannis a des gênes de mage dans le corps. Ça expliquerait bien son affinité avec la magie.

— Oui, mais les mages ne peuvent pas se reproduire avec les humains, c'est prouvé scientifiquement et…

— HUM HUM…

Tous se tournèrent vers Ugo, qui leur lança un regard entendu en leur montrant le livre. Ludwig fit clairement entendre que c'était une mauvaise idée, mais la curiosité guidée par témérité supplanta les avertissements. Ugo ouvrit délicatement le livre, et une vague odeur de poussière vint chatouiller leurs narines : il avait l'air si vieux que sa reliure était élimée, ses pages moisies et sa couverture très abîmée. Ugo le feuilleta quelques instants, une moue de dépit naissant sur son visage. Les autres le questionnèrent du regard.

— Rien du tout, dit-il en refermant le livre. Juste des pages de comptabilité, rien de spécial ou d'intéressant. Pourquoi Archibald voulait à tout prix ce foutu bouquin ?

— J'sais pas… Ludwig se tourna vers ses autres amis. Peut-être que c'est un maniaque, ou bien il a peur pour ses économies. C'est bien les siennes ?

— Non, dit Ugo en soupirant. C'est le livre de gestion d'économie de l'Académie. Mais je me demande si…

— Quoi ? Questionna Yannis, conscient du fait que Ugo trouvait toujours des pistes sérieuses.


— Bah, y a sûrement un message secret, mais je n'ai pas la moindre idée de comment le prouver ou le montrer…

Ils se creusèrent les méninges durant plusieurs minutes, tournant les pages et le livre dans tous les sens pour en percer le secret. Mais celui-ci demeurait intimement timide, et ne montrait en rien les informations qu'il cachait. Soudain, Yannis sentit comme un éclair de génie, comme si quelqu'un lui avait soufflé la solution. Il prit le livre, et inspira profondément pour se calmer et canaliser son énergie magique. Une fois que le Flux coulait en lui de long en large, il le guida depuis son thorax, dans ses bras jusqu'à ses mains, comme un fleuve tranquille. Puis, il le laissa sortir de ses doigts dans le livre. Le résultat fut immédiat : stupéfiant les cinq lycéens, le livre s'illumina et les mots changèrent progressivement, effaçant les anciens. Des images se dessinèrent sur les pages qui devinrent comme neuves, comme si le livre se régénérait. Sur la couverture, une gravure d'un sorcier avec un bâton et un livre se plaçait sous le titre « Le Carnaval des Sorciers ».

Excités par leur découverte, ils ouvrirent le livre et entreprirent de vaguement le feuilleter pour en comprendre l'ensemble, ce qui fut simple : plein de dessins et de schémas y étaient inscrits, légendés et bien commentés. C'était apparemment un manuel d'instructions sur cet événement tant attendu : le Carnaval des Sorciers. Organisé tous les 500 ans depuis la création de l'Académie, il réunissait tous les mages de toutes les régions de l'Empire voire au-delà, dans un festival qui se prolongeait sur trois mois, qui célébrait la fin d'une certaine période qui n'était pas mentionnée mais redoutée. Durant ce « carnaval », on organisait des fêtes, des banquets, des jeux, mais le pilier de tout ça était le Tournoi des Magnus (en l'honneur aux premiers mages descendus sur Terre), une compétition qui sélectionnait des élèves de l'Académie et des autres écoles pour les faire concourir et remporter la Coupe du Roi-Mage, ainsi qu'un « passeport universel ».

— C'est quoi, cette histoire de passeport ? Demanda Hadrian, fasciné par la description des épreuves.

— Un truc passe-partout, apparemment… Ugo chercha dans le lexique. Oui, c'est ça ! « L'équipe gagnante se verra couverte d'honneurs et recevra un passeport qui leur permettra pendant une semaine d'accéder à n'importe quel endroit, quels que soit les interdictions ou les permissions, qu'elles soient magiques, physiques ou morales. ». C'est vraiment pratique ! Avec ça, on peut aller où on veut !

— Même sur Terre ? s'étonna Edward.

Les autres le dévisagèrent avant de capter l'énormité de la phrase qu'il venait de prononcer. Ils réfléchirent en doux rêveurs :

— Partout où on veut… Ludwig eut un regard plein d'envie.
— Pas d'interdictions… Ce fut le tour d'Ugo

— Plus de problèmes d'immigration… ricana Edward.

— La ferme… le fit taire Yannis en souriant de plus belle.

— C'est très bien tout ça, mais encore faut-il le gagner !

 Hadrian, malgré son honnêteté rafraîchissante, avait toujours la phrase pour plomber l'ambiance.

Tout le monde plongea dans ce qui ressemblait à une excavation d'une dépression nerveuse. (Pas tout aussi grave, mais bon quand même…) Enfin, ils étaient revenus à la dure réalité. Mais, comme toujours, quand l'humain arrive dans ce qui semble être le fond du trou, il trouve sans arrêt un moyen de remonter (pour souvent mieux redescendre). Cette fois, Ce n'est pas Ugo mais Ludwig qui trouva cette idée farfelue mais pourtant si simple :

— C'est simple : on n'a qu'a concourir nous-mêmes !

Ugo éclata de rire, laissant Ludwig vexé :

— Bah quoi, dit-il, c'est pas une blague, c'est du sérieux !

— Ben oui, mon pote, je le sais bien. Mais, même avec toute la volonté du monde, on peut pas concourir sans pouvoir magique. C'est aussi simple que ça !

— C'est scandaleux ! Ludwig se renfrogna. Ils pourraient bien faire une entorse au règlement pour changer, c'est de la discrimination !

— Discrimination ou pas, le sermonna Edward, ça n'en reste pas moins logique : les gens qui n'ont pas de magie ici n'ont pas leur place dans ces écoles : ils ne concourent pas, mais font la fête. Ils n'auraient pas idée de protester, vu à quel point cela peut être dangereux.

— Et comment tu le sais, lui demanda Ugo. T'as fais un sondage ?

— Non, c'est juste un raisonnement logique : personne n'irait crier sur l’École Polytechnique sous prétexte qu'elle trop élitiste : c'est son concept qui veut ça, on va pas acheter du homard alors qu'on a déjà notre bonne vieille soupe !

— Mouais… (Ugo n'était pas convaincu à 100 %) N'empêche qu'on peut pas concourir, c'est logique de ce point de vue.

Ils retombèrent dans la réflexion, Yannis se grattant distraitement le nez. Soudain ils se tournèrent tous vers lui, rayonnants. Surpris, Yannis les interrogea du regard, mais ils ne changèrent pas d'attitude, ou, non, ils devinrent suppliants. Ne captant toujours pas, Yannis prit la parole :

— Quoi ? Pourquoi vous me regardez comme ça ? Vous avez trouvé un remède contre le Sida ou… Oh non… Oh non non non… N'y pensez même pas !

 Mais ils continuèrent à le supplier du regard. C'était tellement ridicule que Yannis admit sa défaite.

— D'accord, soupira-t-il. Mais je serai tout seul !

— Pas si on te soutient en tant que « dévots » ! Ugo semblait fou de joie

— C'est à dire ?

— Regarde ! Il lui montra une page du livre. C'est un chapitre sur les « dévots » : ce sont des personnes sans pouvoir, qui aident une équipe grâce à leur ingéniosité et des artefacts bien choisis ! Ils les aident à se concentrer, leur donnent des conseils, préparent leurs plans pour gagner le Tournoi !

— Mais je serais seul sur le terrain, Ugo. Juste moi. Et si c'était un jeu où tout le monde se foutrait sur la gueule ? J'ai pas envie de ressembler à une crêpe à la fin de chaque épreuve.

— On demandera à Jinn ! Et à ses amis ! Nous avoir dans leur équipe serait un atout non négligeable !

— À condition que tes chevilles n'enflent pas et ne t'étouffent, comment compte-tu nous sélectionner ? Dis-toi qu'il faut s'inscrire à l'avance, vu que d'après le calendrier, c'est dans un mois ! Tu crois que ce sera bon ?

— Mais oui, dit Ugo en ricanant. Suffit juste que tu tailles une pipe à ton cher directeur et que tu fasses le gigolo pour Isabella, et le tour est joué…

Yannis grommela quelques insultes, mais l'idée de base lui plût tout de même. Pas de tailler des pipes ou autre chose, bien entendu, mais de concourir : il en avait assez d'être pris pour un animal de foire, un humain curieux qui pouvait maîtriser la magie. Leur clouer le bec, à ces d'hypocrites de mages pure souche. Une fois le trophée et le passe en poche, il pourrait aller où il voudrait, et limite faire ce qu'il voudrait.

Yannis regarda tour à tour ses amis ; Ugo qui commençait déjà à fomenter des plans, Edward qui s'assoupissait paisiblement comme un chat, Ludwig et Hadrian qui discutaient allègrement à propos du Carnaval des Sorciers, commentant telle ou telle image et demandant aux autres ce qu'ils en pensaient. Malheureusement, le livre commença lentement à s'effacer au bout de quelques heures, avant de devenir complètement invisible. Mais le mal était fait : ils en savaient déjà beaucoup.

Le sourire aux lèvres, Yannis se sentit à cet instant comme faisant partie d'un tout : cinq était un bon chiffre, assurément.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 5 versions.

Vous aimez lire Reydonn ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0