52. La colère gronde

11 minutes de lecture

Après une bonne partie de la journée à marcher sur les pas de nos personnages Lillois (ceux que vous connaissez et ceux que vous n'avez pas encore eu l'occasion de découvrir), je vous partage le chapitre du jour (Lecossais m'a dit que j'étais en retard, il est un peu... autoritaire, des fois ahah).

Nous, on file écrire !

Bisous ensoleillés du Nord !

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Arthur

Cette visio ne se passe pas du tout comme je le pensais. Alors que je m’attendais à une de nos discussions coquines habituelles, Julia est un peu sur la réserve, je ne la sens pas totalement avec moi. J’ai l’impression qu’il y a quelque chose qui la dérange.

- Julia, dis-je en me redressant dans le lit, ça va ? C’est le fait d’avoir parlé avec Morin qui te tracasse ?

- Non, du tout. Ça m’a fait plaisir de parler avec lui. En revanche, j’ai parlé avec Snow aussi. Enfin, il y a trois jours.

- Snow ? Il y a des problèmes sur le camp dont il ne m’a pas parlé ? C’est vrai qu’en ce moment, ce n’est pas facile avec les réfugiés, mais on gère, je trouve. Le Général est en train de gagner du temps, ce qui n’est pas bon signe, mais j’espère encore que les choses vont s’arranger. Tu n’as pas à t’inquiéter de ça, Snow assure et fait le job.

- Oh non, j’imagine qu’il te dit tout, c’est ça quand on est une équipe, un duo. Ou un couple, d’ailleurs. Non ?

- Oui, bien sûr, dis-je en me demandant où elle veut en venir. Tu as des choses à me dire ? Tu sais que tu peux tout me confier, ma Chérie.

- Bordel, arrête de jouer au con, Arthur, je déteste qu’on me prenne pour une conne. Quand je vois comment tu es jaloux pour des conneries, j’arrive pas à croire que toi tu te permettes de fricoter avec l’autre grosse connasse ! s’énerve-t-elle soudainement.

- De fricoter ? Mais qu’est-ce que tu t’imagines ? demandé-je, vraiment surpris par son éclat de jalousie. Qu’est-ce que Mathias est allé te raconter ? Il n’y a rien entre moi et une autre femme que toi ! C’est toi que j’aime, Julia. Personne d’autre.

- Ah ouais ? Y a rien du tout avec Nathalie, peut-être ? Vous ne vous amusez pas tous les deux ? Tu ne flirtes pas avec elle ? Je préfère encore que tu me dises que c’est fini avant d’aller baiser cette salope. Putain, fallait forcément que ce soit elle, en plus, j’y crois pas !

- Mais tu déconnes complètement, Julia. Je ne m’amuse pas avec Nathalie ! Et je ne flirte pas du tout avec elle ! Tu crois que je te manquerais de respect comme ça ? Alors, je ne sais pas ce que t’a raconté Snow, mais de mon côté, il n’y a rien du tout. Elle, tu t’en doutes, elle essaie de me mettre dans son lit, mais fais-moi confiance, Julia ! Jamais, je ne te tromperai. Tu es la femme de ma vie et jamais je ne mettrai cette chance en danger.

- Donc, tu ne t’es pas retrouvé sous la douche avec cette garce ? Mathias me ment ? Parce que je t’assure que les rumeurs vont bon train sur le camp. En plus d’avoir toujours les cuisses ouvertes, elle a aussi une grande gueule, cette dinde, et se vante un peu trop.

J’hallucine devant ce que me sort Julia. Moi qui pensais que cet incident était déjà oublié, voilà que la femme que j’aime en a été informée. Et qu’elle me le reproche alors que j’ai résisté et renvoyé la femme nue qui essayait de me séduire. Parce que je l’aime, elle, et que je ne voulais pas la tromper.

- Tu as quand même failli craquer, Tutur, ne l’oublie pas. Elle a peut-être raison de te crier dessus, ta nana.

Je réajuste la caméra et me plante devant l’écran afin qu’elle puisse bien me voir. A ce moment précis, je regrette que nos échanges ne se fassent que par l’intermédiaire d’ordinateurs et de pixels, c’est tellement plus compliqué de transmettre les émotions, les sentiments.

- Alors, ma chérie, Snow ne te ment pas mais il n’a pas tout vu. Oui, elle est venue dans ma douche après un entraînement de basket. Mais je l’ai mise dehors ! Je t’ai dit qu’elle essayait de me mettre dans son lit, ça ne veut pas dire que j’ai cédé, bordel ! Tu crois que je t’aime si peu que ça ? Que pour le petit cul de cette connasse, je vais abandonner l’amour de ma vie ? Je suis blessé, Julia. Vraiment blessé que tu aies si peu confiance en moi. Si tu ne veux plus que je vienne te voir quand je rentre en France, dis-le moi maintenant et je vais prévenir ma sœur qu’elle va devoir me trouver un endroit pour me poser.

Je vois Julia se rapprocher de l’ordinateur et la caméra tremble alors qu’elle pose son PC. Elle se lève et fait les cent pas devant son canapé en marmonnant je ne sais quoi, puis se réinstalle en restant à distance de l’écran.

- Ok, eh bien moi je suis blessée que tu ne m’aies rien dit, si tu n’as rien à te reprocher. Tu te rends pas compte… Je… Merde, Arthur, pas Nathalie quoi ! Et… Mets-toi à ma place une seconde, si on te disait ça, tu n’en tirerais aucune conclusion ?

- Mais, Julia, je ne t’ai rien dit parce qu’il n’y a rien à dire ! Avec qui je veux passer tout mon temps ? Avec toi. Qui est toujours dans mes pensées ? Encore toi. Qui est la femme avec qui je veux passer le reste de ma vie ? Toujours toi ! Et comment tu penses que j’aurais pu te dire ça : oh, au fait, Nathalie est venue dans ma douche tout à l’heure. Oui, on était nus tous les deux. Tu crois que tu l’aurais bien pris ? J’ai essayé de te protéger parce que je t’aime. Je ne veux pas que tu doutes. Je ne veux pas que tu souffres. Alors, n’écoute pas ce que dit Snow, mais écoute ton cœur. Enfin, j’espère que tu peux l’écouter et que tu me fais encore confiance. Parce que moi, je t’aime, Julia. Et j’ai horreur quand tu penses que mon amour pour toi n’est pas à la hauteur du tien pour moi.

- Tu me manques Arthur et… Bon sang, c’est tellement difficile, soupire-t-elle. C’est invivable pour moi de te savoir si loin, j’y arrive pas, j’ai l’impression de n’être qu’un fantôme. Je déteste ça, dépendre d’un autre. Et pourtant, là, j’ai l’impression de ne pas respirer. Bref, c’est stupide, laisse tomber…

- Oui, je sais que c’est difficile, mais dans moins d’une semaine, je serai là. On sera à nouveau à deux. Et je pourrai te montrer à quel point je t’aime, ma Puce. Je ne veux pas laisser tomber, Julia, je veux être là pour toi comme tu l’es pour moi. Et te rappeler sans cesse que je t’aime. Je t’aime, tu entends ? Je t’aime et je n’aime que toi. Crois-moi, Julia. Donne-nous une chance.

- Je t’aime aussi, murmure-t-elle après m’avoir jaugé un moment. Je suis désolée, je… Pardon Arthur. J’ai la trouille de tout quand il s’agit de toi, et c’est pas mon habitude…

- Si tu as si peur, c’est que tu m’aimes un peu alors ? demandé-je en souriant.

- C’est pas drôle, Arthur. Bien sûr que je t’aime, gros bêta ! rit-elle finalement.

- Oh Julia, je préfère te voir comme ça qu’en train de me crier dessus. Tu veux bien me faire plaisir et prendre une affiche et écrire en grand dessus : Arthur m’aime. Je ne dois pas m’inquiéter. Il m’aime et je suis bête si je l’oublie. Et tu mets cette affiche au-dessus de ton lit, s’il te plaît !

- Seulement si tu te trimballes sur le camp avec un tee-shirt marqué “Julia Vidal va tuer toute connasse qui osera s’approcher de moi”, rit-elle.

- Deal ! Tope là ! m’écrié-je en lui montrant ma main.

- On dirait mon neveu, se moque Julia. Un vrai gamin quand tu t’y mets. Je vais aller me coucher, Chéri, réveil à quatre heures demain pour aller enquiquiner les recrues au saut du lit.

- Tu me fais une petite place dans tes rêves alors ? Je vais venir t’y rejoindre et te prouver une nouvelle fois que tu es la seule que j’ai envie d’embrasser, de toucher, de caresser, d’aimer. Bonne nuit, jolie femme. N’oublie pas que je suis fou amoureux de toi !

- Pas autant que moi, Beau Bûcheron. Fais attention à Nathalie, je t’en prie, elle est fourbe et… Elle adore piquer les mecs des autres. Bonne nuit Chéri. Je t’attends dans mes rêves alors, dit-elle en m’envoyant un baiser.

- A demain, dors bien surtout. Bon courage pour le réveil.

Je referme l’ordinateur et bondis hors de mon lit, remonté comme jamais. J’enfile rapidement un jean et une de mes chemises, et file dans le bâtiment principal. Je salue le soldat de garde et me précipite dans la chambre de Snow où j’entre sans frapper. Tout de suite, il se retourne et s’agenouille derrière son matelas en attrapant son arme et en la pointant vers moi.

- Mathias, c’est moi, bordel. Ne me tue pas tout de suite, laisse-moi d’abord l’honneur de te torturer jusqu’à ce que mort s’ensuive.

- Oh merde, ricane-t-il en se relevant. Tu commences à parler comme Julia, c’est inquiétant. Frapper avant d’entrer, tu ne sais pas ? J’aurais très bien pu être en train de profiter de la collection de VHS de Mirallès ! C’est pas parce que tu m’as montré ton engin que j’ai envie que tu voies le mien, en fait.

- Je m’en fous de ton engin. Je vais te le couper et te le faire bouffer si tu continues à dire des conneries sur moi à Julia ! Putain, à cause de toi, elle m’a fait une scène, ce soir. Tu crois qu’on a besoin de ça ? Je ne sais pas comment ça se passe pour toi et Justine, mais pour nous, c’est dur, la distance. Alors, fais pas chier et viens pas lui foutre plus de doutes qu’elle n’en a déjà !

- Wow, respire un coup le Bûcheron ! Déjà, j’ai jamais menti à Julia et c’est certainement pas pour ton cul que ça va commencer. Et tu connais l’expression “pas de fumée sans feu” ? gronde-t-il. Si t’étais exemplaire, j’aurais rien à lui dire, à Ju ! Joue pas au con avec elle, je te préviens, Zrinkak, je peux être gentil, j’ai rien dit ou fait jusqu’à présent, mais je le vois le petit jeu, je suis pas aveugle.

- Tu lui as pas dit que j’avais couché avec Nathalie dans la douche ? Mais bordel, je fais tout ce que je peux pour résister à cette harpie, Snow. Tu le sais, tu le vois, non ? Elle me cherche, me provoque. Mais moi, c’est Julia que j’aime. C’est avec elle que je veux faire ma vie, je ne veux pas tout gâcher pour un coup d’un soir avec une nana qui n’a même pas de cul !

- Je lui ai parlé des rumeurs qui courent, rien de plus. Nathalie se vante de t’avoir pompé sous la douche, j’y peux rien, moi ! Essaie plus fort de lui résister, parce qu’il n’y aura aucune deuxième chance avec Julia, tu le sais j’espère.

- Et tu lui as raconté la rumeur qui dit qu’on couche ensemble ? Bordel, les rumeurs, il faut pas que ça sorte d’ici ! Et Nathalie, si elle dit vraiment ça, je te jure que je vais la calmer. Demain, je vais faire courir la rumeur qu’elle est tellement en manque qu’elle a demandé à mon grand-père de la lécher !

- Les soldats parlent entre eux, et pas qu’ici. Certains communiquent avec la base en France. Tu voulais quoi, qu’elle l’apprenne en passant devant un groupe qui ricane en la regardant ? Je préférais lui dire moi-même, puisque tu n’as pas eu la franchise de lui dire ce qu’il s’était passé.

- Ben maintenant, elle sait. Mais franchement, Snow, tu as une idée pour me débarrasser de Nathalie ? Elle est horrible, cette nana. Une vraie briseuse de couple, rajouté-je, ma tension un peu redescendue et ma voix un peu plus posée.

- T’as signé pour en baver, Arthur, Nathalie déteste Julia et va tout faire pour te coller dans son lit. Enfin, j’imagine que tu lui plais quand même, hein, mais à la base, son objectif c’est très certainement de faire morfler Julia.

- Ouais, eh bien, je compte sur toi pour m’aider. On est amis, non ? Me laisse pas tomber, j’ai besoin de toi. Et tu sais que j’aime Julia. Que l’autre, ben elle a un petit cul qui fait bander, mais c’est juste mécanique, quoi. Je te jure que si elle recommence un truc avec moi, je la fous dans l’étable et la couvre de bouse de vaches !

- Bonne idée. Et bon courage, parce qu’elle a la motivation, cette folle. Et si tu pouvais éviter d’entrer ici comme un dingue, ça m’ennuierait de te coller une balle. Enfin, des fois je me dis que tu mériterais bien un plomb dans le derrière, mais Julia m’en voudrait.

- Ouais, fichus militaires, toujours à vouloir faire des trous partout avec vos joujous. Excuse-moi, Mathias, mais je ne veux pas perdre Julia. Dis-lui que je ne pense qu’à elle, que je suis fou d’elle, s’il te plaît. Enfin non, je vais lui dire moi-même quand je vais aller la voir dans quelques jours, mais arrête avec les rumeurs. J’ai pas envie de la perdre, c’est l’amour de ma vie, cette femme.

- Qu’est-ce que t’es fleur bleue, Zrinkak ! Je me demande ce qu’elle te trouve, Julia. Elle vit avec des militaires et se tape une gonzesse.

- Gonzesse ? Parce que j’ai un cœur ? Voilà pourquoi j’ai eu la chance de pouvoir la séduire. J’ai autre chose que ma queue pour la séduire !

- Mouais. Rassure-moi, tu pleures pas quand tu jouis quand même ?

- Non, mais je te rassure, Julia adore, elle. Je crois que je vais te laisser avant que tu ne deviennes encore plus désagréable.

- C’est ça, laisse-moi choisir mon film du soir. Et, Zrinkak… C’est dur aussi pour Justine et moi. Putain, j’ai l’impression d’être à nouveau puceau, je te jure, j’ai jamais été abstinent si longtemps. Mais joue pas au con avec Julia, tu risquerais d’avoir pas mal de monde sur le dos si c’est le cas.

- Pour Justine, je vais essayer de convaincre mon boss quand je serai en France de nous la renvoyer ici. Mais si j’y arrive, tu m’en devras une !

- On verra ça. Je crois que tu m’en dois plus d’une, vu le nombre de fois où Ju a voulu t’arracher les tripes pour s’en faire des colliers quand on est arrivé ici, rit-il.

Je ne relève pas et le salue, un peu gêné de m’être emporté comme ça contre lui. Il a raison, en réalité. Si je parviens à mettre le holà à tout ce que fait Nathalie, il n’aura plus rien à raconter et je serai tranquille. Quitte à devoir utiliser la bouse des vaches, il va vraiment falloir que j’arrive à la calmer, cette harpie. Il le faut si je veux conserver Julia.

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