49. Pyjama surprise

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Julia

Cars. Voilà comment je passe mon samedi soir : une soirée pyjama chez Sarah et Hector, Sacha calé sur mes genoux et ma meilleure amie et belle-sœur en train de bercer Elise de l’autre côté du canapé. Et on regarde Cars. J’ai même pas encore de gamin que j’en suis réduite à une vie de nonne, bordel. Plus de sexe à deux depuis bientôt deux mois, ou tout du moins simplement du sexe virtuel, plus de sorties avec les copines, je suis soit chez mes parents, soit en train de pouponner ici. Déprimant.

Bon, soyons honnêtes, même à distance, les petites séances coquines avec Arthur sont appréciables et chaudes comme la braise. J’adore l’entendre me dire des cochonneries, et le regarder se caresser est érotique à souhait. Mais ça ne vaut pas une vraie étreinte avec mon Bûcheron bien occupé en ce moment. Snow m’a dit que les réfugiés étaient de plus en plus véhéments, ne comprenant pas pourquoi ils restaient au campement alors que le Général a promis d’organiser les élections. Pour autant, d’après Marina, rien ne se met en place pour le moment et j’ai peur que ses paroles n’aient aucune valeur.

- Julia.

- Hein ? Oui ?

- Eh bien, je doute que Flash McQueen soit si prenant, rit Sarah. Tu veux bien coucher Sacha ? Il dort comme un bébé. Enfin, il dort mieux que sa sœur.

J’acquiesce et me lève doucement en prenant garde de ne pas réveiller le petit et le prends dans mes bras pour l’emmener dans sa chambre. Il s’accroche à mon cou lorsque je le dépose dans son lit et marmonne des mots incompréhensibles qui font littéralement fondre mon petit coeur de Tata folle de son neveu. Je dépose un baiser sur son front et le borde avant de le regarder dormir un moment. Il a tellement grandi pendant mon absence que je ne peux m’empêcher de me dire que Lila aura elle aussi bien changé lorsque je la reverrai. Si je la revois.

Je sors en soupirant de sa chambre et vais rejoindre Sarah, allongée sur le canapé, les yeux fermés.

- Tu as tiré ton lait ? J’ai envie d’un verre.

- Plutôt deux fois qu’une, putain, sors le Rhum ma Biche !

Je ris en allant chercher tout ce qu’il nous faut, et charge bien la première tournée de Mojito.

- Ma mère va te tuer, tu me fais boire, c’est pas sérieux.

- Ton Snow n’est pas là, il faut bien compenser. Je crois que ta mère a trop regardé de films où les soldats finissent par boire comme des trous pour oublier la guerre, c’est tout.

- Je ne bois pas tous les jours, juré, dis-je en trinquant avec elle. Je vais bien, enfin, la guerre ça va. C’est juste la solitude qui me pèse. Mathias n’est pas là, Arthur non plus… Il manque clairement quelque chose à ma vie en ce moment, et je ne parle pas que de cul.

- Je suis sûre que le cul te manque beaucoup quand même. Tu devrais t’acheter un petit jouet, si tu n’en as pas déjà un. Ça fait des miracles pour la solitude !

- Hum… J’en ai un, que je n’ai même pas sorti en deux mois de temps, ris-je. Avec Arthur, on s’éclate en virtuel en attendant le réel.

- C’est déjà ça. Il tient le coup, lui ? Tu ne le sens pas s’éloigner, j’espère ?

- Je… Non, je ne crois pas… Il a pas mal de boulot en ce moment, pas mal de soucis à gérer sur le camp. En dehors de ça, je n’en ai pas l’impression.

- Ce mec est une perle ! Tu as de la chance d’être tombée sur lui, non ? Je t’envierai presque ces moments où on est encore dans la séduction. Tu as vu comment je suis avec ton frère ? Il ne fait plus beaucoup d’efforts, lui !

- Mon frère est un crétin fini, que veux-tu ! Je t’avais dit de ne pas te marier avec lui. Ça va quand même entre vous ?

- Ouais, on a des hauts, des bas, tu sais, j’ai l’impression que des fois, il ne fait vraiment aucun effort, qu’il croit que puisque je suis sa femme, il n’a plus à faire aucun effort. Ça me manque les invitations et les dîners aux chandelles. Il n’est pas romantique pour deux sous, Hector.

- Je vais lui secouer les puces alors. Et garder les petits un soir pour que vous puissiez sortir. Hector se repose sur ses lauriers, c’est clair, mais il t’aime vraiment et je suis sûre qu’il peut faire des efforts. Tu lui en as déjà parlé ?

- Entre deux courses de jeux vidéo, oui. Ce serait bien si tu gardais les enfants, oui, on pourrait en profiter pour mettre Numéro trois en route !

- Déjà ? Nom de dieu, vous allez vous arrêter quand ? ris-je. N’en faites pas trop, je ne gagne pas des mille et des cents, je ne vais pas pouvoir en gâter dix !

- Je m’emballe un peu peut-être, Hector n’en veut pas de troisième lui. Moi, j’aimerais bien. Je me sens bien quand je suis enceinte, et c’est un bonheur d’élever ces magnifiques enfants. Tu n’as pas envie d’un petit mini-toi ?

- J’en sais rien, c’est une sacrée responsabilité… Et puis, avec mon boulot, c’est compliqué. J’aime partir en mission, alors laisser une petite famille sur place, je ne sais pas…

- Oui, je vois bien ton Bûcheron en babysitter. Je l’imagine juste vêtu d’un petit tablier, un enfant sur le bras. Ce serait trop sexy, non ?

- Peut-être, ris-je. On en est loin, quand même, t’emballe pas pour mon couple en plus de le faire pour le tien, tu veux ? On avance doucement, c’est particulier les relations à distance, soupiré-je en vérifiant une fois de plus mon téléphone.

- Tu attends un message de lui, là ? Je peux lire vos mails coquins ? Je suis curieuse, rit-elle en essayant de s’emparer de mon téléphone.

- Hep ! Pas touche, m’esclaffé-je en le glissant sous mes fesses. Tu serais choquée voyons ! Tu crois quoi ? Que je vais te montrer les photos qu’on s’envoie aussi ? T’es malade ! Je t’adore, mais faut pas pousser.

- Des photos ? Oh, t’en as pas une du Bûcheron en petite tenue pour que je rêvasse un peu ? Je suis ta meilleure amie, non ? Et toi, tu as déjà vu mon mari tout nu, je te rappelle !

- Ouais, et en couche culotte, et… Beurk, t’es pas obligée de me rappeler tout ça, grogné-je en récupérant mon téléphone. Une photo d’Arthur en petite tenue ? T’en as vu plein habillé, tu fais chier, c’est notre intimité, Sarah.

Je lui tends malgré tout mon téléphone. Si nous n’étions pas très à l’aise avec les selfies au début, on peut dire que nous sommes des professionnels de la pause sensuelle à présent. Arthur s’est pris en photo sur sa couchette, allongé sur le flanc, un sourire canaille aux lèvres, en boxer. Qu’est-ce qu’il me manque.

- Ah oui ! Craquant le beau gosse ! Je comprends que tu ne puisses plus t’en passer ! Et quel sourire de charmeur ! Si un jour tu n’en veux plus, je suis sûre qu’on pourra trouver des copines qui seraient intéressées !

- Possible, mais pas touche à mon Bûcheron, dis-je alors que j’entends le téléphone vibrer dans les mains de Sarah.

Je lui arrache presque des mains et un large sourire se dessine sur mes lèvres en constatant qu’Arthur m’appelle en visio. Je soupire en regardant le pyjama licorne dégueulasse que m’a prêté Sarah et décroche.

- Bonsoir, Beau Bûcheron adoré ! Que me vaut cet appel ? Tu vas bien ?

- Coucou ma Chérie. J’ai une bonne nouvelle pour toi, commence-t-il avant de s’arrêter et de froncer les sourcils. Tu n’es pas chez toi ? C’est quoi ce pyjama ?

- Je suis en soirée pyjama chez les Vidal, ris-je. Il te plaît pas, mon pyj ? Sarah m’a prêté son plus beau vêtement, pourtant !

- Je te préfère sans pyjama si tu veux tout savoir ! Il est magnifique, en tous cas ! J’adore la licorne, sourit-il, visiblement ravi de m’admirer même dans ce vêtement pas très flatteur.

- Chut, il y a des oreilles innocentes dans les parages, dis-je en lui montrant Sarah. Tu as de la chance qu’Hector ne soit pas là, il aurait déjà envoyé un missile en direction du camp pour faire taire tes pensées impures envers sa sœur.

- Salut le Bûcheron, crie Sarah. Elle a raison, enfin pas pour les oreilles, mais fais gaffe à ce que tu dis dans cette maison !

- Je ne savais pas que j’appelais le Kremlin, répond-il, mais je n’ai aucune honte à dire ce que je pense. Julia est la plus jolie de toutes les femmes ! Même son frère ou sa belle-sœur devraient s’en rendre compte !

- Quel lover, pouffe Sarah. Et il ne fait même pas ça pour une pipe, en plus !

- Sarah ! T’as fini oui ? Alors, quoi de neuf en Silvanie, Chouchou ? Tout va bien ?

- Oui, tout va bien ! Enfin, non, c’est un peu le bordel dans le camp, avec tous ceux qui veulent partir et qui n’obtiennent pas les autorisations, mais, malgré ça, j’ai réussi à négocier avec Food Crisis. Je vais pouvoir venir une semaine te voir !

- Oh… Vraiment ? T’es sérieux ? Quand ça ?

- Oui, je suis sérieux. Je vais confier la gestion du camp à Dan et Lorena, on va voir si le duo fonctionne, et dans trois semaines je serai là. La première semaine de juin !

- Oh… Mais c’est dans longtemps ! soupiré-je. Merde, non c’est génial, je suis contente et j’ai trop hâte. Je vais m’organiser pour ne pas bosser alors.

- Ah oui, pose tes congés, surtout ! Et on ne sort pas de chez toi pendant toute la semaine, ça te va comme programme ?

- Alors ça, n’y compte pas mon petit, intervient Sarah en montant quasiment sur mes genoux pour être dans le champ de la caméra. On veut te rencontrer, nous ! Et tu sais, Antoine vit dans le même immeuble que Julia, sur le même palier d’ailleurs ! Alors je doute que vous soyez tranquilles toute la semaine !

- Bon, on fera des petites sorties, alors, mais quand on mettra le panneau “Ne pas déranger”, je vous avertis qu’il faudra le respecter ! Je suis un dangereux Silvanien, je vous rappelle !

- J’ai tellement hâte de te voir, Arthur, souris-je alors que Sarah ricane. Lila ne viendra pas, j’imagine ?

- Non, trop compliqué au niveau des papiers, mais j’avance sur la procédure d’adoption. Elle est un peu déçue, mais elle comprend. Elle veut surtout que je revienne et ne reste pas avec toi. Il faudra que tu lui dises que tu me laisseras partir à la fin de mon séjour en France.

- D’accord, on en parlera avec elle la prochaine fois alors, pas de souci, dis-je, déçue moi aussi. Même si ce n’est pas l’envie qui me manque de te séquestrer chez moi.

- Ok, je ne t’embête pas plus ce soir, je te laisse profiter de Sarah. Je t’aime, ma Belle, sois sage surtout, et on s’appelle demain comme prévu ! Je ne voulais juste pas attendre pour te donner la bonne nouvelle !

- A demain Chéri. Je suis toujours sage, même avec un Mojito à portée, souris-je. Embrasse Lila et Mat’ de ma part. Je t’aime.

Je lui envoie un baiser et attends qu’il ait raccroché, ce qu’il fait non sans m’avoir offert l’un de ses sourires à faire mouiller ma petite culotte. Bon sang, j’ai tellement hâte qu’il arrive ! Et j’ai une montée de stress, aussi. Et si ce n’était plus pareil entre nous, après ces semaines d’éloignement ?

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