39. La force de leur amour

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Julia

Je remonte la couverture sur Lila et l’embrasse tendrement sur le front alors qu’elle noue ses petits bras autour de mon cou. Bon sang, que c’est difficile. Autant, avec ma famille, je sais que les chances que je revienne sont grandes, autant ici, je sais que j’abandonne des personnes que je ne reverrai jamais.

Si cette soirée m’a fait plaisir, difficile pour moi de me départir de toutes mes émotions négatives. Je suis triste de les quitter, malheureuse comme les pierres de rentrer. Evidemment, une partie de moi est contente de retrouver mon oppressante mais adorable famille. Pourtant, ce soir, c’est la peine qui prime.

Je serre Lila contre moi et la couvre de baisers, profitant de sa présence autant que possible, comme je compte le faire avec Arthur. Ces six mois sont passés à une allure folle et j’ai l’impression de ne pas être arrivée à la fin, de ne pas avoir bouclé la boucle. J’aurais tellement aimé rester davantage, assister à la suite, observer ce pays commencer à se relever. J’aurais tellement aimé continuer à me réveiller en présence de ces deux personnes qui m’enlacent et me montrent leur amour sans filtre et avec un naturel poignant. Mon doux rêveur et ma jolie Lila. Le retour va être difficile.

Il va l’être d’autant plus que j’abandonne ici Mathias. J’ai l’impression de beaucoup trop perdre en rentrant en France, pour que la joie de retrouver le pays soit supérieure à la tristesse que j’éprouve.

- Bonne nuit, ma jolie Lila. Vivement le câlin de demain matin.

Mais pas vivement demain matin. Je voudrais bien que le temps s’arrête et que cette nuit dure des jours pour me permettre de me repaître de chaque personne présente ici qui va me manquer.

- Bonne nuit Julia. Bonne nuit Arthur, dit-elle sans me lâcher.

Je m’allonge à ses côtés et la câline jusqu’à ce qu’elle s’endorme finalement, avec l’horrible impression d’abandonner une gamine qui a déjà bien trop souffert. Enfin, ce n’est pas qu’une impression et la culpabilité que j’éprouve me tord le ventre. J’ai les yeux embués lorsque je me relève tout doucement et la borde, avant que je ne sente Arthur se coller dans mon dos et m’enlacer tendrement en posant ses lèvres dans mon cou.

- Tu vas la ramener avec toi en France ? lui demandé-je doucement en me lovant contre lui.

- Je ne sais pas encore, Julia. J’ai vécu l’exil de mon pays, je ne sais pas si je dois lui imposer ça aussi. Est-ce qu’elle ne serait pas mieux ici avec ses proches qu’en France ?

- Quels proches ? Ta mère, au Palais ? Je ne sais pas… Je crois qu’elle a besoin de calme et de stabilité, et d’une famille aimante. Pour le reste, je n’ai pas vécu ça alors je ne peux pas te dire. Elle n’a connu que la guerre, cette petite, elle mérite de pouvoir grandir dans l’amour et la paix, d’aller à l’école, de vivre sa vie d’enfant.

- Oui, je pense qu’il faudra lui demander ce qu’elle veut. Si je rentre avec elle, hésite-t-il, tu serais partante pour… Tenter quelque chose à trois ?

Je me retourne dans ses bras et l’observe un moment. Mon doux rêveur est mal à l’aise et c’est tellement attendrissant que je peine à contenir l’émotion qui me submerge.

- Tu veux dire… Vivre tous les trois ?

- Oui, ce serait bien, non ? Enfin, je ne veux pas te forcer ou bouleverser ton existence. Tu as le temps de réfléchir, hein, rajoute-t-il en bafouillant un peu.

- Tu as bouleversé mon existence il y a six mois, Beau Bûcheron, souris-je. Je te préviens juste que j’arrive avec un bagage nommé Joker, au poil long et plutôt possessif.

- Tu as quelqu’un dans ta vie en France ? me demande-t-il en s’éloignant un peu de moi.

- Tu crois vraiment que je parlerais d’un homme en décrivant ses poils ? ris-je. Je te parle d’un chat, Arthur, respire !

- Oh, désolé… L’émotion… J’ai pas suivi, reprend-il avec un sourire. Mais donc, tu serais d’accord ?

- Bien sûr que je serais d’accord. Je te l’ai dit et répété, je t’aime, Arthur Zrinkak et… J’ai la certitude qu’il y a quelque chose de particulier entre toi et moi. Maintenant… La vraie question est de savoir si tu es prêt à vivre avec une militaire, une femme qui part à la guerre… Et ça, ce n’est pas rien dans la balance.

- Oui, entre nous, c’est particulier, je suis d’accord. Je ne sais pas comment je vais faire quand tu partiras à la guerre, comme tu dis, ce que je sais, c’est que j’ai envie d’essayer. Et ces six premiers mois, ça sera un beau galop d’essai, non ?

- Hum… Ces prochains mois, c’est moi qui vais être à ta place. Tu sais que je serai en sécurité, ce sera différent de quand je pars en OPEX. Enfin… On n’y est pas, mais penses-y quand même… C’est un style de vie particulier, tu ne peux pas plonger là-dedans si tu n’es pas sûr de toi, Arthur.

- J’ai envie de prendre le risque Julia. Pour toi, pour nous, je suis prêt à prendre tous les risques.

Je glisse ma main dans sa barbe et lui caresse la joue, toujours plus attendrie par cet homme qui m'a fait baisser la garde et m'a conquise quand je m'étais jurée de ne pas sortir du cadre professionnel. Je ne regrette pas, même si cela aurait pu me coûter cher.

- Dans ce cas… Prenons le risque, Beau Bûcheron. Qui vivra verra.

Je l'embrasse comme pour sceller cet accord et commence à me déshabiller pour aller me coucher. Je souris en voyant Arthur me détailler de la tête aux pieds, et repousse sa main en riant quand il cherche à me tripoter. Je me glisse sous la couette de son lit une place et attends qu'il se décide à se déshabiller pour me rejoindre, ce qu'il ne tarde pas à faire, non sans m'avoir balancé sa chemise en se déhanchant version strip-teaser.

- Quel dommage, le lit est étroit, ris-je alors que je l'attire sur moi.

- Oui, il va falloir que je me colle à toi. Je vais souffrir, je crois !

- Souffrir ? Vraiment ? Très bien, je vais aller dormir avec Lila si tu préfères, dis-je, mutine, en le repoussant.

- Tu n’as pas intérêt à me repousser ce soir, Julia, sinon, je risque de devenir aussi désagréable que quand nous nous sommes rencontrés.

Il attrape mes mains et les retient dans les siennes alors qu’il se rapproche à nouveau de moi, se collant tout contre mon corps avant de poser ses lèvres sur mon front pour un tendre baiser.

- Désagréable à ce point ? Tu ne tiendrais pas cinq minutes, Zrinkak, pouffé-je en nouant mes jambes autour de sa taille.

- Peut-être que je peux te dire que tu manques d’humanité et de compétence, là ? essaie-t-il sans pouvoir réprimer un sourire.

- Tu peux toujours essayer, le Bûcheron, mais je risque de t'engueuler et de t'envoyer bouler. Ce serait dommage vu le programme qu'on a certainement imaginé toi et moi.

Je me cambre contre lui et resserre mes jambes, pressant mon intimité contre la sienne. J'adore quand il m'immobilise ainsi de son corps, lorsqu'il prend les rênes et m'aime avec passion. J'adore tout ce qui sort de cet homme, de toute façon. Même son côté rêveur me séduit quand il m’agaçait profondément lorsque nous nous sommes rencontrés.

- Mais on peut recommencer à se chamailler, si c’est ce que tu veux, continué-je en ondulant des hanches contre lui.

- Oh oui, j’aime quand tu te chamailles comme ça !

Sa main vient se glisser entre mes jambes et sa bouche s’empare d’un de mes tétons dressés. Je sens toute son envie de moi, je ressens tout son désir de me faire sienne et je m’abandonne avec délice à cette douce torture. Il maintient toujours mes mains au-dessus de ma tête et je m’offre avec plaisir à cet homme, savourant chaque caresse, profitant de chacune de ses attentions sur mon corps si réceptif à sa présence. Six mois… Je vais devoir vivre six mois sans lui, six mois sans tout cela, et ça me paraît être une éternité, une montagne impossible à franchir.

Mais pour l’instant, ces six mois sont loin de son esprit si j’en crois la force avec laquelle il laisse s’exprimer la passion qu’il ressent pour moi. Je me colle contre son érection que je veux sentir au plus profond de moi et ondule contre lui autant que possible, le caressant de mon corps.. Il faut que je m’unisse à lui et je me débats pour libérer mes mains afin de pouvoir le serrer plus fort. Il ne cède cependant pas et assume totalement le contrôle de cette étreinte. Mon doux rêveur est en train de me montrer qu’il sait aussi se faire dominant lorsque les conditions l’exigent et je ne peux que me soumettre à son rythme. Cette perte de contrôle est fantastique et lorsqu’enfin il me pénètre, je ne peux retenir un premier orgasme qu’il étouffe en m’embrassant sans ménagement aucun.

Alors que je reprends un peu mes esprits, il lâche enfin mes mains que je m’empresse de passer derrière son cou afin de lui rendre ce baiser où je m’accroche à lui comme une folle. Jamais je ne veux le laisser partir. Ses mains se positionnent sur mes hanches et il me soulève le corps, me forçant à me cambrer. Sa queue vient buter au fond de moi et je sens son ventre frotter délicieusement contre mon clitoris encore plus sensible depuis que j’ai joui. Les sensations sont exquises et j’ondule autant que je peux sous lui qui continue ses mouvements lents, puissants mais retenus, ce qui fait monter à nouveau progressivement mon plaisir. Mes gémissements se font plus sonores malgré tous mes efforts pour les contenir, et quand lui aussi se met à râler, quand je sens la tension dans son corps que je reconnais comme les prémices de son orgasme, j’ai l’impression qu’il est en train de marquer son territoire de la plus fantastique des façons. Et c’est les yeux dans les yeux que nous jouissons dans une rare communion. Je le sens exploser en moi, me remplissant de son sperme alors que le plaisir me submerge, m’inonde au sens propre comme au figuré. A ce moment-là, j’oublie tout ce qui n’est pas son corps, j’oublie tout ce qui n’est pas son regard enfiévré, j’oublie ce qui n’est pas notre plaisir. A ce moment-là, nous ne faisons plus qu’un. Si seulement ce mouvement pouvait durer toute l’éternité.

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