03. Jeu de mots et pression

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Julia

Arthur et moi ne bougeons pas d’un poil alors que l’on frappe à la porte. Il me serre plus fort contre lui et je savoure ce dernier contact avant de quitter son étreinte chaude et rassurante.

- Ne fais pas n’importe quoi pendant que je suis partie, hein ? souris-je en l’embrassant tendrement.

- Julia, n’y va pas ! tente-t-il une dernière fois, désespéré.

- Le camp ne passera pas la nuit si on ne se plie pas à ses exigences, tu le sais aussi bien que moi…

- Ce sont peut-être des menaces en l’air, soupire-t-il, déjà résigné malgré tout.

- Si j’en avais la certitude, ça changerait tout. Mais on ne peut pas prendre ce risque… Je suis sérieuse Arthur, quoi qu’il se passe, c’est toi et rien que toi, c’est tout ce qui compte.

Je lui lance un sourire que j’espère rassurant, bien loin de tout ce qui me passe en tête, et m’accroche à son cou pour l’embrasser.

- Je t’aime, continué-je en caressant sa joue. Ça va aller, j’en suis sûre…

- Moi aussi je t’aime. Et n’oublie pas, un coup dans l’entrejambe, c’est la meilleure des défenses.

- C’est noté, Beau Bûcheron, ris-je.

Il me laisse sortir de la salle de bain à contre-coeur et ouvre la porte à Bobonne-Garde du corps.

- Dieu le Père exige ma présence ? soupiré-je avant de me mordre la langue pour me faire taire.

- Oui, et il vous demande de porter ça, complète-t-il en me tendant un bout de tissu que je devine à peine assez grand pour me couvrir.

- Est-ce que j’ai l’air d’une traînée, sérieusement ? m’indigné-je en lui lançant en pleine face son morceau de tissu. Il n’est pas né, celui qui me dira comment je dois m’habiller.

- C’est vous qui voyez. Mais quand il est fâché, il est incontrôlable.

- Allons-y, soupiré-je après avoir tout de même hésité.

Bon sang, il croit vraiment que je vais lui vendre mon corps sans aucune hésitation ? Je bouillonne déjà en refermant la porte de la chambre sans jeter un regard derrière moi de peur de croiser celui d’Arthur. Je récupère la tenue que je ne mettrai jamais et suis le larbin dans les couloirs. Manoeuvrer ce dingue ne sera pas facile, et j’ai tout le loisir d’y penser alors que son toutou me conduit jusqu’à une autre aile du Palais.

Un frisson me traverse quand il frappe à une porte qu’il ouvre pour me laisser entrer. Si je trouvais notre suite outrageusement tape-à-l'œil, elle n’arrive pas à la cheville de celle du Président. Dire que des millions de Silvaniens crèvent de faim dans son pays… C’est vraiment écoeurant.

Il est debout près d’un vieux tourne-disque et fronce les sourcils en m’apercevant. J’avance vers lui sans me démonter et glisse son petit cadeau dans la poche de sa veste de costume.

- Victor, veuillez m’excuser, mais nous sommes en plein hiver et il ne fait pas bien chaud. Et puis, je crois vous avoir fait comprendre qu’il ne suffisait pas d’un ordre pour me faire plier… Avec tout mon respect, je ne suis pas une poupée Barbie qu’un homme habille comme bon lui semble, lui dis-je poliment, affichant un sourire gentillet.

- Parfait. Juste comme je l’espérais, dit-il doucement alors que son regard se pose d’abord sur mes seins avant de continuer leur lente inspection sur le reste de mon corps. Vous êtes vraiment ravissante, Julia. Vous m’excitez, vous savez ? Votre résistance-même m’excite.

- J’ai bien peur qu’elle finisse par vous agacer, soupiré-je en me laissant tomber sur le fauteuil derrière moi. Qu’est-ce que vous attendez de moi, au juste ?

- Juste faire connaissance, Julia. Je veux vous découvrir, dans tous les sens du terme, rajoute-t-il en contournant le fauteuil où je me suis installée.

Lorsque je sens ses mains se poser sur mes épaules et commencer à me masser doucement mais fermement, je comprends mon erreur. J’aurais dû rester debout et garder mes distances. Là, il a pris la main et il n’a pas l’intention de la laisser, clairement.

- Je ne couche pas le premier soir, vous m’en voyez désolée.

- Quel vocabulaire, Julia. Je m’attendais à mieux de votre part. A plus raffiné. Ne me dites pas que je ne vous fais aucun effet, je ne vous croirais pas.

Ses mains continuent à faire de petits cercles sur mon cou et mes épaules et il a délacé le haut de ma robe. Le Pervers est très fort car il fait tous ces petits gestes en douceur, sans rien forcer.

- Je vous ai dit que je pouvais être une vraie charretière. Je ne suis qu’une simple militaire qui passe sa vie entourée d’hommes, vous savez. Ça doit déteindre, dis-je, immobile.

- Vous savez, ce que je crois, Julia, c’est que tout le monde a un prix. Il faut juste faire la bonne proposition. Je me demande quel est le vôtre ? Vu comme votre corps réagit à mes caresses, le plaisir est peut-être ce qui va vous convaincre ? me susurre-t-il à l’oreille alors que ses doigts se sont emparés de mes tétons et les serrent doucement.

Je déglutis péniblement et bouge mes épaules pour lui faire lâcher sa prise. Il ne se gêne absolument pas pour prendre ce qu’il veut, c’est fou !

- Je doute que vous soyez prêt à payer le prix, Victor. J’ai ce qu’il me faut pour le plaisir, je vous remercie.

- Oui, j’ai cru entendre, reprend-il alors que ses mains sont toujours posées sur mes épaules. Vous êtes très expressive quand vous jouissez, ma chère. Cela m’a donné envie de vous amener à ce stade à mon tour. Vous n’allez pas me refuser ce petit plaisir, quand même ?

- Qu’est-ce que cela pourrait bien m’apporter ? Je vous l’ai dit, je n’ai pas besoin de vous pour jouir, j’ai un homme merveilleux à mes côtés pour ça. Alors, à quoi cela me servirait de vous laisser arriver à vos fins ?

- Vous devriez vous poser la question différemment, ma chérie. Qu’est-ce que vous allez perdre si vous ne me donnez pas satisfaction ? Qu’est-ce qui pourrait arriver si je n’y trouve pas mon compte ? N’est-ce pas plus excitant comme pensée ?

Il va pousser la perversion à son maximum pour obtenir du cul, sérieusement ? J’ai les mains moites et une furieuse envie de le repousser, mais je me contrôle et reste immobile sur ce foutu fauteuil alors que ses mains me brûlent la peau et me donnent envie de me doucher à la Javel.

- Ça dépend pour qui. Alors, qui allez-vous menacer pour parvenir à vos fins ? Arthur ? Le campement ? La base ? Jusqu’où irez-vous pour obtenir les faveurs d’une femme ? Vous arrivez à bander en sachant que sans ces menaces, elles ne diraient jamais oui ?

- Vérifiez par vous-même, vous ne serez pas déçue, je vous l’assure. Car oui, vous m’excitez, vous et votre fierté mal placée. Je n’ai pas envie de menacer tout de suite, j’espère encore vous convaincre de céder volontairement. Vous n’avez jamais rêvé de pouvoir influencer la destinée d’un pays, par exemple ? Imaginez tout le bonheur que vous pourriez m’aider à apporter aux Silvaniens !

Sa bouche s’est approchée de mon cou et je sens avec un profond dégoût ses lèvres se poser sur ma peau. Comment puis-je trouver répugnantes ces petites attentions que j’adore quand il s’agit de mon Bûcheron ? Ou de n’importe quel autre homme, d’ailleurs.

- Ce dont je rêve, Monsieur le Président, c’est que tous les Silvaniens que j’ai pu rencontrer aient à nouveau un pays sûr, libre, un toit sur la tête et un sourire sur les lèvres. Et je doute qu’être à vos côtés puisse être suffisant pour ça.

- Avec une femme comme vous à mes côtés, Julia, nous pourrions y arriver. J’ai envie de vous, Julia, ne me forcez pas à employer la manière forte. Vous savez que je peux vous contraindre, cela m’exciterait fortement, mais je veux que vous vous donniez à moi. Pleinement. Totalement. Quel qu’en soit le motif.

A mon grand dégoût, il a défait son pantalon et sorti son sexe qu’il caresse et fait durcir entre ses doigts. Au moins, il ne me touche plus, mais la vue est particulièrement dérangeante et pas du tout excitante.

- Je vous l’ai dit, Victor, soupiré-je en me levant pour remettre de la distance entre nous et me positionner de profil près d’une bibliothèque que je fais mine d’étudier. Je ne suis pas intéressée. Et j’espère que vous comprendrez et saurez être un gentleman.

- Je n’ai pas envie d’être un gentleman. J’ai envie de vous, comme rarement j’ai désiré une femme, Julia. Mais je peux vous laisser un peu de temps de vous habituer à l’idée de céder à mes demandes. A une condition par contre.

- Ah oui ? Laquelle est-ce ? Vous comptez bombarder un village par heure où je vous résisterai ? lui demandé-je, inquiète de ce qu’il va exiger de moi.

- Pour qui me prenez-vous ? Pour un monstre sans cœur ? Vous me décevez, Julia. Non, je suis plus pragmatique que ça. Je comptais plutôt faire appel à votre générosité, en réalité.

- Je ne suis pas réputée pour ma générosité envers le sexe opposé, Monsieur le Président. Vos espions sont mal renseignés.

- Julia, cessons ces enfantillages, s’il vous plaît, me répond-il, agacé. Venez me sucer, faites-moi jouir avec votre bouche et je vous laisse quarante-huit heures pour changer d’avis et aller plus loin avec moi. Sinon, je passerai à l’offensive et je vous préviens, ce sera terrible.

- Donc, techniquement, vous demandez un paiement pour plus de temps, ris-je, plus nerveuse que je voudrais bien le montrer. Je ne me prostitue pas, Victor. Vous pouvez bien essayer ce que vous voulez, il est hors de question que nous fassions quoi que ce soit, vous et moi, si je n’en ai pas envie.

- Moi, j’en ai envie, nous surprend alors une voix féminine vers laquelle nous nous tournons tous les deux.

Madame Ferdic est là, vêtue d’une simple nuisette qui met bien en valeur ses gros seins bien ronds. Sans hésitation, elle s’avance vers le Président et s’agenouille devant lui pour prendre en bouche son érection sous mes yeux médusés. Celui-ci ferme un instant les yeux en appuyant sur sa nuque avant de les rouvrir et les fixer sur moi.

- La prochaine fois, Julia, c’est vous qui me sucerez. Et vous que je baiserai. C’est une promesse que je tiendrai. Vous pouvez disposer, j’ai à faire maintenant.

J’hésite un instant à lui répondre d’aller se faire foutre, au lieu de quoi je ne demande pas mon reste et sors de sa suite avec autant de dignité que possible. Je croirais presque déceler un élan de pitié dans les yeux du toutou alors que je suis à deux doigts de rendre mon dîner dans une plante verte.

- Ne me regardez pas comme ça, bougonné-je, les mains tremblantes. On peut y aller ?

- Oui, allons-y. Je crois que vous l’avez assez excité comme ça. Pauvre Feodora. Elle va prendre cher, cette nuit.

- Je penserai à la remercier, mais elle n’avait pas vraiment l’air de le faire à contre-coeur, dis-je sans retenir une grimace.

- Votre tour va arriver, je ne me réjouirais pas trop vite à votre place, dit-il en m’entraînant à sa suite.

Je ne réponds pas mais me jure qu’on va se barrer avant que je sois obligée d’en arriver là. Hors de question de toucher à ce monstre et qu’il en tire un quelconque plaisir. Il a une réelle influence et il le sait. Il est capable de tout pour arriver à ses fins et je comprends mieux pourquoi il est au pouvoir depuis si longtemps. Bon sang, j’espère pour chaque Silvanien que Marina réussira son coup d'État. Ce type ne mérite même pas de vivre, il ne mérite même pas de jouir ou d’éprouver un plaisir si infime soit-il. Hors de question de passer à la casserole. Plutôt mourir.

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