11. Prise de contact

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James m’observe avec un regard ahuri et surpris. Il ne comprend pas ce que j’essaie de faire. Cependant, le temps nous manque pour lui expliquer quoique ce soit. Pour le moment, me concentrer sur ma respiration pour reprendre contact avec mon loup, est primordial. Expiration. Je vide mon esprit. Inspiration. Je dirige toutes mes pensées vers Louis.

Et au début, rien ne se passe, la respiration lourde du chasseur à côté de moi, me dérange. Alors sans délicatesse, il a le droit à un magnifique, « chut » suivi d’un regard noir. Ce qui le fait, se calmer immédiatement. Ouf… Je referme mes yeux, reprends une longue inspiration et mon esprit s’évade pour toucher celui de Louis. Sauf que je ne l’atteins pas tout de suite. Au contraire, je me heurte à un mur, une barrière invisible qui m’en barre l’accès.

Mais, je ne compte pas me laisser faire. Et même s’il ne souhaite pas m’entendre, il va devoir le faire. Après tout, c’est lui qui me l’a dit. « Tu es une fée, fille des fées de l’obéissance, dont l’étendue des pouvoirs n’est pas encore connue ». De quoi, avoir peur… Sauf que ça me réconforte dans le fait que j’ai le pouvoir de briser cette paroi qui me sépare de mon protecteur.

Ce mur n’a pas pu se construire tout seul, je suis certaine que c’est Louis qui l’a mis en place, tout ça pour ne plus entendre mes pensées. En revanche, il va falloir qu’il me fasse un peu confiance. Surtout, quand il va apprendre que James nous suit. Je sens déjà sa colère, et plus je force sur la barrière, plus je sens l’intensité de ses émotions.

Je m’imagine me battant pour ouvrir une brèche, essayant de l’atteindre pour mieux lui expliquer. Je ne peux pas perdre face au loup, je ne le dois pas. C’est ma seule chance de trouver des réponses. J’ai beau avoir compris ma place dans ce monde, ça ne veut pourtant pas dire que j’en comprends toutes les significations.

— Tu fais quoi au juste ? m’interrompt James alors que le mur commençait à se fissurer. Un coup « d’expelliarmus » ou de « mordicus » et le tour est joué ? me demande-t-il en riant.

— Un truc dans le genre, oui, lui répondé-je en levant les yeux au ciel.

— Elle est où ta baguette magique, princesse ? m’interroge-t-il alors.

Je soupire, secoue la tête, et essaie de me concentrer à nouveau. Ce n’est pourtant pas bien compliqué d’ouvrir son esprit. Enfin, sauf quand une barrière me barre la route ! Foutu loup ! Un coup oui, un coup non ! Et l’autre, chasseur qui en rajoute une couche avec ses blagues à deux balles. Vive l’entourage de malheur, j’adore. Au moment où je décide de baisser les bras, je sens que le lien se crée enfin…

***

Louis ! Réponds-moi, bon sang ! grogné-je presque dans l’écran de poussière de mon loup.

Comment tu as fait ça ? me demande-t-il. Génial… râle-t-il en réalisant qu’il pose cette question à sa princesse. Tes pouvoirs se réveillent, c’est ça ? m’interroge-t-il en connaissant déjà la réponse. Tu nous rejoins quand ? Et où ? Et l’autre, va venir avec toi ? me questionne-t-il avec tout le dégoût dont il peut faire paraître dans ses pensées.

Le plus vite possible, oui, il vient, à l’orée de la forêt. Ça te convient ? De toutes façons, le voile n’est plus très loin, n’est-ce pas ? Et je te vois venir ! Il reste avec nous, en m’aidant, il se met autant en danger que vous, c’est compris, dis-je, autoritaire.

Bien… Dis-moi, comment tu vas faire pour nous trouver ? me demande-t-il sarcastique.

Ton aura, bleue… Je la vois depuis toute à l’heure, soufflais-je avant de rompre le contact.

***

Je perçois encore les pensées confuses de Louis, au moment où je romps le lien entre nos deux esprits. J’avoue, être autant perdue que lui, mais je commence à prendre goût à cette histoire de fée. D’accord, j’ai accepté un peu vite l’idée d’être leur princesse, sauf que je l’ai senti au fond de moi, j’ai senti que cette vérité m'a ouvert les portes vers mon monde. À présent, je suis chassée, et je dois prendre les choses en mains.

— Arrête-toi, ordonné-je à James en ouvrant les yeux.

Et il est si surpris par mon intervention, qu’il en sursaute et fais dévier notre véhicule de sa trajectoire. Il me fusille d’ailleurs du regard, mais je n’y suis pour rien. Il devait bien s’y attendre… Non ? Apparemment, non. Parce qu’il reprend à peine le contrôle de notre bolide. Sauf qu’il va falloir qu’il me donne les rênes maintenant.

James m’observe du coin de l’œil et finit par souffler. Il se gare sur le bas-côté et descend de l’habitacle en se dirigeant à toute vitesse vers mon côté. Il ouvre ma portière avec force, et me tend la main. D’accord, j’ai compris le message, lui aussi à ce que je vois. Je hausse les épaules, lui souris avec innocence puis, je fais le tour du véhicule pour prendre la place de chauffeur.

Nos portière claquent et c’est le signal pour moi d’enclencher la première et de filer. Je sens les yeux de James me scruter, il ne va pas me lâcher du regard et je le sais très bien. Sauf que, comment je lui explique que pour trouver la route, je suis une ligne de fumée bleue qui me guide à la suite de mes trois petits monstres ?

— Alors petite princesse, comment tu sais où sont tes monstres ? me demande James en me regardant de travers.

— Je suis l’aura du loup, dis-je de but en blanc et en haussant encore les épaules.

— Je croyais que c’était un don réservé à certains monstres, pourquoi tu l’as ? m’interroge-t-il encore. Non, attends, je suis bête. Tu es la princesse, celle du conte pour enfants… Donc tu as des capacités que les fées ne connaissent pas, mais si on n’en connait pas l’ampleur alors les limites non plus… marmonne-t-il tout en glissant une main dans ses cheveux. Et puis, ça explique tellement de trucs dingues que tu arrives à faire, alors qu’aucun chasseur n’en a la possibilité. Comme la fois où nous avons croisé ce groupe, tu sais, les gargouilles de pierre qui s’amusaient à cracher sur les passants ? Ils ne parlaient même pas notre langue et toi, tu les as compris comme si tout était normal, raconte-t-il avec des étoiles dans les yeux. Et d’ailleurs, tu es quelle sorte de monstre ? finit-il par me demander en conclusion de son monologue.

— Une fée. Je suis une fée, James, lui dis-je en souriant face à sa bouche qui s’ouvre plusieurs fois avant qu’il ne la referme. De toute façon, on est bientôt arrivés, alors prépare-toi, lui annoncé-je.

— Tu fais confiance au loup… souffle James en fixant son regard droit devant.

Au moins, il a arrêté de poser ses questions. Je suis sauvée ! Mais je vois déjà venir le scandale. Surtout quand la poubelle des monstres se fait visible à travers les faisceaux des phares de notre transport. J’entends Louis soupirer dans mon esprit, « je suis content que tu sois enfin là » à ce même instant. Et cette phrase, me fait sourire et me rassure à la fois. En revanche, je le perds vite quand je constate que James serre les poings à côté de moi. Super…

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