Chapitre XXIV.

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Le lendemain matin, je fus réveillé par le bruit de la porte de la chambre qui s’ouvrait. J’ai à peine eu le temps d’ouvrir les yeux que je vis Paul se jeter sur le lit, en poussant un cri presque bestial :

— Alors, les mecs ! Toujours en train de dormir ?

— Bah, du coup, non….

— mmmmmmmh….

Paul et moi avons tourné la tête pour voir d’où venait ce grognement : c’était Nicolas qui se mettait sous la couverture pour continuer à dormir.

— Attendez, vous deux, qu’est-ce que vous foutez torse nu !

— Bah, on dort en calbut.

— T’es sûr ? dit-il, alors qu’il commençait à tirer la couverture.

Etant bien évidemment nu sous la couverture, je me suis empressé de retirer la couverture vers nous.

— Vous deux, vous cachez des choses, non ? Dit-il avec un grand sourire.

— Non, c’est juste qu’on ne veut pas que tu sois jaloux. En plus avec l’âge…

— Ça doit être ça. Mais bref, il est onze heures, et on vous attend pour manger.

— OK, on descend tout de suite.

Il sortit de la chambre. Quand j’ai entendu qu’il était en bas, je me suis tourné vers Nicolas et lui ai dit :

— C’était moins une !

— Oui, la prochaine fois, on remettra au moins les caleçons.

— C’est sûr, mais, pour l’instant, on va s’habiller totalement.

Nous nous sommes préparés, et nous avons rejoint Paul et ma mère en bas. Le rez-de-chaussée était totalement rangé, j’étais bien content d’avoir dormi finalement !

Nous avons déjeuné, puis nous avons passé l’après-midi à regarder des films de Noël.

Le soir, nous avons refêté Noël, mais, cette fois-ci, avec mon oncle et ses blagues douteuses en bonus.

Après une bonne nuit de sommeil, Nicolas et moi avons profité de notre dernière matinée ensemble avant qu’il ne rentre chez lui. Nicolas allait partir quand quelqu’un toqua à la porte. Ma mère alla ouvrir et annonça Henri. Celui-ci monta dans l’escalier presque en courant, et rentra tout aussi rapidement dans ma chambre en s’exclamant :

— Yoooooo, tout le monde ! C’est Henri !

— Salut, qu’est-ce qui nous vaut ta magnifique présence ? Dis-je en rigolant légèrement.

— Quand j’ai appris que Nicolas était là, je me suis dit que je pouvais faire d’une pierre deux coup.

— OK, mais tu parles de quoi ?

— Ah, je vous l’ai pas dit ! J’ai la maison de libre pour le nouvel an : du coup, je fais un petit truc.

— Tu veux dire quoi par petit truc ?

— Tous les premières…

J’aurai dû m’en douter. Henri a une réputation de bon fêtard. La dernière fois, c’était pour fêter la fin de l’année de seconde, tout le niveau était invité. L’endroit où il habite est totalement propice à ça : grande maison avec un grand terrain, une piscine ; au sous-sol, ses parents ont investi dans un billard, table de poker et un petit ring de boxe. Depuis, il est devenu la référence en termes de soirées. Pour notre niveau en tout cas.

— T’es pas possible, tu vois toujours les choses en grand, dis-je en rigolant

— Tu me connais !

— Pour moi, c’est OK. Ma mère ne s’y opposera pas, normalement.

— Moi, je sais pas trop, dit Nicolas.

— Ah, pourquoi ? Tes parents voudront pas ?

— Non, je suis jamais allé une fête ou autre, et j’ai encore moins bu d’alcool…

— Oh t’inquiète, y’a toujours autre chose que de l’alcool ! En plus, Julien boit en général une bière et prend des vidéos de nous pour nous les montrer le lendemain, répondis Henri.

— Je confirme ! Et si tu bois pas, ce n’est pas grave, tant que tu t’amuses !

— Oui, c’est vrai. Je vais voir avec ma mère.

— OK, cool. Julien n’oublie pas de faire de la place sur ton tel avant pour pouvoir faire de belles photos de nous !

— Bien sûr, tu m’as pris pour qui !

Nous l’avons raccompagné à la porte, et il partit. Nicolas fit de même quelques minutes après.

Les cinq jours qui ont suivi, j’ai négocié avec ma mère pour aller à cette soirée. Elle est d’accord pour que je sorte en journée ou dormir chez un pote ou autre, mais, en revanche, quand il y a de l’alcool, ça devient une autre affaire. Mais, comme à chaque fois, il me suffit d’être aux petits soins pour elle un peu avant et c’est dans la poche !

Le grand soir arriva, je revêtis mes plus beaux habits : Polo blanc accompagné du jeans noir.

Vers 18h, je partis chercher Nicolas chez lui pour ensuite aller chez Henri à une trentaine de minutes de marche. Pendant que l’on marchait, j’ai pu remarquer une certaine peur en Nicolas. Je l’ai pris par la main et lui ai chuchoté quelques mots à l’oreille :

— Allez, arrête de stresser, je suis là. Et si tu veux rentrer, tu me le dis, on rentre.

Il sourit et me déposa un rapide bisou sur la joue.

Un peu plus tard, nous sommes arrivés chez Henri. Il était à l’entrée et il avait l’air stressé. Je me suis dirigé vers lui pour savoir ce qu’il y avait, mais, dès qu’il m’a vu, son visage a totalement changé.

— Ah, vous êtes enfin là ! J’ai cru que vous n’arriveriez jamais.

— Eh, bah, on est là !

— Donc, cette soirée peut officiellement commencer.

— Oui !

— Je vous sers un truc ?

— Bah, moi, perso, je vais commencer avec un soda, et toi Nicolas ?

Visiblement, celui-ci était dans ses pensées, vu sa réaction :

— Euh, quoi ? De l’eau, c’est bien de l’eau.

Henri et moi avons éclaté de rire. Nous avons suivi Henri dans la cuisine, où il nous a servi, puis Nicolas et moi sommes allés nous installer sur un canapé au sous-sol. Je savais qu’en début de soirée c’était un endroit pas encore très fréquenté.

Un peu plus tard, alors que le sous-sol se remplissait doucement mais sûrement, Henri est arrivé avec une allure de héros, trois bières en main. Il en donna une à chacun de nous et se posa sur le canapé. Alors que nous étions tous les trois à boire notre bière, le morceau « L’aventurier » passa. Henri se leva d’un coup et dit :

— C’est ma musique préférée ! Je suis obligé de vous abandonner, gardez-moi ma bière.

Et il partit presque en courant. Quelques secondes après, Jean arriva :

— Ah, salut, Jean.

Il se retourna, me chercha du regard. Quand il m’aperçut, il eut un sourire puis vint nous rejoindre.

— Salut, comment vous allez ?

— Super, et toi ?

— Bien. Et toi, Nicolas ?

— Bien.

— Génial ! Alors, je peux me joindre à vous ?

— Mais bien sûr, répondis-je.

Il s’assit à côté de Nicolas, et reprit :

— Vous avez passé un bon Noël ?

— Oui, Nicolas peut confirmer.

— Oh, oui, je confirme !

Nous avons tous les trois éclaté de rire, et nous avons continué à parler de tout et de rien pendant une bonne trentaine de minutes, jusqu’à ce que Jean se lève en disant :

— C’est pas que vous êtes de mauvaise compagnie, mais j’ai soif ! Je vous ramène quelque chose ?

— Pourquoi pas.

— Je croyais que tu ne buvais qu’une bière ? repris Nicolas.

— Oui, mais je vais exceptionnellement déroger à la règle.

— D’accord, dans ce cas, tu me ramènes un truc aussi.

— Eh bah, pour quelqu’un qui avait peur de boire ! dis-je en rigolant.

— Je vous ramène quoi du coup ? reprit Jean.

— Perso, je te fais confiance, ce que tu veux !

— OK. Et toi, Nicolas ?

— Allez, ce que tu veux.

— OK, je vais vous concocter un p’tit truc, vous m’en direz des nouvelles !

— OK, j’attends ça avec impatience ! Et n’en profite pas pour mettre du GHB dans nos verres, hein ! dis-je en rigolant.

Ce qui nous fit rire tous les trois. Jean monta les escaliers pour rejoindre le rez-de-chaussée, et revint dix minutes plus tard avec trois verres, en compagnie d’Henri. Il nous tendit un verre chacun et dit :

— Je vous vois venir, il n’y a pas de GHB ou autre, j’ai pas besoin de droguer les gens pour les avoir à mes pieds ! Dit-il en rigolant.

Nous l’avons tous les trois suivi dans son rire. Nicolas et moi avons pris nos verres, et nous avons demandé quel était leur contenu, ce à quoi il répondit :

— Ah, ah, secret ! Vous devrez gouter pour le savoir.

Nous avons approché nos lèvres de nos verres, et avons gouté ce que Jean nous avait concocté. Nicolas recracha imédiatement, alors que, moi, j’ai avalé directement, dans une grande souffrance.

— C’est quoi ça ?! s’exclama Nicolas.

Henri et Jean étaient mort de rires, moi j’avais la petite larmes qui coulait.

— C’est un Moscow mule, répliqua Jean.

— Un quoi ?! Avons demandé Nicolas et moi dans une synchronisation parfaite.

— OK, connaissance cocktail zéro !

— Après, on a pas tous un beau-père barman !

— Ouais, pas faux… Du coup, c’est de la vodka avec un peu de citron, c’est pour ça que j’ai été si long : on a cherché du citron avec Henri.

— Et on a galéré pour en trouver, alors savourez-le bien !

— Euh…je ne sais pas si savourer est exactement la chose à faire, dit Nicolas au bord de la mort.

Nous avons encore tous éclaté de rire.

On a quand même bu ce magnifique breuvage. Après cela, nous avons parlé de tout et de rien, tout en étant régulièrement ravitaillés par chacun d’entre nous à tour de rôle. Ah un moment, on est venu voir Henri pour dire qu’il y avait un problème : je crois que deux mecs s’étaient battus pour une histoire de qui sortait en premier d’une pièce. A mon avis, ils ne devaient pas avoir bu qu’un verre, moi non plus d’ailleurs.

Henri est donc allé voir ce qui se passait, et Nicolas est allé aux toilettes. J’étais seul avec Jean et on se faisait un peu chier. Du coup, on s’est fait un p’tit billard. Après cinq minutes de jeu, notre concentration s’était dissipée, on rigolait pour rien, et on arrivait même pas à viser les boules. Puis Jean s’est approché de moi :

— Tu sais, Julien… Je t’aime comme un fou !

— Moi aussi, je t’aime, mon pote…

— Ah !

— B

Nous avons éclaté de rire comme des cons.

Soudainement, Jean me poussa sur la table de billard, et m’embrassa. Je n’ai même pas cherché à me sortir de cette situation : en fait, j’ai fait l’inverse en appuyant ce baiser.

Ce baiser dura un temps qui m’est inconnu, je n’avais plus la notion du temps. Mais il fut interrompu brusquement, quand j’ai senti Jean se faire tirer en arrière. Je me suis levé aussitôt, c’est à ce moment que j’ai vu Nicolas…

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