Chapitre XXI.

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Samedi est arrivé, je me suis préparé et suis parti en avance. Quand je suis arrivé chez Nicolas, Jeanne m’a embrassé et pris dans ses bras, comme à son habitude. Patrick se contenta d’une bonne vieille poignée de main. Pour une fois, Nicolas était déjà réveillé à mon arrivée. Il me sauta dans les bras pour m’embrasser devant les yeux presque choqués de Thomas. En parlant de lui, je le trouvais changé, peut-être s’en voulait-il d’avoir tenu les propos de la dernière fois ?

— Ah. Salut, Thomas !

Il baissait la tête et fuyait mon regard, puis dit d’une voix basse :

— Salut… Julien.

Il avait l’air d’être mal à l’aise, je n’allais pas pousser plus.

Patrick prit la parole :

— Bon, tout le monde est là, le matos est prêt, on y va !

Nous avons souhaité une bonne journée à Jeanne et nous sommes montés en voiture. Après cinq petites minutes de route, nous y étions.

Lorsque nous sommes descendus, Thomas s’est exclamé :

— Non, je pourrai pas !

Nous nous sommes tous les trois retournés vers lui. Il rougit légèrement, baissa la tête et rajouta :

— Papa, je peux te parler d’un truc, s’il te plaît ?

— Mais oui, bien sûr !

— En privé, si possible… dit-il en nous regardant.

— D’accord, vous pouvez amener le matériel là-bas pendant que je parle à Thomas.

Nicolas et moi avons pris le matériel de pêche, et nous sommes partis trouver un emplacement. Nous avons eu un petit moment de nostalgie quand nous sommes passés devant le banc sur lequel nous étions restés une bonne partie de la nuit.

Nous avons finalement trouvé un petit endroit un peu éloigné des autres pêcheurs, où nous avons posé le matériel. Nous avons été rejoints un peu plus tard par Thomas et Patrick. Patrick avait le bras au-dessus de l’épaule de Thomas, qui avait les yeux rouges et un peu gonflés : avait-il pleuré ?

Il s’approcha de moi et de Nicolas et il se jeta dans nos bras. Nous avons été surpris par l’action, mais nous l’avons rapidement enlacé dans nos bras. Puis il dit d’une voix tremblante et presque inaudible :

— Je suis désolé…

— Allez, t’inquiète, p’tit frère. C’est oublié, n’est-ce pas, Julien ?

— Parce qu’il s’est passé quelque chose ?

Thomas releva la tête.

— Merci.

Après cet instant d’émotion, La journée s’est super bien déroulée. On a tous remonté au moins deux poissons, et on a passé de super bon moments « entre hommes », comme dirait Patrick.

En fin d’après-midi, Patrick me déposa chez moi, et me donna les deux truites que j’avais pêchées pour ma mère et moi. Ma mère était toute contente d’avoir du poisson frais. Comme quoi, ça a été une bonne journée.

Puis ma mère m’appela :

— J’ai réussi à avoir la mère de Philippe au téléphone.

J’ai rien dit pour la bonne journée…

— Ah, et ?

— Au début, elle était décidée à porter plainte, mais je lui ai rappelé…enfin, appris les événements de cet été, et elle a été beaucoup plus clémente. Elle ne portera pas plainte, et va toucher deux mots à son fils.

— D’accord !

Rectification, c’était une journée magnifique !

— Ah, Julien, tant que j’y pense, tu as le numéro de Jeanne ?

— Euh… je ne crois pas, mais je peux l’avoir, pourquoi ?

— Noël est dans quatre semaines, et je pensais qu’on pourrait le faire avec nos deux familles réunies.

— Oui, pourquoi pas ? Je vais demander son numéro.

J’ai demandé le numéro de Jeanne à Nicolas, et je l’ai donné à ma mère. Elles ont discuté toute la soirée, et apparemment Noël va se passer avec nos deux familles réunies !

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J-2 avant Noël, Nicolas est venu dormir chez moi jusqu’à Noël, pour « aider à tout préparer ».

Ma mère prend la chose très à cœur. Elle a fait les magasins pendant deux jours, rien que pour l’entrée et la première partie du repas. Je pense qu’on va tous être pleins à la fin de l’entrée, mais ça a l’air de lui faire tellement plaisir, je vais pas détruire tous ses espoirs.

Le seul problème avec ma mère, c’est que quand elle est impliquée dans quelque chose, ça devient une dictatrice :

— Julien !

— Oui ?

— Regarde, me dit-elle en me montrant la table qu’elle vient de dresser pour trouver la meilleure présentation possible.

— Très joli.

— Mais t’es aveugle !

— Non pourquoi ?

— On est un nombre impair !

Normalement nous ne devrions être que six, mais Patrick a demandé si Thomas pouvait ramener sa copine, ce que ma mère a accepté tout de suite.

— Oui, et ?

— Ça veut dire que quelqu’un va manger avec personne en face !

Je me tape le front, et lui réponds :

— Tu n’as qu’à te mettre en bout de table. Vu que tu es la maîtresse de maison, personne ne verra de problème.

— Oui, tu as raison, merci.

— Je sais, je sais, dis-je en rigolant.

Puis j’ai rejoint Nicolas dans ma chambre. Durant les deux dernières semaines, j’ai pensé à Jean : c’est un mec bien, et, depuis que je le connais, il ne m’a jamais trahi ou autre. En plus, c’est mon meilleur ami. Il faut que j’en discute avec Nicolas, je suis sûr qu’il pense comme moi :

— Dis-moi ?

— Moi !

Malgré la nullité de la blague, j’ai eus un sourire.

— Pardon, j’étais obligé, qu’est-ce qu’il y a ?

— C’est à propos de Jean. J’ai pensé à lui dernièrement, et je me dis que malgré ce qu’il a fait, ça reste un bon gars : depuis qu’on se connaît, donc la maternelle, il ne m’a jamais trahi, ni laissé tomber. Ça va bientôt faire un mois, et j’ai de plus en plus de mal à le voir comme ça, seul tout le temps. Je pense qu’il a compris que ce qu’il a fait est mal. Et donc qu’on pourrait le pardonner ?

— Moi aussi, j’ai pensé à lui récemment, et j’ai pensé un peu comme toi. Une partie de moi l’a pardonné, mais l’autre partie me dit que par sa faute, on aurait pu avoir de gros problèmes, et c’est cette partie qui fait que j’ai encore un peu de mal à l’excuser…

— Oui je comprends, mais peut-être qu’en lui parlant cette partie de toi va entendre raison ? Car tu ne lui as pas parlé depuis son anniversaire.

— Pas faux.

— Oui, on ira demain matin.

— OK.

Puis Nicolas et moi avons discuté de ça pendant une petite heure, jusqu’à ce que ma mère nous ait appelé pour dîner. Le reste de la soirée s’est déroulé calmement.

Le lendemain, après avoir pris notre petit déjeuner et nous être préparés, Nicolas et moi avons pris le chemin de chez Jean. Après une trentaine de minutes de marche, nous y sommes arrivés.

J’ai toqué à la porte, et Jean est venu ouvrir. Il fut surpris de nous voir, et nous invita à rentrer.

Nous somme tous les trois montés dans sa chambre. Il s’est installé sur son lit, Nicolas s’est adossé au mur et moi je me suis assis sur la chaise de son bureau, et Jean prit la parole :

— Bon, déjà je tiens à m’excuser une dernière fois pour ce que j’ai fait…

— T’inquiète, c’est pour ça que Nicolas et moi sommes venus.

— Ah bon ? Et du coup ?

— Bah, on pense que t’as compris la leçon et que tu as suffisamment « payé » pour ce que tu as fait.

Un sourire s’afficha sur son visage.

— D’accord, merci !

— De rien.

Nicolas prit la parole :

— Par contre, c’est la seule fois. La prochaine fois, s’il y’en a une, c’est terminé !

Le sourire de Jean s’effaça légèrement, et Nicolas baissa un peu les yeux, ayant compris qu’il y était peut-être allé un peu fort. J’ai donc essayé de sauver le navire :

— Mais il n’y aura pas de prochaine fois, je me trompe ?

— Non, je vous le promets !

Tout le monde avait retrouvé le sourire. Il se leva soudainement, et partit de la chambre. Il est revenu quelques minutes plus tard, avec une assiette.

— C’est quoi ça ?! avons-dit Nicolas et moi en parfaite synchronisation.

— C’est ce que Charles a fait ce matin, et tu connais ses talents culinaires… donc j’ai pas osé goûter, alors faisons ça à trois.

Je comprends pourquoi il n’a pas osé : c’était une sorte de pâte blanche et crémeuse, avec, euh… de la pâte rosée et des petites boules noires…

— Euhh, je mange pas ça ! s’exclama Nicolas.

— Alors, si je me souviens de ce qu’il m’a dit : C’est du fromage blanc avec du thon et des raisins secs.

— Ah, je vois…

Nicolas fit une tête encore plus dégoûtée, alors que Jean tendait deux cuillères vers nous. J’ai pris deux d'entres elles, et j’ai difficilement réussi à en mettre une dans la main de Nicolas.

— Allez, on mange tous à trois !

Jean acquiesça d’un mouvement de tête et Nicolas n’a rien dit.

— Un, deux, trois !

Les trois cuillères se sont abattues sur le plat pour se diriger vers la bouche de chacun, et la réaction après avoir avalé fut exactement la même pour chacun de nous : nous avons toussé, recraché, et je crois même que Jean a failli vomir.

Nous nous sommes regardés et nous avons éclaté de rire.

Après nous être remis de nos émotions, nous avons parlé tous les trois pendant une petite heure, histoire de rattraper le temps perdu ! Et nous sommes rentrés chez moi pour le déjeuner.

L’après-midi, nous avons commencé à préparer quelques plats pour le lendemain. Bon, Nicolas et moi avons plutôt goûté les plats pendant que ma mère les faisait, mais on a aidé à notre façon.

La soirée, quant à elle, s’est bien déroulée. Après dîner, nous avons regardé un bon vieux film de Noël et nous sommes allés nous coucher pour nous préparer à la longue journée qui nous attendait le lendemain.

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