Chapitre XIX.

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— Je pense donc que tu as fait ce travail, et te connaissant, tu as été forcé. Je me trompe ?

— Non…

— Julien, pourquoi tu as fait ça ? Tu es un très bon élément, ton dossier et ton carnet de correspondance sur tes deux années de lycée doivent contenir 2 mots à tout casser… Alors pourquoi tu fais le travail d’un autre ? Il menace de te frapper, de montrer des choses ? …Dis-moi.

A ce moment j’ai hésité. Soit je lui disais la vérité, soit j’inventais un bon gros mensonge du genre « je voulais l’aider ».

— C’est compliqué, et, si je vous dis quoi que ce soit, je prends un risque.

— Julien…si tu ne me dis pas, je vais rapporter ça au CPE et au proviseur et les conséquences seront bien plus graves, alors que si tu me dis maintenant ce qui se passe, tu ne risqueras rien du côté scolaire et on verra pour t’aider sur le plan privé, OK ?

J’ai pris une grande inspiration, et j’ai expliqué au prof ce qu’il se passait avec Philippe, le chantage et tout. A la fin, il resta pensif, et au bout de quelques secondes, il me dit qu’il allait voir ça avec l’équipe pédagogique, et me dit aussi que j’aurai dû venir le voir plutôt, lui ou un membre de l’équipe pédagogique du lycée.

Il me laissa partir et j’ai retrouvé Nicolas qui m’attendait devant le lycée. Il emblait inquiet, et me demanda pourquoi j’avais mis tant de temps avec le prof. Je lui ai donc expliqué ce qui venait de se passer. A la fin, il eut un sourire et me dit :

— T’as bien fait !

Ce qui me donna immédiatement le sourire.

Puis nous avons pris le chemin du retour. Vers le milieu de celui-ci, Nicolas me prit la main, j’ai été étonné d’une telle initiative de sa part !

Un peu plus tard, alors que nous étions encore en train de marcher, il m’adressa la parole :

— Et si on allait chez toi ?

— Non, c’est pas possible !

— Bah pourquoi ? Tu m’as dit qu’il y avait personne d’habitude.

A ce moment j’ai regretté de ne pas lui avoir dit que c’était le jour où ma mère ramenait ses conquêtes…

— Oui, je sais, mais, aujourd’hui, y’a ma mère.

— Et alors, c’est pas grave !

— Je sais pas si elle voudra bien que tu viennes, vu qu’elle doit sûrement travailler sur des dossiers importants.

— Je vois pas le rapport. Pourquoi tu veux pas que je vienne ? Et ce n’est pas comme si on allait faire du bruit.

— Ouais…pas faux…

— Alleeez, s’il te plaît !

A ce moment j’ai fait l’erreur de le regarder, son sourire et son regard m’ont fait craquer…

— D’accord.

— Merci ! s’exclama t’il en m’embrassant.

J’ai vite saisi mon téléphone, et envoyé un message à ma mère pour lui dire que j’avais invité Nicolas à venir à la maison.

Elle me répondit dans la seconde en me disant qu’il n’y avait aucun souci… J’ai donc tout fait pour éviter qu’il vienne pour rien… Mais bref, après une quinzaine de minutes de marche, nous sommes enfin arrivés chez moi, nous nous somme dirigés vers ma chambre, et alors que j’allais commencer à monter dans l’escalier, ma mère m’appela depuis la cuisine :

— Oui, qu’est-ce qu’il y a ?

— Comment ça, qu’est-ce qu’il y a !?

— Je vois pas quel est le problème.

— Vous auriez pu venir me dire bonjour !

— Ah, oui, désolé.

— Pas grave. Vous voulez peut-être de la tarte ?

— Pourquoi pas ? Je vais demander à Nicolas s’il en veut.

— D’accord, je vous attends.

Je suis monté, et quand je suis entré dans ma chambre , je n’aperçus personne. Je m’avançai donc pour voir s’il n’était pas plus loin dans la chambre. Quand je venais de franchir la porte, Nicolas se jeta sur moi et me poussa sur le lit pour m’embrasser, nous nous somme embrassés comme ça pendant au moins cinq minutes, puis nous somme descendus pour prendre de la tarte. En nous voyant arriver en bas, ma mère s’exclama :

— Ah, vous voilà ! J’ai cru que vous ne reviendriez jamais. Dit-elle avec un clin d’œil et un sourire en coin.

Nicolas rougit un peu et moi de même.

— Mais bref, de la tarte ?

— Avec plaisir madame.

— Rho, je t’en supplie Nicolas, appelle moi Martine ! Quand on me dit madame, j’ai l’impression d’avoir cinquante ans !

— Bah, t’en a quarante-cinq dans deux mois. Dis-je tout bas

— Pardon ?

— Je disais que tu en avais bientôt quarante-cinq mais que tu faisais trente !

— Mouais, aller, filez de là, et pas de bêtise ! Dit-elle avec encore une fois un clin d’œil et un sourire en coin.

— MAMAN !

— Si on ne peut plus rigoler dans ce monde !

Nicolas et moi sommes montés dans ma chambre, et avons mangé nos parts de tarte. Après ça, nous nous somme allongés sur le lit, puis il se releva et commença à fouiller dans mon bureau :

— Tu fais quoi ?!

— Tu te souviens quand t’as fouillé dans mon bureau et que tu as trouvé les photos ?

— Oui.

— Eh bah, là, je prends ma revanche. Dit-il en rigolant

— Vas-y, j’ai rien à cacher !

Puis il ouvrit le dernier tiroir de mon bureau et prit le dessin que j’avais fait de lui.

— Ah, c’est quoi, ça ?

— C’est rien !

Je me suis jeté sur lui pour récupérer le dessin mais trop tard.

— Mais attends, c’est moi.

— Oui.

— Pourquoi tu ne m’as pas dit que tu savais dessiner comme ça ?

— Bah, même ma mère ne sait pas que je dessine encore…

— Pourquoi ?

— J’ai arrêté de dessiner peu après le divorce de mes parents, parce que c’est mon père qui adorait me voir dessiner, il voulait, et veut sûrement encore, que je devienne architecte.

— Ah, d’accord, je vois...

—Allez, t’inquiète pas, c’est pas grave. En plus, j’ai pris grand plaisir à te dessiner. Tu sais quoi, je te le donne.

— Ooh, t’es trop gentil, merci ! Dit-il tout en m’embrassant.

— Par contre, j’ai galéré avec ton nez !

— Il a quoi mon nez ? Tout en se touchant celui-ci.

— Rien, il est parfait comme toi.

Il me fit un sourire, et se pencha vers moi pour m’embrasser.

Puis quelqu’un toqua à la porte, c’était ma mère :

— Les garçons, je dois aller faire une course, je reviens pour 17h.

— Ok maman, à tout à l’heure.

Elle me sourit et partit. Après avoir entendu la porte d’entrée se refermer, Je lui ai dit :

— On fait un jeu ?

— Pourquoi pas.

J’ai sorti le Monopoly Star Wars de mon armoire, je l’ai déballé, quelques minutes après avoir commencé la partie, quelqu’un toqua à la porte :

— Oui ?

— C’est moi, je suis rentrée plus tôt, le magasin était fermé.

— Ah, dommage.

— Oui, je vais devoir y allar demain, sinon vous faîtes quoi ?

— On joue au Monopoly.

— D’accord.

Et elle partit. Nous avons joué au Monopoly pendant une heure, et Nicolas est rentré chez lui.

Plus tard dans la soirée, je suis allé voir ma mère pour lui parler du chantage que me faisait Philippe. Elle était furieuse et, même si elle essayait de le cacher, ça se voyait pas mal…

Elle prit une grande inspiration, et me dit qu’il fallait que je le dise à mon père : du coup, il saurait pour mon homosexualité, mais il valait mieux qu’il l’apprenne de moi et non de quelqu’un d’autre. Malheureusement elle ne savait pas non plus l’avis de mon père sur le sujet, donc c’était « ça passe ou ça casse ».

Après une longue réflexion, j’ai opté pour une annonce « passive » : j’ai décidé de lui envoyer une chanson qui parle de l’homosexualité, ça me paraissait la méthode la moins « violente ».

Bon, je vais lui en envoyer deux ou trois, histoire d’être sûr.

Voilà, « j’ai le droit aussi » de Calogero et « Ziggy » de Céline Dion, je crois que le message va passer.

Après quelques minutes qui m’ont paru interminable, j’ai reçu une réponse de sa part :

— Bonjour, Julien. Tu es gay ?

— Bonjour, papa. Oui.

— D’accord.

— Juste d’accord ?

— Bah, tu viens de me dire que tu aimais les hommes, tu veux que je te dise quoi ?

— Tu pourrais dire : je suis fier de toi, je t’aime comme tu es, etc….

— J’avais des projets pour toi.

— Parce que tu ne les as plus ?

— Plus maintenant.

— Pourquoi ?

— Ecoute, Julien. Je reste ton père malgré tout, mais ne viens plus me parler pour l’instant.

— Quoi ?! Ça veut dire quoi ça ?

Après dix minutes sans réponse de sa part, j’ai compris et me suis résigné.

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