Chapitre VI.

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Alors je vais tout te dire….

— Alors, mon bichon, tu pars sans me faire mon bisou ?

— Rho, maman, j’ai 16 ans, arrête ! Devant Justine en plus…

— Rho, ça va, je peux lui montrer les photos de toi nu dans le bain quand tu étais petit…

— NON !!! Surtout pas !

— Allez, bichon, tu vas louper ton bus ! Vu ce que ça m’a coûté, t’a pas intérêt !

— OK, OK. J’y vais.

— Amuse-toi bien, là-bas.

— Promis.

Juste avant de monter dans le bus, j’ai embrassé Justine une dernière fois avant les trois semaines à venir.

— Tu vas me manquer. Dit-elle.

— Oui, toi aussi, beaucoup ! Mais je serai là avant que je puisse te manquer plus !

— Bon, les amoureux, ils ont fini ! C’est bon, Julien, tu ne pars pas pour la guerre ! Tu la reverras dans trois semaines, ta nana.

C’était André, un animateur de la colonie où j’allais. Il avait l’air sympa.

— Et au pire, s’il te manque trop, ton mec, va sur le site de la colonie, on met des photos tous les jours ! Et toi, qu’est-ce que tu fous là encore ? Allez, dans le bus !

J’ai adressé un dernier regard à Justine avant de monter dans le bus. André a fait un petit speech où il disait grossièrement le programme des trois semaines à venir. Il nous a aussi dit que le camp de la colonie était loin et que nous arriverions dans la nuit vers 22 heures. Le voyage promettait d’être long… J’ai donc décidé de parler à la personne à côté de moi :

— Euh, salut !

— De quoi ?

— Je t’ai dit, salut.

— Ah oui, désolé, salut.

— Moi, c’est Julien.

— Moi, c’est Sacha. Je te préviens, une seule blague et tu passes par la vitre.

— Oh, bah, j’y avais pas pensé.

— Tu ne risques rien, alors !

— Ah, d’accord.

Bon, il a l’air sympathique, malgré ses menaces, de me faire passer par la vitre… mais je pense que c’est dû au fait que c’est le premier contact : je verrai ça plus tard. Là je vais finir ou commencer ma nuit.

Soudain je me réveille en me faisant remuer dans tous les sens par quelqu’un :

— Mais putain ! Tu vas te réveiller, oui !

— Hein, quoi !?

— Ça fait 5 minutes que je te dis de te lever, alors là je passe à la manière forte !

— Mais pourquoi tu me réveilles ?

— Car il est midi, j’ai la dalle, et tout le monde est dehors sauf nous, parce que tu dors et que tu me bloques le passage…

— Ah, désolé.

— C’est bon, t’excuses pas, mais je te préviens : après, tu vas côté vitre !

— OK.

Nous sommes donc descendus sous les regards de tout le monde. Je voyais que certains parlaient de nous mais je ne savais pas pourquoi. J’ai pris mon sac de voyage où il y avait mon déjeuner, quand un groupe de mecs m’a appelé, et l’un d’entre eux a pris la parole :

— Viens ! Ne va pas manger avec lui.

— D’accord, mais pourquoi ?

— C’est un PD.

— Et alors ?

— Bah, moi, les bouffeurs de queue et les pousse-merde, je n’en veux pas !

— Alors, déjà, je trouve que tu es violent, et ça ne se fait pas de rejeter quelqu’un pour ça.

— Pourquoi tu prends sa défense ? T’es son mec ?

— Ah ça, non, y’a pas de risque, et y’en aura jamais, et moi, contrairement à toi, on m’a appris le respect. Donc, salut !

— C’est ça, casse-toi, pauvre type.

À la suite de cette discussion houleuse, je me suis dirigé vers Sacha, qui n’était pas très loin. Il était seul, assis à une table isolée du reste.

— Tu n’étais pas obligé de prendre ma défense !

— Ce n’est pas que j’ai pris ta défense, c’est juste que ce genre de propos n’a pas à être tenu.

— Oui, mais un con est un con.

— Mais bref, je peux m’asseoir ?

— Bah, maintenant que tu es là.

— Cool, merci.

— Ça te fait si plaisir que ça ?!

— Bah, oui.

— Ah, OK.

Je me suis assis et j’ai mangé mon repas. Quand André a vu que tout le monde avait fini, il dit en riant :

— Ceux qui ne sont pas dans le bus dans les 5 secondes devront 5 euros !

Tout le monde s’est levé à une vitesse folle pour se jeter dans le bus ! En voyant ça, il rajouta toujours en riant :

— Eh bien, j’ai affaire à une bande de radins, cette année !

Alors que j’allais monter, une main me prit l’épaule. C’était Sacha :

— N’oublie pas ta promesse, je ne veux pas rester bloqué encore dix minutes !

— Oui, oui, t’inquiète.

Puis le trajet reprit son cours. D’après mes calculs, il nous restait 9 heures de routes, alors autant qu’elles soient bonnes :

— Sinon, ça va ?

— Tu tiens sérieusement à ce que je te réponde ?

— Oui ! répondis-je avec un grand sourire.

— Dans ce cas, oui. Et toi ?

— Super.

— Ah, cool.

— Rhoo, pourquoi t’es comme ça ?

— Pourquoi je suis comment ?

— Froid.

— Parce que je n’ai pas envie d’être là.

— Bah, pourquoi ?

— Bah, moi, je voulais passer l’été tranquille dans ma chambre, comme d’hab quoi. Mais ma mère ne l’a pas vu de cet œil-là.

— Aller, t’inquiète pas, on va s’amuser.

— On ?

— Oui, bah, t’a compris.

— Bah, non, justement. Quand tu dis « on », c’est un « on » personnel nous désignant tous les deux ou un « on » impersonnel, désignant tout le monde et personne en même temps ? Enfin, je crois.

— Euuuh.

— Je t’ai perdu ?

— Oui, un peu.

— Je vais t’expliquer…

Sur les 9 heures qui ont suivi, nous avons donc parlé. Au début, il m’a fait un cours de français, puis on a peu à peu dérivé vers d’autre sujets, comme l’actu, l’école, la famille, etc…

Quand nous somme arrivés, c’était premier arrivé-premier servi pour les cabanes où on allait dormir. C’étaient des cabanes allant de 2 à 4 personnes, et, comme nous étions au fond du bus… On est arrivés en dernier et toutes les cabanes étaient pleines. Nous sommes donc allés voir André en lui expliquant la situation :

— Ah, c’est donc vous deux, cette année.

— De quoi ?

— Chaque année, ils vendent plus de places que nous n’en avons. Donc, chaque année, je renvoie deux-trois jeunes chez eux.

Mon visage s’est décomposé, ainsi que celui de mon camarade.

— Ha, ha !!! Si vous aviez vu vos visages !

— Quoi, c’est une blague ?

— Oui, chaque année, je suis juste obligé de prendre des gamins dans ma cabane ! Allez, suivez-moi.

Nous avons suivi André sur environ une centaine de mètres. Il avait une cabane plus grande que les autres et un peu isolée du reste.

— Bon, vu que vous allez dormir ici, vous avez le droit, contrairement aux autres, d’utiliser la douche de cette cabane, alors qu’eux, c’est douche collective, mais chut.

— Ah, OK.

— Ah, et tant que j’y suis, pas de branlette dans la cabane ! On m’a déjà fait le coup, j’ai failli perdre mon poste.

— D’accord. Ce n’était pas prévu.

— Peut-être pas pour toi. Rajouta Sacha avec un petit sourire.

Ce qui nous a fait rigoler tous les trois.

— Par contre, je ne déconnais pas ! Interdit de se toucher la nouille ! Et il est tard, allez dormir, je reviens plus tard.

Nous sommes allés dans la pièce qu’André nous avait indiquée. Il y avait un lit superposé, sur lequel s’est jeté Sacha, en disant :

— J’prends le bas.

Bon, j’espère ne pas tomber. Je me suis changé et mis au lit, et me suis vite endormi.

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