Chapitre IV.

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Le lendemain matin, je me suis réveillé en dernier vers 9h50. Je me suis, au passage, rappelé de ce qui c’était passé hier soir. Ce n’était pas possible, je ne pouvais pas avoir embrassé Nicolas.

Je me suis levé et me suis habillé en vitesse. Quand je suis arrivé au salon, les parents de Nicolas étaient assis sur le canapé et Nicolas déjeunait encore. J’ai regardé Nicolas et il a tout de suite vu que quelque chose n’allait pas. Il me fit signe de venir à table. Je me suis exécuté et me suis assis devant lui. Il me chuchota :

— Qu’est-ce qui ne va pas ?

— Rien. Tout va très bien.

— Julien, ce n’est pas à moi qu’on la fait, celle-là. Je sais que quelque chose cloche.

— Bah, il se passe que hier on s’est embrassé !

— Oui, et ?

— Bah, je ne sais pas ce qui m’a pris.

— Oh, d’accord.

— Donc, je pense que je vais y aller.

— Oui, je comprends.

Sur ces mots je me suis levé. J’ai salué les parents de Nicolas, pris mes affaires et suis parti. J’ai presque couru jusqu’à chez moi. Dès que je suis arrivé, je suis monté dans la chambre et me suis allongé en larmes sur mon lit.

Toutes ces questions dans ma tête. Je suis gay ? Pourquoi ? Pourtant j’ai aimé les filles toute ma vie ! Suis-je normal ?

J’avais l’impression de ne plus me connaître. J’avais peur. De quoi, je ne sais pas.

Je n’ai pas mangé de la journée et je n’ai pas dormi de la nuit. Le lendemain matin, alors que j’allais partir pour le lycée, ma mère m’a arrêté :

— Dis-moi, Julien…

— Quoi ?

— Pourquoi hier tu n’es pas sorti de ta chambre de la journée ?

— Ah parce que… J’avais beaucoup de devoirs. Là, je dois vraiment y aller.

— Oui, bien sûr. Nous en reparlerons plus tard.

J’ai failli louper mon bus à cause de cette conversation. Pendant tout le trajet, je me demandé si ma mère se doutait de quelque chose. En arrivant au lycée, je suis allé directement aller voir Jean et Henri, puis nous avons été rejoints par Marie et Roger. Quand ils ont vu que Nicolas est passé à côté de nous sans s’arrêter, ils m’ont demandé si quelque chose s’était passé. Je leur ai dit que je n’en savais rien.

Je me suis senti coupable toute la journée, et ce sentiment a était largement augmenté par le fait que Nicolas et moi sommes à coté l’un de l’autre dans tous les cours. Lors du cours d’anglais, le dernier de la journée, Nicolas me glissa un mot :

« Je sais ce que tu ressens. Je vais te laissez réfléchir à tout ça. Je ne te dérangerai plus jusqu’à ce que tu veuilles bien me reparler »

J’ai levé la tête et j’ai vu une tristesse profonde dans ses yeux. Je lui ai fait un hochement de tête en guise de remerciement, ce qui lui redonna le sourire.

Quand je suis arrivé chez moi, ma mère m’a appelé à peine la porte ouverte. Elle me dit de venir au salon. J’ai donc posé mon sac, et me suis dirigé vers le canapé en face du fauteuil sur lequel elle était assise :

— Qu’est-ce qu’il y a ?

— Il se passe que, hier, tu es revenu de chez Nicolas, tu as couru dans ta chambre et tu y as passé la journée. Et ta seule excuse est que tu avais beaucoup de devoirs. Or, je me suis permise d’aller sur mon espace parents, sur lequel je peux voir tous tes devoirs, et tu n’avais que quelques exercices.

Donc, tu vas me dire ce qu’il y a ! Et pas de mensonges !

— Oh, d’accord. C’est juste que j’étais fatigué, car j’ai passé la nuit à jouer avec Nicolas.

— Oh, d’accord. Intéressant.

— Je peux y aller ?

— Non !

— Pourquoi !

— Car tu mens.

— Mais non, pas du tout !

— Ah, bon ! Quand tu dors, tu pleures…

— Comment tu sais ça !?

— Bah, tu n’es pas très discret. Donc, qu’est-ce qu’il y a ?

Je lui ai donc dit, en bref, ce qui s’était passé la nuit dernière. Pendant que je lui racontais, des larmes ont commencé a couler sur mes joues.

Quand j’eus fini de parler, ma mère était pensive. Elle ne bougeait plus et ne parlait pas. Puis elle prit une grande inspiration.

— Tu sais mon chéri…Je t’aime comme tu es, et, si tu aimes les hommes, ça ne me cause aucun souci.

A ces mots, je me suis jeté dans ses bras.

Elle me dit que je devrais réfléchir à tout ça, et que je ne devais pas oublier Nicolas.

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Cela fait maintenant deux semaines que ma mère et moi nous avons parlé et je me suis fait à l’idée que je pouvais être homosexuel. Mais je n’ose pas retourner voir Nicolas. J’ai peur qu’il ne m’en veuille de l’avoir presque ignoré pendant tout ce temps, même si je lui ai demandé de revenir dans le groupe pour ne pas éveiller de soupçons. Surtout de la part de Marie qui analyse toutes situations sortant de l’habituel.

Depuis la conversation que j’ai eue avec ma mère j’ai l’impression qu’elle agit avec moi de façon plus « complice » : on se parle plus, on rigole…. Je pense que je vais lui parler de cette peur ce soir.

Après manger, je suis allé voir ma mère et lui ai expliqué ce qui se passait.

— Tu n’as pas à t’inquiéter pour ça. C’est lui qui t’a dit de prendre du recul sur la situation et qu’il attendrait que tu sois prêt.

— Oui, je sais, mais ça va faire maintenant deux semaines.

— Certes, mais tu lui as dit ne pas rester isolé et de vous rejoindre ! Tu es resté à côté de lui en cours, tu as voulu qu’il reste à votre table à la cantine. Tu aurais pu être pire, il n’y a aucune raison pour qu’il t’en veuille.

— D’accord. Demain, j’irai lui parler.

— Demain… et pourquoi pas ce soir ?

— Il est tard, je ne vais pas me pointer chez lui comme ça.

— Julien, il est 19h34….

— Ah, bon… Bah, je vais y aller.

— Attends, je vais t’amener.

— Merci.

Nous sommes donc allés chez Nicolas, et, quand nous sommes arrivés, ma mère me dit en riant légèrement :

— Je t’attend là, ou vous allez faire des trucs qui vont prendre du temps ?

— Rho, maman !

— OK, c’est bon ! Vas-y ! Tu m’appelles quand tu as fini, je viendrai te chercher.

Je suis donc sorti de la voiture et j’ai sonné à la porte. Patrick, le père de Nicolas, est venu m’ouvrir.

— Oh, Julien ! Ça faisait longtemps ! Qu’est-ce qui nous vaut l’honneur de ta visite !?

— Je voulais savoir si je pouvais parler à Nicolas.

— Mais bien sûr ! Tu connais le chemin.

J’ai presque couru jusqu’à la chambre et je suis rentré sans frapper. Nicolas était derrière son bureau. Quand il tourna la tête et me vit, il se leva, courut et se jeta dans mes bras presque en pleurs. Le câlin dura plusieurs longues minutes, à mon grand plaisir ! Puis il me regarda et me dit :

— J’ai cru que tu ne reviendrais jamais !

— Mais non, je t’aime trop pour ça.

Sur ces mots, il posa ses lèvres sur les miennes…

Ce baiser dura plusieurs minutes. Puis Nicolas prit la parole :

— Ça veut dire qu’on sort ensemble ?

— Je ne sais pas, et je n’en ai rien à faire. Pour moi, l’important, c’est d’être avec toi.

— T’es vraiment le meilleur. Dit-il, tout en me serrant dans ses bras.

— Toi aussi.

Soudainement la porte de la chambre commença à s’ouvrir. J’ai poussé Nicolas et j’ai commencé à parler comme si de rien n’était, en bafouillant comme pas possible.

— Donc, n’oublie pas, hein, demain, tu ramènes…euh…… Ton cahier d’exercices en Allemand, euh non de français….

C’était la mère de Nicolas qui venait voir ce que l’on faisait.

— Tu manges ici, Julien ?

— Oh, je ne permettrais pas de vous déranger et de me rajouter dernière minute.

— Tu ne nous dérange pas ! Mais peut-être faudrait-il demander à ta mère, non ?

— Oh, je ne sais pas, je vais lui demander.

— OK ! Tu me dis quand tu sais.

— D’accord.

J’ai envoyé un message à ma mère pour lui demander si je pouvais rester manger. Elle me répondit en moins de dix secondes que je pouvais même rester dormir avec un smiley clin d’œil… Bref, je suis allé dire à la mère de Nicolas que je pouvais manger ici, et, sur le ton de la rigolade, j’ai rajouté : « et même dormir » ! Elle dit que c’était super et qu’elle avait tout préparé. Je n’ai pas à préciser que je n’avais pas prévu une telle réaction… J’ai donc envoyé un autre message à ma mère, en lui demandant de me ramener quelques affaires, ainsi que mes affaires d’école.

Après le dîner, ma mère a sonné et a donné mes affaires à Jeanne. Elles ont papoté à l’entrée pendant dix minutes. Personne ne savait ce qu’elles disaient, mais elles riaient beaucoup ! Nous sommes donc tous allé écouter ce qui se disait, mais, quand nous sommes arrivés, elles ont arrêté et se sont dit au revoir. Elles cachent des choses…. En regardant mes affaires que Jeanne me tendait, j’ai vu qu’il n’y avait pas mes affaires d’école. J’ai couru pour rattraper ma mère et lui ai dit :

— Maman !

— Oui bich… Julien.

— T’as oublié mes affaires de cours !

— Bah, Julien, tu penses à quoi donc ?!

— Bah, quoi ?

— Demain c’est férié !

— Quoi !!! Mais c’est trop cool ! Week-end de trois jours !

— Ça t’affecte tant que ça ?

— Oui, et, du coup, tu penses que je peux passer un peu plus de temps ici ?

— Bien sûr, si ça ne dérange pas les parents de Nicolas.

— OK ! Merci, maman. Je t’envoie un message pour te dire.

— D’accord. Passe une bonne soirée.

J’ai rejoint les autres au salon, et j’ai demandé timidement si je pouvais rester un peu plus qu’une nuit. Jeanne répliqua immédiatement que oui, que j’étais ici chez moi. Le père de Nicolas regarda sa femme avec incompréhension. Elle s’approcha et dit, de façon pas discrète, car j’ai pu entendre : « Je t’expliquerai toute à l’heure ».

Ça ne me plait pas trop. J’ai l’impression qu’elle sait des choses qu’elle ne savait pas il y peu. Serait-elle au courant pour Nicolas et moi ? Rho, je ne sais pas et ça me stresse !

Mais bref, pensons à autre chose. Nous sommes allés nous coucher avec Nicolas. Quand nous fûmes dans le lit, je sentis qu’il voulait faire quelque chose mais qu’il n’osait pas. J’ai donc pris les devants :

— Fais-le.

— Euh…de qu…quoi ?

— Je sais que tu veux faire quelque chose, mais que tu n’oses pas.

— Ah, euh, oui.

— Alors, fais-le.

Il s’approcha de moi, m’embrassa rapidement pour vite se blottir contre moi. Je mis mon bras par-dessus lui et me suis rapidement endormi.

Je me suis réveillé plusieurs fois, à cause de cette question : qu’est-ce que la mère de Nicolas sait ? Cette question m’a torturé toute la nuit.

Le lendemain matin, quand je me suis réveillé, contrairement à la fois précédente, tout le monde dormait. Mais je ne pouvais pas bouger : Nicolas n’avait pas bougé de la nuit… Bah, si, techniquement, il s’était encore plus collé à moi ! C’est à ce moment que j’ai réalisé à quel point il était mignon quand il dormait.

Je l’ai regardé dormir pendant environ une trentaine de minutes. Je ne pouvais pas m’en lasser. Puis il se réveilla avec une tête se demandant où elle était, puis il vit mon visage et je vis son magnifique sourire éblouir son visage d’ange. Il me dit :

— Tu sais que je t’aime, toi.

— Oh, mais moi aussi !

— Et je crois que je vais t’aimer encore plus, vu que tu es un très bon oreiller ! Rajouta-t-il en riant.

— Tu vas voir l’oreiller !

Je pris le premier oreiller à portée de mains et le mis sur son visage. Il se débattait comme il le pouvait, mais sa position me donnait un net avantage. Je crois que nous faisions un sacré raffut, car Jeanne est venue pour voir ce qui provoquait un tel bruit. Quand elle nous vit jouer comme ça, elle eut un sourire et dit :

— Allez ! Fini de jouer, venez déjeuner. On va parler un peu.

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