Episode 18

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Je suis assise sur le canapé, pendant que les garçons terminent la vaisselle. Ils ne m’ont pas laissé le choix. Le bruit de l’eau et de la vaisselle qui s’entrechoque s’arrête. Ils ont surement terminé. En effet dans la minute qui suit ils me rejoignent dans le salon et s’installent autour de moi sur le canapé. Jun et Jim Do m’encadre.

Ils récupèrent des manettes de jeux et allume la télévision. Il s’agit d’un jeu de course. Il n’y a que quatre manettes disponibles alors Jim Do fait équipe avec Kwon Hyun et Jun me propose de former une équipe avec lui. Nous avons quatre courses à faire pour départager le champion. Jun me propose gentiment de faire la première, mais je refuse, je ferais la deuxième. Je veux d’abord observer. Jun fini deuxième et Jim Do premier, puis Hae Kuk et Hak Bong.

La deuxième course commence. Je ne me laisse pas faire et leur montre le fruit des années d’entrainement contre ma sœur et mes amies. Je fini première, suivi de près par Kwon Hyun et Hak Bong. Hae Kuk ferme la marche. Les garçons sont impressionnés. Ils ne pensaient pas qu’une fille pourrait les battre à un jeu vidéo. Je suis morte de rire. Ah oui ? Vous n’avez encore rien vu les gars !

Pour la troisième course Jun récupère la manette. Il finit premier ! Plus que la dernière course, notre équipe est au coude à coude avec celle de Jim Do. Si je perds celle-ci alors nous serons à égalité. C’est parti ! Quelques minutes plus tard, nous crions victoire ! Notre équipe finie première, puis celle de Jim Do et Kwon Hyun, en troisième position nous retrouvons Hak Bong et en dernier leur cher leader Hae Kuk. Jun est ravi et danse comme un fou dans le salon, les autres protestent ou rient en se racontant certains passages des différentes courses.

La journée passe, le midi nous commandons des pizzas. L’après-midi, ils me disent qu’ils doivent aller s’entrainer. Je compte donc m’éclipser et les laisser travailler tranquillement, mais Jun n’est pas du même avis. Il m’attrape par la main et m’embarque avec eux.

Je me retrouve donc dans leur salle d’entrainement à les observer. Je suis assise dans un coin par terre et je n’en reviens pas. Ils sont très fort ! Leur danse est énergique, leur geste sont synchrones, le rythme est impressionnant. Je suis ébahit et soudain une idée me vient. Lors d’une pause, je m’approche de Jun.

- Jun, j’ai une question à te poser.

- Oui bien sûr. Qu’y a-t-il ?

- Vous avez besoin de quelqu’un en France pour vous aider à vous faire connaitre ici et ainsi développer le marché ?

- Oui c’est ça, c’est ce qu’on t’a proposé de faire d’ailleurs…

- Oui… et bien j’ai une idée…

- Vraiment ?

- Oui ! Je sais que je n’ai pas encore accepté, donc si vous ne voulez pas… je comprendrais hein !

- Non vas-y je t’écoute, au contraire !

- Eh bien, tu sais, pas loin de la Tour Eiffel il y a la place du Trocadéro. C’est une sorte de terrasse un petit peu en hauteur où l’on peut avoir un super point de vue sur la tour. Il y a beaucoup de monde là-bas, que ce soit des touristes du monde entier, français voire des habitants de Paris et des banlieues alentours.

- Oui ?

- Et régulièrement, à cet endroit, il y a des groupes, que ce soit de dance ou autre qui viennent faire des représentations. Les gens s’arrêtent pour regarder et ils apprécient, ils filment partagent etc…

- Et donc ? Tu es en train de te dire qu’on pourrait y aller ?

Je ne le regarde pas, je regarde mes pieds, j’ai peur de sa réaction. En l’entendant dire cela, je me dis qu’il refuse. Et il aurait raison, après tout, il n’y a pas leur manager, personne du staff pour savoir si c’est bon pour leur image ou je ne sais quoi.

- Je le savais que tu ne voudrais pas… c’est pas grave, tu as raison, je m’emballe un peu ! Dis-je précipitamment en relevant la tête.

Il a des étoiles dans les yeux et un grand sourire sur le visage. Il se penche sur moi et me chuchote presque à l’oreille « Au contraire ! ».

- Eh ! Les gars ! Ça vous dirait de commencer notre promo en France dès maintenant ? Dit-il en se tournant vers la troupe.

- Comment ça ? Répondirent-ils en cœur.

- Mélanie a eu une idée ! Elle nous propose d’aller montrer de quoi on est capable dans un lieu célèbre à Paris en face de la Tour Eiffel. Ainsi on commencera à être connue en France !

Les garçons se regardent. Leurs expressions ne laissent rien transparaitre. Je suis sûr qu’ils vont refuser.

Hae Kuk s’avance et se dirige vers Jun. Ils discutent tous les deux un moment. Trop bas pour que je comprenne ce qu’ils disent. Je vois Jun froncé les sourcils. Il s’agite un peu, puis c’est Hae Kuk qui fronce les sourcils et semble réfléchir. Les autres garçons les observent sans trop comprendre. Ils discutent entre eux. Jun et Hae Kuk semblent tomber d’accord. Le leader plonge la main dans sa poche et en sors son téléphone. Il s’éloigne. Jun se tourne vers nous.

- Pour être sûr de ne pas avoir de soucis on va tenir le manager au courant. Hae Kuk va se charger de le convaincre. Ensuite on pourra y aller ! Dit-il avec un grand sourire.

Hae Kuk réapparait, le téléphone toujours à l’oreille. Il se dirige droit sur moi. Je comprends. Le manager veut me parler. Je suis sûr que c’est ça. Je me prépare psychologiquement à affronter un mur glacé. Jun suit du regard son ami et fronce les sourcils, lui aussi vient de comprendre ce qu’il se passait. Il cherche mon regard, il veut s’assurer que je me sens prête. J’hoche discrètement la tête pour le rassurer. Hae Kuk plaque sa main sur le micro de son téléphone.

- C’est le manager, il veut te parler.

- Très bien, dis-je en tendant la main.

Il me donne le téléphone, je le mets à l’oreille.

- 여보세요 ?

- Mélanie ?

- Oui, c’est bien moi.

- On vient de me dire que vous aviez eu une idée pour la promotion du groupe en France ?

- Oui, c’est tout à fait ça.

- Et vous en avez parlez aux garçons ?

- T-tout à fait. Répondis-je en maudissant ma voix d’avoir tremblé.

- Et pour qui vous vous prenez ?

- Je vous demande pardon ? Dis-je, surprise.

- Qui êtes-vous pour eux ? Vous ne les connaissez pas, à peine depuis un mois pour Jun. Et vous pensez avoir votre mot à dire pour ce qui est bien ou non de faire pour leur carrière ?

- Je… non.

- Alors pourquoi leur avoir dit cela ? Vous auriez dû vous taire. Voire me contacter avant de leur dire quoi que ce soit.

Je sens la colère monter.

- Monsieur ? Je vous demande de m’écouter maintenant.

- Mais…

- Je ne suis pas encore une employée de la compagnie, je n’ai donc pas de comptes à vous rendre. Vous voulez savoir qui je suis ? Une amie de Jun. Et c’est donc en tant qu’amie que je lui ai parlé de cette idée. Maintenant venons-en au réel problème. Ce qui vous dérange, c’est l’idée que j’ai proposée ? Moi ? Ou encore l’impression que vous n’avez aucun contrôle sur moi ?

Je parle en coréen, donc les garçons comprennent tout ce que je dis. J’ai bien conscience que je fais plein de fautes. Mais en voyant leurs expressions je suis rassurée sur au moins une chose, on comprend tout à fait ce que je veux dire, et mon ton les impressionne visiblement. Qu’est-ce qu’ils croient ? Je n’ai pas l’intention de me laisser faire !

J’attends la réponse du manager. Je suis fière de moi, mais j’appréhende un peu sa réaction. C’est bien de montrer les crocs, mais derrière il faut assurer !

- Expliquez-moi votre idée.

Je sens mes lèvres s’étirer en un petit sourire. Jun lève un sourcil et penche la tête sur le côté. Il ne comprend pas. Les autres garçons non plus d’ailleurs.

- Eh bien. Vous m’avez dit vouloir développer votre marché en France. Mais il faut savoir qu’en France la K-Pop et la Corée ne sont pas très connue. Il n’y a que certains initiés qui connaissent et ce n’est donc que le bouche à oreille qui va pour l’instant permettre de développer ce marché. Mais à moins que vous n’ailliez l’intention de repérer chaque fan pour leur faire écouter une chanson de votre groupe. Autrement dit, vous vous attaquez à une botte de foin à la recherche d’une aiguille mais avec une pince à épiler ! Je pense que ce serait une bonne idée d’utiliser les réseaux sociaux, le bouche à oreille version 2.0. Voyez, s’ils montrent de quoi ils sont capables sur la place du Trocadéro, rempli de touriste du monde entier, dans un lieu prit en photo et en vidéo surement plusieurs centaines de fois par jour, ils seront vu par énormément de personnes, mais surtout partagé encore plus. Cela aura l’effet d’une trainé de poudre. Ça, combiné à une communication adaptée, ce sera encore plus bénéfique. Pour ce qui est du spectacle, les garçons s’en chargent, pour ce qui est du partage et la visibilité, le public s’en charge, et la communication, vous vous en chargez. Enfin, je vous explique ça, mais je suis sûr que vous connaissez déjà la magie des réseaux sociaux lorsqu’ils sont bien gérés.

- Je vois, retrouvez moi là-bas dans une demi-heure dans ce cas. Prenez le matériel nécessaire. Je vais passer quelques coups de fils.

- Très bien, je transmets aux garçons.

- Mélanie ?

- Oui ? Dis-je en m’interrompant alors que j’étais sur le point de raccrocher.

- Beau travail.

Je n’ai pas le temps de répondre, il a déjà raccroché. Je rends son téléphone à Hae Kuk. Tous me regardent, curieux. Ils attendent que je leur explique, ce que je m’empresse de faire avec un grand sourire. Je suis fière de moi. J’ai réussi à « maitriser » ce terrible manager ! Pendant que les garçons se dépêchent de préparer le matériel dont ils ont besoin, Jun s’approche de moi.

- Ça va ?

- Oui ne t’en fais pas.

- Tu es sûr ? Je t’ai vu te décomposer au début… Mais après tu nous a tous impressionné ! Jamais on n’aurait osé lui parler comme ça nous !

- Je pense qu’il est en train de me tester. Depuis le début il agit comme ça avec moi parce qu’il doit vouloir savoir comment je réagis. Il veut savoir si je m’écrase ou si je suis capable de défendre mes idées.

- Tu penses ?

- Il m’a dit « Beau travail » juste avant de raccrocher.

Un grand sourire apparait sur le visage de Jun, il passe soudain son bras autour de mon cou en s’appuyant de toutes ses forces sur moi au point que je plis les genoux pour amortir. De l’autre main il ébouriffe mes cheveux.

- Je suis fière de toi Mélanie ! Vraiment, je suis sûr que tu feras une très bonne ambassadrice de notre groupe en France !

Je ne dis rien, je me contente de protester à propos de ma coupe de cheveux, mais je n’en pense pas moins.

Les garçons sont prêts à partir, ils ont appelé un Uber et chargé le matériel dans l’espèce de minibus qui est venu nous chercher. On s’installe tous les six à l’intérieur. Je donne la destination au chauffeur et il se met en route sans un commentaire. Je m’installe à la seule place restée libre. A côté de Jun.

Après quelques minutes, je sens mes yeux papillonner. Comme d’habitude, il suffit que je sois assise dans une voiture pour que je commence à m’endormir. Je tente de résister, je ne vais quand même pas dormir devant les garçons ! Mais c’est plus fort que moi, d’autant plus qu’en ce moment je ne dors pas très bien. Je vois flou puis plus rien.

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