Telenovelas

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Nathalie: « Bien dormi ? ».

Ces quelques petits mots suffisent à me faire sortir de mon sommeil très peu profond, et un mal de crâne atroce se déclare, me brouillant la vue. Je me relève de sorte à être assise dans mon lit, et petit à petit, mes yeux me permettent de voir ma mère, debout à côté de moi, arborant un sourire aussi rassurant que celui d’Adolphe Hitler.

Angela: « Maman ? Qu’est-ce-que tu fais là ? Tu travailles d’habitude le dimanche matin », lui dis-je d’une voix encore endormie, la bouche toute pâteuse.

Nathalie: « Oui exactement », me dit-elle d’un ton à glacer le sang, « Seulement quand j’ai voulu prendre ma voiture ce matin, étonnement elle n’était plus garée à l’endroit où je l’avais laissé, une explication ? ».

Angela: « Heu… Oui, désolée maman… La voiture est restée garée chez Carla. Je suis allée chez elle hier, et comme on a un peu bu c’est sa mère qui m’a ramené à la maison ».

Nathalie: « Tu aurais quand même pu me demander l’autorisation avant de la prendre ! ».

Angela: « Oui je sais, pardon… Ça ne se reproduira plus promis ».

Nathalie: « C’est pas grave, l’important c’est que vous ayez été responsables et que tu n’as rien ! Et la voiture aussi d’ailleurs », épilogue-t’elle sans se douter de ce qui est arrivé à son rétroviseur, « Et tu devrais te calmer sur la boisson, tu as une sale tête ma fille », finit-elle en sortant de ma chambre et en refermant la porte derrière elle.

Ma fois, très sympathique. Mais dieu merci, elle ne se doute de rien. Même avec la gueule de bois, je reste la reine de l’improvisation. En même temps, il était clairement question de vie ou de mort. Je réglerai le problème de la voiture plus tard. Pour l’instant j’ai besoin d’une bonne douche.

L’eau glacée me réveille comme il faut, et fait resurgir en moi, quelques souvenirs de la veille. Je me revois en train de faire mes besoins dans toute la ville, je me rappelle de la danse « olé olé » avec Melvin, du serveur. Puis j’ai un gros trou noir, jusqu’à mon pacte avec Samy.

Oh merde.

Mon pacte avec Samy…

Pourvu qu’il ait oublié et qu’il ne débarque pas aujourd’hui, je n’ai pas le courage de l’affronter. En plus j’ai accepté uniquement parce que j’étais bourrée, mais il est hors de question que je tire une trêve avec l’ennemis. Je m’en fou, s’il vient je ne lui ouvre pas.

Une fois sèche, et après avoir avalé un doliprane, je retourne me blottir dans mon lit, où je compte bien hiberner pour décuver. Je cherche mon téléphone pour regarder Netflix, mais impossible de le trouver. Je fouille de partout, mais il n’est nulle part. Je vais vraiment me faire défoncer aujourd’hui… Avec un peu de chance, c’est Samy ou Carla qui me l’a prit quand j’étais encore bourrée, pour que je ne fasse pas de bêtises.

Alors que je suis en pleine crise d’angoisse et de réflexion, j’entend quelqu’un toquer à ma porte.

Angela: « Quoi encore maman ? », crié-je en ouvrant.

Malheureusement, ce n’est pas ma mère que je retrouve derrière celle-ci.

Angela: « Toi », marmonné-je d’un ton blasé.

Samy: « Moi ».

Il ouvre la bouche pour ajouter quelque chose mais je lui ferme la porte au nez. Il est pire qu’un cafard, toujours dans un coin à roder et se faufiler de partout. Il ouvre la porte de ma chambre et entre de son propre chef.

Angela: « Vas-y je t’en prie, fais comme chez toi ! ».

Samy: « Pas besoin de le préciser », me répond-il en s’allongeant sur mon lit.

Non mais quel culot. Il faut vraiment que je pense à installer un verrou.

Angela: « Que me vaut ce plaisir ? », lancé-je d’un rictus ironique à souhait.

Samy: « Quoi ? Tu as déjà oublié notre accord? », rétorque-t’il, en suivant les pas de mon cynisme habituel.

Angela: « Qu’est-ce qui te fait croire que j’ai oublié ce qu’il s’est passé hier ? ».

Samy: « Je sais pas, peut-être tous les grammes d’alcool que t’avais dans le sang, ou alors la tête de déterrée que t’as la maintenant ».

Je suis offusquée. C’est la deuxième personne que je vois depuis que je suis réveillée, et c’est aussi la deuxième personne qui me fait cette réflexion.

Angela: « Et bien figure toi que je n’ai pas oublié, j’ai simplement changé d’avis ! », dis-je pour le moucher.

Samy: « Alors là non. Tu me la fais pas à moi, on a passé un marché, c’est trop tard ! ».

Angela: « Certes, mais j’étais bourrée ».

Samy: « Pas assez pour oublier notre poignée de main ».

Ô grand Dieu, pardonne mes pêchés… Si tu m’entends, remonte le temps pour que je puisse revenir sur mon accord avec le gigolo ici présent.

Je ferme les yeux l’espace d’un tout petit instant, et les ouvre à nouveau en espérant voir mon voeux être exaucé.

Mais rien.

On est toujours dans la même pièce, et Samy me regarde bizarrement. Sans doute parce qu’il se demande pourquoi je cligne des yeux comme une conne.

Merci seigneur.

Quand on était petits, lui et moi on se serrait tous les deux la main à chaque fois qu’on se promettait quelque chose. C‘était plus classe qu’entrelacer nos petits doigts. Et une fois la poignée de main passée, on ne pouvait plus jamais revenir sur notre promesse.

Angela: « C’est bon, je suis toute à toi », dis-je un peu forcée, en levant les mains pour montrer mon abdication, « Et enlève le sourire de pervers que tu as en coins de bouche, il n’y avait aucun double sens dans ce que j’ai dit ».

Je m’assoie en tailleur à coté de lui, sur le lit.

Samy: « Alors c’est parti », se frotte-t’il les mains d’un air narquois, prêt à se lever, pour s’échapper.

Angela: « Attends, attends ! Ne te réjouis pas trop vite, tu oublie une partie de ce que t’as promis. Tu dois tout me raconter ! Du moment où tu as disparu il y a trois ans, jusqu’à pourquoi tu es revenu me coller au cul ».

Samy: « T’es tellement douce Angela, t’as toujours les bons mots c’est fou ! ».

Il pensait sûrement que je ne me souvenais pas de ça, mais malheureusement pour lui, ma mémoire est sélective, et j’attend depuis tellement longtemps de savoir le pourquoi du comment, que je ne risquais pas d’oublier.

Angela: « Aller j’attends ! Et n’omets rien ! ».

Samy: « Ok, mais laisse moi parler d’une traite sans l’ouvrir, et retiens que peu importe ce que je te racontes, t’as juré que tu me laisserais ma chance ».

Angela: « Oui, oui c’est bon, je t’écoute », le rassuré-je pour qu’il passe aux aveux, toute enjouée de pouvoir enfin avoir des réponses à mes question vieilles de trois longues années.

Je vois son air suffisant qu’il avait sur le visage avant de passer la porte, changer pour une attitude bien plus stressée et hésitante, que je ne lui connais pas. Il s’apprête à débiter un flot de paroles, qui je le sens, vont me faire regretter d’avoir voulu la vérité.

Samy: « Quand ma mère est tombée malade, avant qu’elle meurt, elle a été hospitalisée. Et malgré les aides financières de l’État, on arrivait pas à joindre les deux bouts. On lui a rien dit pour pas l’inquiéter, mais le peu d’argent qu’on avait suffisait plus. Mon plus grand frère avait déjà construit sa famille et s’en sortait à peine, il pouvait pas nous aider. A la maison on était plus que Ylies et moi. Il a du arrêter la fac pour trouver un boulot. Moi j’étais dans mes premières années à l’université et je me voyais pas continuer les études alors que mon frère s’était sacrifié pour nous. Il voulait pas que je fasse comme lui pour qu’on gagne plus d’argent et qu’on s’en sorte vite. Alors j’ai décidé de prendre les choses en main et d’agir dans son dos… ».

Il marque une pose, et je le sens inspirer fort comme s’il essayait de se donner du courage pour la suite, comme s’il ne l’avait jamais raconté à personne, comme s’il en avait honte.

Je pose ma main sur la sienne pour le rassurer, comme il l’a déjà fait pour moi auparavant. J’ai le coeur lourd parce qu’en dépit de tout ce qu’il a bien pu faire, ce que je ressens pout lui est toujours là. Et je sais qu’au fond, aussi bien que je connais, il est loin d’être mauvais. Le voir aujourd’hui, vulnérable, en train de me dévoiler ce qu’il a toujours caché, ce que j’ai toujours voulu savoir, ça me fait quelque chose.

Angela: « Qu’est-ce-que tu as fait Samy ? », lui demandé-je inquiète, ma main toujours sur la sienne. Même si je suis presque certaine de connaître déjà le fin mot de l’histoire.

Samy: « J’ai prit les choses en main pour aider ma famille ».

Angela: « Oui, je l’ai compris ça, mais c’est à dire ? ».

Samy: « Tu sais très bien où je veux en venir », lâche-je t’il d’une mine désolée.

Angela: « Oui, mais je veux te l’entendre dire, je veux en être sûre », le poussé-je à se libérer de tous ses mensonges.

Samy: « J’ai commencé à vendre de la drogue ».

Aïe, ça fait mal… Et je sens que je ne suis pas au bout de mes peines. C’est exactement ce à quoi je m’attendais, mais l’entendre de sa propre bouche ne me laisse pas indifférente.

Angela: « Continue… ».

Samy: « J’ai prit mes couilles et je suis allé voir les grands du quartier en leur disant que j’avais besoin de tunes. Au début, je faisais pas grand chose, jusqu’à ce que je rentre vraiment dans le truc. J’avais l’impression que tout allait s’arranger. L’argent rentrait, et on avait moins de soucis à cause de ça », m’explique-t’il un peu plus à l’aise, suite à mon geste envers lui.

Angela: « Mais ton frère ne t’as pas demandé des comptes quand il a vu tout cet argent ? ».

Samy: « Il a vite compris d’où ça venait, et je peux te dire qu’il a le même coup de ceinture que mon père », rigole-t’il devant mon regard choqué, et triste de me rendre compte de ce qu’il a fait, de ce qui lui ait arrivé, « Mais de toute façon il savait qu’une fois que j’étais lancé dedans, c’était trop tard ».

Plus il se livre, plus je n’en reviens pas que je ne me sois rendu compte de rien pendant tout ce temps. Je réalise qu’il a peut-être un sale caractère et qu’il agit mal la plupart du temps, mais bien que ça n’excuse pas tout, il a quand même enduré beaucoup d’épreuves jeune, sans vraiment personne sur qui se reposer.

Je lui fais signe de poursuivre son récit.

Samy: « Puis ma mère est morte. Et là, j’ai totalement déraillé. J’étais tellement mal que je savais plus quoi faire. J’ai commencé à fumer, en pensant que cette merde allait m’aider et j’ai continué à vendre. En quelques jours seulement j’ai commencé à faire n’importe quoi. Et c’est après son enterrement, que tout est vraiment parti en vrille. Toi et moi on avait reprit contacte et ça m’a fait un bien fou, mais j’avais déjà trop merdé, je faisais plus du tout attention. Jusqu’au jour où je me suis fait péter. J’ai prit un an ferme et du sursis. Et j’ai eu beaucoup de chance, parce qu’ils ont pas trouvé grand chose sur moi. Sinon je serais pas là, à te raconter tout ça… ».

Alors là. Je suis sur le cul. Je n’arrive pas y croire. J’avais imaginé et plus ou moins compris depuis le début que Samy dealait de la drogue, mais cette ultime révélation me laisse sans voix, totalement secouée.

Angela: « Tu as… tu as fait de la prison? », articulé-je à voix basse, complètement chamboulée par ce qu’il vient de me raconter.

Samy: « Oui… », me répondit-il très peu fière de lui, en baissant la tête pour ne pas croiser mon regard, « C’est pour ça que t’as plus eu de nouvelles du jour au lendemain. J’ai été placé en détention provisoire jusqu’à la date du procès, puis après j’ai été incarcéré ».

Angela: « Mais pourquoi tu ne m’as pas donné de nouvelles après être sorti ? ».

Samy: « Parce que j’avais honte de moi Angela ! ».

Angela: « Honnêtement je ne sais pas quoi dire Samy… J’hésite entre te faire un câlin ou te démonter la gueule », énoncé-je en revenant à mes esprits, une fois que le gros choque se soit un peu dissipé.

Samy: « Au moins c’est dit », dit-il sans trop savoir comment réagir, un peu comme moi.

Angela: « Non, plus sérieusement, je me suis même pas douté une seule seconde de ce qu’il t’arrivait… Je me dis que si j’avais su je t’aurai… », essayé-je de finir avant qu’il ne me coupe.

Samy: « Je t’arrête tout de suite, t’aurais rien pu faire. C’était mon choix. Un mauvais choix c’est sûr, mais ça nous a sorti de la merde alors je regrette pas ! Tout ce que je regrette, c’est de t’avoir laissé sans explications ».

Mauvais choix, regrets, tous ces mots ne reflètent qu’un passé compliqué, que je n’excuse pas mais que je comprend. Pour certains, ça peut paraître dingue, et même impardonnable. Mais pas pour moi, pas pour nous. Quand on vit depuis petit dans une cité HLM ou les jeunes qui jouent dans la cour se font tabasser par les CRS, où l’odeur de pisse envahit tous les immeubles, ou pour rentrer cher soi le seul chemin à emprunter est celui des caves pleines de rats et ou les coups de feu retentissent un jour sur deux en emportant avec eux le frère ou la soeur de quelqu’un, et bien dans ce cas là, on en veut à la terre entière. Quand on grandit depuis toujours dans la misère sociale, on ne réagit peut-être pas tous de la même manière, mais une chose est sûre, c’est que chacun d’entre nous veut arracher au monde, ce qu’il ne nous a jamais donné, d’une façon, ou d’une autre. Et Samy a choisi la sienne.

Angela: « J’insinuais pas que je t’aurais aidé, n’essaye pas d’interpréter mes phrases l’emmerdeur, j’allais simplement dire que si j’avais su je t’aurais déglingué avant que la police le fasse », le rassuré-je tout en me moquant de lui.

Il quitte son air inquiet pour rejoindre mes rires. Puis on se regarde dans les yeux sans plus trop savoir quoi se dire. Le moment qu’on échange devient aussi étrange que plaisant. Je garde quand même la gorge serrée après avoir entendu tout ça, et les idées très confuses. Je n’en reviens toujours pas… Il va me falloir un moment pour avaler tout ça.

Je reviens sur terre quand je me rend compte que ma main est toujours posée sur la sienne, et comme le moment confidence est déjà passé, je la retire rapidement, un peu gênée.

Angela: « Écoute je ne vais pas y aller par quatre chemins. Tu as vécu des trucs dur, que je n’ose même pas imaginer… Mais tu as été trop con et tu as déconné un max ! Mais une promesse reste une promesse. Notre deal tient toujours, sans mauvais jeu de mot… ».

Son visage s’illumine d’un coup, et je vois rayonner sur son visage un sourire aussi large qu’il lui est permit.

Angela: « Mais ne t’attends pas à ce que je sois tendre avec toi. Je vais t’en faire baver pendant ce fameux mois, et tu as intérêt à tenir le coup ! ».

Samy: « Sérieusement ? ».

Il faut bien que je le fasse payer pour tout ce qu’il m’a fait subir ces derniers temps. Et croyez moi, la vengeance que je m’apprête à lui infliger se mangera froide, tiède et bouillante à la fois.

Angela: « Ne discute pas, c’est comme ça un point c’est tout. Sois déjà content que je ne sois pas partie en courant de ma propre maison après ces révélations dignes des feu de l’amour », m’esclaffé-je avant qu’il ne me rejoigne en choeur.

Samy: « Et je voulais aussi te dire que pour la fille d’hier après mid… », commence-t’il en reprenant son grave, avant que je ne l’arrête dans son élan de franchise.

Angela: « Laisse tomber, tu me racontera plus tard. Ça fait déjà beaucoup à digérer d’un seul coup », pouffé-je un peu forcée, pour ne pas le mettre plus mal à l’aise encore.

Samy: « Comme tu veux », enchaine-t’il épaté par ma soudaine maturité.

Je dois avouer que moi-même, je n’en reviens pas. Cette coupe de cheveux me fait vraiment du bien.

Par contre, depuis qu’il a commencé son speech, une question me brûle les lèvres. J’ai peur de sa réponse, mais avant de me lancer aveuglément dans une histoire qui est déjà sans dessus dessous, je dois savoir dans quoi je m’engage exactement.

Angela: « Avant de te torturer pendant trente jours, il faut que je sache quelque chose, et dis moi la vérité ».

Samy: « Je sais ce que tu veux savoir. Et pour te répondre, non, j’ai tout laissé tomber. C’est plus pour moi ces conneries. Rester enfermer entre quatre murs pendant un an, je peux te dire que ça te fait cogiter », me rassure-t’il.

Angela: « C’est bien, c’est déjà ça. Mais alors pourquoi tu ne m’as pas dit ce que tu fais maintenant ? Tu restes vague à chaque fois que j’ai essayé d’en parler ».

Samy: « C’est pour pas que tu me porte l’oeil », se moque-t’il de moi.

Je lui tape l’épaule de mon poing en essayant de garder un air révolté, mais ce con réussit toujours à me faire craquer. Il est peut-être débile, mais il est aussi marrant de temps en temps.

Angela: « Non mais vraiment, qu’est-ce que tu fais du coup ? ».

Je le vois tout gêné, comme s’il n’ose pas m’avouer quelle est sa nouvelle profession. Pourtant, je suis sûre qu’il n’y a pas de quoi avoir honte, rien ne peut être pire que de vendre shit.

À moins qu’il soit devenu tueur à gage ????

Samy: « Je me suis mit au rap ».

Oh.

Ok.

Je ne m’attendais absolument pas à ça.

Angela: « Kebeubfjktnhbg ».

Samy: « Hein ? ».

Angela: « Excuse moi, j’ai avalé ma salive de travers. Il y a de quoi », explosé-je de rire.

Samy: « Donc c’est comme ça ? Tu te moque de moi maintenant ? », se vexe-t’il.

Angela: « Moi, me moquer de toi ? Jamais de la vie ! Comment je pourrais me foutre de la gueule du cliché parfait, le rap ou la bicrave pour s’en sortir ».

Ça y est je suis lancée, on ne peut plus m’arrêter. Je suis à deux doigts de me pisser dessus. J’ai l’impression d’être dans une mauvaise comédie. Ou pire. Une telenovelas. Oui c’est parfaitement ça. Ma vie est une putain de telenovelas.

Samy: « Continue et tu vas voir, je vais te faire ta fête ».

Angela: « Même pas peur », lui répondis-je en lui tirant la langue comme une enfant.

J’ai à peine eu le temps de fermer la bouche, qu’il me pousse du lit, et que je tombe par terre, sur les fesses.

Je me relève de suite, choquée qu’il ait osé faire ça, et le dévisage, alors qu’il est fière d’avoir réussi son coup.

Angela: « Ah donc tu te fends la poire ? Tu trouves ça drôle ? Et bien tu ne payes rien pour attendre !! ».

Sans perdre une seconde, je me jette sur lui en essayant de lui rendre l’appareil, mais impossible. Il pèse une tonne.

Samy: « T’essaye de faire quoi là ? T’as pas plus de force qu’un gosse de 7 ans ».

Je continue tant bien que mal et de toute mes force d’essayer de le pousser hors du lit, mais en vain. Je me retrouve essoufflée, à califourchon au dessus de lui, mes lèvres à seulement quelques millimètres des siennes. Sans contexte, la scène pourrait porter à confusion. Je ne veux pas que ça dégénère entre nous avant de lui avoir fait la misère.

J’ai bien peur de ce qu’il pourrait arriver si je ne gâche pas ce moment de suite, alors je m’extirpe de cette étreinte et me remets debout.

Il me suis en se positionnant juste devant moi, et je me rends compte de sa grandeur. Je casse le blanc qui s’est installé soudainement entre nous, avant que la situation ne devienne plus embarrassante.

Angela: « Heu… Sinon, je profite que tu sois là pour te demander si ce n’est pas toi qui as mon téléphone? ».

Samy: « Pas du tout pourquoi ? Ne me dis pas que tu l’as perdu hier ? », reprend-t’il un air sérieux.

Angela: « Justement, je ne sais pas où il est. Mais c’est sans doute rien, je verrai ça avec Carla, c’est elle qui a du me le confisquer avant ma… Cuite ? ».

Samy: « Cuite, est un bien faible mot ».

Angela: « Ça y est je retrouve le con de première… ».

Samy: « Je suis sûr que ça t’avait manqué ».

Angela: « Pas une seule seconde ».

Samy: « Menteuse ».

Et c’est parti, il recommence à me mettre en rogne.

Angela: « Bon, c’est pas tout mais l’heure tourne et j’ai très envie de faire un énième coma dans mon lit, sans parasite pour me déranger », lui dis-je en me levant et en l’entraînant avec moi jusqu’à la sortie de ma chambre.

Samy: « T’es sérieuse là? Tu me fous dehors comme ça ? ».

Angela: « Très sérieuse. Barre toi je veux dormir, on se voit demain le gigolo », lui répété-je en le poussant à l’extérieur et en claquant la porte devant son doux visage stupéfait.

Samy: « À demain vomito », cri-t’il déjà à l’autre bout de l’appartement.

Je me jette sur mon lit. Tant de questions me viennent en tête. J’en ai presque plus qu’avant d’avoir rétabli la vérité… Je me sens à la fois soulagée, et gravement déroutée. Je ne sais pas si j’ai bien fait de me lancer dans ce plan avec taré pareil, mais de toute façon c’est trop tard. Et j’en avais vraiment marre que lui et moi, on recule toujours au lieu d’essayer. C’est peu-être bizarre et complètement fou de ma part, ou peut-être que ça sera la meilleure décision que je pouvais prendre, mais peu importe. Pour une fois, j’ai pensé avec autre chose que la raison, et étrangement, ça fait du bien.

Je profite, affalée sur mes dizaines d’oreillers, de mes derniers instant de vie, avant que les foudres Carla ne viennent s’abattre sur moi.

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