Allo ? J’ai besoin d’aide !

6 minutes de lecture

Angela: « Allo Carla, j’ai fait une connerie… ».

Carla: « Quand tu dis « connerie » Angela , tu ne fais pas référence à un corps que tu aimerais que je t’aide à cacher??? ».

Angela: « Carla, entre nous deux, si un corps devait être caché, je ne pense pas que la meurtrière serait moi… ».

Carla: « Tu insinue quoi ? ».

Angela: « Heuu… Revenons en à nos moutons tu veux bien? ».

Carla: « Mouais… Alors qu’est ce que tu appelle « avoir fait une connerie » si il n’y a pas de cadavre dans l’histoire ? ».

Angela: « Je fais référence à une bêtise… CAPILAIRE ».

Carla: « J’arrive de suite ! », me dit-elle en raccrochant, avant même que je n’ai le temps de répondre quoi que se soit.

Carla, fille d’une incroyable coiffeuse, est la seule à pouvoir arranger la… « CAGADE », que je me suis faite sur la tête… Désolée du langage, mais aucun autre mot ne saurait décrire ce qui me sert désormais de cheveux.

En rentrant de l’altercation de tout à l’heure, après avoir laissé la « **** », et le « **** ** **** », j’ai séché mes larmes, et sous le coup des émotions fortes, il se pourrait que j’ai eu envie de faire une halte au supermarché, et d’acheter une couleur ainsi qu’une paire de ciseaux… Vous voyez où je veux en venir je suppose.

J’ai complètement ratiboisé ma belle chevelure longue et dorée, mais dieu merci, je me suis arrêtée avant qu’il ne soit trop tard. Et quant à la couleur, ça me va plutôt bien, mais disons que le changement est radical.

Après avoir patienté seulement 15 minutes, la sonnette retentit. Carla doit vraiment m’en vouloir d’avoir touché à mes cheveux sans sa présence, parce qu’elle n’est jamais arrivée aussi vite.

Je n’ai même pas le temps d’ouvrir la porte en grand, qu’elle la pousse et rentre à l’intérieur de l’appartement.

Carla: « Bon sang de bonsoir ».

Angela: « Bonjour à toi aussi… », lui répondis-je.

Carla: « C’est bien toi derrière cette perruque ?? ».

Angela: « Qui veux-tu que se soit grognasse ? ».

Carla: « Bah excuse moi, mais c’est pas évident ! », me lance-t-elle, avant que je ne lève les yeux au ciel.

Elle me tourne autour comme un rapace. Cette fille me fait peur autant que je ne l’aime.

Carla: « Mais qu’est ce que c’est que cette tignasse ??! », crie-t-elle.

Angela: « Ok, je vois. On commence les festivités… ».

Carla: « Vraiment Angela? NOIR ? Tu t’ai teint les cheveux en noir ? T’es passé du blond au noir ? NOIIIIIIIR ????? ».

Si je ne la connaissais pas aussi bien, je jurerai qu’elle est bourrée.

Angela: « C’est ce qui te choque le plus? », dis-je étonnée.

Carla: « Non effectivement, la queue de rat qui te sert de touffe est encore pire… ».

J’aurais tellement aimé répondre à ses doux mots, mais m’étant étouffé avec ma propre salive suite à ses propos ma foi très agréables, je n’en ai pas été capable.

Carla: « Mais qu’est ce qui t’a prit?? Je crois que j’aurais préféré découper les restes d’un mec et les mettre dans une benne à ordure… ».

Angela: « Tu vas un peu loin tu ne crois pas ? ».

Carla: « Sans doute, mais n’oublie pas que c’est moi qui vais arranger tout ça », montre-t’elle ma catastrophe du doigt.

Angela: « C’est vrai… tu penses que tu peux faire quelque chose ? ».

Carla: « Tu m’as déjà vu rater quelque chose? », me demande-t-elle fièrement.

Angela: « Heu ouais, plusieurs fois même », lui dis-je sincèrement, mais pas très sereine.

En guise de réponse, elle serre le noeud d’attache de la blouse protectrice si fort, que la respiration me manque. Je ne sais pas si c’est une très bonne idées de lui laisser une paire de ciseaux si près de mon cou…

Je la sens couper, couper, et couper encore. Mes cheveux tombent par terre, et j’ai clairement peur du résultat. Mais je lui fais confiance. De toute façon, ça ne peut pas être pire que mon mulet actuel.

S’étant installées dans mon salon, aucun miroir n’est à ma disposition et Carla est plus muette que jamais.

Les minutes passent, jusqu’à ce qu’elle ne donne le dernier coup de ciseaux.

Carla: « Et voilà ».

Angela: « Pourquoi je ne sens plus de cheveux sur mes épaules????? ».

Carla: « La ferme et fais moi confiance », me dit-elle en retirant la blouse de mes épaules.

Angela: « Confiance? J’espère juste ne pas ressembler à Monsieur patate ! ».

Carla: « Estime toi heureuse, y a une demie heure t’étais plus Billy Ray Cyrus qui Hannah Montana ».

Bien qu’une partie de moi soit piquée, je ne peux pas m’empêcher de rire aux éclats. Sa présence me fait du bien, l’espace que quelques heures, j’oublie Samy, et tout ce qui va avec.

Carla: « Le noir te va pas si mal que ça finalement », sourit-elle, fière de son travail.

Angela: « Je peux enfin me voir? ».

Elle hoche la tête, et nous nous dirigeons toutes les deux vers ma salle de bain. Et lorsque j’allume la lumière, je peux enfin me contempler dans la grande classe de la pièce.

Angela: « OH. PUTAIN ! », articulais-je grossièrement.

Carla: « Quoi??? T’aime pas?? », s’empresse t-elle de dire.

Angela: « T’es folle ou quoi??? J’ADORE ! On dirait quelqu’un d’autre ! ».

Elle se contente de venir derrière moi pour regarder mon reflet, tandis que je ne cesse de me regarder sous toutes les coutures, et de toucher ma crinière.

Carla: « On dirait une vraie femme comme ça, t’as l’air bien plus confiante, ton visage est moins enfantin, t’es une vraie beauté ! Et moi… une vraie artiste ! ».

Angela: « Merci », lui dis-je simplement en la prenant dans mes bras, « je t’en dois une belle là ».

Carla: « Alors ce soir on sort entre fille ! Tu m’emmène au resto et tu montre ta nouvelle coupe à tout le monde », sort-elle enjouée.

Elle perd pas le nord ! Mais elle me fait rire, et puis elle n’a pas tord, sortir avec elle ce soir me fera le plus grand bien ! Je troque un dîner avec Samy, pour une sortie avec Carla, et finalement je ne pouvais pas mieux m’en sortir.

Carla: « Bon sinon, maintenant que t’as plus une tête de noeud, tu m’explique ce qu’il t’ai passé par la tête?? ».

Quelle délicatesse.

C’est alors que je me lance dans la longue explication de mon après-midi turbulent et encore frais.

Je lui explique premièrement ce qu’il s’est passé en fait, mais aussi ce que j’ai pu éprouvé.

J’ai non seulement vu mes espoirs avec Samy une énième fois désillusionnés, mais en plus je me suis senti rabaissée, humiliée. J’en ai eu marre d’être encore celle qu’on ne choisit pas, sans doute parce qu’elle n’est pas assez jolie ou extravertie. Et je me suis dis que si je ressemblais un peu plus à ces belle brunes qui lui colle au derrière, peut-être que ça changerait la donne.

Mais évidemment, énervée et pas douée, le résultat ne risquait pas d’être au rendez-vous…

Carla: « T’as eu tord de faire ça à cause de lui. C’est pour toi même qu’il faut le faire. Tu mérites tellement mieux que quelqu’un qui te traite comme ça. Et crois moi, je suis certaine qu’avec tes nouveaux cheveux, tu vas très vite rencontrer quelqu’un. Quelqu’un qui soit à ton niveau et qui n’ai d’yeux que pour toi, parce que t’es une déesse! », lance-t-elle d’une traite, sous mes yeux larmoyant tant ce qu’elle me dit résonne en moi, « et n’oublie pas q’une femme qui se coupe les cheveux est une femme qui est prête à changer de vie ».

Angela: « Carla, ça c’est une citation de coco Chanel ».

Carla: « En même temps c’est pas le plus important… Que les mots soient de moi ou de coco, ils sont justes. Et je pense que tu devrais suivre mes conseils. Enfin, SES conseils… », dit elle pour se dédouaner ».

Je la regarde, en réfléchissant aux mots de cette grande dame. Je parle de Coco bien-sûr.

Angela: « Tu sais quoi, tu as raison. À partir d’aujourd’hui, tu parles à une nouvelle Angela », lui annonçais-je.

En fin de compte, ce changement, il me convient à moi. Je suis passée de la mignonne Angela, studieuse et timorée aux abondants cheveux blonds, à une Angela plus vive, plus rayonnante que jamais. Une Angela au carré long, noir, qu’on ne laisse plus dans le coin de la pièce, mais qu’on exhibe parce qu’elle mérite d’être vu.

Je ne me tairai plus, je ne courrai plus, je ne pardonnerai plus.

À présent je suis cette fille là, et c’est mieux comme ça.

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