Chapitre 66

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Cette marque, il avait l’impression de la reconnaître, de savoir d’où elle venait… Peut-être parce qu’il en avait eu une similaire sur son corps, à peu près au même endroit que Ruben. Le regard d’Alec trahissait son inquiétude, il leva les yeux vers lui.

— Ah ça… j’me suis ramassé dans l’escalier. Heureusement que t’étais pas là, hein, parce que j’suis vraiment tombé comme une grosse merde !

Ruben se mit à rigoler franchement, et les doutes d’Alec s’affaiblirent…

La réaction de son mec avait été tellement naturelle qu’il en fut presque convaincu, mais il y avait toujours ce petit doute qui persistait en lui, il avait l’impression que quelque chose clochait, mais il savait que ce n’était pas le moment pour ça, il n’avait pas envie de tout gâcher, surtout pas maintenant.

Alors il pressa ses lèvres sur celles de son copain, un peu plus fort que d’habitude. Son menton était un peu piquant, mais ça ne le gênait pas.

Il commençait vraiment à avoir chaud... Alors il se retira, et planta son regard dans celui de son copain.

  • J'veux qu'on le fasse !


***



Alec entra dans la classe d’un pas décidé, son sac sur les épaules et un grand sourire éclairant son visage. Il chercha Matthieu du regard, et il ne tarda pas à le trouver. Il s’approcha alors de lui en courant.

— Bitch ! lança-t-il.

Matt fronça les sourcils.

— Pourquoi t’es tout excité comme ça ?

— Il faut que j’te raconte un truc !

Alec trépignait d’impatience, il ne tenait pas en place. Et Matt le fixait, tout étonné de le voir aussi excité qu’une ado à un concert de Justin Bieber. Ses mains s’agitaient partout dans les airs.

— Dis-moi ?

Alec le prit alors par le poignet et le tira brutalement vers lui d’un grand geste, manquant de lui déboîter l’épaule. Il l’emmena vers le fond de la classe, où il n’y avait pas grand monde.

— Ah je vois, c’est un truc assez important !

Alec n’osait pas le regarder dans les yeux, il se contentait de fixer le parquet en se bouffant les ongles. Il ne savait même pas pourquoi, mais il était à la fois impatient et effrayé à l’idée de lui raconter. Il avait terriblement envie de le faire, mais il sentait au fond de lui que c’était une mauvaise idée.

— Euh, ouais… Assez important, ouais…

— Et c’est une bonne ou une mauvaise nouvelle ?

— Une super bonne ! s’exclama-t-il, retrouvant le sourire.

— Ah bah super ! Tiens, prends une chaise et assis-toi pour qu’on discute.

Alec écarquilla les yeux. Tout son corps se figea.

— Euh… non ! bafouilla-t-il. J’vais rester debout, c’est mieux !

Matt le regardait d’un air amusé. Et Alec avait le sentiment d’être sous pression. Son pote arrivait à le faire stresser rien que par ce regard, ces yeux toujours plissés, qui lui donnaient l’impression que son pote était constamment en train d’essayer de lire dans ses pensées.

Mais il essaya d’oublier ça, et de se concentrer sur ce qu’il avait à annoncer. Il prit une grand inspiration, et après un court instant… il se lança.

— En gros, ce week-end… J’ai passé un cap.

Matthieu plissa les yeux.

— J’ai pas compris…

— Bah j’ai… grandi !

Il sentait que ses joues commençaient à chauffer. Il n’avait pas vraiment le courage de faire son annonce de manière trop crue, et il priait pour que son pote soit assez malin pour comprendre ce dont il voulait parler.

— Mais explique-toi bien ! T’es pas clair, là.

Là c’était clairement trop, il commençait à avoir l’impression qu’il était en train de jouer avec lui.

— Ben je suis plus…

— Plus…?

Matthieu ne put se retenir de sourire doucement, et une petite lumière passa dans son regard.

— Ah ! s’exclama Alec. J’t’ai cramé, tu t’fous de ma gueule depuis tout à l’heure !

Matt pouffa de rire en pointant son pote du doigt, histoire de l’enfoncer un peu plus et de bien lui montrer qu’il l’avait pris pour un con. Mais Alec n’avait pas trop envie de rigoler, il était bien trop fier de sa nouvelle.

— Bon du coup, t’as compris que je l’avais enfin fait !

— Ah donc tu t’es enfin fait défoncer le cul ? s’écria Matt, tout haut.

Des mecs de la classe se retournèrent vers eux et se mirent à les dévisager. Alec était rouge de honte, les gars le fixèrent pendant quelques secondes. Sa gêne avait atteint un niveau inimaginable, il avait juste envie de mourir à cet instant.

Puis ils retournèrent à leur discussion, et Alec se remit enfin à respirer. Son coeur était parti en vrille, en l’espace de quelques secondes seulement.

Il se retourna directement vers Matthieu, et lui lança des éclairs avec les yeux, en espérant qu’il crève foudroyé par ces derniers.

— Mais t’es pas bien dans ta tête ? Toute la classe a entendu !

— Bah et alors ? Y a pas de honte à se faire explo…

Il fut interrompu au milieu de sa phrase par un coup de poing à l’épaule.

— Shhht ! Putain, arrête !

Matthieu leva les yeux au ciel.

— Roh ça va, on peut bien rigoler. Et puis y a aucun danger à ce que tu leur dises que t’es pédé, hein.

Alec se mit à grimacer. « Aucun danger », si seulement c’était le cas… Il n’avait pas envie de prendre le moindre risque : si le lycée était au courant, ça remonterait forcément aux oreilles de sa famille un jour ou l’autre, et là ça serait soit la mort, soit la rue.

Mais ça, il ne pouvait pas encore lui avouer. Seul Ruben était au courant, et c’était parce qu’il avait entièrement confiance en lui, qu’il n’en dirait jamais un seul mot, et qu’il le garderait tout au fond de son coeur.

Alors que Matt, même s’il était digne de confiance, c’était différent… Il ne se sentait pas encore prêt à lui dire. Mais il se jura de le faire, un jour.

— Eh ? C’est quoi ça ?

Matthieu le sortit de ses pensées, il avait le doigt pointé vers son cou, en fronçant les sourcils et en dissimulant tant bien que mal son sourire moqueur.

— De quoi tu parles ?

— Nan mais je rêve ! T’as un suçon dans le coup !

Là, c’était décidé : il allait disparaître à jamais, et changer de pays. C’était beaucoup trop pour lui, il ne pouvait pas supporter autant de honte, son visage était tellement rouge et bouillant qu’il sentait qu’il allait bientôt exploser.

— Oh merde ! Ça se voit ?

— Bah… complètement, ouais !

Matt se mit à nouveau à rigoler comme un con. Plus Alec était ridicule, plus ça l’e faisait marrer.

— Mais c’est pas censé durer que quelques heures, ces trucs-là ?

— Ça dépend de la force avec laquelle tu le fais. Là, je dirais qu’il t’a dévoré le cou. Fais gaffe à ce que ça soit pas un vampire, hein !

Alec leva les yeux au ciel, à la fois soûlé par son pote, mais aussi amusé grâce à sa bonne humeur contagieuse, et son art de tout dédramatiser, quelle que soit la situation. C’était un peu grâce à Matt qu’il gardait les pieds sur terre.

— Bon, bah du coup voilà, j’ai dit c’que j’avais à te dire !

— Super ! À moi maintenant !

Alec fronça les sourcils et fixa son pote : lui aussi avait l’air très excité à présent, il se frottait les mains et ses yeux pétillaient.

Alec comprit tout de suite que c’était important…

— Dis-moi ?

— De mon côté aussi, il s’est passé des choses ce week-end !

Il lui lança un regard pervers en passant sa langue sur ses lèvres de manière exagérée.

— Vas-y, raconte ! dit Alec.

— En gros, avec Marion…

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