Chapitre 39

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Matt était en train de l'attendre devant l’ascenseur en tapant du pied. Quand il l’aperçut, il lui fit signe qu’il était en retard en lui montrant sa montre.

— Tu vas être en retard, mec.

— Ta gueule, j’suis pile à l’heure !

Matthieu se mit à sourire.

— J’te taquine. Vu comment t’avais l’air stressé tout à l’heure, j’me dis qu’il faudrait détendre un peu l’atmo…

— J’ai compris ! coupa-t-il. T’as appelé l’ascenseur au moins, gros con ?

Et à ce moment-là, une petite sonnerie retentit, et les portes de l’ascenseur s’ouvrit devant eux.

Alec regarda son meilleur pote et hocha la tête avec satisfaction.

— T’es un chef.

Ils montèrent tous les deux, et Alec se jeta presque pour appuyer sur le bouton « RDC », en priant pour que personne ne se jette au dernier moment pour choper l’ascenseur et bloquer les portes.

Mais la chance semblait être de son côté, cette fois-ci.

Une fois au rez-de-chaussée, Alec traversa la cour d’un pas décidé. Matthieu avait un peu de mal à suivre le rythme mais ne disait rien, pour une fois. Ils arrivèrent rapidement à la sortie, et Alec aperçut Ruben au fond de la rue. Sa respiration se coupa, et il ne savait pas si son coeur s’était arrêté ou s’il battait plus fort que jamais. Il se retourna vers Matthieu.

— Ruben est juste là, alors t’as pas intérêt à faire de connerie, sinon j’te démonte !

Matt se mit à sourire.

— Tu me menaces ?

— Exactement.

Il plissa les yeux et fixa Alec d’un air qui se voulait menaçant.

— Tu sais pas à qui tu t'adresses, jeune homme.

Le front d’Alec se plissa, mais son regard restait le plus glacial possible.

— T’es jamais sérieux, toi…

— Si, mais seulement quand c’est nécessaire !

Il l’ignora et commença à marcher en direction de Ruben. Il avait peur que Matthieu gâche tout, et il commençait déjà à regretter de l’avoir emmené. Il finit par se dire que, de toute façon, ils auraient forcément dû se rencontrer un jour ou l’autre.

Ruben attendait devant l’église, la tête penchée sur son portable. Il avait mis un jogging Nike gris, ses baskets grises, et puis la même veste bleu marine que la première fois.

Matthieu se pencha à son oreille :

— Il fait un peu clodo, ton mec… Et si c’était un michto ?

Alec se tourna vers lui en lui le foudroyant des yeux.

— S’te plaît, fais pas le con devant lui. Vraiment.

Il avait bien insisté sur le "vraiment", avec dans ses yeux un mélange de fermeté et de supplication.

Soudain, son regard croisa celui de Ruben, et il sentit un petit frisson lui parcourir le corps. Pendant un tout petit instant, tout s’arrêta autour d’eux, il avait l’impression de ne plus rien entendre et de ne voir que lui…

Et ce moment dura tellement peu de temps qu’il crut qu’il avait rêvé.

Il combla enfin la distance qui le séparait de lui. Il n’osa pas l’embrasser ni lui faire la bise, à cause du monde qu’il y avait autour d’eux. Il se contenta donc de lui sourire timidement.

Ruben fixa Matthieu d’un air méfiant, il fit un petit pas de recul.

— C’est qui, lui ?

— C’est mon…

Alec se tourna vers Matthieu : il était en train de fixer son Portugais avec cet air de gamin débile, un grand sourire jusqu’aux oreilles et les yeux grands ouverts.

—… meilleur pote, soupira Alec.

Ruben leva les teux au ciel et se désintéressa rapidement de lui. Ce n'était pas du tout ce Ruben-là qu'Alec avait rencontré l'autre jour, la magie avait disparu, et il semblait être redevenu le mec froid avec qui il avait discuté par messages...

— Il m'a beaucoup parlé de toi, lança Matthieu. Et il a réussi à me casser les bonbons. Sachant que ça fait que deux jours que vous vous connaissez vraiment !

Alec vit sur le visage de son pote cet air insolent et moqueur qu'il détestait, et il fut pris d'une terrible envie de l'assassiner sur-le-champ.

Mais Ruben ne semblait même pas l'avoir entendu. Il avait relevé la tête et était en train de regarder au loin. Il avait l'air concentré sur autre chose, derrière eux, et paraissait assez énervé…

— Il veut quoi lui ? lâcha-t-il soudain. Pourquoi il m'fixe ?

Alec se retourna alors pour voir ce qui avait attiré l’attention de Ruben : il aperçut alors Jordan, appuyé contre un poteau, en train de les fixer. Alec crut deviner qu’il était en train de sourire…

"Putain, c'est pas possible..."

— S’il a un problème, j’vais l’goumer !

Ruben commença à s’avancer en direction de Jordan, mais Alec le retint en interposant son bras.

— Nan, t’inquiète, ils sont tous comme ça ici. Fais pas attention.

Son regard croisa celui de Matthieu. Son meilleur pote avait un petit sourire en coin, il haussa les épaules d’un air méprisant, et ça commençait sérieusement à soûler Alec.

— On va aller à un autre endroit, on sera plus tranquille ailleurs. Matt, à demain.

Alec tira Ruben par le bras et commença à s’en aller, laissant Matthieu planté comme un con sur le trottoir. Il l’avait bien cherché, en même temps. Ils s’éloignèrent le plus possible, et ne s’arrêtèrent que lorsqu’ils se retrouvèrent dans une petite rue assez calme et quasiment vide.

— Ils m’ont tous soûlé les p’tits bourges, là ! Et ton pote qui était en train de s'foutre de ma gueule, j’vais m’le faire aussi !

Alec ne savait pas quoi faire pour le calmer, Ruben était en train de gueuler tout seul dans la rue, il allait attirer l’attention des passants.

Alors il fit la première chose qui lui passa par la tête : il déposa ses lèvres sur les siennes…

Même s’il était énervé, les lèvres de Ruben restaient douces. Il pouvait sentir tout son corps se détendre. Un main se balada dans le bas de son dos et le tira contre lui, leurs corps étaient presque collés. Lorsqu’il se retira, il avait l’impression que leur baiser avait duré une fraction de seconde et une éternité ; il avait perdu toute notion du temps.

— T’es calmé ? souffla-t-il.

— Nan mais c’est bon, là.

Ruben se mit à rougir et détourna le regard. C’était comme s’il essayait de montrer sa colère mais qu’il n’arrivait plus à s’énerver. Alec continua de le fixer en souriant, et lorsque leurs regards se croisèrent, le Portugais se mit à pouffer de rire.

— Pourquoi tu me regardes comme ça ?

— Pour rien, répondit-il, amusé. J’te préfère largement quand t’es souriant.

— Ah bon…?

Là, il avait l’air complètement différent, Alec avait l’impression que c’était une autre personne, qu’il avait retrouvé le Ruben de la première fois. Et ça l’apaisait de le voir comme ça, il se sentait à nouveau bien avec lui.

— J’pense que c’était une mauvaise idée de te faire venir au lycée. C’est beaucoup mieux quand on est juste… tous les deux.

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