Chapitre 31

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Une lueur d’inquiétude passa dans les yeux d’Alec. Il n’avait pas le temps de se poser de question, alors il s’éloigna de ses potes sans les prévenir et appela directement Ruben.

Et avant même d’entendre la première sonnerie, celui-ci décrocha.

— Allôôô ? fit-il de sa voix aiguë.

— Qu’est-ce que tu voulais me dire ?

Alec se surprit à être un peu paniqué, son coeur s’emballait et il avait l’impression que celui-ci venait se fracasser contre sa cage thoracique à chaque battement.

— T’es encore à Balard ? lança Ruben avec sa voix rieuse.

Lui n’avait pas l’air très inquiet, au contraire. Où était l’urgence, du coup ?

— Bah oui, pourquoi ? répondit Alec, toujours aussi stressé.

— J’arrive !

Alec mit quelques secondes à réagir. Le temps s’était figé autour de lui, il ne percevait plus aucun son, il ne voyait plus rien. Juste ce « J’arrive ! » qui résonnait dans sa tête et qui s’amusait à ricocher contre les parois de son crâne. Et son cerveau était en ébullition, il mit un instant à tout comprendre.

— Hein ?! se contenta-t-il de beugler.

— Bah j’suis sur le chemin, là !

Il écarquilla les yeux. Ruben aurait pu le répéter 1000 fois, il n’y croirait toujours pas. C’était juste irréel, c’était fou, c’était impensable.

— Mais, bafouilla-t-il, je viens de jouer au foot… Je suis pas présentable !

— J’m’en fous, j’veux te voir quand même ! On se donne rendez-vous où ?

— T’arrives dans combien de temps ? demanda Alec.

— J’suis là dans 30 minutes à la cité universitaire.

— Ok, bah j’pense que j’peux y être dans 30 minutes aussi ! Appelle-moi quand t’es arrivé !

Un sourire s’était dessiné naturellement sur ses lèvres et illuminait son visage. Il raccrocha précipitamment et retourna vers ses potes, à la fois pressé et un peu gêné.

— Les boys… J’dois y aller, j’ai une urgence.

Il pria pour qu’ils ne lui posent pas de questions gênante.

— Ouais, t’inquiète pas, vas-y.

— Merci les gars, c’était cool !

Il leur fit un bref signe de la main avec un demi-sourire, puis il enfila un sweat et mit son sac sur le dos, avant de s’enfuir en courant. Il avait l’impression de partir comme un voleur, ça le mettait mal à l’aise de les laisser tomber comme ça. Mais Ruben avait bien fait la même chose avec sa pote, l’autre jour.

Puis il se mit à courir aussi vite qu’il pouvait, il sentait le vent lui claquer le visage et siffler dans ses oreilles. Et son sac rebondissait contre son dos, avec sa balle toujours dedans. C’était désagréable mais il s’en foutait un peu. Il avait peur d’être en retard : 30 minutes c’était un peu court pour arriver à l’heure au rendez-vous, il ne savait même pas pourquoi il avait dit ce chiffre.

Heureusement, quand il approcha de la station, il vit que le tramway était en train d’arriver. Il piqua une ultime accélération, se faufila entre des voitures qui étaient stoppées au feu rouge, et se jeta dans le tramway juste avant que les portes se referment.

Ça s’était joué à rien. Il regarda le panneau d’affichage de la station et vit que le suivant arrivait dans plus de dix minutes. Il avait bien fait de courir !

Sauf que le tramway allait horriblement lentement…

Pendant qu’il reprenait son souffle, il regardait par la fenêtre les voitures le dépasser tranquillement, et ça commençait à l’agacer. Il avait l’impression qu’il roulait moins vite que d’habitude.

Surtout qu’il devait s’arrêter toutes les deux minutes à une station, les gens montaient et descendaient en prenant tout leur temps.

Le temps passait horriblement lentement, il était en train de penser à ce qu’il pourrait dire à ce Ruben, mais c’était le néant. Il n’arrivait pas à réfléchir, il se rendait compte qu’il ne connaissait pas grand chose de lui… Il avait peur de ne pas trouver de sujet de conversation, qu’il y ait un grand silence et qu’ils se retrouvent tous les deux comme des cons à chercher de quoi parler, un peu gênés.

Il compta le nombre de stations qu’il lui restait. Il voulait retarder ce moment à jamais, mais en même temps il était pressé d’arriver. Il était complètement perdu, il ne savait plus quoi penser. Il s’était adossé au fond du tramway, le regard dans le vide.

Il avait bien transpiré pendant le foot, et comme un con il n’avait pas pris de déo. La sueur avait séché, il espérait que son sweat épais camoufle un peu l’odeur. Ruben allait être dégoûté et le prendre pour un gros dégueulasse. Et le stress continuer de monter, le rythme de son coeur explosait tous les records…

« Cité universitaire », dit la voix du tramway.

Alec releva la tête et prit une grande inspiration, puis souffla longuement : c’était le moment de descendre…

Il redoutait ce moment. Il traversa la rue et se retrouva en face de la gare, qui avait l’air plus imposante que d’habitude… Il sortit son portable et regarda l’heure : pour une fois, il n’était pas en retard. Il avait même une avance impressionnante d’une minute.

Et il resta là, debout, un peu comme un con. Il se mit sur le côté pour laisser les gens aller et venir. Ses mains étaient moites, ses lèvres étaient sèches, il avait envie de tout annuler er de rentrer chez lui. De toute façon, il savait qu’il ne serait jamais prêt, quoi qu’il arrive. Mais là, Ruben avait vraiment choisi le pire moment pour se voir.

Son portable se mit alors à vibrer, et dès qu’il vit le nom de Ruben s’afficher sur son écran, son doigt appuya sur la touche verte, presque par réflexe.

— Allô ? fit-il.

Il avait peur que Ruben entende les battements de son coeur tellement ceux-ci étaient forts.

— J’suis arrivé ! lança le portugais, visiblement tout excité.

Alec regarda attentivement devant lui et fouilla l’entrée de la gare avec ses yeux, mais il ne voyait personne qui ressemblait à la photo qu’il lui avait envoyée.

— J’suis à l’entrée, répondit Alec, fébrile.

— Ah oui, j’te vois !

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