Chapitre 26

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(အခန်း ၂၅ ကဘယ်မှာလဲ။)

Quelques jours plus tard, en France…

Alec reçut un nouveau coup à l’épaule.

— Putain ! râla-t-il. Je t’ai dit que j’avais un bleu !

— Ah merde, répondit Marion. Je croyais que c’était à l’autre épaule.

— J’en ai sur les deux épaules, connasse.

— Eh ! Tu me parles sur un autre ton !

— Tu me traites de con, j’peux t’appeler connasse, nan ? souffla-t-il.

Marion se retourna alors vers lui. Il comprit qu’il avait dépassé la ligne rouge, elle allait lui faire la morale devant tout le monde…

Mais non. Au lieu de ça, elle prit une grande inspiration et essaya de garder son calme. Elle semblait désespérée, des poches s’étaient creusées sous ses yeux, et Alec ne le remarquait que maintenant…

— Alec… soupira-t-elle. Je sais pas ce qui t’arrive, mais ça sert à rien de t’enfermer dans ta bulle. Ça marchera pas tout le temps. Tu le sais, hein ?

— Oui…

Il ne savait pas quoi répondre. Elle avait vraiment l’air inquiète pour lui, ça changeait de la grande folle qu’elle était tout le temps. Ça lui faisait bizarre de la voir aussi sérieuse, c’était tellement rare… Et il s’en voulait, parce qu’il savait très bien que c’était entièrement de sa faute, et elle devait se faire des films à propos de ce qu’il était en train de vivre, elle devait penser qu’elle avait sa part de responsabilité dans cette histoire, alors que ce n’était pas le cas.

— Alors ?

— Bah, euh… bafouilla-t-il.

Il avait envie de lui parler, mais il ne savait même pas quoi dire. Ses lèvres restèrent entrouvertes, sa gorge était sèche. Il restait bloqué, il n’arrivait pas à réfléchir. D’ailleurs, ça faisait plusieurs jours qu’il ne réfléchissait plus avant d’agir, qu’il faisait tout par instinct. Et ça lui avait fait prendre des décisions stupides.

— Qu’est-ce qui t’arrive…? demanda-t-elle une nouvelle fois, la voix brisée. Ça fait des jours que t’es bizarre… J’ai pas l’habitude de te voir aussi froid.

Les mots ne voulaient pas sortir. Peut-être parce qu’il s’était habitué à leur bloquer le passage. À la place, c’étaient des sons impossibles à comprendre et des « euh… » confus. Il la regarda d’un air désolé, il devait être ridicule comme ça.

— Écoute, continua-t-elle. Tu peux te cacher autant que tu veux, je finirai par savoir, que ça te plaise ou non.

— Les élèves ! fit la prof de chinois. C’est donc ici qu’on va se séparer… Ça a été un très beau voyage, je me souviendrai de chacun d’entre vous. J’espère que vous avez aimé la Chine, et que ça vous aura donné envie de retourner un jour !

Tout le monde sourit et partit remercier la prof, certains lui firent la bise, d’autres un câlin, carrément. Alec les imita en réussissant à dessiner un sourire sur son visage.

Il en avait marre de mettre ce masque sans arrêt, de passer pour quelqu’un qu’il n’était pas.

Parfois, il avait envie de crier au monde entier qu’il était gay, et qu’il se foutait de l’avis des autres. Il avait envie de s’assumer, d’arrêter de se cacher et de se sentir enfin libre !

Sauf qu’il n’était pas assez courageux pour le faire, et puis de toute façon, un mec qui fait son coming-out en gueulant dans un aéroport, au milieu de milliers d’inconnus, c’était juste… bizarre.

Chacun partit de son côté, la tête remplie de souvenirs. Alec n’avait pas retenu grand chose de la Chine, il n’avait pas vraiment eu la tête à ça.

Après ce qui s’était passé avec Jordan, il n’avait pas vraiment profité de ce voyage, et il s’en voulait un peu, parce que ses parents avaient payé une blinde pour lui, et qu’il ne partirait pas à l’étranger avant quelques années.

Il avait croisé à de nombreuses reprises le regard de Jordan, qui malgré sa « prévention », avait encore peur qu’Alec fasse une connerie en dévoilant tout. Mais heureusement pour lui, il avait complètement abandonné l’idée de balancer quoi que ce soit. D’ailleurs, s’il avait pu oublier ce qu’il avait vu, ça l’aurait arrangé.

— Alec.

Il lui sembla entendre son prénom. Il releva la tête. Marion était encore en face de lui, les mains sur les hanches. Il fallait bien qu’il lui dise quelque chose…

— Écoute, bredouilla-t-il, ça te dérange si je t’explique tout ça par messages ?

Et en disant ça, il ne put s’empêcher de regarder Jordan du coin de l’oeil, comme s’il était en train de faire quelque chose de mal. Heureusement pour lui, Jordan était occupé à draguer Alice. Il devait sûrement être en train de prendre son numéro.

De toute façon, il n’avait pas à s’inquiéter à propos de lui. S’il fermait sa gueule, Jordan n’aurait aucune raison de faire quoi que ce soit, et tout irait bien !

— Bon d’accord, si ça te fait plaisir… Mais essaye de faire un effort, ça te fera du bien de te confier à moi, droit dans les yeux.

— Désolé, j’suis qu’un lâche.

— Ferme ta gueule, gros con.

— J’espère au moins que c’est pas trop grave.

— Bah tu verras, répondit-il en haussant les épaules.

Il ne savait même pas ce qu’il allait lui dire, et ce qu’il allait lui cacher. Il n’avait pas envie d’inventer un autre baratin, il avait trop menti pendant ce voyage et il avait bien compris que ça ne servait à rien.

— J’suis désolée, mes parents sont déjà là, j’vais devoir y aller…

— T’inquiète, on se reparlera très vite, de toute façon.

— Oui, t’as intérêt, p’tit con.

Et il sourit bêtement, parce qu’elle aimait bien transformer des insultes en surnoms affectifs.

— Vas-y, j’te retiens pas, fit-il, même s’il en avait envie.

— À plus…

Et puis elle partit en essayant de lui sourire et de retenir ses larmes. Puis elle se mit à galoper en direction de ses parents, elle devait sûrement être impatiente de les revoir, elle.

Alec sortit son portable pour dire aux siens qu’il était bien arrivé. Il y avait toujours cette fissure sur le coin de son écran.

Il se dit que c’était l’occasion pour un nouveau départ. Peut-être qu’il commencerait à s’assumer, à partir de maintenant. Il ne savait pas vraiment ce qu’il allait faire, mais il avait envie de changer, d’arrêter de mentir, de se cacher… Comme ça, il pourrait être fier de lui, et ne plus baisser les yeux…

Il sentit son portable vibrer dans sa main : sa mère avait répondu en quelques secondes.

« On est en route vers l’aéroport, on te rappelle quand on arrive »

« Combien de temps environ ? » répondit-il.

« 1h30 »

Une heure et demie à attendre… Il soupira bruyamment, ça le faisait clairement chier. Marion était partie, et il n’avait rien à faire.

Alors il sortit son portable, regarda les différents noms dans son répertoire, faisant défiler la liste avec un peu de lassitude. Qui allait bien vouloir perdre 1h30 avec lui au téléphone ?

Et soudain, il s’arrêta sur un nom qui retint son attention. Il tapota dessus et colla son portable contre son oreille.

Un long bip, puis un deuxième… Au moins, ça sonnait. Mais il n’était même pas sûr que l’autre allait décrocher. Un troisième bip…

Et soudain :

— Allô ? fit une voix familière.

Alec se mit à sourire doucement.

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