Chapitre 20

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— Aleeeec !

Il fut tiré du monde des rêves avec la délicatesse habituelle de Marion, qui était en train de prendre son épaule pour un sac de boxe. Il ouvrit les yeux avec difficulté, en se rendant compte qu’il avait probablement dormi durant tout le trajet, mais que c’était loin d’être suffisant.

— J’étais en train de rêver… grommela-t-il. Tu sais que c’est hyper mauvais de réveiller les gens en plein rêve ?

— Et c’est encore plus mauvais de rater le terminus, et de finir tout seul dans le train, au milieu d’un hangar sombre dans un pays dont tu ne connais pas la langue. D’ailleurs, c’était quoi ton rêve ?

— Je vais quand même pas te raconter mon rêve… dit-il.

— Je croyais qu’on se disait tout, à présent ! Et puis, il faut toujours raconter ses rêves. Imagine si Martin Luther King avait dit : « j’ai un rêve, mais j’ai pas envie d’en parler ».

— Haha, très drôle…

— Tu m’énerves Alec. T’aimes bien Freddy Mercury ?

— Ben oui, mais je vois pas trop le...

Elle le coupa :

— Si tu me racontes pas tout de suite ton rêve, tu vas pouvoir le rencontrer en vrai.

Et elle lui asséna un énième coup à l’épaule. Il n’avait même pas la force de grimacer ou de lui répondre, il ne se sentait pas bien...

Le train était en train de ralentir, Alec avait la tête qui tournait à cause du réveil trop brutal : d’habitude, il prenait un bon quart d’heure pour se lever du lit. Il sentait un peu d’agitation autour de lui, les gens commençaient déjà à se préparer à descendre.

Il se frotta les yeux et s’étira longuement, puis regarda son reflet à travers la fenêtre du train, et vit qu’une grande partie de sa joue était rouge… C’était normal, il avait quand même dormi durant plusieurs heures, le visage écrasé contre cette fenêtre.

Il se jura de rattraper son sommeil intégralement, et de se coucher le plus tôt possible. Parce que là, ce n’était plus possible : il ressemblait à un zombie. Et encore…

— Allez, hop hop hop ! lança Marion en lui frappant à nouveau l’épaule.

— J’vais finir par avoir un gros bleu, protesta-t-il.

— Roh, qu’est-ce que tu peux être chiant quand tu viens de te réveiller !

— Et toi, qu’est-ce qui te rend aussi excitée ?

— Bah on va visiter Pékin ! Ça va être trop génial, il y a plein de choses à voir !

Ils descendirent tous du train, Marion était de super bonne humeur, peut-être aussi parce qu’elle venait d’apprendre qu’Alec était homo, et qu’elle avait sûrement rêvé d’avoir un « meilleur ami gay » pour aller faire des courses, lui raconter des trucs qu’elle ne dirait pas à d’autres garçons, et lui jeter des regards complices dès qu’ils passeraient un côté d’un beau mec.

Ils montèrent dans un car qui les mena directement à l’hôtel, afin de déposer leurs bagages. C’était plus petit qu’à Shanghai, mais ça avait quand même du charme. Il y avait de la moquette par terre, avec des dragons, des serpents et des moines.

— Bien, on va pouvoir former les groupes pour les chambres ! Je vous laisse vous débrouiller.

La plupart ne changèrent pas et restèrent avec leur partenaire de chambre de la dernière fois. Alec n’avait aucune envie d’aller avec Jordan, sauf que les deux autres Premières s’étaient déjà mis ensembles…

— Hey, salut, fit une voix derrière lui.

Il se retourna brusquement, un peu surpris. C’était Thibaut, le seul garçon de Terminale. Il avait l’air un peu gêné et passait sa main dans ses cheveux pendant qu’il parlait.

— Ça te dirait qu’on aille dans la même chambre ? proposa Thibaut. La dernière fois, je me suis retrouvé tout seul, et c’est un peu chiant.

— Ouais, t’inquiète, répondit tranquillement Alec, en essayant de cacher sa joie immense de ne pas avoir à dormir avec Jordan.

— Super mec, merci !

Alec serra le poing et souffla un petit « Yes ! » de victoire. N’importe qui, mais surtout pas Jordan, et encore moins après ce qui venait de se passer dans le train. Il avait été marrant au début, mais il était devenu carrément lourd et blessant. Tant mieux s’il se retrouvait tout seul, c’était bien fait pour sa gueule. Et il l'avait cherché, de toute manière !

Thibaut rejoignit la prof pour aller demander les clés de la chambre et annoncer qu’il dormait avec Alec, puis il lui fit signe de le suivre. Alec s’avança, un grand sourire dessiné sur ses lèvres. Il vit du coin du regard que Jordan était en train de le fixer, assis sur le côté.

Ils eurent tout juste le temps de découvrir leur chambre et de déposer leurs valises, car il fallait déjà repartir pour les visites. Et il restait peu de temps avant le coucher du soleil.

— Vous allez découvrir Pékin de nuit, c’est très beau ! lança la prof.

De toute façon, tout ce qui était chinois était « très beau » pour elle. Elle n’avait fait que répéter ça à chaque fois qu’elle présentait un monument ou un lieu.

Ils visitèrent un grand jardin, qui appartenait à un riche propriétaire, avec quelques statues. Ils en profitèrent pour prendre une photo de groupe, Jordan était un peu sur le côté, et tirait un peu la gueule...

— Jordan ! Tu ne rentres pas dans le cadre ! fit la prof, qui tenait l’appareil photo.

Elle fit un petit geste de la main, lui signifiant qu’il devait se décaler, ce qu’il fit à contrecoeur. Il arbora son sourire irrésistible, mais celui-ci avait moins d’éclat. La fatigue à cause de la nuit précédente devait probablement lui peser, si ce n’était autre chose…

Les visites continuèrent, ils découvrirent les rues de la ville dans des sortes de tuk-tuk qui les emmenèrent dans une petite balade.

Puis vint le moment que tout le monde attendait avec impatience : le dîner.

Le restaurant était grandiose, il s’élevait sur plusieurs étages, avec plein de grandes tables rondes, avec ces fameuses plaques de verre tournantes. Et une nouvelle fois, les serveurs défilèrent autour d’eux, avec des plats tous plus succulents les uns que les autres. Il y avait du chou, des boulettes de boeuf, beaucoup de nouilles, un grand bol de riz sauté avec de l’omelette, des carottes et des courgettes, et bien d’autres…

— Humpf ! J’vais prendre dix kilos à cause de ce voyage. C’est trop bon ! s’exclama Marion, en voulant goûter tous les plats qui se trouvaient sur la table.

Alec aussi se régalait, il avait besoin de regagner des forces et ce repas lui remontait le moral. Il n’avait plus vraiment faim, mais il s’en foutait et continuait d’engloutir des tonnes de nourriture, ça lui faisait beaucoup de bien.

Après ça, ils rentrèrent tous à l’hôtel, le ventre bien rempli. Personne n’avait trop envie de refaire une soirée, ils avaient tous besoin de rattraper du temps de sommeil. Alors ils regagnèrent tous leur chambre…

Quand Alec débarqua, Thibaut était déjà assis au fond de son lit, en ayant calé un oreiller derrière sa tête, son portable sous ses yeux.

Il avait l’air concentré, alors Alec en profita pour le mater un peu, juste pour le plaisir des yeux…

Thibaut était plutôt pas mal, avec des yeux bleu-gris et des cheveux coiffés sur le côté. Il était imberbe, sa peau semblait douce vue de loin et son teint était légèrement hâlé. Il était assez attrayant, et puis il avait l’air gentil et calme, ça changeait complètement de Jordan…

— Coucou ma chérie ! lança Thibaut devant son téléphone. Tu m’as beaucoup manqué, aujourd’hui…

Donc il avait une copine…

Finalement, en y regardant deux fois, Thibaut n’était pas si beau que ça. Il avait un gros nez, et puis Alec préférait les mecs virils, en fait.

Il décida de laisser Thibaut tranquille avec sa copine, et sortit son téléphone à son tour. Le mot de passe wifi avait été indiqué sur un petit papier posé sur la table de chevet, juste à côté du lit. C’était pratique, mais il ne peut s'empêcher de penser à Jordan en voyant ça... Il ferma les yeux et prit une grande inspiration : il était temps d'oublier ce gars.

Il le recopia avec difficulté, et dès qu’il vit le logo du wifi s’afficher en haut de son écran, son premier réflexe fut d’envoyer un message à Ruben…

« Je suis là ! :D » lança-t-il.

« Aaaah bah enfin ! Je t’attendais :) »

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