Chapitre 8

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— Oh ça va je te taquine, fit Jordan en rigolant tout seul au milieu des autres passagers. On peut pas rigoler, de temps en temps ?

— Jordan, tu déranges tout le monde, lui lança la prof.

— Vous êtes tous des coincés du cul ici !

— Pardon ?! s’écria-t-elle, visiblement choquée.

Là, tout le monde s’était retourné pour assister à la scène entre Jordan et la prof de chinois, même les autres passagers.

— Nan mais c’est bon, Madame, j’ai rien dit… murmura Jordan à demi-mots, voyant que tout le monde l’observait.

— Tu ne me parles pas sur ce ton, Jordan ! s’écria la prof avec son accent chinois.

— Oui Madame, je ne recommencerai plus, répondit-il en imitant son accent.

Là, c’était la fois de trop. La prof ouvrit des yeux ronds comme des billes, et son visage devint progressivement rouge, prêt à exploser. Tout le monde retenait son souffle, personne ne parlait dans l’avion, Jordan gardait son petit sourire arrogant, mais son regard trahissait une peur naissante : il commençait à comprendre qu’il venait de faire une connerie…

La prof regarda autour d’elle et se rendit compte que tout le monde était en train de l’observer. Mais quand elle tourna la tête, les gens détournèrent le regard et firent semblant d’être occupés à faire autre chose.

— Jordan, fit-elle du ton le plus glacial possible. Tu vas t’asseoir à côté de moi pendant le vol, on aura des choses à se dire.

— Oui Madame, répondit-il, un peu inquiet, mais toujours avec cet air provocateur qui était naturel chez lui.

— Bien, assieds-toi là, lança-t-elle en pointant sévèrement un siège du doigt, à côté du hublot, juste devant celui où Alec était assis. Comme ça, tu ne parleras à personne du voyage, sauf à moi, et uniquement en chinois. Tu as interdiction de te retourner pendant tout le trajet.

— Mais Madame…

— Il n’y a pas de « mais » ! interrompit-elle avec son accent qui le faisait pouffer de rire.

Alec se tourna sur le côté pour cacher son visage rayonnant et essaya de s’empêcher de sourire. D’ailleurs, tout le reste du groupe avait l’air ravi de voir Jordan se faire remettre à sa place. Il avait déjà dû soûler tous les Terminales en 5 minutes chrono.

Alors Jordan s’assit en boudant, le visage cramoisi, vexé de s’être fait humilier devant tout le monde, préparant sûrement une vengeance. Des profs, il en avait fait baver, et celle-ci était loin d’être la plus impressionnante. Jordan était quand même un spectacle à lui tout seul, son arrogance atteignait des sommets inimaginables et personne n’en connaissait les limites. Alors Alec savait pertinemment qu’il ferait tout pour laver l’affront.

En attendant le décollage, Alec regarda sur son portable pour voir si Ruben lui avait envoyé un message…

« Beau gosse ! ;) » avait-il reçu, ce qui le fit rougir légèrement.

Cette fois-ci, il essaya d’être plus discret avec son téléphone et de ne pas se faire remarquer. Jordan avait l’air d’être trop occupé à faire la gueule dans son coin, Marion était en train de chercher des affaires dans son sac, c’était parfait pour avoir un petit moment tranquille.

« Toi aussi t’es pas mal ;) » écrivit-il sincèrement.

« Tu fais quoi ? :) »

« Là j’suis dans l’avion, on va bientôt partir :D »

« Ah je vois :/ Ça veut dire que tu vas arrêter de me parler ? »

« Oui mais on pourra continuer après mon vol :) »

« Ouais mais il dure combien de temps ton vol ? »

Alec se tourna alors vers Marion, toujours en train de fouiller dans son sac. Une vraie bordélique, celle-là…

— Pssst ! souffla Alec. Il dure combien de temps le vol ?

— T’es pas obligé de chuchoter, répondit-elle avec un sourire ironique.

— Réponds à ma question ! lança Alec, un peu impatient.

— Je dirais 11-12 heures, pourquoi ?

— Pour savoir, comme ça, mentit Alec.

Puis il s’empressa de sortir son portable pour répondre à Ruben…

« 11-12 heures je crois »

« Ah ouais c’est long… »

« Oui :( »

Alec ne comprenait pas trop pourquoi, mais il se sentait un peu bizarre. Le fait de savoir qu’il ne parlerait pas à Ruben le rendait étrangement triste, alors qu’il ne l’avait envoyé que quelques dizaines de messages et une photo. Peut-être que c’était parce qu’il était un peu sur les nerfs, ces derniers temps…

— Mesdames et Messieurs, bienvenue sur à bord du vol en direction de Shanghai…

Alec releva la tête pour écouter les instructions. Des hôtesses et des stewards se placèrent au milieu du couloir et commencèrent à gesticuler dans tous les sens. Alec crut tout d’abord qu’ils traduisaient en langage des signes ce que la voix de l’avion disait, puis il comprit enfin qu’il s’agissait des gestes à faire en cas d’urgence.

— Mettez vos portables en mode avion, ou éteignez-les…

Alec avait déjà entendu parler de ça. Il avait lu sur internet que des avions pouvaient se crasher à cause de ce genre de choses. Alors il se précipita de taper un tout dernier message à Ruben, histoire de lui dire au revoir…

« Je vais devoir te laisser, on va bientôt décoller :( »

— Alec ! s’écria la prof de chinois. Tu n’as pas entendu les consignes ?

— Si Madame, j’arrive.

Il appuya sur le bouton d’envoi, et rangea son portable dans sa poche.

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