Chapitre 5

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Alec se trouvait dans la voiture, assis à l’arrière aux côtés de son petit frère, Loïc. À l’avant se trouvaient ses deux parents. Il était six heures du matin, Loïc luttait contre le sommeil, Alec avait le front collé contre la vitre, observant le paysage défiler lentement. Il n’y avait pas grand chose à voir : quelques maisons classiques, des arbres, des routes et d’autres voitures qui se rendaient toutes au même endroit.

Aucun d’entre eux ne parlait. Alec n’avait aucune envie d’engager une conversation, ce silence lui allait très bien. Il sortit son portable pour envoyer un message à Ruben, même s’il avait peu de chances de recevoir une réponse rapidement, vu l’heure.

« Salut, t’as bien dormi ? :) »

Puis il rangea son portable dans sa poche, cala sa tête contre la fenêtre froide, et ne tarda pas à fermer les yeux…

***

— Allez, on est arrivé.

La voix dure et froide de son père le fit sursauter. Il ouvrit les yeux avec difficulté, ébloui par la lumière extérieure, encore à moitié endormi.

Il mit quelques secondes avant de se rendre compte qu’il était encore dans sa voiture, la tête posée contre la vitre. Il avait l’impression que sa sieste avait duré quelques secondes à peine.

Le véhicule était à l’arrêt, son frère dormait paisiblement à côté, et un petit coussin avait été placé contre sa tête. Pourquoi il avait-il droit à un coussin, et pas lui ?

Il se retourna pour râler, mais ses parents n’étaient plus là.

Alec se tourna donc vers la fenêtre, et il comprit qu’ils étaient arrivés à l’aéroport. Sur sa gauche se trouvait un grand parking où des tas de voitures et de taxis s’arrêtaient quelques minutes, le temps de descendre et de prendre les valises, puis repartaient aussitôt.

— Bouge ton cul.

Ça venait de derrière. Alec se retourna donc, reconnaissant la voix de son père, qui avait le don de lui faire lever les yeux au ciel à chaque fois qu’il parlait.

Le coffre s’ouvrit alors, laissant apparaître le visage sans expression de son paternel, qui ne prenait même pas la peine de le regarder en face. Alec plissa les yeux, et vit sa mère, une dizaine de mètres plus loin, déjà en train de fumer sa deuxième clope de la journée. Elle était vraiment incapable de tenir plus d’une heure face à cet irrésistible besoin de s’encrasser les poumons…

Alec soupira. Il ouvrit la portière et sortit de sa voiture. Il put profiter d’un air un peu plus frais que celui que cette éternelle odeur de tabac froid mélangé à du vomis, qui régnait à l’intérieur du véhicule.

Et tandis qu’il s’étirait et se dégourdissait un peu les jambes, il lui sembla remarquer Marion au loin, en train de tirer sa valise, marchant en direction de l’entrée du terminal.

C’était la première bonne nouvelle de la journée, et rien qu’à la voir, Alec retrouva immédiatement le sourire.

Il marcha rapidement jusqu’à son coffre, bouscula légèrement son père, en n’oubliant pas de s’excuser pour ce geste malencontreux, saisit son énorme valise dans laquelle il avait réussi par miracle à ranger toute sa garde-robe, et la tira hors de la voiture à la force de ses maigres bras.

— Bon, j’y vais, j’ai vu une pote, lança-t-il à son père.

Celui-ci ne répondit pas, et Alec hésita à lui écraser les pieds avec sa valise, surtout qu’elle devait peser au moins vingt kilos. Mais il eut finalement pitié, et se contenta de passer devant lui en marchant comme une star, la tête haute, l’allure fière, un petit sourire en coin.

— Alec !

Il voulut accélérer légèrement le pas pour éviter un moment de gêne devant tout le monde, mais il n’allait quand même pas ignorer sa propre mère, ça aurait été vache.

Alors il s’arrêta, et laissa sa mère combler les quelques mètres qui les séparaient. Elle était en train de courir, comme si elle avait peur qu’il s’échappe. Elle n’avait peut-être pas tort.

— Un p’tit bisou avant que tu partes ! dit-elle, lorsqu’elle arriva enfin devant lui, essoufflée. Dix jours sans toi, qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire ?

— Être tranquilles ? lança-t-il froidement.

Et elle perdit aussitôt son début de sourire. Avec un regard, elle lui fit comprendre qu’il aurait mieux fait de la fermer.

Alec crut détecter une once de tristesse dans les yeux de sa mère. C’était quand même une maman, et il savait qu’elle l’aimerait quand même, quoiqu’il arrive…

Elle le prit dans ses bras et déposa sur ses joues un bisou bien baveux, avec les mêmes lèvres qui avaient touché sa cigarette quelques minutes plus tôt. Alec la maudit intérieurement d’avoir laissé son odeur de clope se mélanger avec son parfum.

Voyant qu’elle était en train de lui foutre la honte, et qu’il était déjà en train de sortir de son étreinte, elle lui dit, avec une voix un peu émue :

— Même si tu me crois pas, tu vas me manquer.

— Toi aussi, Maman, fit-il en levant les yeux au ciel.

Avec une agilité hors du commun, il se glissa hors de ses bras, et tira sa valise d’un pas décidé, sans prendre le temps de regarder derrière, tandis que ses parents le voyaient s’éloigner petit à petit, un peu tristes malgré tout.

Alec avança alors en direction de sa pote, qu’il avait aperçue au loin quelques instants plus tôt. Il cria son nom :

— Marioooooooon !

Mais elle ne semblait pas l’entendre, il y avait trop de bruit autour de lui. Alors il se dépêcha pour la rattraper, et tapa le sprint de sa vie, de peur qu’il la perde de vue, puis il arriva enfin jusqu’à elle.

— Hey, salut toi ! fit Marion en l’apercevant.

— Tu vas bien ? lança Alec en lui faisant la bise.

— Bah écoute, réveil difficile, hein. Bon, tu restes avec moi jusqu’à ce qu’on trouve le groupe, au moins si je me perds je serais pas seule !

Ils pénétrèrent tous les deux dans le hall d’entrée de l’aéroport, tout en tirant leurs valises. C’était gigantesque, ils se retrouvèrent devant des flots incessants de gens innombrables qui allaient dans tous les sens, il y avait des panneaux partout, avec plein de petites lumières de toutes les couleurs qui clignotaient, et un bruit hallucinant.

Tous les deux se sentirent perdus dans cette immensité…

Soudain, Alec sentit une vibration dans sa poche. Il sortit son portable, et découvrit avec une grande joie qu’il avait reçu un message de Ruben !

« Salut :) Bof j’me suis fait réveiller par mon chien

Et toi ? »

— C’est qui ? lança Marion.

Alec releva brusquement la tête, comme un enfant prit la main dans le sac de bonbons.

— Depuis quand tu t’intéresses à ma vie privée ?

Marion se contenta de rire diaboliquement. Alec soupira : il savait qu’il allait avoir droit à un interrogatoire détaillé pour avoir simplement souri devant un message.

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