Chapitre 3

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Six semaines plus tard…

Tout s’était bien passé, Alec s’entendait assez bien avec ses nouveaux profs, il avait retrouvé ses potes de l’année dernière et il avait repris sa vie normalement. Il pensait de moins en moins à ce qui s’était passé pendant les vacances d’été, il avait arrêté de faire des cauchemars toutes les nuits et les marques sur son corps avaient entièrement disparu.

Alec était dans sa chambre, debout, les mains sur les hanches. Devant lui se trouvait une valise ouverte et à moitié remplie, avec des piles de vêtements éparpillés par terre tout autour, dans sa chambre : un joli bazar. On aurait dit une scène de crime.

Il soupira. Ça faisait dix minutes qu’il était comme ça, debout face à son bordel, à se creuser la tête pour savoir s’il n’avait rien oublié. Il balaya sa chambre du regard, en passant par les chaussettes, puis les t-shirts, les pulls et les pantalons.

— Besoin d’aide ? lança sa mère, qui débarquait dans la chambre.

Elle s’arrêta net quand elle tomba sur tous ces vêtements éparpillés. C’était comme si Alec avait foutu par terre tout le contenu de son armoire, et c’était presque le cas. Il avait l’air désespéré.

— Ouais, j’veux bien… soupira-t-il. Pour dix jours de voyage, je dois prendre combien de t-shirts ?

— Euh, bah, logiquement… Je dirais dix, ça en fait un par jour !

— Mais j’en ai pas assez ! râla-t-il.

— Eh bien pour économiser, tu pourras en mettre certains deux jours de suite.

— Ah non, c'est mort. C'est dégueulasse !

Elle leva les yeux au ciel. Il devait être le seul fils au monde à être plus maniaque que sa mère.

— Bah tu feras un effort, exceptionnellement.

Alec grimaça à cette idée, pendant qu’elle était déjà en train de mettre un peu d’ordre dans ses affaires. Il s’agenouilla pour l'aider, regroupant les chaussettes d'un côté, les pantalons de l'autre, etc.

— Je sais pas si ça va rentrer… souffla-t-il devant la quantité de vêtements qui se trouvait au sol.

— C’est la plus grande valise que j’ai trouvée, donc t’as pas le choix. J’vais m'asseoir dessus et on verra si on arrive à la fermer !

Ils commencèrent à faire l’inventaire des vêtements et des affaires à prendre. L’heure défilait à toute vitesse, et le fait qu’Alec refuse tout le temps de retirer des vêtements ne facilitait pas la chose.

Après dix longues minutes à galérer et à s’engueuler, ils s’accordèrent une petite pause. Alec descendit dans le salon pour prendre deux canettes de Coca dans le frigo. Il en passa une à sa mère, et garda l’autre pour lui.

La sensation de fraîcheur qui coulait dans sa gorge lui faisait du bien, il en avait besoin. Il commençait à avoir chaud, alors il retira son pull.

— Dis maman, je peux te poser une question ? lança-t-il, entre deux gorgées.

— Oui, vas-y.

— Comment t’as fait pour me payer ce voyage ?

Elle rougit un peu. Elle semblait chercher ses mots, elle évitait le regard d’Alec, comme si elle avait peur d’être jugée. Puis, après quelques longues secondes de réflexion, elle se retourna vers lui en essayant de sourire.

— Ne t’inquiète pas. Profite du voyage, c’est tout ce que je demande.

— D’accord… répondit-il, comprenant qu’il ne servait à rien de forcer.

Après ce petit moment de gêne, ils posèrent leur canette à moitié vidée sur une chaise, et reprirent ce qu’ils étaient en train de faire. Ils vérifièrent quinze fois qu’il n’avait rien oublié, puis ils rangèrent enfin toutes les affaires dans la valise.

Ils forcèrent pendant au moins dix minutes pour tout faire rentrer à l’intérieur et réussir à la fermer. Ils grimaçaient tous les deux et leurs visages devenaient rouges. Sa mère commença à lâcher des tas de jurons, elle était sur le point de péter un câble. Mais après avoir finalement retiré encore quelques vêtements, ils réussirent enfin à fermer cette foutue valise.

— Putain ! s’exclama-t-elle, avec un air de satisfaction.

Et pendant qu’ils reprenaient leur souffle, Alec pensait à ce voyage… Ça allait être la toute première fois qu’il allait partir à l’étranger. Il redoutait plein de choses : le trajet en avion, la découverte de nouveaux gens, de nouvelles coutumes, et puis la perte totale de tous ses repères.

Il savait très bien, pour l’avoir déjà vécu, qu’il n’arriverait jamais à dormir dans un autre lit que le sien, qu’il ne se sentirait jamais à l’aise ailleurs que chez lui. C’était comme ça, à force de toujours rester à la maison, il y avait pris racine.

Au moins, ce voyage lui avait permis de récupérer son portable, confisqué trois mois plus tôt, « parce qu’on ne sait jamais ce qui peut se passer là-bas », avait-il dit à ses parents.

Et ça leur permettrait d’avoir des nouvelles de lui.

D’ailleurs, dès qu’il l’avait eu entre les mains, il s’était empressé d’installer des tas d’applications : des jeux pour tuer le temps ; des « VPN » comme lui avait conseillé Matthieu, qui voyageait souvent et qui lui avait dit que c’était « très pratique », même si Alec n’avait toujours pas compris à quoi ça servait…

Et puis… il y avait aussi une dernière appli, avec un nom bizarre mais un concept qui l’avait intéressé : il s’était créé un profil avec une description de lui, où il avait précisé qu’il était gay, « au cas où ». Il ne croyait pas vraiment aux applis de rencontre, mais il s’était dit qu’il n’avait rien à perdre. Et puis… on ne sait jamais ce qui peut nous arriver !

Le fonctionnement était assez original. Tout le monde pouvait voir son profil et commencer à lui parler, mais sans qu’il puisse savoir de qui il s’agit : leurs noms étaient masqués, ils étaient dans l’anonymat le plus total, alors qu’eux pouvaient voir tout ce qu’Alec avait rentré dans sa description.

Ça marchait aussi dans le sens inverse : Alec pouvait voir les profils d’autres gens et commencer à leur parler, sans que ceux-ci puissent voir le sien.

Alors il avait mis sa plus belle photo de lui, tout souriant, mettant en valeur ses fossettes, et les cheveux décoiffés, comme à son habitude.

Au début, il avait reçu une dizaine de messages du genre « Tu veux qu’on nude ? » avec un emoji pervers. Ils n’avaient même pas pris la peine de dire bonjour.

Ça l’avait soûlé, il avait alors sérieusement pensé à supprimer l’application, en se disant qu’il s’était retrouvé dans un repère d’obsédés.

Mais il reçut un dernier message, tout simple, mais différent des autres…

« Hey, moi c’est Ruben :) »

Au moins, il avait le mérite de dire bonjour, contrairement aux autres.

Un petit sourire se dessina sur les lèvres d’Alec, il se mit aussitôt à pianoter sur son écran pour lui écrire une réponse...

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