Lettre à Brigitte
Ma chère Brigitte, il s'est passé beaucoup de temps depuis la dernière lettre dans laquelle je formulais un espoir, celui de te voir auprès de moi. C'était une lettre aux allures d'invitation au voyage. Un voyage non pas là où tout n'est "qu'ordre, luxe, calme et volupté", non.
Je t'invite à un voyage là où tout n'est que désordre, indigence, tourment et chasteté. Un voyage au pays du renoncement. Non seulement au renoncement de la chair mais aussi à celui des biens matériels dont la société de consommation ne cesse de nous abreuver.
La vertu du renoncement qui est une flagellation de l'âme pénitente.
Oui ma chère Brigitte, au renoncement. Oui, au renoncement de la chair, Brigitte. Oui, au renoncement de la possession. Nous serons libres. Nous vivrons comme des clochards affreux, sales et gentils. Nous serons affranchis de toutes les contraintes liées au désir insatiable de posséder. Ce désir puissant, terrible et finalement méprisable.
Oui, renoncer à cette chimère après laquelle l'homme court depuis des millénaires sans avoir trouvé le bohneur. Cette chimère qui consiste à posséder le trop plein et l'inutile.
Je t'invite à renoncer.
Ton Adrien qui t'aime et qui ne renonce jamais.
Nicodème Pichegru
Annotations
Versions