Première Partie 

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Je faisais les cent pas d’un air peu léger le long de la pièce. Depuis que je vivais seule et un peu éloignée des autres, la nuit et sa longue cape noire étouffaient complètement mon esprit. Lorsque la Lune se montrait, je savais que ce n’était que synonyme de terreur. Comme à mon habitude, j’écoutais doucement de la musique pour ne pas avoir à supporter ce silence angoissant et je m’allongeais tant bien que mal dans mon lit, essayant de me rassurer toute seule.

Un bruit venant de ma fenêtre me sortit de mes rêveries pour me plonger dans une nouvelle paranoïa. J’essayais de l’ignorer mais il vint une nouvelle fois de l’autre fenêtre. Je commençais doucement à m’imaginer un scénario d’horreur dans ma tête. Le bruit se refit entendre et je devinais que c’était un caillou qui cognait contre la vitre. Mais alors que je me redressai dans un élan de courage, le bruit se fit entendre contre la vitre du rez-de-chaussée. Un frisson parcourut tout mon corps et me paralysa. Je me figeai sur le coup en espérant que ça cesse. Malheureusement, la pierre frappa une autre fenêtre du salon. Continuant sur ma lancée, je me levai pour m’approcher des escaliers qui se finissaient juste en face de la porte d’entrée.

Alors que je descendais une marche, la poignée de la porte s’enfonça. Mes yeux s’écarquillèrent et ma respiration se coupa. Même si j’avais pris soin de la fermer à clé, mon cœur n’en était pas pour autant rassuré. Je regagnai ma chambre en essayant de faire le moins de bruit possible et pris mon téléphone pour appeler la police. Alors que j’allais composer le numéro une autre pierre frappa ma fenêtre et un rire sinistre suivit. Je tournai lentement la tête vers la fenêtre et me dirigeai vers elle. Mon cœur battait beaucoup trop vite pour que j’essaie de reprendre mon calme. Une fois sur le côté de la fenêtre, j’écartai un petit peu le store et une larme coula le long de ma joue.

Il y avait un clown. Un clown habillé d’un pull à rayures jaunes et vertes avec un short en jean aussi vert que le haut, des gants noirs ainsi que de grosses chaussures de marche. Il était grand, beaucoup trop grand. Sa tête était baissée et ses mains derrière son dos. Il était tout simplement terrifiant. Je restais bloquée en attendant de me réveiller. C’était forcément un cauchemar, pas vrai ? Sa tête se redressa et nos regards se croisèrent. Il me sourit de toutes ses dents et me fit lentement bonjour de la main avant d’avancer tout droit vers la porte d’entrée, tout en chantonnant. Je sortis de ma chambre maladroitement et descendis quelques marches de l’escalier avant de voir la poignée s’agiter de haut en bas.

Je n’entendais que le bruit sourd de la poignée et des coups donnés dans la porte. Je courus de nouveau dans ma chambre pour attraper mon téléphone et enfin appeler de l’aide. Mais d’un seul coup la poignée arrêta de se plaindre et le silence s’écrasa dans la maison. Ce fut le silence le plus pénible et le plus insupportable que j'avais sûrement jamais connu. Je ne savais pas combien de temps il allait durer, mais chaque seconde était un supplice. Je n’osais pas encore appeler par peur d’attiser plus la bête qui était dehors, et je n’avais aucune envie de vérifier s'il y était par peur de revoir son visage. Je voulais que ce silence dure des heures entières mais un bruit strident vint en finir. Je sus alors qu’une fenêtre de la cuisine venait de se briser en mille morceaux.

Le même rire grinçant se fit entendre. Je voulus courir vers la salle de bain pour m’enfermer mais tout mon corps tremblait. J’eus tout juste l’énergie pour fermer ma porte doucement et tourner le verrou. Je l’entendais clairement parler gaiement en dessous de moi. Je me laissai doucement glisser contre la porte pour m’asseoir par terre. Des sueurs froides m’envahirent et je réussis à reprendre mon téléphone pour appeler la police. Après une courte attente quelqu’un prit mon appel et j’essayai tant bien que mal d’expliquer en chuchotant la situation dans laquelle je me trouvais. Je lui indiquai mon adresse et elle raccrocha en me rassurant que des voitures allaient arriver. En voulant me relever à l’aide de mon bureau, je m’appuyai sur mon ordinateur qui glissa et tomba au sol dans un fracas. Le sinistre rire retentit une nouvelle fois: j'étais perdue.

Tout en chantant joyeusement, il monta marche par marche les escaliers et s’approcha de plus en plus de ma chambre. Je m’éloignai de la porte d’entrée à quatre pattes tout en la regardant jusqu’à arriver dos à mon lit. Je vis son ombre se grossir jusqu’à voir sa main dépasser sous la porte. Les larmes ne s’arrêtaient pas de s’écraser au sol lorsque sa deuxième main passa elle aussi sous celle-ci. Je vis sa tête allongée au sol puis se tourner vers moi pour me regarder tout en souriant. Jusque là j’essayais d’étouffer tant bien que mal mes pleurs mais je craquai et explosai d’un seul coup. Je lui criai de rentrer chez lui, de dégager de ma maison. Comme réponse il se releva et toqua à ma porte en se parlant à lui-même. Je n’entendais pas clairement ce qu’il disait à cause de ses changements de tons ainsi que de timbre de voix. Après d’éternelles secondes il finit par enfoncer la poignée et ouvrir la barrière qui nous séparait.

Il me fixa et inévitablement la nausée me vint. Comme un ange tombé du ciel, j’entendis les sirènes des voitures de police arriver et il pencha doucement la tête sur le côté. Il arrêta de parler brusquement et prit alors un air énervé. Il fit volte-face et me laissa seule. Quelques secondes après je vomis le peu que j’avais dans mon ventre et étouffais quelques sanglots. Les policiers arrivèrent en courant et finirent par monter dans ma chambre. Ils me posèrent quelques questions sur ma santé et me ramenèrent avec eux.

Encore dans leur voiture j’étais paralysée et persuadée que ce n’était pas réel, qu’il était maintenant temps que je me réveille. Malheureusement, je tournai ma tête pour regarder dehors et mes larmes redoublèrent. Il était là, près d’un panneau que la voiture dépassa en à peine une seconde. Mais c’était plus qu’assez pour le voir mettre son couteau près de sa gorge, tel un avertissement.

Après deux mois pendant lesquels je vécus chez mes parents, j’étais de retour chez moi. Une fois arrivée devant, ma mère me proposa de rester avec moi mais je refusai poliment. Je pris mes clés et ouvris la porte d’entrée, où il restait quelques traces des coups donnés. Je mis un premier pas à l’intérieur et vis que la fenêtre avait été réparée, sûrement par mes parents. Je déposai dans ma chambre le peu d’affaire que j’avais emporté et vis l’ordinateur encore par terre. Je le pris et essayai de l’allumer, en vain. Je le remis sur le bureau avec un post it accroché dessus afin de penser à le remplacer.

La nuit tombait doucement et j’allumai alors quelques lumières afin d’y voir un peu plus clair. Je mangeais quelque chose de léger et éteignis la lumière de la cuisine avant de monter directement dans ma chambre. Je m’allongeais et restais quelque temps sur les réseaux sociaux en écoutant de la musique afin d’oublier l’environnement angoissant qui m’entourait. La nuit était complètement tombée lorsque je me rappelai que je n’avais pas éteint la lumière du salon. Toujours en écoutant de la musique, je descendais calmement les escaliers. Avant d’éteindre la lumière je passais à la cuisine pour me prendre une bouteille d’eau. Je la déposai sur les escaliers et allai au fond du salon, devant les baies-vitrées pour atteindre l’interrupteur. Une grande silhouette s’immisça dans mon champs de vision et mon cœur rata un battement. Il était là. Il était de retour. Il était de dos, à quelques mètres de moi seulement. Je me cachai instinctivement derrière le mur et retirai mes écouteurs mais il s’approcha de l’ouverture de la baie-vitrée et parla assez fort pour que je l’entende:

« J’ai attendu tout ce temps que les lumières se rallument. J’ai attendu tout ce temps pour te revoir~ »

Je n’osai pas bouger, je n’osai même pas respirer. J’étais tout simplement terrifiée. Il m’horrifiait terriblement. Quelques secondes après avoir dit ça, il partit simplement en direction de la route. Il était encore entrain de parler seul. Une fois vraiment parti, je me laissai tomber contre le mur et une larme glissa le long de ma joue. Je me rappelai alors du signe qu’il avait fait lorsque j’étais encore dans la voiture de police. J’ai pourtant longtemps cru l'avoir imaginé.

Une heure passa et je repris enfin mes esprits. Je reçus un message de ma mère pour me demander si j’allais bien, je mentis et lui dit que tout allait merveilleusement bien. Je ne sais pourquoi je ne lui ai pas dit, c’était instinctif. Je montais dans ma chambre en espérant pouvoir m’endormir, même si je savais que c’était tout simplement impossible. Le lendemain, je restai au lit toute la journée jusqu’à ce que la nuit vienne encore une fois. Comme je n’avais rien mangé de la journée je descendis manger rapidement le reste de la veille. Naïvement, j’allumai la lumière de la cuisine pour trouver ce qui me manquait. Je pris mon assiette, éteignis la lumière et montai dans ma chambre. Je commençais à manger calmement lorsque quelque chose heurta la vitre. Je me figeai immédiatement.

Je me rappelais alors avoir allumé quelques secondes la lumière de la cuisine. Mon assiette tomba par terre et j’eus la tête qui tourne. Mon corps bougea mécaniquement vers la fenêtre. Je savais très bien qui j’allais voir. Je savais que j’allais voir ce pull jaune et vert. Je le savais, mais j’y allais quand même. J’écartai comme la dernière fois le store, et comme la dernière fois, il était là. Je ravalai mon vomis difficilement. Nos regards se croisèrent encore une fois, et encore une fois je voulais croire que c’était un simple cauchemar comme ceux qui m'accompagnaient chaque nuit. Il me souriait, tenant un couteau de la main droite. Il mit son couteau près de sa gorge, comme pour confirmer que je n’avais pas simplement rêvé. Soudainement, il prit le couteau et le lança contre la porte. Il me regarda ensuite en murmurant quelques simples mots que je pus lire sur ses lèvres:

« Tu as encore allumé la lumière. Il n’a pas pu s’empêcher de venir te rendre visite~ »

Suivit d’un rire toujours aussi glauque. C’est ainsi que je ne pus dormir non plus cette nuit-là.

Depuis, il vint chaque soir depuis 3 mois. Chaque soir il lançait une pierre jusqu’à ce que je vienne le voir. Chaque soir je manquai de m’écrouler, de craquer sous la pression. Il n’était plus jamais entré, mais il me hantait comme le ferait un démon. Je ne dormais plus la nuit et me contentais de quelques bouts de pain. Je n’avais plus aucune énergie. Jour après jour je me rapprochais de la grande ligne d’arrivée. Je répondais tout de même à mes parents pour ne pas qu’ils viennent, par peur qu’ils vivent à leur tour ce cauchemar. Je n'avais plus appelé la police par peur de l'énerver un peu plus. Rien que de revoir son expression tordue de haine était suffisante pour me dissuader d'appeler de l'aide.

Cette fois le jour se lève. Je ne sais pas de quoi est fait demain, mais aujourd’hui est un nouveau jour. Aujourd’hui je serai en paix, alors aujourd’hui je suis heureuse. Je ne le verrai plus, c’est fini. Toute cette vie prend fin. Haha j’ai perdu, il a gagné. Mais ça va plus loin que ça. Je suis peut-être la première à le subir, mais sûrement pas la dernière. Qui sait ce que vont subir les prochains ? J’utilise la carte de la lâcheté, il fallait s’en douter. Je suis loin d’être assez forte pour lui résister. Je vous souhaite une bonne nuit, n’allumez pas vos lumières et ne faites pas comme moi, fermez vos volets~

Flash Info

Le corps d’une jeune femme a été retrouvé pendu dans ce qui est sûrement son garage. Seul un post it a été retrouvée à côté. Il y est écrit Crazy Sin.

Serait-ce une nouvelle affaire ? Faut-il prendre cela au sérieux ?

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