Les Méfaits du Tabac

2 minutes de lecture

Durant la 1ère nuit du Ramadan, l’officier de garde Ali Akhbar qui effectuait sa ronde dans le grand Arsenal du Sultan, rallumait sa pipe en songeant à la belle Aziadé, reine du Harem. L’explosion qui s’ensuivit pulvérisa en 3 secondes les 300.000 délicates lampes à huile d’Istanbul, merveilles de la verrerie tunisienne.

Coincé entre l’émeute populaire et la vindicte des Muftis, le Padishah Soliman III dépêcha à Venise son demi-frère Sélim Pacha pour tenter d’obtenir à tout prix la levée de l’embargo papal sur le sable tunisien. De celui-ci, devenu rare et cher, dépendait l’achèvement de la triple couronne en forme de tiare du nouveau palais pontifical de Porto Marghera, chef d’œuvre de l’Abbé Gaudi Del Orta. L’architecte furieux menaça de rompre la digue qui protégeait les chantiers de la Basilique si un seul grain de sable était détourné du ciment papal. Clément XV s’inclina.

Mais Sa Sainteté, à la vue du Désespoir du Raïs Effendi, comprit que le sort de l’Empire musulman était entre ses mains. Il n’était pas homme d’Eglise à laisser échapper pareille occasion.

Jérusalem vaut bien un Cierge

Voyant qu’il détenait le sort de l’empire ottoman entre ses mains, le Pape Clément XV réagit avec vigueur. Sa Sainteté décréta alors par la bulle « Alea Candellam » les fabriques de cierges propriété d’Eglise. Le Pape ordonna la saisie de tous les stocks de bougies dans les établissement religieux d’Italie. Sous la conduite de ses Zouaves, une rafle efficace dépouilla la péninsule du moindre bout de suif.

Clément XV imposa son marché : en échange de l’approvisionnement permanent de toutes les mosquées d’Istanbul en cierges pascals de fort calibre, le Chef de la Chrétienté réclamait au Commandeur des Croyants la restitution des Lieux-Saints : Jérusalem devait être souverainement rattachée au Saint-Siège. Après avoir été ranimé, le demi-frère du Sultan jura sur le Coran de faire respecter le traité infâmant.

A son retour, Soliman III ratifia l’accord, sous les hurlements des Ulémas rassemblés qu’il expédia en méditation dans la mosquée d’Izmir. Puis il fit décapiter son demi-frère pour le succès de son ambassade.

Dans toute la Chrétienté, la gloire de Clément XV fut immense. La 10ème Croisade libérait Jérusalem sans verser une goutte de sang : le Saint-Sépulcre était racheté pour un bout de chandelle.

Offenbach maître du Piémont, savoure sa victoire. Finzi, conquérant du Sahara, nage dans la joie. Pietranera dans les bras de Clermont-Roulis, vit une idylle de rêve. Clément XV libérateur de Jérusalem, est en divine extase.

Lorsque le Chancelier allemand Krogius débarque impromptu, un matin blême de l’été pourri qui accable Venise, tous ces bonheurs parfaits vont être inexorablement compromis : Le Kaiser présente la note, et le Pape est sommé de rembourser son dû, la dette vaticane de 1519.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 7 versions.

Vous aimez lire Monalisette ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0