Chapitre 33 – une contention des plus heureuses

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Fye tremblait comme une feuille. Sur le papier, c’était facile. Il suffisait de demander à son alpha de se dévêtir, de se glisser sous la douche et de s’assurer qu’il se frotte bien de partout avant de venir glisser le dispositif léger le long de son sexe. Seulement, rester immobile devant cet alpha nu se révélait plus difficile que prévu. Ses chaleurs n’étaient pas encore tout à fait là. Elles ne faisaient pas encore rosir ses joues, elles ne le rendaient pas haletant et rien, rien ne venait naitre au creux de ses reins. Il affrontait la situation sans l’aide de ce traitre corps qui bientôt se remplirait d’envies sans s’occuper de son accord.

Sous la douche chaude, la peau de Perte était magnifique. Le ronflement de ses muscles tendait son épiderme et provoquait des mouvements d’eaux fascinants. Le long de ses abdominaux bien défini, l’eau s’écoulait à toute vitesse, mais au-dessus, elle ralentissait et en dessous, elle tombait à grosses gouttes sur le muscle suivant. En observant son cours, il finit par tomber sur le pénis épais de son alpha. Il était proportionné à son gabarit – malheureusement, pensa-t-il. Jusque-là, il n’avait jamais eu à chevaucher un tel monstre mais son corps s’y adapterait sans mal. Il bredouilla doucement :

- Perte, attachez vos menottes ensemble s’il-vous-plait.

L’alpha frémit et leva les yeux un court instant, un peu perdu. Il fit néanmoins de son mieux pour obéir, l’eau rendait les choses assez difficiles. Il finit malgré tout par réussir.

- Merci. Je vais… Je vais essayer.

Fye avança d’un pas, hésitant. L’alpha n’avait qu’une envie : se laisser tomber au sol dans une position qui pourrait le rassurer mais tant que son oméga ne le demandait pas, il ne le ferait pas. Le plus petit finit par arriver tout près de lui. D’un geste tranquille il coupa l’eau et prit une serviette pour tapoter gentiment le grand corps trempé. A travers la serviette, il sentait chaque détail de ses muscles. C’était impressionnant. Jusque-là, il avait évité les contacts physiques.

Doucement, il lui tourna autour puis, sans même oser le regarder il laissa ses doigts toucher l’énorme cuisse épaisse et glissant le long de sa peau, il les fit remonter jusqu’à son entrejambe. Perte retint un gémissement surpris lorsque ses doigts arrivèrent contre son intimité et Fye déglutit nerveusement. Désirant ne pas perdre de temps, il dégagea la hampe et glissa l’anneau pour qu’il vienne reposer près de la base là où le nœud se formerait. Enfin, cherchant à vérifier si l’anneau était correctement placé, il osa y jeter un petit coup d’œil. Dans ses doigts fins, la verge de l’alpha semblait horriblement lourde. Elle présentait une semi-érection très légère mais suffisante pour laisser poindre le bout de son gland. Le sexe était encore humide de la douche, mais à sa pointe un peu de précum s’écoulait déjà. Fye se figea tout à fait incertain puis dans une tentative de contrôle maladroite il lui demanda :

- Nous devrions aller dans la chambre qu’en pensez-vous ?

L’alpha acquiesça. Les doigts fins se retirèrent de sa peau et l’oméga le conduisit jusqu’à la grande boite qui avait été réassemblée pour pouvoir le contenir. Être ainsi enfermé, c’était vraiment nouveau pour lui et il en ressentit une petite pointe d’angoisse. Pourtant une fois que Fye eut défait l’attache entre ses menottes pour le lier à la boite, le sentiment évolua. Les coussins étaient doux sous sa nuque et il se sentait tenu. Pour la première fois depuis longtemps, il se laissa aller. Il n’avait pas besoin de se recroqueviller, d’essayer de paraître plus petit ou de faire attention à ne pas être trop brutal. La boite assurait de sa taille et contenait tout ce qu’il pouvait être.

- Vu la durée et les risques, il faut que vous portiez une muselière. Saarf a prévu une simple barre mais si vous voulez autre chose, je devrais pouvoir en trouver d’autres.

Perte l’observa sagement sans rien dire. Son oméga était beau. Il se demanda si en d’autres circonstances il aurait aimé le prendre et la réponse était oui. L’idée de le savoir avec un autre était tout simplement intolérable.

- Perte ?
- Oui ?
- La muselière ?
- Oh. Peu importe.
- Est-ce que vous êtes sûr que tout va bien ?

Il acquiesça juste, plus détendu que jamais. Il ouvrit la mâchoire quand la muselière lui fut présentée et la mâchonna doucement. Cela faisait des années qu’il n’en avait pas porté et il n’avait jamais eu le droit à un tel modèle. Nombreux préféraient qu’ils puissent faire des fellations.

Fye vérifia toutes les attaches deux fois, lorsqu’une bouffée de chaleurs commençait à courir dans son dos. Tout était bien installé. Il se pencha une dernière fois sur son alpha pour s’assurer que tout allait bien. Il lui glissa un dispositif de sécurité qui permettait aux alphas de signaler un problème dans la main droite, puis, il referma l’immense couvercle et le boucla sur le corps de celui qui allait devenir son amant. Toute la boite avait dû être modifiée pour convenir à son gabarit remarqua-t-il.

Une fois la boite fermée, il ne voyait plus qu’une partie de son visage et son entrejambe. Il fallait encore ajuster le dernier voile de caoutchouc, ce qu’il fit avec beaucoup de douceur, couvrant le dessus de son nez, le côté de ses joues mais surtout ses yeux.

C’était fait. Perte était totalement appareillé et il ressemblait à n’importe lequel des alphas qu’il avait pu chevaucher. Seulement ce n’était pas n’importe qui, c’était l’alpha qui était parvenu à le rassurer grâce à une obéissance sans faille. Les chaleurs grimpèrent d’un cran, le laissant haletant et fiévreux. C’était la première fois depuis très longtemps qu’il était dans une salle comme celle-ci seul et si tôt dans ses chaleurs. Du bout des doigts, il caressa son alpha. Son corps était immense, le faisant frémir de crainte mais également d’envie.

Tout en soupirant, Fye se déshabilla tranquillement, repliant ses vêtements sur un meuble prévu à cet effet. Dessus, il trouva un simple comprimé avec une note. Il l’avala. Il revient totalement nu.

- Perte ? N’hésitez surtout pas à déclencher la sécurité si vous ne vous sentez pas à l’aise.

Un vague mouvement de tête lui répondit. Le visage lui apparaissait comme anonyme, mais il osa poser les doigts sur sa peau et en savourer la texture. Dans un premier temps ce fut tout ce qu’il fit : le caresser lentement. Ses doigts heurtaient souvent le caisson, mais les zones à découvert semblaient l’appeler. Hésitant, mue par des envies qu’il ne comprenait pas, il posa un baiser sur le ventre de l’alpha.

Sous ses lèvres, la peau frémit et se couvrit de frissons. Dans le caisson, Perte ne pouvait qu’être concentré sur les sensations qu’il ressentait. Les caresses étaient douces et il se sentait flatté d’avoir le droit d’en recevoir. Les baisers furent une véritable surprise, un peu humide, un peu claquant, très doux également. Il fallut un certain temps pour sentir le poids, si léger, de son oméga sur ses jambes. Il grimpa jusqu’à le chevaucher et effleura son sexe. La muselière permit d’étouffer le gémissement d’anticipation qu’il lâcha alors que l’envie affluait de ses reins à la pointe de son gland. Il se sentit gonflé sous les caresses et bientôt, il fut englobé dans la chaleur de son oméga.

Pour la première fois depuis si longtemps, il put se laisser pleinement aller. Peu importait comment ses hanches partaient vers l’avant, comment ses mains se contractaient pour saisir sa chaire violement et comment sa mâchoire se serrait dans une morsure définitive. Peu importait son irrépressible envie de s’enfouir en lui quitte à le blesser. Il pouvait se laisser aller pleinement, le caisson se chargeait de retenir ce qui devait l’être.

Le coït lent lui donnait envie d’hurler de bonheur, puis Fye accéléra, le rendant presque fou. Sans attendre, il éjacula avec force, le faisant réellement crier, choqué. Cela faisait si longtemps. Son nœud gonflait jusqu’à ce que l’anneau ne le retienne. Il cria encore mais de douleur cette fois-ci. L’anneau était pire que dans ses souvenirs, mais la douleur n’était rien face à l’idée qu’il avait réussi à satisfaire Fye.

Il se laissa retomber entre les liens, simplement heureux. Dans peu de temps, le coït reprendrait et il se sentait bien. Bien dans son corps et bien dans son esprit. Souriant malgré la muselière, il attendit tranquillement le prochain contact qui arriva bien vite.

Vers la cinquième jouissance, alors que le bout de son sexe pulsait légèrement de douleur, son oméga prit le temps de le faire boire avec tellement de tendresse que son cœur se remplit un peu plus de joie, mais il ne se sentit pas pleinement heureux avant quelques heures supplémentaires. A ce moment-là, toute sa hampe était douloureuse, comme irritée, mais servir son oméga était bien plus important à ses yeux. Les caresses le long de sa peau et par-dessus les voiles de caoutchouc lui plaisaient toujours autant et les couinements de son compagnon l’électrisait totalement.

Être un bon alpha avait toujours était un idéal pour lui et pour la première fois depuis très longtemps, il se sentait entier. Il n’avait pas peur de déraper, les liens s’en assuraient. Il n’avait pas peur de faire peur, le caisson et les chaleurs combattaient toute la frayeur que son grand corps pouvait provoquer. Il pouvait se permettre de jouir, l’anneau le restreignait durement. Et il suffisait que son sexe se gorge de sang et devienne dur pour être pleinement satisfaisant.

Néanmoins, rien ne l’avait préparé à ce que – peu avant la jouissance – Fye s’écarte soudain. Le vide autour de lui laissa un froid saisissant et le peu de poids qu’il percevait à travers le caisson s’envola tout à fait le laissant dans un état un peu second. Avait-il fait quelque chose de mal ? La pensée l’effleura un instant avant qu’il ne se rassure : le caisson ne le permettait pas. Seulement voilà, il y avait un problème avec le caisson, une partie bougeait. Deux clacs retentirent alors que les sécurités sur le côté étaient déverrouillées.

Les couches protectrices au-dessus de lui s’envolèrent soudain et le froid se répandit de partout, lui arrachant un couinement. Un instant, il chercha à comprendre ce qu’il se passait puis il rencontra le regard de Fye. Ses yeux étaient envahis de noir, ses pupilles totalement dilatées semblaient manger toute la couleur de ses iris. Ses joues étaient rouges et son souffle haletant. Ils s’observèrent l’un l’autre un instant avant que, dans un geste souple, Fye ne grimpe sur le caisson ouvert. Il s’installa tranquillement sur ses cuisses et le caressa avec application. Les chaleurs lui étaient montés à la tête et il ne ressentait plus la moindre crainte en cet instant. Tout ce qu’il voulait c’était sentir la chaleur de cette peau sous lui. La savourer sous ses cuisses, sous ses doigts, sous ses lèvres, contre son ventre, contre son torse et ses mollets. Pour obtenir un tel contact, il dut se coucher sur son alpha, en profitant pour l’embrasser de partout.

Tout en saisissant son sexe pour le guider, il s’installa plus en avant pour le prendre en lui. Il gémit sous les douces sensations et s’amusa avec le corps de son alpha lui tirant milles frissons. Se redresser dans le caisson à moitié ouvert était moins confortable, mais il y parvient sans trop de soucis, provoquant une friction qui le fit gémir.

Lentement, tranquillement, il laissa le plaisir s’installer en eux. Caressant le corps de son alpha, il sentit les frissons et les légères convulsions, juste avant l’orgasme et il s’appliqua pour le faire craquer plus vite. Ce fut la sensation étrange de se faire remplir de sperme qui le fit jouir à son tour et puis, il s’effondra sur le corps moite et bouillonnant, posant son oreille contre sa poitrine pour écouter son cœur battre la chamade. Pour la première fois depuis très longtemps, Fye se sentait détendu et c’était grâce à son alpha.

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