19 - Wlad

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La semaine se déroula au rythme du chantier. Les journées ne furent heureusement pas trop chaudes et je trouvais mes marques avec mes collègues qui se montrèrent finalement peu envahissants, même la grande gueule. Chacun faisait son job et ils me laissaient tranquille le reste du temps. L’ambiance était même meilleure que beaucoup d’autres endroits où j’avais bossé. Vendredi arriva donc rapidement, bientôt la quille !

« Janko ! m’interpella le chef d’équipe à la pause déjeuner. Y a le chef de chantier qui veut te voir. Dans le bureau. Maintenant ! »

Je terminai tout de même tranquillement mon sandwich avant de descendre de la remorque du camion où je m’étais réfugié. Qu’est-ce qu’il pouvait bien me vouloir ?

Je rejoignis les bungalows de la base vie et toquai au bureau dont la porte était ouverte.

« Entrez ! m’ordonna une voix forte.

- Monsieur.

- Ah Jankowski ! Vous tombez bien, asseyez-vous ! m’invita le chef de chantier, un gars corpulent, directif, mais juste dans ses prises de décision.

Je m’exécutai et posai mon casque sur mes genoux. Puis, j’attendis patiemment le pourquoi de cette convocation.

- Vous n’êtes pas sans savoir que la première partie du chantier va bientôt s’achever. Vous êtes encore avec nous pour une semaine.

- Oui, c’est ça.

- Bien. En fait, nous sommes plutôt contents de vous avoir parmi nous. Vous êtes arrivé au pied levé, vous vous êtes rapidement intégré et vous travaillez vite et bien.

- Merci.

- La première phase s’arrête début juillet, cependant la deuxième partie des travaux rependra fin août pour faire l’autre côté de la 2x2 voies.

Je continuais de le fixer sans répondre, attendant de voir où il voulait en venir.

- J’ai jeté un œil sur votre CV, impressionnant pour votre âge, vous avez fait beaucoup de chantiers différents et vous êtes un ouvrier polyvalent.

- J’ai commencé tôt, répondis-je toujours aussi laconique.

- Oui, effectivement, acquiesça-t-il. En fait, on aimerait bien que vous intégriez l’équipe en septembre comme conducteur d’engins. La boîte pourrait vous faire un CDD de plusieurs mois. Plus d’intérim et de déplacements pendant presque un an, ça vous simplifierait un peu la vie, non ?! Je crois que vous êtes domicilié à Lyon, c’est seulement à deux heures de route d’ici. Alors qu’est-ce que vous en dites ?

- Merci. Mais je vais refuser.

- Comment ça ? Vous avez déjà quelque chose de prévu pour la rentrée ?

- Non. Mais vous savez qu’il y a toujours du boulot dans notre branche. Et ça ne me dérange pas de bouger. Je trouve facilement en intérim.

- Vous vous plaisez parmi nous ?

- Oui, ça se passe plutôt bien.

- Alors pourquoi refuser ?

- Je préfère changer régulièrement.

- Vous n’avez pas envie de vous poser un peu quelque part ?

- Pas pour le moment.

- C’est dommage. Ecoutez, je vous donne ma carte. Continuez d’y réfléchir et si vous changez d’avis, appelez-moi. Même si le chantier a déjà repris. On peut toujours avoir besoin d’un gars comme vous.

- Monsieur »

Je pris sa carte professionnelle, lui serrai la main et sortis en remettant mon casque. Le pauvre, s’il savait le nombre de propositions comme la sienne qu'on m’avait déjà faites. J'écrasai le carton au creux de ma paume et le jetai dans la première benne croisée en chemin.

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