Chapitre 35 : Voir dans le noir

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Le dragon mauve planait doucement autour du palais d’An Wesiri. Son chevalier du dragon, Kira, effectuait son tour de garde en lançant de temps en temps des coups d’oeil vers les fenêtres du palais. Elle espérait que l’adolescente que cherchait Orestt aurait l’idée de regarder par la fenêtre de sa chambre secrète. En plus de cela, elle se doutait que la jeune fille qu’elle avait rattrapé quelques mois plus tôt ne pouvait être que la princesse.

Le soleil disparaissait derrière les trois tours tandis que Maraxès perdait de l’altitude, c’était au tour de Gavin de surveiller le château de nuit. Kira comptait donc aller dormir.

Elles approchaient de la zone d'atterrissage lorsque la dragonne s’exclama :

“Kira, un dragon écarlate approche !”

— Rouge, tu es sûre ?

“Oui, je crois que c’est Rubyrion.”

— Atteris au même endroit que lui, ordonna la brune.

La jeune femme trépignait d’impatience, le dragon était celui d’Ezékiel, elle en était sûre.

Le dragon rouge atterrit dans la grande cour du palais dans un nuage de poussière.

“Il n’y a personne sur son dos.” fit remarquer Maraxès en atterrissant à son tour.

Les gardes ne semblaient pas savoir quoi faire. Devaient-ils sonner l’alerte ? Le dragon ne semblait pourtant pas agressif.

— Rubyrion ? intervint Kira puis ajouta à l’intention des gardes : Ne vous inquiétez pas, je suis chevalier du dragon, je m’en occupe.

Le reptile grogna en signe d’assainissement.

— Où est Ezékiel ?

Il fit un signe de tête vers le palais.

— Merci. Tu ne peux pas rentrer, je suis désolée. Je lui dirais que tu es là.

Elle se tourna ensuite vers son propre dragon et dit :

— Amène Rubyrion se reposer, je reviendrais vous voir plus tard.

Alors que les deux dragons s’envolaient, la chevalier du dragon demanda aux soldats au alentours s'ils n’avaient pas vu un jeune homme brun aux yeux bleus passer par là.

— Heu, non. Mais il y a un groupe de blessés venant du front qui est arrivé.

Elle fila ensuite vers l’aile des soigneurs, ses bottes dérapant sur le sol de pierre, elle arriva enfin à destination. Elle jetait un oeil dans chaque chambre lorsqu’un soigneur sortit d’une des chambres en disant :

— Toutes mes excuses, Ezékiel.

Elle attendit qu’il parte avant de débouler dans la chambre. Le jeune homme était assis dos à la porte. Il semblait regarder par la petite fenêtre. Un bandage passait autour de sa tête, il devait s’être égratigné le front. Kira chercha alors la blessure qui l’avait obligé à être transféré à la capitale. Il n’y avait de bandage nul par ailleurs que sur sa tête.

— Ezékiel ?

— Je n’ai pas besoin d’aide, merci, répondit-il sèchement.

— C’est moi, Kira.

— Kira ? s’étonna-t-il.

Il semblait ne pas vraiment y croire et ne se retourna même pas pour vérifier.

— Oui, tu n’as qu’à te retourner, tu verras.

— Ahah, très drôle. Vas voir ailleurs si j’y suis.

— Pourquoi tu me parles comme ça ? Je croyais qu’on était (elle hésita un instant puis lâcha :) amis. Ou du moins alliés.

Il y eut un long silence puis il dit :

— Alors c’est bien toi ?

— Oui.

Il se retourna enfin et Kira pu voir son visage. Contrairement à ce qu’elle pensait, le bandage ne passait pas sur son front mais sur ses yeux.

— Qu’est-il arrivé ? demanda-t-elle simplement. Rubyrion t’attend dehors.

— Un coup d’épée, un seul, m’a rendu aveugle (il tourna le visage plus ou moins vers elle et dit avec fatalité :) Je ne peux plus combattre, Kira. Je ne suis plus d’aucune utilité. Rubyrion sera donné à un autre chevalier du dragon.

— Les Sharaka ne peuvent pas te rendre tes yeux ? Je croyais qu’ils étaient capable de tout ?

— Ils le peuvent, mais en contrepartie, ils peuvent aussi voir à travers tes yeux. Ils le verraient si je les trahis. Cela pourrait te mettre en danger. Je ne sers plus à rien.

Elle ne lui répondit pas et s’approcha. Lorsqu’elle posa ses mains sur le bandage, il sursauta mais la laissa faire. Elle défit lentement le pansement, révélant une longue plaie encore rouge. Elle barrait son visage sur toute sa largeur, passant par le nez et les deux yeux. Ses yeux étaient scellés.

— Pas beau a voir je présume.

— Tu peux apprendre à combattre sans tes yeux, intervint une voix dans le dos de Kira.

— Qui est-ce ?! demanda Ezékiel tournant vivement la tête vers la source du bruit.

Kira se retourna et découvrit Orestt appuyé contre la porte.

— Comment es-tu entré, je ne t’ai pas entendu.

— Un de mes nombreux talent, dit-il avant de se tourner vers l’aveugle. Je m’appelle Orestt, je suis aussi un allié de Kira.

— Tu te fais beaucoup d’amis pour quelqu’un qui ne veut pas se faire remarquer, disait le blessé avec un faible sourire. Et, dis moi Orestt, comment pourrais-je combattre sans voir ?

— Avec de la magie, il n’y en a pas en Wesiria ou quoi ?

— Bien sûr que si ! C’est juste que tout le monde n’a pas la chance de pouvoir la pratiquer, répondit Kira.

— Quelle sorte de magie pourrait me faire voir sans yeux ?

— Il te suffirait de sentir l’énergie des autres je suppose.

— Tu supposes ?

— Je ne suis pas expert non plus. Par contre, je sais que pour pratiquer la magie, il faut être éveillé.

— Personne ne voudra éveillé Ezékiel, il est chevalier du dragon pas apprenti magicien.

— Vous n’avez qu’à aller voir ailleurs. A Zalia par exemple. J’ai une amie qui pourrait t’aider, il suffit…. commença l’espion.

— A Zalia ?! le coupa Kira. Il serait vu comme un traître par les Sharaka !

— Et alors ? Ce serait si grave que ça ?

— Bien sûr ! Comment voudrais-tu que nous les abattions si il est considéré comme un traître ? Il ne pourrait plus approcher la capitale.

— Alors c’est ça. C’est pour ça que tu m’aides, tu n’es pas vraiment une Wesi, ajoutait le voleur.

— Je suis une Wesi mais je n’accepte pas la tyrannie des Sharaka.

Pendant toute la discussion, Ezékiel était resté très silencieux. Lorsqu’il prit enfin la parole, les autres se turent immédiatement.

— J’irai. Demande à ton amie, Orestt.

— Mais… commença le jeune femme.

— C’est déjà décidé Kira. Je dois pouvoir me battre.

— Comment vas-tu y aller ?

— Je peux t’y emmener, proposa Orestt. Laisse moi juste la nuit pour tout arranger.

— J’irais avec Rubyrion. Tu as une mission ici je crois.

Orestt hocha doucement la tête avant de se souvenir que son interlocuteur ne le voyait pas.

— Vous en avait une tout les deux, d’ailleurs. Kira, je compte sur toi.

Il se mit à recouvrir sa blessure et se tourna de nouveau vers la fenêtre.

Lorsque Kira se tourna vers la porte pour sortir, Orestt était déjà partit. On aurait dit que cette discussion n’avait jamais eut lieu, elle douta même quelques instants.

— Ezékiel ?

— Oui ?

— As-tu reçu ma lettre ?

— Oui.

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