Chapitre 1 : Zalénia

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Liodas était une cité immense et tentaculaire, capitale de Zalia, elle accueillait le palais royal où vivaient sa Majesté et sa famille. Elle était découpée en trois parties. Au centre, se trouvait le palais et ses jardins, ensuite venaient les quartiers bourgeois et les commerces, puis on trouvait la plus grande partie, celle où vivaient les plus pauvres. Certains la décrivaient comme un monstre doré, elle était l'espoir d'une vie meilleure, mais qui, souvent, décevait. Surtout en temps de guerre.

Pourtant, aujourd'hui était un jour différent, plus que n'importe quel autre, la ville était en effervescence. C'était l'anniversaire de la princesse Zalénia.

Plus on se rapprochait du palais, plus il y avait de monde, mais si vous leviez les yeux au bon moment, vous pourriez apercevoir la jeune fille qui fêtait ses quatorze ans en ce jour.

Elle ne ressemblait en rien à la princesse modèle, elle avait coupé ses cheveux blonds la veille, en cachette et arborait une tenue de garçon. À quelques heures de la grande réception, elle se cachait des domestiques au sommet d’une tour abandonnée du palais.

§

Il était tard lorsque Zalénia décida de partir se promener dans la rue commerciale de la capitale. Ainsi habillée, elle passait inaperçue, du moins, c'est ce qu'elle pensait. Elle flâna longuement, lorgnant sur les pâtisseries, se faufilant entre les capes et les robes des passants pour s'approcher le plus possible des étalages et voir les mets exotiques que les commerçants de passage présentaient. Elle songea même à s'acheter une rapière, mais renonça, elle possédait déjà un poignard.

L’atmosphère était à la fête. On trouvait des musiciens à chaque coin de rue, ce qui créait une cacophonie amusante et bien loin des orchestres qui joueraient pour son anniversaire.

La jeune fille allait rentrer, se résignant à participer à la fête, lorsqu'elle sentit plusieurs regards sur elle. Elle accéléra le pas, guettant les alentours. Les rues commençaient à se vider, tous se rendaient à la réception.

Les ombres s'allongeaient, lui donnant l'impression qu'elles étaient vivantes, qu'elles la suivaient. Il commençait à faire froid.

La princesse se mit à courir. Elle n'était pas loin du palais, il suffisait qu'elle arrive à atteindre l'entrée, qu'elle prévienne les soldats.

Une ombre apparut tout à coup devant elle. Sur ses gardes, elle s'arrêta net, la main sur son poignard. La princesse ne s'en était jamais servi, elle l'avait trouvé dans la tour abandonnée, elle s'amusait juste avec à combattre des ennemis imaginaires. Contrairement à son frère, elle n'avait jamais eu de cours d'escrime.

L'ombre ricana. La jeune fille fit demi-tour, mais quelqu'un lui bloquait la route de ce côté aussi.

La lune apparut, révélant le visage de l’homme. Grand et fluet, il arborait une cicatrice au milieu de son menton pointu. Mais ce qui fit se figer la blonde fut le blason qu'il arborait sur son plastron. Elle le reconnaissait. Regardant du côté de l’autre assaillant, Zalénia repéra aussi sur son torse le dragon noir aux yeux rougeoyant, s'enroulant autour d'une tour. Les Wesi. Les ennemis du royaume. Les ennemis de son père.

Terrifiée, Zalénia ne vit pas le troisième Wesi qui arrivait derrière elle. Il empoigna ses bras, mais elle sortit de sa torpeur et lui envoya un coup de pied dans l'entre-jambe. C’est ainsi qu’elle découvrait que c’était en faite une femme. Cette dernière grimaça tout de même et lâcha une main. La blonde en profita pour dégainer son poignard, le dressant devant elle, tremblante.

Les trois ennemis se jetèrent sur elle en même temps, elle planta son poignard dans un bras ou bien une jambe, mais cela ne suffit pas. On lui retira son arme des mains. Elle hurla. Un coup vola, jusqu'à sa tempe, l'assommant à moitié. Elle secoua la tête et mordit l'un d'eux. Les coups se mirent à pleuvoir. Elle sombra dans l'inconscience.

§

Eléonor, Reine de Zalia faisait son entrée dans l’immense salle de réception du palais. A quelques pas derrière elle, pour éviter de marcher sur sa longue traîne argentée, se tenait Izaac, son mari.

Les murs étaient décorés de l'emblème de la royauté, mais aussi des différentes couleurs des terres de Zalia. Rouge, Noire, Bleue, Blanche, Doré et Verte. Il y avait du monde mais personne ne parlait, attendant l’autorisation de sa Majesté. Cette dernière marcha doucement jusqu’à son trône puis se tourna vers l’assistance.

— Mes très chers invités, veuillez accueillir mon héritière. La princesse Zalénia.

Tous se tournèrent vers les grandes portes, mais rien ne se passa. De son côté, la femme la plus puissante du royaume retint une grimace de colère. Est-ce que sa fille finira par suivre ses directives un jour ?

Elle ne se tourna pas et en bougeant légèrement les lèvres, Eléonor chuchota à Izaac :

— Où est-elle ?

— Je ne sais pas. Léarco ? demanda-t-il à leur fils.

Debout à sa droite, le prince secoua la tête autant désolée pour ses parents que pour sa sœur lorsqu’elle ferait enfin son apparition.

La Reine, d’un calme olympien, ordonna à plusieurs soldats de partir à la recherche de sa fille. Puis se tourna vers ses invités :

— Veuillez excuser ma fille, elle arrivera d’ici peu. En attendant, faites la fête et régalez-vous.

À ces mots, de nombreux serviteurs mirent en place le buffet et l’orchestre commença à jouer. La musique détendit l’atmosphère et la nourriture les estomacs.

Les gardes finirent par revenir, bredouilles.

— Déployez tout le monde et retrouvez là. Passez-y la nuit, s'il le faut.

— Mère, voudriez-vous que je parte à sa recherche ? demanda le prince.

— Non, il nous faut le maximum de cette famille ici, pour faire diversion. Mélangez-vous aux invités et distrayez-les. Et surtout, ne parlez pas de Zalénia tant que l’on n’en sait pas plus.

Les deux hommes hochèrent la tête et elle ajouta :

— Je compte sur vous.

Lorsqu’ils se furent éloignés, la femme la plus puissante du royaume s’installa sur son trône. Sous les nombreuses couches de tissus de sa robe, le marbre noir était froid. À travers l’une des fenêtres de la salle, Eléonor apercevait la lune qui se levait. Où pouvait donc être sa fille ? Elle ne le montrait pas, mais elle s’inquiétait beaucoup. Les gardes étaient sûrement directement allés dans la tour abandonnée que Zalénia croyait secrète et où elle avait l’habitude de se cacher. Mais la jeune fille n’y était pas.

Et si la princesse était sortie de l’enceinte du château ? Par les temps qui courraient, sa vie était peut-être en danger !

La tête remplie de pensées les plus pessimistes les unes que les autres, la reine saluait pourtant chaque personne qui venait vers elle. Elle échangeait même quelques mots avec certains.

De temps en temps, Izaac ou Léarco réapparaissaient à ses côtés pour lui dire qu’il n’y avait toujours aucunes nouvelles de son héritière.

Les heures défilaient, les plats se vidaient et les invités commençaient à se lasser. Malgré la musique, Eléonor entendait les rumeurs se propager, augmentant son inquiétude.

Elle finit par se lever, attirant l’attention des hommes et des femmes dans la salle. La posture bien droite, pleine d’assurance et le visage serein. La femme prit la parole d’une voix calme :

— Je vous prie encore une fois d’excuser ma fille. Je crains toutefois qu’elle ne vienne ce soir et vous invite donc à rentrer chez vous.

— Est-il arrivé quelque chose à la princesse ? demanda quelqu’un.

— Ne vous inquiétez pas, répondait la souveraine avec un sourire. Zalénia a juste une petite fièv…

— Votre Majesté ! s’exclama un garde en entrant en trombe dans la pièce. La princesse Zalénia a été enlevée !

La reine lui jeta un regard noir avant de réaliser ce qu’il venait de dire. Alors que la panique se propageait dans la salle. Eléonor vacilla.

Son héritière avait disparu.

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