33 - My gode !

7 minutes de lecture

"Je me suis perdu quand je t'ai trouvée"

Ces mots résonnent amèrement dans la tête de Claire, à lui faire mal.

Claire, assise sur la terrasse devant son petit-déjeuner remonte le temps pour trouver l'explication à donner cette phrase. Pierre n'a sans doute pas voulu être blessant. La maladie qui le couche maintenant lui donne libre cours pour refaire l'histoire et ressasser des moments qui ont pu lui faire mal. Qui lui font toujours mal.

Quels sont ces évênements que tu retiens Pierre ? Je ne suis pas exempte de reproches. Mais ce que j'ai fait de critiquable l'a toujours été en veillant à ne pas te nuire.

Pourtant, tu te doutes de mon infidélité. Depuis quand ? dans quelle mesure ?

Ces derniers mois, alors que le diagnostic macabre n'était pas encore posé, elle s'est tenue à ses cotés pour lutter côte à côte, pour combattre la bête et la vaincre.

Elle n'a pas été avare d'idées pour lui donner le moral.

Comme lors du dernier anniversaire qu'ils ont fété ensemble.

Claire, nue, attendait Pierre. Allongée sur le lit, les jambes écartées, elle guettait la réaction de Pierre.

Son regard n'a plus su où se porter ! Il était tellement étonné, surpris, abasourdi.

Il a d’abord semblé consterné.

Pourquoi ce cadeau ?

Elle a un beau corps. Certes les années et les grossesses lui ont donné un peu plus de rondeurs, mais ce corps épanoui n’en était que plus beau.

Pourquoi ?

Dans sa main droite, elle tenait le gode qu’elle faisait glisser de son ventre vers son pubis.
Son assurance n’était que factice. Ses gestes maladroits.

Elle fixait Pierre. Interrogative.

C’est la première fois qu’elle utilisait un jouet avec Pierre.

Elle a guidé l’objet sur son sexe. Au passage, ses lèvres intimes se sont écartées.
Il percevait l’humidité naissante et le gode renvoyait des reflets brillants qui lui ont transpercé le cœur.

Elle a fermé les yeux.
Elle prenait du plaisir.

Il ne comprenait pas. Son esprit se brouillait.

Claire, de sa main libre, s'est caressé le clitoris.

Ses lèvres s’écartaient de plus en plus généreusement et elle s’offrait impudique aux caresses froides du phalus artificiel.

Il a haï cet objet qui lui volait sa place.
Usurpateur.

Elle l'a présenté à l’entrée de son vagin.
Le gland l'a pénètrée.

Elle a gémi en rejetant la tête en arrière.

C’est plus qu'il ne pouvait en supporter. Son cœur se brisait en mille morceaux et des éclats le saignaient.

Il a quitté la chambre, submergé par des sentiments contradictoires.

Il ne pouvait plus la satisfaire !

Elle en souffrait, son corps avait encore besoin de ressentir les frissons de l’amour.

Claire l'a rejoint au salon. Elle avait enfilé une nuisette, et toujours le gode à la main, elle s’est assise près de Pierre dans le canapé .

« Pierre, tu ne vas pas te morfondre en permanence. Je le fais pour toi »

Malgré tout son Amour pour elle il ne pouvait plus la combler.
Son corps a abandonné la partie.

« Je suis bon à rien »

Pourtant Claire le soutenait, tentait de lui redonner confiance. Mais rien n’y faisait.
Ne plus pouvoir lui faire l’amour comme avant lui vrillait l’âme au plus profond.

« Tu préférerais que je prenne un amant ! » Quelle question hypocrite !

Il était sûr qu’elle n’aurait aucune difficulté pour trouver.

La maladie l’a rattrapé. Implacable.
Trop jeune !
Trop injuste !

Sa queue n’était plus qu’un bout de chair pendante et inutile et il ne supportait pas cette invalidité qui anéantissait sa virilité.

Un dégat collatéral qui prenait de l'importance dans sa tête alors qu'il croyait encore s'en sortir.
Il était devenu aigri, agressif.

Claire lui a pris une main et l'a posée sur un de ses seins. Ce doux contact l'a calmé.

Elle faisait l’impossible pour le maintenir à flot malgré ses humeurs changeantes.
Lui se rendait compte de son irritabilité, mais il avait les plus grandes difficultés à maîtriser ses fréquents coups de blues.

Ses amis aussi – surtout Olivier - tentaient régulièrement de lui remonter le moral :
« Tu as deux mains, dix doigts, une langue. 13 raisons pour continuer d’y croire »

Car le moral était aussi en dessous de la ceinture.

Ils tentaient de relativiser son problème d'impuissance.

« Vous ne pouvez pas vous mettre à ma place » leur disait-il.

Cette expression faisait sourire Gérard et Olivier.

Vivre ce handicap !!
Jamais plus il ne pourra faire jouir Claire !

Ces mêmes amis charitables lui disaient :
« il n’y a pas que le sexe dans la vie ! »
Il avait envie de leur crier « Non, bien sur, il y a le cul aussi »

La tendresse, la tendresse !
La tendresse est aussi une belle aventure pour un couple. Mais si on peut l’épicer, n’est-ce pas encore mieux ?
Aucun ne pouvait le contredire.

« Et as-tu essayé les toys ? »

Les toys !
Jamais il n’a voulu en utiliser. Il faisait confiance à son attribut naturel.

Et pour cet anniversaire Claire lui en a offert un, le sourire jusqu’aux oreilles.
« Bon anniversaire mon Chéri »
Ce gode qui lui faisait si mal. Il matérialisait son invalidité.

Claire a vu immédiatement son incompréhension. Sa peine.
Elle avait cru bien faire en le guidant vers le lit pour la regarder se donner du plaisir. Et y participer, c'est ce qu'elle souhaitait.

Et il s'est bloqué.

Elle lui a saisi la deuxième main pour la poser sur son autre sein.
« Caresse-moi, Pierre »

Un ordre ? Un réconfort ? Une offrande ?

De la pitié ?
De l’Amour ?

Les sentiments se bousculaient dans sa tête.
Les plus heureux. Les plus nauséabonds aussi, dont il aurait du avoir honte !

Pourtant, il y avait de la douceur et de la tendresse dans la voix de Claire.

« Je t’aime, Pierre »

Ses mains ont empaumé ses seins par dessus sa nuisette.
Ses tétons pointaient.

Il faut que j’arrête de penser à moi ! De m’apitoyer, pensait-il.

Il a soulevé le léger tissu pour caresser à même la peau ces globes généreux .
C’était d'une douceur incomparable.
Les seins de Claire, toujours, le chaviraient.

Il ne doutait pas de son amour.
Maintes fois prouvés.

Ses mains ont glissé sur son ventre qui a frémi.

« Moi aussi je t’aime Claire »
Il l’aime et il avait peur de la perdre parce qu'il ne pouvait plus la pénétrer. Elle avait beau lui répéter que l’Amour ne se mesure pas à la longueur du sexe et du coït, il n’arrivait pas à se défaire de cette idée.
Idée purement masculine selon elle.

Sans doute !
Mais il doutait.

Il croyait en son Amour.
Il croyait qu’elle allait voir ailleurs.

La certitude et le doute se confondaient.
Confusion.

Ses mains ont atteint ses cuisses. L’une s’est infiltrée entre ses jambes.
Claire les a écartées, lui offrant ainsi son sexe.

Il aimait sa toison soyeuse.
Ses lèvres se sont écartées au passage de l'intruse.

Le cœur de Pierre s'emballait. Il y avait encore de la vie dans sa poitrine.
Faute d’une vie ailleurs !

Claire s'est laissée aller en arrière et s’est allongée en posant sa tête sur l’accoudoir du canapé.
Une jambe repliée, le pied posé sur le canapé, l’autre à l’extérieur, elle l’invitait au voyage.

« Je te veux »

Des mots si souvent renouvelés par le passé.
Des mots qui résonnaient différemment maintenant. Il n’était plus seulement question de sexe !
Il en oubliait son désarroi, pour un instant.

Un doigt, s’est infiltré dans son sexe mouillé.
La pénétration lui a arraché un gémissement qui l'a transpercé.
Il voulait lui donner du plaisir. Maintenant.

Le gode, qu’elle a posé sur le canapé, le narguait.
Objet glissant.
Sexe de remplacement !
Béquille !

Il l'a saisi et posé sur le ventre de Claire.
Elle fixait Pierre.
Il y avait dans ses yeux une intensité qu'il lui avait rarement vue.

Alors il a présenté ce sexe par procuration à l’entrée de son vagin, et poussé doucement.
« Oh oui, Pierre ! Prends-moi »
Joie d’être possédée.

Qu’elle était belle, ainsi abandonnée !

Des images défilaient dans sa tête.
Images du passé…
Ne plus y penser !

Il a laissé le gode fiché en elle et d’un doigt il décapuchonné son clitoris, pendant que l’autre main caressait son ventre, sa poitrine.

Il s'est agenouillé à coté du canapé. Au pied de sa vestale.
Tandis que d’un doigt il continuait d’exciter son bouton, ses lèvres se sont posées sur un sein.
Elles ont embrassé.
Aspiré.
Sa langue a léché.

Un sein, puis l’autre.

« Que c’est bon, Pierre ! » a soufflé Claire.

Il a repris le gode pour le faire coulisser. Le faire aller et venir.

« Oui, c’est ça, continue » Toute à son plaisir, elle le guidait.

Et lui, attentif à la mener à l’orgasme, il s’appliquait.

Quels mots terribles pour lui !
Il s’appliquait, il s’appliquait !!
Il voulait contenter sa maîtresse. Qu’elle soit fière de lui.

Vite, il a chassé cette pensée.

« Embrasse-moi » lui a crié Claire.

Tout en continuant les va-et-vient du gode, les lèvres se sont jointes.
Baiser brûlant.

Les langues jouaient.
Baiser passionné.

Et, c’est sur ses lèvres qu’elle a crié son bonheur.
Son corps s'est tendu pour retomber, apaisé.

Elle l’a enlacé.

Baiser ardent
Il l'a serrée dans ses bras. A la casser.

Et sur cette forte émotion du plaisir qu'il venait de lui donner s'est superposée une vision, plus douloureuse.
Elle avait besoin d’être prise, de sentir une bite la remplir, la combler.
Ce jour par un sexe artificiel.

Mais demain ?

Et hier ?

Claire a surpris son regard qui s'évadait.

« A quoi penses-tu, Pierre ? »

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire valetdecoeur ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0