30 - Jeu de dupes

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Claire a repris sa place dans la barque face à David et Julien. Dans l'autre embarcation, Virginie se tenait assise devant Gérad et Olivier .

Les rameurs étaient prêts à en découdre dans une course non officielle mais les regards que les hommes se lançaient ne laissaient pas la place au doute. Ils n'ont pas eu besoin de se parler de bord à bord pour se comprendre.

Lesquels gagneraient en premier la rive opposée ?

C'était assez singulier, ce mécanisme qui se mettait en action dans le cerveau des garçons. Vouloir être les mâles dominants et pour cela sortir les muscles.

Certains devraient plutôt chercher à muscler l'espace entre les deux oreilles.

Les jeunes coqs voulaient en remontrer et les coups de rames se sont fait dynamiques … et les vieux coqs qui avaient anticiper le manège se sont mis au diapason.

Jeu, oui bien sûr mais aussi question d'honneur.

Phénomène semblable, sans doute, qui se jouait autour de Julie entre le mari et l'amant supposé !

Quant à moi, la maîtresse, j'étais mise sur la touche. Amante est un emploi précaire. Et ça ne me dérangeait pas... bien que je préfèrais être celle qui décidait. Trop drôle.

Olivier s'est piqué au jeu, oubliant temporairement Julie et ses frasques éventuelles. Ou alors il voulait regagner la rive le plus rapidement possible croyant sans doute s'éviter à temps l'affront du cocufiage ?

Et moi aussi, je voulais que mes jeunes mâles prennent le dessus. Qu'ils soient mes hérauts.

Agrippée aux bords du bateau Claire encourageait de la voix Julien et David, se tournant régulièrement pour mesurer la vitesse de progression des barques.

« Allez, donnez en un coup »

« Oui, oui, c'est ça »

« Plus vite »

« Encore »

« Ça vient »

Les jeunes redoublaient de vigueur. Avaient-ils l'impression de lui faire l'amour ? Chaque coup de rame était un coup de rein.

La lutte était inégale. Julien et David, plus jeunes et plus aguerris ont eu vite fait de prendre un avantage sur leurs concurrents.

Et tout à coup, ils ont ralenti leurs coups de rame et laissé remonter Gérard et Olivier.

« Pourquoi vous vous arrêtez ? »

Et elle a compris rapidement.. Dans le feu de l'action, pour maintenir son équilibre, et par ses retournements réguliers, elle avait largement écarté les cuisses.

La jupe bien remontée, elle offrait une vision magnifique sur sa chatte.

Les yeux de Julien et David crépitaient des photos qui s'enregistraient dans leur cerveau.

« Alors les jeunes ! Déjà fatigués ? » leur a lancé Gérard.

Non. Pas fatigués. Juste excités. Juste subjugués.

Juste bandés.

Instinctivement elle a serré les jambes... et puis trouvant cette soudaine pudeur bien déplacée, elle leur a fait ce dernier cadeau. Ils avaient déjà vu et eu pas mal de choses de sa part.

Elle a souri en écartant de nouveau les cuisses. Volontairement cette fois.

« Vous n'êtes pas dégénérés ! Votre cerveau n'est pas toujours là ou l'on croit. »

Ils salivaient.

Et l’embarcation a pris un rythme lent et fluide. Claire a regardé l'autre barque s'éloigner sans aucune déception. Au contraire.

Julie et Pierre ont alors refait leur apparition sur la berge.

Hasard ? Le bruit les a alertés ?

Ils ont fait un signe de la main.

L'embarcation de Claire a accosté quelques instants après les vainqueurs.

Elle ne voulait surtout pas rater les retrouvailles entre Julie et Olivier. Elle était trop curieuse.

Les jeunes l'ont aidée à descendre. Et elle leur a fait une bise à chacun. Plus appuyée pour Julien et au coin de ses lèvres. Toujours un visage lumineux.

Elle s'est écartée de lui, la main droite glissant le long de son bras gauche jusqu'au bout de ses doigts.

« Au revoir » et avec un clin d’œil : « Bonne chance »

Elle s'est pressée pour rejoindre le groupe. Olivier s'était déjà accaparé Julie. Il lui racontait sa balade en barque mais sa voie, qui se voulait enthousiaste, n'était pas naturelle. Avait-il déjà avalé une couleuvre ou craignait-il d'être mené en bateau ? Devant témoins.

Peut-être commençait-il à croire tout le monde complice de son infortune ? Et que tous déjà rigolait dans son dos.

C'est bien connu, le cocu est toujours le dernier informé !

Remarque valable aussi pour la cocue.

Il avait hâte que Julie lui donne sa version de son occupation avec Pierre, mais sans paraître bourrin en trop précipitant l'interrogatoire.

Il n'était certainement pas en condition pour accepter la version qu'il allait entendre. Il leur faudra sans doute une explication de texte en tête à tête.

Pierre de son coté a accueilli Claire avec sa tranquillité habituelle.

Il l'a prise dans ses bras.

« Alors ma belle, tu as trouvé Robinson sur cette île ? »

« L'exploration a été profonde, mais pas concluante »

Ses bras l'ont emprisonnée et serrée contre lui. Qu'elle se sentait bien lovée dans ces bras là. Sécurité et tendresse.

Elle en oubliait Olivier et Julie, mais elle aussi voulait savoir.

Elle a attaqué :

« Tu ne t'es pas ennuyé sans moi, je pense »

« J'aurais du ? » il était gai.

Elle a poursuivi plus bas afin de ne pas être entendue ;

« Julie mérite bien une exploration profonde »

« Et puis elle est jeune, elle » Il jouait.

« Salaud »

D'une main il lui a pris le menton et l'a regardée dans les yeux.

« Tiens, tiens, la miss serait-elle jalouse ? » Avec son sourire enjoliveur. Chromes brillants.

Et il l'a embrassée sur les lèvres.

Elle ne s'est pas contentée de ce baiser qu'elle a considéré comme une esquive.

« Tu me le dirais, si tu me trompais ? »

« Et toi ? »

« C'est moi qui pose la question »

« Ma réponse est la même que la tienne »

Réponse sybilline...

Comment devait-elle l'interpréter ?

Le lieu n'était pas idéal pour continuer leur jeu du chat et de la souris.

« Petit con » Elle l'injuriait en souriant.

« L'insulte est l'arme des faibles » Il était hilare.

Elle lui ai écrasé le pied et lui a fait mine d'avoir mal.

« Salope, attends voir »

Il l'a soulevée alors de terre et portée vers le bord de la rivière.

« Un petit bain va te faire du bien »

« Attends je te vais te donner un coup de main » C'est Gérard qui se précipitait.

Il l'a prise par les pieds et Pierre la maintenait aux aisselles.

Ils ont commencé le balancement.

« A la une »

« Non, vous êtes malades ! » Elle gigotait, se débattait. Sa jupe est remontée, ses chaussures ont volé.

Gérard avait une belle vue sur la salle des fêtes de Claire. Même s'il connaissait déjà la topographie des lieux, il ne se gènait pas pour se rincer l’œil.

« A la deux » « Non !!! »

Son chemisier a été tiré hors de la jupe. Des boutons se sont détachés. Alors que ce n'était pas nécessaire, Gérard tout en la tenant solidement lui a écarté, sans vergogne, les jambes.

Il serait bien allé se divertir dans cette salle !

« A la trois »

Elle a hurlé : « NONNNNNNN »

Gérard l'a lachée, ses pieds sont partis vers la berge. Pierre a fait deux pas en direction de la rivière pour lui donner la sensation de filer vers l'eau, mais il l'a retenue. Ouf.

« Vous êtes dingues »

Pierre l'a allongée sur l'herbe, et elle s'est laissée faire, toute heureuse de ne pas barboter dans la vase.

Il s'est couché sur elle.

« Tu as cru que j'allais te balancer dans l'eau ? »

« Oui »

« Et la confiance ? »

« Tu peux être surprenant des fois »

Jamais je ne te tiendrai en laisse, m'as-tu dit, Pierre, au début de notre relation. La confiance réciproque est le plus solide des liens. Il lui en fallait à cette époque, de la confiance, pour vouloir vivre avec moi.

Lui en restait-il suffisamment ?

Un silence. Son regard l'a scrutée.

Le corps de Pierre était chaud. Claire qui était crispée s'est détendue.

La tension a changé de nature. La peur a cèdé la place au trouble.

Pierre a repris la parole en premier. « J'ai envie de te violer »

« Ce ne serait pas un viol »

Il l'a embrassée. Un baiser brûlant.

Ses mains ont entouré son visage.

Le baiser fini, les yeux de Pierre se sont embués. Comme une carapace qui se fissurait parce que trop souvent malmenée.

Ce qu'elle a lu dans ses yeux voilés lui ont transpercé le cœur.

Il y avait de la tristesse. Il y avait de la peur.

Il y avait de l'Amour.

Heureux soient les fêlés car ils laissent passer la lumière a dit Audiard. Oui ,derrière ces fissures, elle voyait de l'Amour.

Elle l'aimait cet homme, mon dieu comme elle l'aimait. Et malgré toutes les aspérités de Claire, Pierre l'aimait de la plus forte des façons. Sans restriction.

Elle ne savait pas ce qui s'était passé avec Julie. Avaient-ils couché ou jouaient-ils la comédie à Olivier et à Claire ? Julie, comme toutes les femmes, avait des antennes et l'avaient-elles mise en alerte ?

Claire a attiré Pierre pour un nouveau baiser. Indescriptible.

Un baiser qui a irradié les corps.

Un baiser qui les a uni intimement.

Un baiser qui les a enfermé dans une bulle

« Baise-moi »

C'était une injonction. Elle voulait le sentir au plus profond de son ventre.

Elle a remonté le bas de sa jupe et de ses jambes elle l'a enserré. Elle me moquait du regard des autres. Au contraire qu'ils soient témoin de cet amour.

« Prend-moi tout de suite »

Elle a commencé à détacher la ceinture de Pierre.

Celui-ci a arrêté son geste.

« Il y a un peu trop de monde qui regarde »

« Peu importe »

« Non, pas ici. ce soir »

Claire s'est dégagée.

La déception marquait son visage.

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