3 - La demande incongrue

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« Est-ce que tu veux sortir avec moi ? »

Claire se souvient toujours de cette demande qu’il lui avait formulée.
C’était tellement improbable !

Tellement comique !

Ce souvenir m'émeut pourtant toujours aujourd'hui.

« Est-ce que tu veux sortir avec moi ? »
Devant l’air incrédule de Claire, Pierre avait reposé la question, avec un mauvais pressentiment quant à la réponse.

Claire n’avait jamais eu une telle proposition.
Cela lui était arrivé, bien sur, de rester quelques temps avec le même garçon. Mais c’était toujours le résultat d’une bonne baise qu’elle et le copain du moment voulaient faire durer, le temps d’exploiter tous les filons.
La durée dépendait de la créativité du garçon !

Et même dans cette situation, elle ne garantissait jamais l’exclusivité.
Mais il n'y avait jamais de demande "officielle"

On lui proposait plutôt :

« C’est pour consommer sur place ou pour emporter chez vous ? » avec toute la délicatesse qui va avec.

Mais jamais « veux-tu sortir avec moi ? »

« Non ? Je n’aurais jamais dû poser la question » Pierre s’enfonçait sous terre devant l’air ahuri de Claire.

Claire, que ses amis les plus poétiques, surnommaient la « fille aux courants d’air » - Toujours ouverte, ça rentre et ça sort par toutes les ouvertures - n’en revenait pas.

Pierre la côtoyait tous les jours, connaissait ses talents particuliers. Il ne l’avait jamais baisée, un des rares de la bande sinon le seul, ni même n’avait jamais tenté une quelconque approche.

Je pensais que tu étais puceau, Pierre. Et c'était bien le cas, tu me l'as confirmé plus tard.

Mais j'aimais bien discuter avec toi.

Sans doute parce que l'un des rares à voir en moi autre chose qu'un bon coup.

Au cours des soirées bien arrosées, il avait l’occasion d’admirer Claire en pleine action. Indépendante et pleine de vie.

Elle pompait avec générosité.
Elle offrait son cul avec chaleur.
Elle écartait les jambes avec joie.

Générosité, chaleur, joie.
Pierre ne tirait que ces enseignements des acrobaties de Claire.
Il la voulait mais n’osait.
Il avait peur de la liberté de Claire.
Il avait peur de ne pas être à la hauteur de ses performances.

Le papillon attiré par la lumière !

« Je ne te plais pas assez ? »

Tu me faisais de la peine. Tellement de tristesse et de déception dans tes yeux !

Elle aurait pu lui proposer de coucher. Mais non. Elle sentait que ce n’était pas la réponse qu’attendait Pierre.

« C’est tellement… surprenant. J’ai besoin de réfléchir » Effectivement, elle en avait besoin mais uniquement pour trouver les bons mots.

Je ne voulais pas te blesser Pierre.

« Écoute Pierre, tu es un bon camarade et je t’apprécie beaucoup. J’ai envie que tu restes un ami … »

Pierre n’a pas écouté la fin. Il s’est retourné et est parti en grommelant « Ok, ok, restons bons amis » Avec beaucoup d’amertume dans la voix.
Il s’est éclipsé.

Eclipse de soleil

Pierre, Pierre.
Tu t’es perdu quand tu m’as trouvée !
Et moi ? Penses-tu à moi ?
Pierre, je ne veux pas te perdre.
Tu m’as trouvée, ne pars pas.

Elle a été chagrinée de voir Pierre malheureux quand elle lui a répondu ne pas vouloir « sortir avec lui ».
Ce jour là, elle s’est demandée ce que signifiait pour lui le verbe sortir.
Sortir pour vivre ensemble ? Pour une heure ? pour un jour ? pour la vie ?
Ou se méprenait-il sur ses réels sentiments ? Est-ce qu’il ne confondait pas le verbe « sortir » avec le verbe « baiser »
Combien d’hommes lui ont crié des « je t’aime, Claire » au moment de la jouissance ?
Beaucoup
Beaucoup, mais aucun ne l’a aimée véritablement.

Elle était d’une compagnie agréable. Souvent de bonne humeur.
Pas sotte.
Ils appréciaient sa plastique, sa souplesse, la douceur de sa chatte, la profondeur de son cul, la chaleur de sa bouche.
Ils étaient enchantés de sa liberté sexuelle, qui les faisait bander vigoureusement.
Pour certains, elle représentait un havre de jouissance.
Pour d’autres un moment de réjouissance.

Les deux à la fois.

Aucun n’envisageait de vivre avec elle.

Tous se flattaient de cocufier le précédent, mais la plupart ne supportait pas d’être cocufié par le suivant.
Aussi, bien souvent, ils partaient avant d’avoir les cornes.
Ou de les avoir trop longues.

Alors quand Pierre a fait sa demande, Elle n’a pas envisagé une minute que ce pouvait être « pour la vie »

Claire avait appris que quand un homme lui soufflait « je t’aime », c’était parce qu’il avait une idée dans le slip et qu’il n’était pas assez déconstipé pour simplement proposer une partie de jambes en l’air.

Et quand cela sortait pendant l’amour, c’était pour éviter de lui crier « t’aime ça, salope »

Éventuellement, elle aimait.
Pas à tous les coups.

Pourtant, une fois elle y a cru…
Une fois, oui. Avant Pierre.
20 ans. Elle n’avait pas encore entièrement perdu sa naïveté.

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