La fibule

de Image de profil de JAC LYNNJAC LYNN

Apprécié par 1 lecteur
Image de couverture de La fibule

Au fond de l’ergastule où on l’avait enchaîné, lui parvenaient les arpèges de l’épithalame. Plus noir que réglisse dans la béance de son cachot, il rugit, secoua les fers qui le clouaient au mur...Longtemps, longtemps dans la nuit résonna sa douleur, une manière de faire sienne la fiancée que son maître venait de lui voler pour en faire une de ses épousées. Après ce coup d'éclat, sûr qu'il n'allait pas s'en sortir comme ça !

Au matin le régisseur était là....avec son fouet ! Les lanières de cuir creusèrent des sillons de chair rouge, sur sa trogne luisante des larmes de haine dessinèrent des fils de poussière sur sa peau d’ébène mais pas un cri ne vint heurter la lourde porte de bois où tremblante l’esclave violée réprimait des spasmes de honte et de dégoût. Les oiseaux s’étaient tus.

De l’instant intense et tendu, transpirait l’amour de deux pauvres ères, lui sous les coups, elle sous la férule d’un Romain dépravé. Vite elle se ressaisit, courut déflorée remplir sa cruche à la fontaine du patio et sortit aussitôt de la villa. La rue descendait vers le port déjà embouteillé par les porteurs de jarres d’huile et de vin. On chargeait les bateaux et les gardes étaient occupés à surveiller le fret. Une aubaine ! Elle se glissa furtivement dans les petites ruelles adjacentes et regagna les arènes où claquaient les étendards.

Il y aurait combat ce soir. Des lions et des hommes, du pain et des jeux…

Les coulisses sombres suintaient de soupirs et de gémissements mais tout au fond du boyau croupissait le silence. C’est là qu’était son aimé, son ténébreux colosse au cœur tendre.Elle l’appela en chuchotant. Deux mains puissantes accrochèrent les barreaux. C’était lui, vivant ! Elle posa sa cruche, déchira un morceau de sa robe et s’approcha du corps immense qui se colla à la grille de la geôle. Et dans la pénombre ils se burent des yeux. La fièvre de son regard et la colère qui crispaient ses mâchoires l’effrayèrent.

Elle humecta le tissu de l’eau qui était encore fraîche et doucement elle lui rafraîchit le visage qui se détendit petit à petit. Elle pansa du mieux qu’elle pût les zébrures sanguinolentes qui creusaient sur le torse des rigoles de feu y posant par endroit des baisers doux pour en conjurer les brûlures. Puis plongeant dans ses pupilles dilatées, délicatement elle ouvrit sa fibule d’argent, sa robe glissa. Nue dans l’ergastule, elle se planta la longue aiguille de sa broche dans le cœur, et lui offrit sa vie, d’amour n’ayant que lui.

Il y aurait combat ce soir. Des lions et un homme qui s’offrira à eux….

Tous droits réservés
1 chapitre de 2 minutes
Commencer la lecture

Table des matières

En réponse au défi

Loyauté

Lancé par Jeane

Bonjour,

Il n'y a rien de plus noble que la loyauté, mais jusqu'où êtes-vous prêts à aller par loyauté ?

Je vous propose ce défi, où vous pouvez écrire une nouvelle, de plusieurs chapitres si vous volez, mais pas très longue, qui traitera de ce principe.

Surprise me !

Commentaires & Discussions

AimerChapitre1 message | 5 ans

Des milliers d'œuvres vous attendent.

Sur l'Atelier des auteurs, dénichez des pépites littéraires et aidez leurs auteurs à les améliorer grâce à vos commentaires.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0