47 - Rénégate

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8e jour de la saison du sapin 2450

Elle portait son intimidante morgenstern suspendue à son dos. Nerveuse à l'idée de faire face à l'assassin qu'était Nixie-Elle, elle caressa doucement le baudrier qui lui barrait la poitrine, passant en diagonale entre ses seins. Ce n'était pas très confortable en cause de la rigidité de son armure lourde, mais c'était ainsi qu'elle préférait se vêtir pour le combat. Elle s'était entraînée pendant des années pour perfectionner un style lent, précis et destructeur.

Ce qu'elle détestait l'éventualité de devoir affronter une amie, quoiqu'elle ne fût pas particulièrement proche d'elle, pas comme sa sœur l'était. Elle s'était imaginée dans maintes situations ardues, mais pas celle-ci. Encore heureusement que son heaume dissimulait la moitié de son visage et rendait son expression plus difficile à discerner. Tout ça la virait à l'envers, quoiqu'elle réussît assez bien à maintenir sa composition.

Sa mission était de plus haute importance et ce malgré sa nature autant personnelle que professionnelle. On parlait de sa famille, de son sang, mais aussi de la seule dragonnière violette et du légendaire Turion dont le pouvoir était, à ses yeux, inimaginable. Elle fut victime d'un tremblement anxieux qu'elle n'arriva pas à retenir.

Une main se posa sur son épaule alors qu'elle s'apprêtait à ouvrir la porte menant au corridor des dortoirs. Elle vira la tête, accordant une expression interrogatoire à sa campagne. Fayne n'était pas sotte. Bien au contraire, elle était dotée d'une intelligence supérieure au reste du groupe. Elle avait soit détecté les sentiments de la guerrière ou bien, elle les avait déduits. Quoi qu'il en fît, elle apporta une source de confiance en Arièlla qui réussit à se calmer.

— Il est possible que Nix soit de notre côté, un peu comme Naësh et Karasha, lui rappela l'herboriste, sa voix douce et basse.

Elle ne désirait pas révéler leur présence. Ça, c'était un choix laissé à Arièlla qui menait la mission.

— Il va falloir qu'ils le prouvent, siffla la blonde.

— Rebâtir une confiance n'est pas facile, agréa la brunette en tentant d'alléger la conversation d'un radieux sourire. Certes les choses ne seront plus jamais comme avant, mais si Nix démontre une bonne grâce, accordes-lui une chance.

Sur le coup, Arièlla ne fut pas en accord avec l'hydromancienne. Nixie-Elle était une personne dangereuse et elle aurait préféré que cette dernière montre ses preuves à une distance sécuritaire. Ce sentiment fut vite confronté par les liens d'amitiés qui avaient été forgés au cours de l'année. Elle pinça les lèvres, irrité par ce qu'elle jugeait être une erreur.

— Uniquement pour Azéna et en cause de tout le mal qu'elle s'est donné pour la protéger.

Le sourire de Fayne s'étira et elle sembla plus que ravis, ses yeux réconfortants brillant d'espoir.

— Mais je n'hésiterai pas à nous défendre, avertis la pyromancienne dont la tonalité avait repris sa dureté.

Le visage de la Litfow s'assombrit à cette possibilité. Elle retira sa main de l'épaule solide de sa maintenant-supérieure et agréa doucement d'un subtil hochement de tête.

C'était le moment.

Arièlla ouvrit la porte et se dirigea, à pas aussi léger qu'elle le pouvait à contraint de l'encombrement de son habit, vers la salle commune. Il n'y avait aucun son ; le silence était roi. C'était étrange considérant qu'Azéna et Nixie-Elle étaient toutes les deux loin d'être subtiles.

Elle continua, descendant les escaliers qui grinchaient à chaque pas. Et à chaque pas, elle maudissait la dure réalité qu'elle était nulle en furtivité. Nixie-Elle était-elle déjà au courant de sa présence, de sa position, de ce qu'elle faisait ? Elle n'en serait pas surprise. Pourtant, rien ne se passait. Les seuls signes de vie étaient ce crissement de bois irritable et son battement de cœur qui luttait pour maintenir son calme. Elle mit une main sur le manche décoratif de son arme, se préparant pour une immédiate confrontation.

Enfin, elle vira le coin qui délimitait la salle commune au reste de la tour. Là, effondrer près de l'âtre, était Nixie-Elle. Elle avait une sale bosse sur la tempe, suggérant qu'on l'avait soit assommée ou qu'elle s'était cognée contre une surface dure.

— Q-quoi... ? murmura Fayne, choquée. Comment... ?

Arièlla ne s'arrêta pas à l'humaine meurtrière. Elle scruta la salle à la recherche de l'archère. À sa déception, elle n'était pas là. Ça ne suggérait rien de bon. Soit Azéna avait été capturée ou elle s'était enfuie après avoir réalisé les vraies intentions de sa garde. Arièlla espérait sincèrement que ce ne soit ni un ni l'autre, mais les autres possibilités lui semblaient invraisemblables.

— Nix ! appela Fayne, son regard inquiet fixé sur l'assassin immobile.

Elle fit un pas en sa direction. Arièlla lui barra la route de son bras.

— Quelque chose de mal s'est passé ici, lui rappela-t-elle.

L'herboriste déglutit, trahissant son anxiété et s'arrêta, laissant la guerrière s'occupée de la tâche.

Arièlla s'approcha de l'inconstante avec une lenteur qui réussissait presque à lui faire perdre patience. En passant près de la fenêtre, elle y jeta un bref coup d'œil. Dehors, les éclats, toujours d'une teinte différente de la précédente, illuminaient encore les environs par intervalles. Les trois dragons et deux dragonniers qui se faisaient face étaient de retour à la Tour Mère. La bonne nouvelle s'arrêtait là. La majestueuse tour était mal en point et menaçait de s'affaisser à tout moment.

La blonde retint des larmes, qu'elles furent issues d'une tristesse ou d'un soulagement, elle n'en était pas certaine. Elle s'obligea à se concentrer sur la situation qui lui faisait face. Elle vacilla son regard sur Nixie-Elle qui n'avait pas bougée. Elle fit signe à Fayne de rester immobile et calme.

Voir la garde de sa sœur, sachant qu'elle était elle aussi une rénégate, lui apporta un arrière-goût amer. Elle s'accroupie près d'elle. Elle leva un bras comme pour se protéger d'une attaque et de l'autre, elle lui toucha grossièrement la joue. Pas de réaction. Elle recommença quelques fois avant que l'aéromancienne remuât dans son sommeil. Celle-ci marmonna incompréhensiblement et à mesure que les bredouillements sortaient, son expression se durcit de plus en plus.

Enfin, elle se redressa d'un coup.

— Azéna ! aboya-t-elle, les yeux écarquillés par la confusion.

Elle se prit la tête entre les mains, trépigna avec colère et poussa un long gémissement.

— Aïïïeee putain ! Cet'canaille ! Elle a osé !

Lorsqu'elle eut terminé de se lamenter, elle réalisa enfin qu'elle n'était pas seule. Ses muscles se tendirent et elle adopta une position défensive dans l'espace d'un instant.

Arièlla fit de même, quoique plus lentement, son agilité limitée en cause de son armure. Les deux guerrières se retrouvèrent face à face, armes en mains, prêtes à débuter un duel.

— Ari ? réalisa Nixie-Elle en abaissant légèrement ses épées courtes.

— Où est Azéna ? questionna la blonde d'un ton comminatoire, la mâchoire serrée et la poigne à sa massue ferme.

— Mais j'en sais rien ! Calme-toi à l'fin ! La foutue canaille m'a balancé au mur !

— Il devait y avoir une raison derrière tout ça.

— Bah m'ouais ! Elle s'est mise dans son idiote d'tête qu'il fallait aller chasser un Gok'Mok et Umah, raconta Nixie-Elle dans un grognement vexé. En tant qu'garde, mon devoir est d'l'a garder saine et sauve. Évidemment, j'lui ait refusé cet honneur et elle a perdu l'boule ! Comme un lapin qui vient d'se faire refuser une copulation ! J'vous dis, moi !

Fayne grimaça, sûrement dû à l'image gênante qui avait dû lui pondre dans l'esprit. Arièlla, de son côté, avait décidé d'effacer la dernière partie de sa mémoire. Aucune d'elles ne dit un mot.

— Quoi ? insista l'assassin qui pencha la tête. Quelque chose n'va pas... ?

Son attention vacilla d'une personne à l'autre. Elle prenait le temps d'étudier leur langage corporel. Cela ne surprit pas la pyromancienne qui était très conscience de sa spécialisation.

Fayne n'était pas subtile. Comme à son habitude, elle portait ses émotions ouvertement. Elle ne réalisait pas, ou plus probablement, elle n'acceptait pas, que Nixie-Elle pouvait se transformer en une menace mortelle en l'espace d'un moment. Mais elle était bien au courant de son lien avec la Confrérie de Sombrelame et ce fait la rendait nerveuse. Elle fixait l'adulte en jouant méthodiquement avec la fleur métallique suspendue à son cou, les yeux écarquillés et souriant jaune.

Nixie-Elle demeura complètement au naturel, mais elle avait été entraînée pour de tels situations et Arièlla le savait que trop bien. Soit-elle n'avait pas pigé, sois elle faisait semblant, ce dernier étant plus probable. Lorsqu'elle se vira vers la demi-elfe, sa poigne s'ajusta si légèrement qu'on aurait pu aisément le négliger.

Arièlla ne prit pas de chance. Elle recula d'un pas et leva le bras à nouveau. Elle eut raison. En cause de sa réaction précoce, elle eut tout juste le temps d'éviter un coup à horizontale d'épée.

Le jeu cessa. L'expression nonchalante de l'assassin se transforma en quelque chose de troublant, de froid comme elle seule savait le faire lorsqu'elle plongeait en combat. Personne ne serait blâmer pour figer devant une telle menace et c'était, déjà là, signer son arrêt de mort. Il ne fallait surtout pas se laisser intimider. Nixie-Elle n'était pas si bien protéger que ça ; son armure était solide certes, mais elle ne couvrait que peu pour promouvoir la fluidité du mouvement qu'un assassin nécessitait.

— Non ! Arrêtez ! s'écria Fayne, prise de panique.

Elles étaient coincées dans une salle assez petite. L'espace était restreint et ça mettait Arièlla en avantage. Celle-ci balança sa morgenstern qui était si longue qu'elle décrivit un demi-cercle qui couvrit la moitié de l'espace.

Nixie-Elle réagit bien, ses pas légers, balancés, et évita le coup en effectuant une pirouette par derrière. Elle savait trop bien que si cette massue munie de piques l'atteignait, ce serait la fin. Elle préférait la jouer à la défensive et prudemment. Elle attendit en observant. Au bout de ses bras scintillaient ses épées acérées.

— Nix ! Ari ! Non ! s'affola l'herboriste qui recula dans un coin mal illuminé. Pas ça ! On peut trouver une solution ensemble !

Arièlla fit trois pas en arrière, s'arrêtant près de la fenêtre. Elle tendit les muscles, se préparant à une nouvelle attaque. Elle espérait sincèrement que Fayne se taise. Elle craignait qu'elle attire l'attention sur elle.

Et non à sa grande surprise, l'assassin détourna son attention sur une proie plus faible. Elle bondit. En chemin, elle rangea l'épée de gauche dans le fourreau du côté droit, mais garda l'autre prête. Dans une série de mouvements rapides, elle se retrouva derrière la brunette, la cime de l'arme contre sa gorge et sa main libre sur une potion attachée à sa ceinture. Dans le philtre, le liquide couleur de feu ondulait au rythme des mouvements de son porteur.

— Tu n'oserais pas, grogna la Valkirel.

Nixie-Elle demeura aussi dure que l'assassin qu'elle se prouvait à être. Elle ne démontrait pas une miette de sentiment.

— T'a l'choix. Laisse-moi partir ou j'flambe la place !

Elle empoigna le philtre rempli de potion de feu vivant que Fayne avait méticuleusement préparée en cas d'urgence grâce à l'ingrédient principal : le souffle d'un dragon rouge. Si on la tirait, elle causerait une explosion de flammes.

Arièlla s'apprêta à répliquer, mais Fayne fut plus rapide.

— Nix, nous sommes tes amies ! Ça ne dérange pas que ais rejoins la Confrérie ! Je comprends ! N-nous comprenons ta misère, ton choix ! C'est difficile de garder un serment si rigide.

Après la révélation de la relation entre Azéna et Naëshirie, ce fut au tour de Nixie-Elle et d'Èrionda. Fayne était celle qui eut le plus de difficulté à s'y faire, mais elle s'y était adaptée, choisissant de garder les secrets de ses amies, pour leur bonheur et leur sureté. Ces paroles semblaient sincères. Elles étaient animées d'émotions vives. De plus, ce n'était pas son genre de mentir.

Arièlla eut le réflexe de se détendre, mais elle y renonça, incapable de prendre le risque. Nixie-elle restait immobile. En temps normal, elle aurait déjà fait son choix. Un assassin ne perdait pas son temps, surtout si c'était pour sauver sa peau ou accomplir sa mission. Elle ne le démontrait aucunement, mais elle hésitait.

Arièlla décida de laisser Fayne tenter d'amadouer l'aéromancienne, mais elle n'abaissa certainement pas son arme.

La brunette était paniquée, totalement. Ça se voyait clairement : elle suait à grandes gouttes, son pouls était si agressif qu'on voyait gonfler son artère au cou et ses membres étaient raides comme une statue. Malgré tout, elle maintenait son sang-froid et parlait avec solidarité.

— Nix, tu t'es engagée à protéger Azéna. Elle te fait tellement confiance, si confiance.

Elle fit une pause. Pas de réaction de la part de Nixie-Elle dont les traits ne s'étaient pas adoucit. Arièlla voyait ça comme une réaction positive. Elle encouragea la Litfow d'un signe de tête de continuer, de ne pas baisser les bras.

— Elle t'adore, c'est vrai. Ça se voit, si on sait où chercher.

Cette fois, l'assassin laissa l'émotion émerger que par un seul signe : une minuscule larme au coin de l'œil gauche. Elle serra la mâchoire, suggérant qu'elle luttait intérieurement.

Pendant un moment, elle demeura ainsi, ses yeux de faucon fixés sur sa seule menace : Arièlla.

— Nix..., souffla doucement Fayne comme si c'était son dernier espoir.

Nixie-Elle poussa un petit grognement et poussa férocement son otage en direction de la guerrière. Cette dernière dû se défaire de sa position défensive pour éviter que Fayne ne se fasse empalé par la massue. Ainsi, la brunette vint la heurter en plein fouet. L'arme d'Arièlla lui glissa des mains et tomba dans un bruit sourd. Les deux adolescentes s'écroulèrent lourdement au sol.

La Valkirel se releva aussi rapidement que possible, mais il était déjà trop tard. Nixie-Elle avait pris la fuite.

— Saloperie ! vociféra-t-elle. Rien de cassé ?

— Non, dit Fayne en utilisant le rebord de la fenêtre comme support. Juste un peu de douleur à la hanche, mais ça ira.

Sans difficulté, la guerrière l'aida à se relever d'une main avant de récupérer sa morgenstern. Elle l'a suspendue à son dos et se tourna vers les escaliers qui menaient aux chambres.

— On doit trouver Azéna avant Nixie-Elle.

— Tu crois qu'elle s'en prendrait à Zé ? s'inquiéta l'herboriste qui la talonnait à petits pas. Je ne crois pas... Elle n'est pas... Elle aurait pu nous faire plus de tort, mais elle ne l'a pas fait...

— Je n'espère pas, Fayne. Je ne suis pas ici pour juger. Mais on ne sait jamais et je n'en prendrais pas la chance, dit la Valkirel en montant sauvagement les marches. Allons trouver ma folle de sœur.

De retour à la chambre d'Azéna et de Fayne, elle se rua vers la fenêtre qui avait été laissée ouverte. Les rideaux frémissaient dans les brises glaciales qui transformaient le déluge en pluie verglaçante. Le planché commençait déjà à se transformer en patinoire.

— Elle aurait pu fermer la fenêtre, ronchonna la brunette en se mettant les mains les hanches comme une mère frustrée.

Arièlla se tourna momentanément pour lui offrir sa plus grande évidence d'apathie pour la situation.

— Vraiment ? Un peu de concentration sur ce qui importe, non ?

— Désolé, dit son amie, ses joues virant au rose.

Les dragonnières furent accueillis par Harath et Ella qui attendaient pour elles perchées sur la toiture glissante. Au lieu de la dragonne verte, Buhrik aurait dû être celui qui présent. Fayne fut la première qui réagit à son absence en poussant un gémissement inquiet.

— Où... ?

— Il avait été conclu que moi et lui patrouillerions en attendant votre retour alors que Harath resterait ici, expliqua Ella.

Arièlla fronça les sourcils, envisageant déjà une mauvaise nouvelle.

— Que fais-tu ici alors ? demanda-t-elle à la dragonne verte.

— Nous avons agis en dragonneaux, souffla Ella avec une pointe de tristesse. Nous avons sous-estimé une bande de ces rebelles de Sombrelame. Ils ont capturé Buhrik dans des filets et je suis parti chercher de l'aide.

— Il faut aller l'aider ! s'affola Fayne en suppliant sa supérieure du regard.

— Bien sûr, agréa la blonde en montant sans tarder sur le dos de sa partenaire aux écailles cramoisis. Allons s'y.

Fayne tenta de l'imiter, mais lorsqu'elle fit un pas vers Harath, elle se retrouva face à face avec une paire d'yeux menaçante et des crocs acérés.

— Pas question, grogna la dragonne rouge. Je ne suis pas une mule.

La Litfow eut un mouvement de recul. Ses yeux noisette étaient arrondis et paraissaient anormalement gros. Sa lèvre frémit, trahissant son angoisse grandissante. Elle ne savait visiblement pas quoi faire. Elle avait besoin de se rendre au sol et rapidement, mais elle ne pouvait certainement pas sauter. Arièlla ne pouvait pas forcer Harath de la porter non plus.

— Ici, l'appela Ella en désignant son dos d'un signe de tête, son long cou se mouvant comme une anguille. En temps normal, ce serait non, mais Teriondil t'apprécie beaucoup et cette faveur à son égard ne me froisse pas, termina-t-elle en accordant un regard désapprobateur à l'autre dragonne.

L'herboriste accepta l'offre, grimpant doucement Ella pour ne pas lui faire mal et aussi parce qu'elle détestait voler. Il lui fallait se concentrer pour affronter l'idée. Elle s'installa à califourchon avec un évident malaise : ses mouvements étaient lents, incertains et tremblotants.

— Va s'y, vas s'y ! dit-elle, anxieuse de partir. ET MERCI ! couina-t-elle dans un mélange de bonheur et de peine.

Ella ne perdit pas de temps et s'exécuta. Elle ouvrit les ailes et donna un puissant coup de pattes arrière pour se donner l'élan nécessaire pour le décollage.

Harath suivit son rythme, se tenant à ses côtés, faisant mine de rien. Cette attitude ne dupa pas Arièlla qui savait qu'elle était grincheuse et trop fière pour avouer ses fautes. Ce n'était pas la peine de lui en parler. Elle préféra s'attarder à autre chose.

— Mes plus sincères remerciements, dit-elle en guise de la partenaire de Teriondil.

Elle vacilla son regard brun sur elle pendant un moment et accéléra soudainement, provoquant une réaction de terreur chez Fayne qui poussa un hurlement strident. L'herboriste fixa de son regard traumatisé les bois décorés de sa monture, sûrement dans une tentative futile de se distraire de la situation. Ça ne semblait pas fonctionner car elle semblait au bord des larmes.

Arièlla aurait voulu la consoler, mais elle avait d'autres priorités. Elle devait aller retrouver le reste du groupe, s'assurer que Buhrik soit sauvé et enfin, aller récupérer sa tornade de sœur. Elle sentit quelques muscles se contractés sous l'effet du stress. Elle expira longuement et se concentra sur le battement de son cœur. Celui-ci ralentit au bout d'un moment.

— Au fait, avez-vous aperçu Nixie-Elle qui décampait ?

— Non, dit Harath.

— J'ai cru ressentir une souris s'évader. J'ai cherché mais je n'ai rien trouver, feula Ella avec irritation.

Derrière elles, Rendar s'écrasait contre la Tour de la Clarté, la fracassant sauvagement sous son poids. Il rugit, un cri empli de rage et au même moment, un torrent de flammes engloutit le monde autour de lui.

Arièlla détourna le regard, se sentant toujours aussi mal de laisser son Grand Maître affronter ces monstres seuls.

Enfin, au sol, les silhouettes d'Argoshin, de Karasha, de Naëshirie et de Teriondil se découpèrent de l'ombre de la nuit.

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