42 - Chasser un prédateur

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8e jour de la saison du sapin 2450

Une masse titanesque qui toisait les habitations d'Atgoren complétait sa croissance. Elle était étrangement composée d'eau qui tourbillonnait sans cesse. C'était comme si une multitude de maelströms coexistaient pour donner naissance à une créature bipède à base élémentaire.

— Nom d'un loup castré ! s'exclama Nixie-Elle, les traits étirés par la surprise. J'en crois pas m'yeux ! Un élémentaire ! Oohhh ! C'est pas drôle ça. Pas drôle du tout !

— Un quoi ? enquit Azéna. Ça me dit quelque chose...

— Sûrement parc'que t'es supposé l'apprendre pour t'examen final cett'année ! aboya sa garde, exaspérée. D'toute façon... C'est une manifestation issue d'la colère d'un élément lorsque celui-ci est assez perturbé. Ils sont vu comme d'désastres naturels. Très, très puissants et ne cessent d'détruire jusqu'à qu'ils sont apaisés.

— Heu... Dis... Comment on s'en débarrasse ?

— Triple idiote ! Plus tu l'aggraves, plus ça devient pire ! Si personne n'trouve un moyen d'rétablir l'ordre, ils ne s'endorment qu'lorsqu'ils écrasent la cause d'leur fureur.

— Heu..., hésita l'aéromancienne cadette, incertaine de saisir la comparaison avec un loup qui se fait vicieusement arracher les testicules. Bon ! C'est pas bon dans ce cas. Mais... j-je comprends pas... Qu'est-ce qu'on a foutu pour irriter l'élément de l'eau à ce point ?

Elle sentit une poigne lui agripper doucement le bras. Elle vrilla son attention sur Nixie-Elle qui fronçait légèrement les sourcils.

— Les Gardiens d'Aerinda s'en chargeront, lui dit lentement cette-dernière, sa tonalité froide.

Un sentiment d'incertitude s'éprit de la demi-elfe face à cette déclaration. L'attitude et le langage corporel de Nixie-Elle était radicalement différent d'il y a qu'un moment de cela. Elle avait passé de son habituel énergie enthousiaste, quoique grognon à un bloc de glace sévère. Elle ne passait que rarement à cet état d'esprit... Seulement lorsqu'elle était en mode assassin.

— Devrais-je m'inquiéter ?

En arrière-plan, le gros monstre translucide s'en prenait aux quelques dragons et dragonniers qui avaient répondus à ses actions. Un rugissement assourdissant retentit, annonçant l'état d'urgence de la cité. S'en fut assez pour répondre à la question de l'archère qui grimaça, incertaine de quoi faire.

— Viens, ordonna tranquillement la garde.

Elle relâcha l'adolescente et attendit que celle-ci ramassa ses affaires. Elle la guida en direction de l'académie, soit du côté opposé du danger. Un torrent de dragonniers au visage familier, accomplis ou apprentis, se ruèrent, dragons au-dessus de leurs têtes, vers l'élémentaire enragé. Il semblait que seules Azéna et Nixie-Elle n'allaient pas participer.

— Mais ! Nix ! Il faut aider ! s'offusqua la demi-elfe.

Une bourrasque violente et chaude faillit lui faire perdre son équilibre. Dans le ciel, le plus massif dragon d'Atgoren suivait le flux de la foule, ses écailles rubis scintillant faiblement au clair de lune émeraude. C'était là un wyrm du vol rouge : le grand Rendar. Sa simple présence transpirait de l'énergie ardente. Son fier cavalier, quoique petit en comparaison, n'en était pas moins inspirant. Il s'accoutrait d'une armure lourde dont les épaulières avaient été façonnées à l'image du dragon qui le transportait.

Tous les Guerriers d'Aerinda, à l'exception de quelques un, n'hésitaient pas à défendre leur cause, leur chez-soi. Azéna désirait en faire partie.

— Nix ! Hé !? Tu m'écoutes ?

L'aînée ne lui accorda aucune attention mis à part un geste sec : lui empoigner le bras pour s'assurer qu'elle la suive.

Rendar prit la tête de la charge dans un deuxième cri bestial qui en secoua les trippes de l'archère. Il fut vite rejoint par Karia, majestueuse dragonne et de Vigoth, le Grand Maître de l'académie d'Isriss. La femelle aux écailles blanches entremêla son rugissement avec celui du mâle.

Azéna n'avait jamais rien vu de pareil. Une nuée de dragons d'une variété de teintes se suivants les uns les autres au combat. Bien qu'il fît sombre, on apercevait leurs écailles scintiller comme des gemmes dans la pénombre. C'était tellement hypnotisant qu'Azéna en oublia ce qu'elle faisait pendant un long moment. Elle laissa guidée par Nixie-Elle qui contrait ce qui semblait être une rivière

— Pour Atgoren ! clamèrent quelques dragonniers qui passaient près d'elle.

À ces mots, la garde pinça les lèvres comme si quelque chose la rendait mal à l'aise. Elle redoubla d'efforts et traversa le seuil de l'entrée principale du fort qui servait d'académie. Au même moment, Sièrre et Tyrath se perchèrent au toit, désireux de rester près de leur partenaire. Le drake répéta plusieurs fois un roucoulement rauque, avertissant sa dragonnière qu'il était là pour elle. Décidément, ce jeunot était épris d'une obsession inexplicable pour les oiseaux. Il s'amusait souvent à imiter maladroitement leurs chants. Sièrre vacilla son regard vers lui et parut presque offensé. Il n'en fallut peu pour qu'elle s'attarde à autre chose de plus important, soit le combat qui faisait rage à l'autre bout de la cité.

À l'intérieur, les corridors grouillaient d'activité. Les apprentis et les membres du personnel qui y étaient toujours se précipitaient empruntaient les voies à la presse. Ceux qui étaient armés allaient du sens contraire d'Azéna et de Nixie-Elle. Ils allaient supportés leurs pairs.

— Quelque chose de louche se passe, informa Nikala, vêtu de son armure en cuir sombre, en s'adressant à Sage Saphia qui arborait une expression sévère. Cet élémentaire est une distraction. Il le faut ! De toutes les organisations en Aerinda, nous sommes chargés de l'équilibre des éléments. Je ne vois pas en quoi celui de l'eau serait perturbé à ce point dans ce territoire.

L'elfe blonde acquiesça et continua la discussion d'une voix plus conservatrice. Azéna ne put l'entendre ; elle se faisait tirer comme une poupée de chiffon. Elle déglutit, acceptant difficilement que Maîtresse Sombrelame avait éveillée en elle des inquiétudes profondes concernant cette situation.

Ils rencontrèrent plusieurs apprentis sur le chemin. Gragèn, légèrement penché vers l'avant, se soutenait contre un mur de pierre. Les perles de sueur sur sont front blafard lui donnait un air maladif. Près de lui, Lythrana et son jumeau Nymfrein argumentaient sur une stratégie, tous deux équipés pour se battre. Ils ne changeaient décidément pas. Renora s'était terrée dans un coin sombre et semblait lutter avec ses propres sentiments. Elle fixait ses paumes moites et se fâcha contre une mèche rouge qui était tombée sur son visage. Jessa, son physique fluet dissimuler sous son armure légère, posa une main sur son épaule pour l'encourager. Son sourire radieux ne réussissait pas à cacher son anxiété qui se manifestait au travers de sa lèvre tremblante.

La plupart des apprentis n'avaient jamais participer à une guerre, ni même un combat sérieux. Ils étaient, pour la plupart, morts de trouille et savouraient chaque instant avant de s'élancer à l'extérieur.

D'ailleurs, Azéna fut surprise de l'absence de Reaginn qui, en temps normal, les auraient tous gronder pour leur poltronnerie et il ne leur aurait pas donné d'autre choix que d'aller de l'avant.

Ce rôle fut apparemment assigné à Fiara qui utilisa ses pouvoirs de mage pour se léviter au-dessus des autres. Elle attira l'attention des apprentis apeurés en sifflant.

— N'ayez crainte ! Vous êtes jeunes certes, mais n'oubliez jamais que vous êtes des dragonniers ! Vos pouvoirs, vos partenaires, votre entraînement, votre dédication vous guiderons à la victoire ! Vous êtes des guerriers !

Pleins d'yeux se vrillèrent sur la femme au caractère enflammé. Ils l'écoutèrent, le visage un peu plus illuminé d'espoir, comme si elle était une sainteté, une messagère des divinités.

Azéna n'eut pas le luxe de resté pour la suite de son discours. Elle et Nixie-Elle se mirent à monter les escaliers en colimaçon qui menaient aux dortoirs des apprentis de troisième cycle.

Un peu plus loin, on entendit une multitude de voix raisonner au travers de l'académie : Pour Atgoren !

Fiara les avaient convaincus. L'archère sourit, fières de ses pairs, mais cela ne durera pas car elle réalisa qu'il était fortement possible que certains d'entre eux ne voient pas le prochain jour. Où était Arièlla, Fayne, Naëshirie et Teriondil ? Une angoisse naissante lui démanchait dans le fond des tripes.

À la troisième marche, quelque chose la poussa à s'immobiliser. C'était comme un instinct de survie.

— Quoi encore ? ronchonna l'adulte. Montes ! aboya-t-elle sans plus tarder en donnant une petite pousse dans le dos de la rebelle.

Cette dernière n'avait décidément aucune patience depuis l'attaque s'était entamée. Elle s'échauffait vite, mais là, c'était à un nouveau niveau.

— Nix... un moment je t'en prie, insista Azéna alors qu'un frisson désagréable lui traversa le dos. Quelque chose ne va pas.

Elle se retourna pour face à sa garde du corps qui semblait préoccupée par une entité invisible elle aussi.

— Tu le ressens ? questionna la demi-elfe.

Les traits de l'assassin s'étaient assombris et elle semblait se concentrer sur quelque chose, mais quoi, Azéna ne pouvait le dire. Elle se demandait si c'était ce qui la dérangeais elle aussi. Elle avait la vague impression qu'il y avait une présence surnaturelle dans les parages.

Une brèche ! Shruk'Näydan ! résonna une voix caverneuse dans l'esprit de l'archère.

La vaste présence du grand Turion s'étala sur toute la conscience de la dragonnière violette et s'en retira aussi rapidement. Pendant ce bref moment, elle perdit son souffle et son cœur se mit à battre la chamade. L'adrénaline dans les veines, elle endura une bouffée de chaleur.

— Qu'est-ce qu'il t'a dit ?! s'énergisa Nixie-Elle qui la fixait avec intérêt.

— E-ein ? réussit à dire l'adolescente qui cherchait à rétablir son calme.

— J'ai vu tes yeux. N'mens pas, la jeune !

La Valkirel réalisa que l'intensité soudaine des émotions de Turion avait dû alterner son physique momentanément. Elle se concentra sur les paroles qui lui avait été partager et elle se souvint clairement de la définition de Shruk'Näydan, le Berceau des âmes ainsi que la dimension où les défunts sont guidés.

— Shruk'Näydan.

— Comment ça Shruk'Näydan ? s'impatienta l'assassin. Explique à l'fin !

La présence surnaturelle se fit plus puissante et Azéna fut en mesure de pointer en sa direction, soit à leur droite, de l'autre côté du mur de pierre qui entourait l'escalier.

Un cri perçant rappelant à un puissant vent glacial retentit et envoya une vague d'angoisse s'en prendre au corps de la demi-elfe. Elle reconnut ce cri si particulier et ne put faire autrement que laisser l'émotion la secouer.

— L'Gok'Mok, cracha Nixie-Elle qui l'avait aussi identifié.

Sa réaction fut immédiate : elle agrippa sa protégée par le torse et la dirigea agressivement avec elle vers les dortoirs.

L'adolescente se laissa faire, incapable de comprendre ce qui se passait. Un élémentaire qui s'énerve et maintenant, le Gok'Mok qui était de retour, le tout en un même jour. Il était difficile d'absorber l'information.

Le rugissement si sauvage et pourtant, si réassurant de Tyrath retentit depuis la toiture. Il n'y avait aucune détresse dans la tonalité. Essayait-il tout simplement d'appeler l'adolescent à ses côtés ? D'ailleurs, pourquoi se laissait-elle enfermée au sommet d'une tour, dans une chambre comme une princesse alors que ses pairs étaient dehors entrain de se battre ?

Non. Elle ne pouvait pas l'accepter. Ce, même si elle comprenait parfaitement que son rôle de dragonnière violette était crucial aux Guerriers d'Aerinda et que sa mort ou sa capture ne pouvait pas être risqué.

Il faut croire que ses sentiments furent évidents au travers de son visage car sa garde réagit.

— Ah non ! N'y songe même pas ! râla-t-elle.

Elles étaient seules dans la salle commune. Le foyer avait clairement été abandonné à la presse. Les flammes croissaient dû à une pile de bois qu'elles rongeaient avec avidité. Le crépitement agressif attira les yeux de faucon de Nixie-Elle dont la mâchoire était tendue. Pourtant, elles étaient en sécurité là où elles étaient. Enfin, si c'était ça son jugement, Azéna avait confiance. Alors, qu'est-ce qui la stressait à ce point ?

Quoi qu'il en soit, l'archère profita de sa distraction et assembla l'air qui circulait dans la salle entre ses paumes avec le plus de subtilité possible.

— Sur l'sofa, ordonna l'assassin. Et restes-y tranqu...

Elle se fit heurter sauvagement par une bourrasque qui la propulsa contre le mur du coin. Dans sa chute, elle se frapper la tête et resta au sol, complètement désorientée.

— Azé..., appela-t-elle faiblement.

Elle lui fit de non avec une lenteur qui révéla sa fragilité du moment. Elle la supplia du regard en vain.

La demi-elfe regretta ses actions, mais elle ne s'y attarda pas. Nixie-Elle allait s'en sortir après un moment pour récupérer. Alors l'apprentie lui vola une de ses dagues qui était enfouit dans sa botte, s'élança vers la sortie en descendit les escaliers à toute vitesse. Elle espérait de tout son cœur que le Gok'Mok était encore dans les parages, qu'il n'ait pas eut la chance de tuer. Mais qu'allait-elle faire contre un tel adversaire ? Elle se mordilla la lèvre et se dit qu'elle devra improviser, et au pire, recourir au support de Turion même si c'était un grand risque à prendre.

Une fois de retour où elle avait ressenti le Gok'Mok, elle chercha ce même sentiment horrifiant, mais il ne revint pas. Le rituel devait être terminé. Le vil esprit devait rôder les corridors en quête de sa cible ou d'une victime quelconque. La dernière fois, il semblait chercher à se débarrasser des figures d'autorité. C'était peut-être encore le cas. De toute façon, c'était la piste la plus probable. Terenas et les Sages étaient à l'extérieur, se battant bravement pour maintenir la sureté d'Atgoren.

Azéna retourna à l'entrée principale de l'académie. Cette fois, le grand fort était principalement vide. Les apprentis avaient été convaincus par Fiara. Tous sauf Gragèn qui tremblait encore contre le même mur.

L'aéromancienne l'ignora. Elle n'avait pas le temps de s'en occuper.

Dehors, elle fut accueillie par Tyrath qui atterrit en face d'elle, une expression sévère au visage.

— Tu en as mis du temps ! Je ne peux pas t'aider si tu te terres dans cette tanière de roc comme un lapin ! tonna-t-il, peu impressionné.

— Nix ne désirais pas que je participe au combat, mais je me défaits de ses griffes, pour l'instant, lui expliqua l'adolescente, tout aussi en rogne que lui.

— Que pensait-elle ? Moi et Sièrre avions détectés une présence malicieuse dans ces murs. Nous avons tenté de vous avertir. Une chance qu'elle n'y soit pas resté.

— Tu sais où est le Gok'Mok ? Il faut l'arrêté !

— Attends avant de perdre une décision ! Son maître est nul autre qu'Umah. Si Yuzia le rejoint – et elle est dans les parages -, nous serons dans une fâcheuse situation, l'avertit le drake. Elle sera vicieuse s'il elle doit protéger ceux qui lui tient à cœur et c'est encore plus vrai si l'on parle de son dragonnier. C'est un trait reconnu chez les dragons bruns et verts. Tu sais que je sauterai dans l'action sans arrière-pensée en temps normal, mais je crois qu'il nous faut du renfort, Azéna.

Cette dernière n'en croyait pas ses oreilles. De tous les gens avec lesquelles elle pouvait s'imaginer partir au combat, elle ne s'était pas attendue à telle lâcheté de la part de Tyrath. Elle n'avait le temps d'argumenter alors, elle irait avec ou sans lui.

— Où ? lâcha-t-elle froidement.

— Je n'approuva pas de cette décision, grogna son partenaire. Trouvons quelqu'un ! N'importe qui !

— S'il y a quelqu'un en chemin vers lui, c'est d'accord. Maintenant, dis-moi où il est !

Les traits du dragon argenté s'adoucirent. Il avait été convaincu. Par conséquent, avant qu'il ne puisse révéler quoi que ce soit, un changement d'atmosphère attira son attention comme celui de l'archère.

Il se mit à pleuvoir, mais pas rien qu'un peu. C'était une réaction impossible en plein cœur de l'hiver. Ça n'avait aucun sens. En temps normal, les gouttes surgelaient et se transformaient en flocons avant d'atteindre le sol.

Azéna tendit sa main et sentit les petites sphères d'eau s'écraser sur sa peau. Elles étaient agréablement chaudes. D'ailleurs, la neige fondait lentement.

Tyrath se secoua agressivement, projetant une bonne quantité de liquide sur la demi-elfe qui sentait son linge se coller à sa peau. Il donna des coups de langue dans le vide comme s'il essayait de goûter l'air et après un moment, renâcla.

— De l'hydromancie. Ce n'est pas naturel du tout, ce déluge ! De surcroît, il faut être sacrément puissant ou être plusieurs à la tâche pour pouvoir fausser un élémentaire. Ce n'est assurément pas l'œuvre d'apprentis.

Azéna leva les yeux et sans qu'elle puisse les voir, savait que le ciel était voilé d'épais nuages tempétueux. Les étoiles ni la lune n'étaient plus. Privé de leur luminosité, elle y voyait plus difficilement.

Le sol tressaillit doucement. Là-bas, de l'autre côté de la cité, l'élémentaire d'eau se dissout sous ses yeux. Les centaines de vortex qui le tenaient ensembles se détachaient. Comme si on l'avait tranché, les morceaux se transformèrent un à un en ruissèlement impressionnant qui lui donnait l'allure de saigner. Il n'avait pas l'air de s'en faire, continuant son assaut jusqu'à ce qu'il ne le pût plus. Une multitude de dragons et de dragonniers le bombardaient d'attaques élémentaires, peinturant des tracés de couleurs dans leur sillage.

Éventuellement, il tomba, incapable de se tenir debout et inévitablement, se transforma en une avalanche d'eau chaude.

C'était sûrement lui qui avait créé ces nuages torrentiels.

— Buhrik doit se sentir à son aise, plaisanta Tyrath qui se secoua à nouveau. Mmmmhmm. Je crois que cette attaque va se terminer bientôt. Tout va rentrer dans l'ordre.

— Ah c'est ça que tu crois ?, dit la rebelle, inconvaincue et tout trempée. Ce spectacle... c'était une distraction. Rien de plus. Quelque chose se passe de bien plus grand que nous ne pouvons pas voir. Non. Il faut trouver ce Gok'Mok !

— Par ici.

Il attendit que sa partenaire se place sur le dos et se dirigea vers le Lac Cristal, au début avec une tranquillité déterminée, mais rapidement, ses mouvements devinrent tendus. Il braquait son regard dans une nouvelle directions assez fréquemment. Azéna, dans son cas, n'y croyait pas grand-chose, mais elle distingua des silhouettes humanoïdes qui se déplaçaient en groupe. Des silhouettes sans dragon.

— Tyrath...

— Des intrus, siffla-t-il, énervé. Ils ne nous ont pas encore repéré. Nous avons de la chance grâce à cette noirceur.

Azéna se sentit soudainement déchirée. Elle sentit son cœur tombé alors qu'une réalisation la frappa en plein fouet. Il n'y avait aucun signe d'une armée à l'extérieur des murailles donc, cette invasion provenait de l'intérieur. Elle avait entendu parler des portails de téléportations pendant ces cours, mais ils étaient difficiles à créer et il n'y avait qu'une poignée d'individus qui en étaient capable à l'académie. Ces derniers étaient tous des maîtres respectés Elle n'arrivait pas à en isoler un en particulier qui aurait pu commettre une telle trahison. Peut-être était-ce les actions d'un Atgorien qui ne faisait pas parti de l'équipe de l'académie d'Archlan. Pourtant... les envahisseurs semblaient provenir et là.

La demi-elfe secoua la tête. Ce n'était pas important. Pas pour le moment. Elle devait choisir : aider ses pairs ou partir à la chasse au Gok'Mok.

— Va les aider, décida-t-elle. Ils vont se faire poignarder de derrière si personne ne les avertie.

Elle sentit les muscles de Tyrath se crispés. Il n'aimait pas l'idée de se séparer d'elle. Elle n'aurait pas pu prévoir autrement.

— Choisis une voie et nous y allons ensembles, grogna le drake.

— C'est partiellement ma faute si Umah est revenu à l'académie, souffla sa cavalière. Ari... Arièlla m'a toujours vendue son idéalisme sur ce qu'est un dragonnier, un vrai. Je savais que c'était impossible dans tous les cas, mais j'ai choisi de le croire. J'ai été aveuglée par mon honneur et mon devoir de dragonnière. Je désirais tellement y croire, mais je réalise que cette histoire de double-agent n'était pas que des suspicions et ça fait mal...

— Tu avais envie d'une famille, d'une vraie. Quelle idiotie de mentalité, mais bon... Cesse de te blâmer. À présent, nous pouvons le déchiqueter pour ce qu'il est véritablement.

— E-et Fayne ? Elle a essayé aussi...

— Si elle serait au courant de ces actions, je suis certain qu'elle changerai son avis aussi. Maintenant, nous perdons du temps précieux. Franchement, je partirai tout simplement et je l'ais laisserais tous à leur sort ! cracha-t-il, énervé par la réalité. Mais bon... Que décides-tu ? termina-t-il avec plus de douceur.

L'adolescente ferma les yeux, juste pour un instant... juste pour aller consulter son autre partenaire silencieux. Elle descendit profondément dans sa conscience jusqu'à ce qu'elle déniche la lueur d'un autre monde dominé par un million de nuances violettes. Elle effleura son énergie contre cette entité familière et autant réconfortante qu'angoissante.

Turion, murmura-t-elle en faisait attention de ne pas l'agité.

Protèges ta famille, ronronna le wyrm. Tu décides qui est ta famille.

Elle sentait l'approbation du grand dragon dont la présence l'encercla et la berça avec un amour profond.

Quel est le bon choix ? questionna-t-elle, toujours confuse.

Ne t'en fais pas, omnnah. L'instinct de survie de chaque être sur ces terres est puissant. Ils ne sont pas seuls ; ils sauront se défendre. À bats celui qui erre les ténèbres, loin des regards car le dommage de ses ondulations pourrait lacérer bien plus profondément que celui qui provient du front de la mêlée. Maintenant, sors d'ici ! Va !

L'aéromancienne le remercia silencieusement pour sa sagesse et se retira vivement avant qu'elle y reste pour trop longtemps.

Lorsqu'elle réouvrit les yeux, elle et Tyrath n'étaient plus au même endroit. Le drake avait prit la liberté de se déplacer près des remparts de l'académie. Non loin de là, on pouvait y distinguer des silhouettes, la plupart humanoïdes tandis que d'autres draconiques, qui s'étaient engagé au combat. Des bruits de métal qui s'entrechoquaient résonnaient dans le suspense de la nuit. Une fois de temps à autre, une illumination élémentaire éclaircit le champ de bataille, révélant trois factions distinctes.

Les Gardiens d'Aerinda, bien évidemment, fut la dominante. Par conséquent, parmi les envahisseurs, on pouvait y distinguer deux sigils : un totem et une lame sombre. Aucune d'entre elles ne se supportaient. Avec le voile noir de la nuit qui affaiblissait la vue, le tout créait une confusion importante, causant parfois à des alliés de se confondre pour un ennemi. C'était un massacre.

— Par Elysia ! Étais-je disconnectée pendant si longtemps ?

— J'estimerais quelques minutes, dit Tyrath. Où étais-tu passé ? Nous avons failli être repérés.

— Désolé ! Je pensais que ça n'allait prendre rien qu'un moment.

Le jeune dragon roula les yeux, réalisant de quoi elle parlait.

— Tu as consulté Turion. Ça fait du sens... Mais la prochaine fois, avertis-moi ! J'ai failli dominer quelques-uns de ces insectes malotrus, siffla-t-il avec irritation. Mais je me suis dit que ta sécurité était priorité. Ils ont eu de la chance sinon...

— Tyrath ! Nous avons une mission à remplir !

— Umah ? questionna son compagnon, sa tonalité plus calme.

— O-oui, hésita l'archère, toujours mal à l'aise avec l'idée de tenter d'éliminer un autre dragonnier.

— Avant que nous partions... Juste... regarde la situation en face. Le gamin elfe, il est perdu. Tu ne peux rien y faire, pas toi, pas Fayne, personne. Ne sois pas assez naïve pour encore une fois lui permettre de te mettre toi ou tes proches en danger.

— N'ais crainte, confirma la rebelle qui s'efforçait de refouler ses sentiments pour garder un esprit clair et logique. Priorisons notre famille.

— Notre famille ! approuva Tyrath avec enthousiasme en prenant son essor, filant vers la voûte céleste qui rappelait une gueule béante enfouit dans les ténèbres.

Azéna garda les yeux braqués vers l'avant. Jamais elle n'osa dériver son attention vers le sol, sachant qu'elle allait identifier des visages familiers en détresse ou qui la reconnaissaient, elle et Tyrath. Elle ne pouvait pas être distraite ; elle devait détruire le Gok'Mok ainsi que, malheureusement, son maître.

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