33 - Chevelure de cendres

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5e jour de la saison de la lune 2450

Aylaëna avait pourtant crue qu'elle s'était endormie dans son petit lit, dans son humble chambre. Elle se souvenait avoir laissé la fenêtre ouverte pour laisser l'air fraîche circulée et que le clair de lune l'avait baigné dans sa luminosité apaisante. D'habitude les mages favorisaient les sources de lumière magique, mais Aylaëna préférait la compagnie des astres, de la lune. Elle aimait bien passer de son temps libre à observer le ciel, se questionnant à propos de la vie sur les landes lointaines. Elle avait toujours été fascinée par les autres cultures, mais n'avait jamais eu la chance de voyager. Sa famille n'était pas très aventureuse mis à part son défunt grand-père.

Mais pourquoi était-elle donc dans une clairière bordée d'un sous-bois bleuâtre? C'était illogique. Bien sûr. Ça ne faisait aucun sens. Ceci était forcément une vision divine. Car non, elle ne rêvait pas. C'était l'un des prix à payer pour porter le cadeau de divination offert à ceux que le panthéon jugeait méritant de partager une partie de leurs yeux. Des révélations, du passé, du présent et rarement, du future car même le Père Nocturne et la Mère Diurne ne pouvaient aisément lire le destin d'Aerinda. Si eux en était difficilement capable, comment pouvaient passer ses images fluidement à leurs choisis?

Durant son enfance, Aylaëna ne recevait presque jamais de visions, juste assez pour que les oracles se doutent de quelque chose. Elle avait donc été surveillée durant presque toute sa vie et au jour de son treizième printemps, durant la saison de la naissance, son troisième œil s'était soudainement complètement ouvert. Alarmés par cette altération radicale d'énergie, il en fut décidé qu'elle allait être placée sous la tutelle du Grand Oracle lui-même, lui qui avait été touché par Thalic, le Héraut de l'Au-Delà, le Maître du Temps, le Porteur des Cartes. C'était de dernier qui, parmi sa fratrie divine, possédait la plus grande affinité à tout ce qui touchait aux visions quelconques. Le Grand Oracle lui s'occupait de conseiller son peuple, spécialement ceux en pouvoir. C'était un grand honneur de devenir son apprenti et il ne l'accordait qu'une fois à chaque quelques générations.

Aylaëna attendit longuement avant de percevoir un changement. Elle fixait les collines qui roulaient doucement d'ici à l'horizon. Elle reconnaissait les fragiles fleurs blanches du sous-bois: les aspérules blanches, natives du royaume de Daigorn.

« Étrange. Je ne me suis jamais retrouvée ici, mentionna-t-elle pour elle-même. »

Des pas. Quelqu'un s'approchait doucement, si gracieusement et particulièrement qu'elle devina son identité.

« Azéna? »

Elle sourit, se tournant vers la visiteuse. C'était effectivement elle: longue crinière de cendres luisante, yeux bleu azur océan et un physique svelte. Elle était si magnifique, une véritable gemme chatoyante, même parmi la splendide populace elfique.

Cette-fois ci, elle avait choisi de se présentée sous une version plus jeune. C'était bien la première fois. Elle était plus courte que d'habitude et ses traits étaient plus enfantins, quoique plus sévères. Une détermination furieuse dominait son regard égaré. C'est comme si elle ne pouvait pas discerner où Aylaëna se tenait. Ça ne lui ressemblait pas.

« Pourquoi l'ajustement physique? questionna la jeune oracle.

— Qu'est-ce que tu veux dire? répliqua son interlocutrice. »

L'accent aussi avait été alternée, passant de professionnelle à relâché. Cette version d'Azéna dégageait une aura plus agressive, plus incertaine, plus dure. D'ailleurs, pourquoi portait-elle un arc et un carquois à son dos?

« Je ne comprends plus rien, lâcha Azéna. Peux-tu me guider? Je suis... confuse. »

Les traits de son visage s'étirèrent soudainement, lui donnant une allure farouche. Ses mains formèrent des poings et elle ferma les yeux comme si elle tentait de se calmer.

« Azéna? appela Aylaëna avec crainte, n'osant pas l'approcher. »

L'oracle se retrouva aussi confuse que celle à qui elle tentait de communiquer. Ce langage corporel, ces émotions enflammées, ce jeune âge... Tout cela ne ressemblait pas à Azéna. Pourquoi? Que se passait-il? Pourquoi avait-elle soudainement changé?

Leurs entourages pulsèrent comme un battement de cœur, puis, plus tranquillement, comme des vagues d'océan. C'était là un signe d'instabilité. La vision allait bientôt s'achever.

« Dis-moi comment t'aider, supplia Aylaëna. »

Sursautant légèrement, Azéna se tourna enfin vers elle comme si elle venait de la trouver. Et ce n'est que lorsqu'elle lui faisait complètement face que l'oracle aperçut son œil droit dont la pupille était veinée de violet. Son souffle se vivifia et de petites écailles se présentèrent sur la peau douce de sa main droite, entre le pouce et l'index. Elle portait une tunique à longues manches et ainsi ses bras étaient dissimulés, mais une noirceur s'était manifestée près de son poignet droit. On dirait... une malédiction? C'était sûrement une métaphore pour autre chose. Qu'est-ce qu'elle tentait de lui dire? Les visions étaient si énigmatiques. Ce n'était pas sage de supposer des faits, particulièrement ceux qui étaient trop directes.

« Il faut trouver les âmes endormies, avisa Azéna, mais d'un timbre rauque et discordant. »

Cette voix ne lui appartenait pas. Elle était clairement masculine et, d'une certaine façon, familière. Pourquoi? Elle avait entendu ce genre d'accent étrange, particulier auparavant. Le Grand Oracle lui en avait déjà parlé et elle se souvint que c'était une leçon importante. Pourquoi oublier au moment où elle avait besoin de ce savoir? Elle se maudit silencieusement.

Avant qu'elle ne puisse répondre, elle fut aspirée par une tornade qu'elle n'avait pas vu ni entendu. Elle ferma les yeux, sachant que quoi qu'il arrive, elle s'éveillerait et tout rentrerait dans l'ordre.

Elle se redressa soudainement et posa sa main sur son torse, là où pendait tranquillement un médaillon à l'image d'un œil fermé. Le métal, du veralium, scintillait d'un reflet violet. Il représentait l'Âme de la Lune, l'ordre de mages du royaume et seul ses membres le portaient. Les citoyens qui présentent des aptitudes en contrôle du mana sont généralement envoyés à Ixia, la plus grande tour jamais construite par les elfes lunaires, possiblement même de tout Aerinda. Elle surplombait le reste de la capitale de sa carapace blanche qui luisait sous les rayons, mais encore plus sous le clair de lune. Elle apportait de la luminosité certes, mais ceux de sang elfe lunaire n'en n'était pas si dépendants, ayant une vision nocturne moyennement développée. Chaque enfant Nëowaldien rêvait d'y étudier et plus tu montais en rang et en influence, plus tu avais accès aux étages supérieures. On racontait que le Grand Oracle demeurait au sommet accompagné par le plus puissant mage de chacune des branches de spécialité.

Aylaëna pouvait déjà se rendre à la moitié en cause qu'elle était considérée une prodige en divinité. Honnêtement, elle aurait voulu étudier en transmutation, mais elle n'en avait pas les capacités. Elle était naturellement douée pour voir la vie des autres, jamais la sienne. Elle s'était donné le cadeau d'une année sabbatique et bientôt, elle devait y retourner. Cette pensée la fit grimacer.

Tant pis. Aujourd'hui elle devait aller consulter le Grand Oracle. Elle devait lui reporter tous ses visions sans exception. Ensuite, elle allait aller visiter Yejyn pour s'assurer qu'elle allait bien après ce qui s'était passé avec son frère. Peut-être serait-il sage de déménager la troll pour sa sûreté. Telnan avait promis qu'il n'allait rien dire pour le moment, mais il lui accordait là une grâce très temporaire. Il fallait qu'elle convainque sa famille que sa nouvelle amie n'était pas dangereuse, tout simplement différente. Enfin... tant qu'on ne l'agace pas trop.

Prise d'inquiétude, elle se dépêcha vers sa modeste garde-robe et choisit un habit simple: une robe blanche, moyennement moulante et modestement révélatrice, qui lui descendait à la cheville. La température glaciale régnait encore et porter un bon manteau doublé s'avérait une nécessité. Les elfes lunaires n'appréciaient pas tuer pour la fourrure donc l'hiver, ils optaient pour rembourrer leur linge avec de la laine de mouton.

Enfin, Aylaëna enfila une cape bleu céruléen munie d'un capuchon qu'elle garda baissée, de longs bas épais, de gants et de bottes hivernales. En passant par la cuisine, elle s'empara d'une tranche de pain, d'un bout de fromage et quelques baies pour son déjeuner. Elle n'avait pas un instant à perdre et heureusement pour elle, sa famille semblait occupée ailleurs. Elle emprunta la sortie principale, détala les petites marches en bois qui menaient au patio sur lequel l'été, elle aimait bien lire et étudier sous les rayons des soleils jumeaux, et enfin, elle suivit le chemin de galets parsemée de neige, traversa le village elfique et se rendit à la lisière de la forêt en grignotant.

Là, elle hésita longuement. C'était son devoir de partager sa nouvelle vision avec le Grand Oracle, mais elle était soucieuse concernant Yejyn. Il n'y avait aucune trace de sa famille et cela était assez inhabituel. D'habitude, ils trainaient aux alentours du domicile. Est-ce que Telnan auraient parlé de Yejyn? Elle déglutit et s'enfonça dans le sous-bois surgelé, là où des fougères, des arbustes et des champignons fluorescents s'animaient durant les temps plus chauds. Cette végétation était maudite d'après les royaumes humains, étiqueté ainsi en cause de leur apparence extravagante. Seuls les plus braves humains s'aventuraient dans le domaine magique du Griffon Bleu. Aylaëna n'en avait aperçu que rarement et elles ne se souvenaient d'eux que par mémoire : leurs oreilles rondes, leurs chevelures aux couleurs neutres et chez les hommes, leur barbe broussailleuse et leur masse musculaire développée. Ils prenaient de l'âge physique rapidement et ne jouissaient que d'une courte vie. C'était bien triste. Aussi, ils avaient de drôles de manières ces hommes. La faune en Nëowalds est certes différente de la leur, mais cela n'est pas égale à malédiction. Ils refusaient aussi d'évoluer socialement, s'accrochant ardemment à leur système rudimentaire de monarchie. Le peuple elfe lunaire avait depuis longtemps laisser son peuple exprimer sa préférence politique : ils votaient pour élire leurs chefs. C'était plus équilibrer et juste de cette façon. Aussi contrairement à eux, ils avaient adopté un blason qui représentait le royaume et non les individus qui régnaient. Ainsi, il ne changeait pratiquement jamais. Les elfes lunaires appréciaient la stabilité, l'équilibre et l'ordre et leur culture les supportaient grandement. Les étrangers étaient souvent traités avec méfiance de crainte qu'ils apportent des idées criminelles avec eux.

La relation chaotique avec les trolls des montagnes n'aidait pas le dilemme dont Aylaëna faisait face. Comment pouvait-elle donc convaincre le village que Yejyn n'était pas une menace? D'ailleurs, elle se demandait combien de temps la troll allait rester. Elle l'appréciait bien, cette étrange, mais unique amie. Elle avait la nette impression qu'elle pouvait lui accorder sa confiance et qu'elle n'allait jamais lui faire du mal. Elle comprenait que son état mental était complètement différent depuis qu'elle avait avaler le sang de dragon bleu. Elle ne lui en voulait pas malgré sa peine d'avoir perdu son grand-père. Néanmoins, elle savait aussi que sa colère pouvait l'emporter avec les bonnes circonstances et qu'elle pouvait devenir dangereuse. Il fallait prendre des précautions, particulièrement en présence d'autrui.

Elle suivit le chemin si familier qui l'emmena tout droit au travers des bois épais jusqu'à la cabine d'été en bois rond de sa famille. L'hiver n'avait pas été doux ces derniers jours et elle trouva le refuge grisé par la solitude et la morsure glaciale de la saison à la lune bleue. Les traces de bottes d'hier étaient toujours visibles, mais moins clairs. Il y avait une piste plus fraîche, sûrement celle de Yejyn qui devait être partit à la chasse, espérons-le. Soucieuse, notre petite elfe lunaire les suivis, insouciante de si un danger la guettait.

Elle s'enfonça dans la forêt blanchit par les multiples chutes de neige. Elle n'était certainement pas une guerrière ou combattante quelconque; l'agilité que la plupart connaissait si naturellement ne l'appelait pas. Elle était aussi légère que le restes de sa patrie et ainsi, elle ne s'enfonçait que peu dans la neige fraîche ce qui lui permettait de progresser plus rapidement qu'un humain maladroit ou un troll impatient.

Au bout d'un moment, elle se retrouva au cœur de la forêt, là où la végétation s'intensifiait drastiquement et la luminosité éprouvait de la difficulté à se faufiler entre les gigantesques arbres. Le parfum rafraichissant des sapins lui chatouilla le nez et lui apporta du réconfort. Un oiseau hivernal passa près d'elle pour se poser sur son épaule et y resta sans broncher même si sa porteuse était en mouvement. Il avait un petit bec jaune et arborait un plumage encre à la surface et bleu ciel en dessous. C'était un mâle, prêt à gagner l'affection d'une jolie demoiselle au plumage gris-bleu. Aylaëna appréciait ses oiseaux. Ils étaient présents que durant les températures froides et étaient étrangement sociaux envers les elfes.

« Désolé je n'ai pas plus de baies pour toi, souffla l'oracle en lui offrant sa dernière framboise. Mais mes parents en ont peut-être. Va les voir. »

Elle effleura la fragile tête de l'animal et lui transféra l'information pour localiser sa maison par le biais du mana. L'oiseau pépia de bonheur et prit son essor, s'envolant en direction opposé d'où allait Aylaëna, soit vers le village.

Les champignons, habituellement luisant d'une couleur vive, s'étaient cristallisés pour se protéger des températures frigides. Les arbres pulsaient lentement comme un cœur sur le point de rendre l'âme. La faune comme la végétation hibernaient mis à part quelques exceptions. Les sapins, faisait une apparition ici et là entre les arbres feuillus, étaient parmi ceux qui se glorifiaient de l'hiver. La neige reflétait les rayons des soleils jumeaux vers les cieux, aveuglant l'insouciant qui ne profitaient pas de la protection des majestueux arbres.

Une branche cassée. Puis, une autre et une autre. Leur occurrence amplifia considérablement très soudainement. On dirait que Yejyn s'était mise à courir et avait abandonné toute tentative de subtilité. Soit elle s'était dénicher une proie, soit c'était plus grave que cela. Aylaëna accéléra le pas, anxieuse de trouver la guerrière. Elle faillit trébucher sur une roche partiellement enfouit dans la neige dans sa démarche impulsive. Clairement, elle n'avait pas hérité de la gracieuseté si commune chez le peuple elfique. Au moins, elle compensait avec son affinité magique particulièrement puissant dans le domaine de la divination. Elle était aussi raisonnablement douée avec les sortilèges de bases que tous les mages connaissaient. Son grand-père, lui, était un maître en transmutation et il étudiait le sang draconique et ses effets sur le corps des humanoïdes, un champ d'études que peu n'osaient explorer. Elle l'admirait beaucoup car elle savait que ses motifs étaient fondés sur l'amélioration de la qualité de vie de leur patrie, pour les protéger des trolls des montagnes qui ne faisaient qu'abattre leur colère inépuisable sur leur entourage.

Peu de temps à suivre la piste et le parfum prononcé de la fumée vint lui faire arquer les sourcils. Un feu de camp? Aylaëna accéléra le pas autant que son corps le lui permit. Bientôt, des traces de sang se mirent à parsemer le sol, mais heureusement, des traces de caribous se mêlèrent à celle de la troll. Elle avait atteint sa proie et la faisaient sûrement cuir. Elle continua de progresser, ne ralentissant que lorsqu'une seconde paire de bottes s'invitèrent dans le décor. Elle l'inspecta en s'agenouillant et identifia leur porteur. Talnen. Il la traquait.

Paniquée, elle sauta par-dessus un tronc d'arbre tombé et se rua au travers d'une série de buissons dénudé. Ce qu'elle aperçut l'ébahit.

Elle les reconnu immédiatement: Talnen avec sa longue chevelure épaisse dont la grosse tresse courrait le long de son dos, sa peau d'un bleu-beige pâle, sa forte mâchoire et son physique athlétique et puis, Yejyn, aisément identifiable avec son armure en cuir, son arc suspendu au dos, ses trois doigts sur chaque main, sa musculature saillante et son timbre puissant qui résonnait au travers de la vaste forêt. Le duo s'était partager un repas autour d'un feu. Assis chacun sur un rocher, ils figèrent pour la fixer.

« Ma chère sœur! s'exclama Talnen, un bol de framboises à la main.

— Je ne comprends pas, souffla Aylaëna en toute francité. Je croyais que...

— Tu vois, j'ai suivi notre grande chasseresse ici présente avec l'intention de faire la paix avec elle. Initialement, elle n'a pas trop apprécié que j'interrompt sa chasse. Nous avons longuement discuté, elle m'a offert une part de viande que j'ai gentiment refusé et voilà.

— Mais... qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis?

— Toi! J'ai longuement réfléchi durant la nuit et j'en suis venu à la conclusion que tu ne suggérais jamais une amitié avec un être qui, en ton opinion, nous ferrais du mal. J'ai décidé de te faire confiance et de me forger ma propre opinion.

— Tu aurais dû me réveiller, rouspéta l'oracle en s'installant entre les deux.

— C'était un danger, agréa Yejyn de sa voix semi-rauque. Yejyn pas de patience, risque d'attaquer.

— Tu dormais et je ne désirais pas te déranger, se lamenta Talnen en offrant des yeux de chien battu à sa sœur. J'étais curieux et j'ai décidé de te faire une surprise.

— Tu es un idiot, trancha Aylaëna. Vous êtes tous les deux impatients et impulsifs, mais je suis sincèrement heureuse de vous voir interagir amicalement. Malheureusement, tu n'es pas le seul à convaincre. J'aimerai que Yejyn soit tolérer, du moins, pour le moment. J'aimerai qu'on lui donne la chance de prouver sa civilité. »

La troll lui accorda un regard furtif, dardant rapidement vers le modeste feu de camp qui se tenait au centre de leur cercle. Elle baisa la tête et expira longuement et bruyamment comme si tentait de se convaincre de quelque chose qui était difficile à avaler.

« M'aiderais-tu à la tâche? requêta l'oracle à son frère. Je suis certaine que Yejyn t'as démontré qu'elle est en capacité de bien se comporter.

— J'en ferais mention à Père et Mère, agréa l'elfe lunaire mâle. Pendant ce temps, je conseil qu'elle reste à la cabine. Vous savez... Au cas où les choses tournent au pire. Je ne ferais pas mention d'où elle se trouve, pour l'instant. Père risque d'être plus facile à amadouer. Quant à Mère... »

Il grimaça, incertain de comment conclure sa phrase.

« Je suis certain que ça ira bien avec ton support.

— Il va falloir que tu attendes dans ce cas. Je dois rendre visite au Grand Oracle. »

Talnen écarquilla les yeux et entrouvrit la bouche, prit par surprise.

« Encore? Tes visions deviennent de plus en plus fréquentes et intenses... C'est inquiétant... Surtout que le même esprit – celle avec la chevelure de cendres - fait presque toujours une apparition. C'est une clair indication que les esprits essaient désespérément de te transmettre un message. »

Yejyn poussa un faible grognement. Elle était inconfortable avec quelconque magie ou superstition. Elle agrippa une buche rudement coupée et la déposa grossièrement au cœur des flammes qui se mirent à lécher le bois voracement.

« Je vais en discuter avec le Grand Oracle, confirma l'adolescente. Il faut d'ailleurs que je m'y rende. C'était bon de te voir saine, sauve et en compagnie d'un nouvel ami, Yejyn, termina-t-elle avec un sourire chaleureux.

— Prudente, insista la guerrière. Toi, prudente. Chaman parfois sournois. Esprits noirs, blancs... Difficile de savoir.

— Je te le promets. Rassure-toi, le Grand Oracle est bon. »

La troll pinça les lèvres, enfin d'une façon bien à elle en cause de ses défenses qui gênaient le mouvement. Ses petits yeux bleu vif étaient infesté de méfiance. Et pourtant, elle hocha lentement de la tête, approuvant à contrecœur.

« Prête pour le prochain morceau? questionna Talnen en s'adressant à Yejyn. »

Cette-dernière répliqua par un geste sec du bras.

« Parfait! Va, petite sœur! Ne t'inquiète de rien. J'ai les choses en mains, encouragea-t-il alors qu'il invoqua l'assistance du mana, lévitant un gros morceau de caribou crue au-dessus des flammes. »

Il excellait dans les sortilèges de bases, mais n'avait pas trouvé la spécialisation qu'il devait suivre. Normalement, les mages elfiques le connaissaient avant qu'ils atteignent l'âge adulte. Telnan venait de fêter son anniversaire de vingt-et-un ans et leurs parents menaçaient de l'envoyé à Ixia même s'il ne savait pas dans quel cours s'inscrire.

« Plus proche du feu! grogna Yejyn avec un sourire en coin qui trahit son affichage d'intimidation.

— De la chair incendié n'a sûrement pas bon goût quand-même! se plaignit le mage.

— Tu pas manger la chair, ricana la troll. Tu pas dire comment cuir!

— L'attitude chez cette demoiselle. Je suppose qu'on peut faire comme tu le désires, dit-il en roulant les yeux. »

Yejyn poussa un rire guttural et frappa son pied à terre tel un cheval énergisé. Elle semblait heureuse et à l'aise. S'en fut assez pour qu'Aylaëna eut le sentiment qu'il était prudent de partir. 

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