14 - Un moment précieux

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8e jour de la saison de la faux 2449

Deux jours depuis leur chute. Deux jours depuis que le morale d'Azéna s'était écroulé. Une journée depuis les funérailles qui était des plus triste et funeste. Les cours avaient été cancellés pendant quelque temps pour donner une chance aux affectés de se remettre sur pieds. L'académie avait aussi besoin d'un remplaçant pour Wirus ce qui n'était pas un processus rapide. Les trois Sages sont essentiellement les bras du Grand Maître. Ils sont chargés de protégés les apprentis et d'assister au bon fonctionnement et à l'équilibre de l'académie. Ils sont aussi les conseillers primaires du Grand Maître pour assurer que ce dernier reste professionnel. Pour assurer ces fonctions, il faut quelqu'un de puissant et de mature, d'assez exceptionnel.

Dans tous les cas, en cette nuit étoilée, notre dragonnière grise s'était échappée de sa chambre au travers de la fenêtre pour grimper au toit. Elle attendait Tyrath qui ne devait pas tarder – il avait tout récemment prit la mauvaise habitude de venir patrouiller les environs en pleine nuit au cas où Azéna avait besoin de lui. Cela ruinait son sommeil, mais il était trop anxieux pour s'en empêcher.

De son côté, l'adolescente était autant angoissée que jamais. Tout autour d'elle semblait tourner de travers. Sa famille adoptive qui l'avait reniée, sa maladresse en tant que capitaine de skotar, Nixie-Elle qui ne la laissait pas respirer, son incapacité d'adressée la parole à Naëshirie, son incertitude face à l'honneur des Gardiens d'Aerinda, sa réalisation pour son attirance envers les femmes, son désir grandissant pour la liberté, ses difficultés avec son contrôle de l'élément spirituel, le fait qu'elle était constamment recherché par tous les filous d'Aerinda, que Turion soit coincé dans le fond de conscience comme une sardine, elle s'inquiétait pour Serfantor qui était marqué comme un hors-la-loi et maintenant, elle se blâmait pour la mort de Wirus et de son dragon rouge. Si ce n'avait pas été d'elle, ils n'auraient probablement jamais perdu la vie. Cette espèce de fantôme truc étrange devait avoir été là en cause d'elle. C'était trop probable.

- Pourquoi ? questionna-t-elle dans le vide sur un ton colérique. Pouuurquoiii ? répéta-t-elle en frappant les tuiles sauvagement.

Elle sentait à présent son battement de cœur au travers de ses mains qui pulsaient sous la douleur, mais elle s'en foutait. Au moins, cette douleur la distrayait du reste de ses problèmes, du moins pendant un instant.

Une profonde honte envers elle-même envahit son esprit et son corps se mit à trembler doucement. Elle se sentait au bord de la crise. Elle avait trop de poids sur les épaules et elle allait craquer. Elle se sentait comme si l'avant de son crâne était sur le point de se fissurer sous la pression. Elle se nicha le visage dans ses bras et pleura. Elle pleura pendant un bon moment jusqu'à ce qu'elle entende le son familier et rassurant de battement d'ailes qui amplifiait à chaque coup.

- Tu ne dors pas ? demanda le nouveau-venu qui se posa à côté d'elle.

La simple présence et voix de Tyrath apportèrent à l'archère un grand soulagement. Celle-ci se colla à son large torse et se concentra tout simplement à écouter les respirations chaleureuses de son compagnon.

- Non. Ça ne va pas. Je n'arrête pas de songer à Wirus et à ce pauvre dragon... Puis, le reste de ma misérable vie joue en boucle dans ma tête. Je suis épuisée.

- C'est leur mort qui te met dans cet état ? questionna Tyrath en enlaçant sa dragonnière d'une aile.

- Mhmmm... Je veux juste partir et tout recommencer à neuf.

- C'est possible si c'est que tu désires vraiment. Je suis prêt à une nouvelle aventure.

- Tu es tellement libre et majestueux. Majestueusement idiot, termina-t-elle dans un petit rire.

- Bah, sinon, parles-moi s'en, ronronna le drake en fixant son interlocutrice avec intérêt.

- De ce qui s'est passé il y a deux jours ? Bah... Le plus malheureux dans tout ça, c'est son dragon qui est devenu complètement fou et s'est tué dans sa rage, soupira la demi-elfe en accotant son menton dans ses mains. C'est ma faute. J'attire tous les esprits malicieux au monde on dirait.

- Cesse de te blâmer et de ruminer, rouspéta Tyrath dans un grognement sec. Tu n'y es pour rien. Ce n'est pas toi qui as décidé de tes circonstances.

- Et si ce l'était ? Et si j'aurais pu m'enfuir ? Éviter à toutes l'académie ces problèmes...

- Ne dit pas de sottises. Ils te traitent presque comme si tu étais une déesse. Ils seraient probablement dévastés si tu les abandonnerais.

- Ça ou ils me chasseraient pour me condamner à mort, grogna-t-elle en songeant à ce qui s'était passé avec Serfantor.

À cette dernière mention, le drake garda le silence. Il n'avait sûrement aucun argument pour contrer ce fait et c'était bien malheureux.

- Comme le dirai si bien cette rude forgeronne que je ne comprends sincèrement pas, mais qui te fais bien rigoler : Une bonne baise arrange tout !

L'adolescente réussit à sourire et à rire. La tentative désespérée de Tyrath de lui remonter le moral l'amusait plus que la citation de Mel. Elle n'était pas prête à lui expliquer la signification et ainsi, elle le laissa à sa fierté d'avoir accompli sa mission.

Mais son humeur s'assombrit à nouveau assez rapidement.

- Je dois passer du temps avec Argoshin, dit-elle en omettant le « Maître » puisqu'il n'était pas dans les parages. Ça m'inquiète que je ne sois pas en mesure de contrôler les pouvoirs de Turion.

- Tu pourrais peut-être tenter de te pratiquer sans lui, proposa le drake.

- Je suppose... Je n'y comprends rien à cet élément... Enfin, si... Mais c'est tellement difficile à maîtriser. Je me sens comme une idiote quand ça vient à ça. Le vent est tellement plus naturel pour moi, dit-elle en se tournant vers Tyrath, le suppliant du regard même si elle savait qu'il ne pouvait rien pour elle.

- Ne baisse pas les bras. C'est tout ce que je peux te conseiller.

- Tu as raison. Je suis tout simplement un peu découragée dernièrement. L'énergie me manque.

Elle attendit une réplique verbale qui ne vint pas. À sa place, Tyrath lui offrit un signe de tête d'entamer le processus en poussant un petit grognement d'encouragement.

- D'accord, d'accord, ronchonna l'adolescente.

Elle se croisa les jambes, détendit les bras et entrecroisa les doigts. Enfin, elle inspira longuement et ferma les yeux. Elle imagina la lune qui veillait sur elle, dominant le ciel étoilé, baignant le monde des mortels de son halo châtain clair. Cette vision la calma raisonnablement et pendant longtemps, elle demeura immobile, luttant pour vider son esprit de toute pensées, qu'elles soient positives ou négatives.

Elle réussit à atteindre la sérénité totale après un long moment et puisa dans sa conscience à la recherche du coin où Turion s'était replié. Elle était un peu perdue et confuse dans ce grand néant qui paraissait infinie. Elle continua tout simplement de nager sans y rencontrer une seule pensée. Puis, enfin, elle aperçut ce qui ressemblait à une petite sphère violette.

« Turion ? appela-t-elle avec incertitude. »

Elle s'approcha et la sphère se transforma en une espèce de gaz à la forme abstraite. Elle étendit sa main et se concentra doucement. L'énergie améthyste refusa de suivre ses mouvements et s'éclipsa pour disparaitre dans les ténèbres.

Abandonnant la chasse, l'archère secoua la tête et grogna, laissant sa frustration prendre le dessus.

- Alors ? questionna Tyrath.

- Je crois avoir détecté Turion, mais ce n'était pas grand-chose..., avoua l'adolescente en soupirant longuement.

- C'est déjà bien, complimenta le drake. Tu sais, ce n'est pas facile de creuser si loin dans son subconscient.

- M'ouais... Je suppose...

- Argoshin serait sûrement bien content de toi. Oh ! Maître Argoshin, se corrigea-t-il en grimaçant.

La rebelle pouffa de rire. Elle savait combien son compagnon détestait les rangs sociaux et l'autorité. Il était un fervent croyant en la liberté totale et l'égalité sur tous les aspects possibles.

- Dit, parlant d'Argoshin, tu peux aller le chercher ?

Tyrath pouffa à son tour, expirant fortement des narines.

- Tu réalises que ce serait folie. Il pourrait être aperçut, surtout en plein sur ce toit qui est assez à la vue.

- Tu as raison... J'avoue... Je désire simplement lui expliquer ma situation avec Nixie-Elle... Tu sais, c'est irritant et j'aimerai aller le voir pour continuer mon entraînement, mais c'est très difficile avec elle. Pourrais-tu lui transmettre le message ?

- Je suppose que je pourrai t'accorder cette faveur, ronronna-t-il.

Elle enlaça son torse du mieux qu'elle le pouvait, ses mains incapables de faire le contour tellement il était massif. Il répliqua en frôlant son museau doucement sur sa chevelure de soie.

✦×✦

En plein cœur de la nuit, lorsque Tyrath se décida enfin à aller se coucher, l'archère fit de même. Honnêtement, elle avait peur de se retrouver face à face avec une Nixie-Elle mécontente qu'elle ait disparut encore une fois, mais le chambre beignait dans le calme et dans le clair de lune brunâtre. D'ailleurs, cette-dernière donnait une couleur encore plus vibrante à la chevelure emmêlée de Fayne qui somnolait paisiblement en enlaçant son oreiller. Elle paraissait si innocente et en paix qu'Azéna n'osait pas faire un bruit de crainte de l'éveiller. Malgré elle, elle effleura la joue de sa meilleure amie en sourit bêtement. Fayne était en effet vraiment jolie avec ses joues parsemées de tâches de rousseurs et ses fossettes, sans oublier le point de beauté solitaire sur son front à l'extrême droite.

La demi-elfe soupira doucement en espérant que quoi qu'il arrive, que cela ne nuira pas à la vie de la brunette. Elle se réduit qu'à ses sous-vêtements et s'installa sous ses couvertures légèrement refroidies par l'absence de chaleur corporelle. Elle songea longuement à sa vie, à tous ses problèmes, se frustrant à multiples occasions et en détournant le regard à l'idée si séductrice de s'enfuir au loin.

« Je ne peux plus, songea-t-elle en arrachant la couverture de laine de son lit, la laissant tomber au sol. Je ne peux pas dormir. J'ai besoin de mon énergie demain sinon, Nixie-Elle va se douter de quelque chose... Ça fait déjà trois nuits que je dors mal. »

Elle retira son soutien-gorge, ses mamelons durcissant à la fraicheur de la nuit et enfila une tunique simple à manches courtes. Elle décida se garder ses caleçons puisqu'ils n'étaient pas tant révélateurs. Elle s'avança lentement vers la porte de la chambre, colla son oreille sur le bois et écouta. Rien. Pas un son. Était-ce possible que Nixie-Elle n'était pas là ? C'était sûrement trop espérer car l'assassin était spécialisé dans la subtilité.

Elle jeta un coup d'œil à l'horloge : 1 :32am. Elle désirait s'asseoir et relaxer avec Teriondil et son fabuleux thé. Devrait-elle prendre le risque de faire un face à face avec Nixie-Elle ? Il n'y avait aussi qu'une chance que l'elfe sylvain soit dans la chambre commune. Mais elle ne pouvait pas s'empêcher d'être anxieuse. Tous ses muscles étaient tendus, elle avait un peu de douleur généralisée et elle en avait ras-le-bol.

Elle ouvrit la porte en fermant les yeux et se prépara à encaisser le dommage. Rien ne se passa. Elle se permit de jeter un coup d'œil devant elle et aperçut que l'escalier qui menait à la salle commune. Elle l'emprunta et encore une fois, elle fut surprise que la garde du corps ne se trouvait pas là non plus. Était-elle tout simplement partie ? Était-ce possible ? Mais elle était toujours là, si stricte et disciplinée.

- Si tu cherches Nixie-Elle, je l'ai vu se dépêcher hors de la tour il y environs une heure, dit une voix pâteuse et sereine qui provenait du foyer. D'ailleurs, elle avait une étrange lueur dans son regard... Je suis incertain de si cela provoquait de la joie ou de l'inquiétude en mon dedans.

L'archère pouffa de rire à la remarque du garçon qui était installé devant les flammes danses avec une tasse de thé à la main. Lui aussi ne portait pas grand-chose : des culottes courtes verte et rien de plus.

- Oh ! Oh ! s'exclama Azéna en mettant une main de sorte qu'elle cache le torse efflanqué de l'elfe.

- Quoi donc ? questionna son ami qui regardait dans tous les sens pour la source de l'affolement de l'archère.

- T-ton... torse, lâcha-t-elle enfin avec gêne.

- Ça ? Ah bah ne t'en fais pas ! On est toujours à moitié nue à Nadalé ! C'est plus confortable et on se sent plus proche de la nature. Enfin... Lorsqu'il fait chaud assez pour se le permettre.

La soudaine image de Naëshirie en « tenue d'été » lui sauta au visage. Elle voulut répliquer, mais ses lèvres ne firent que trembler légèrement puis, elle croisa les bras comme si elle désirait se protéger d'un envahisseur.

Elle s'installa à côté de Teriondil et plongea son regard dans les flammes voraces, lentement effaçant l'image de la jeune elfe métisse de son esprit vulnérable.

- Thé ? offrit bientôt l'elfe sylvain.

L'adolescente ne lui répondit même pas; elle se servit un verre et commença immédiatement à téter dessus.

- Aucune hésitation cette-fois, continua le dragonnier vert avec un sourire. C'est bien. Tu apprends à te laisse aller. Ou... est-ce que tout va bien ? questionna-t-il en remarquant que son interlocutrice n'avait pas bonne mine.

La demi-elfe avala le reste de sa tasse de thé avec hâte en redemandant. Teriondil répondit à la requête en obéissant, ses mouvements toujours aussi gracieux et lents.

- Attention, c'est chaud, avertit-il.

- J'ai juste trop de désagréments qui me passent par la tête, expliqua Azéna en prenant une autre gorgée généreuse.

Le goût n'était pas terrible, pas tellement bon non plus. Il y avait un arrière-goût amer surplomber d'un sucré fruité. La couleur du liquide était à demi-opaque et vermeil. Peut-être que c'était à saveur de framboises, mais l'herbe était toujours légèrement dominante ce qui ruinait le reste.

- Les évènements récents te troublent, devina Teriondil sur un ton empli de sagesse. Rien ne garantis que cette attaque ait un lien avec toi et ta condition.

- Je sais... Mais c'est quoi les chances ? J'attire le danger comme une abeille à une jolie fleur mauve remplie de pollen.

- Et des deux, laquelle est la fleur bourrée de pollen et laquelle est l'abeille ? demanda l'elfe avec une innocente presque crédible.

En premier temps, Azéna ne compris pas la question. Elle cligna des yeux à multiples reprises en tentant de faire le lien entre les dernières paroles de son amie et la mort de Wirus et de son dragon rouge.

- Quoi ?

- Les deux vont ensembles, mais l'abeille doit faire le premier pas et se poser sur la fleur sinon, rien.

Il fit un grand geste des bras et l'adolescente fut forcée de pencher son corps de sens opposé pour ne pas se faire toucher.

- Rien...?

- Le criquet dévoreur de plantes n'est pas dans les parages, continua-t-il avec mystère.

Azéna n'y comprenait toujours rien et ainsi, elle attendit plus d'explications.

Après un moment, Teriondil soupira et adopta une expression sérieuse ce qui était vraiment rare et étrange. Il pointa en direction de l'escalier qui menait au dortoir des filles et fronça les sourcils.

- Me coucher ? devine l'ex-Kindirah avec confusion.

- Non, c'est le moment d'aller parler à Naëshirie, dit Teriondil avec patience malgré tout. Nixie-Elle n'est pas là.

- C'était ça que tu essayais de me dire ?

- Exact.

- Bordel de merde d'Aspérule Blanche, tu sais que je déteste tes énigmes bizarres. De plus, Naëshirie dort évidemment. Tu as vu l'heure ?

Une vague de panique émergea des tréfonds de son esprit et elle sentit sa respiration accélérer. Elle ne pouvait pas le risquer. Elle ne pouvait pas prendre la chance que sont secret soit dévoilé. Elle avait déjà assez de difficultés.

- Mais cela pourrait être ta seule chance, insista l'elfe gentiment. Va s'y. Je suis certaine qu'elle ne t'en voudra pas. Elle semble très aimable et relaxe. D'ailleurs, cela apporterait un équilibre nécessaire à ta personnalité turbulente.

- T-turbulante ? Où vas-tu chercher ça ? questionna-t-elle en tentant désespérément de changer de sujet.

Elle sentit ses joues chauffées et le sentiment ne faisait que monter en flèche. Bientôt elle le savait, elle allait être rose jusqu'à ses oreilles.

- Tu n'as qu'une vie à vivre alors lance-toi, conseilla Teriondil en ignorant sa question.

Les mains de l'adolescente étaient maintenant moites. Assurées que même la cime de ses oreilles était affectée par ses émotions, elle grommela quelques bourdonnements incompréhensibles. Elle expérimentait un étrange mélange de gêne et de confort, sûrement faute du thé spécial.

- Non. Je ne peux pas ! Il y a trop de risques.

Et soudainement, une puissante vague de fatigue s'éprit de son corps. Son esprit vacilla et tout semblait se passer au ralentit. Elle aperçut Teriondil qui sourit et lui offrit de remplir son verre à nouveau.

✦×✦

Mais où est donc Nixie-Elle ? Derrière ? Devant ? Cachée derrière ce buisson ? Elle ne trouva personne. Pourtant, elle était certaine d'avoir entendu sa voix. D'ailleurs, celle-ci paraissait lointaine et étouffée par ce qui semblait être... un mur ? Étrange. Mystère.

Azéna se réveilla en sursaut. Qu'est-ce qui c'était passé hier soir ? S'était-elle tombée endormie sans s'en rendre compte ? Sa vision était en train de s'éclaircir, mais elle remarqua tout-de-même qu'elle n'était pas dans sa chambre. Elle n'était pas allongée sur son lit; le matelas était trop dur. Elle passa sa main sur son visage et bailla en se grattant le derrière du crâne. Elle était toujours habillée d'une tunique sans soutien-gorge et de caleçons de garçon. Ses muscles raides, elle s'efforça à s'asseoir. Elle remarqua un verre d'eau sur la table de chevet à sa droite et but sans se préoccupée de qui aurait pu l'utiliser avant elle. Il y avait un peu de poussière à la surface du liquide et cela rendit le processus inconfortable. Elle toussota et remit le verre à sa place original en faisant une grimace.

Puis, la voix de Nixie-Elle résonna à nouveau et un instant plus tard, la porte menant à la sortie de la tour s'ouvrit doucement.

L'archère et l'assassin se fixèrent avec incrédulité, complètement immobiles. La chevelure de Nixie-Elle était ébouriffée, son linge était de travers, elle ne portait pas ses armes habituelles et... il y avait une tâche sombre à son cou.

- H-heu..., dit la garde du corps avec maladresse. Tu vois... Azéna...

Soudainement, elle reprit son sang-froid et sa voix devint hostile :

- Qu'est-ce que tu fous dans la salle commune ? Il est 4 :30 du matin. Tu n'as pas dormi de la nuit, c'est ça ? Comment vas-tu performer si tu manques de sommeil ? N'as-tu pas honte ?

- Regarde qui parle, pouffa l'aéromancienne en pointant son interlocutrice d'un doigt accusateur. Et toi, qu'est-ce que tu faisais à ne PAS me surveiller toute la nuit ? Et c'est quoi cette belle marque bleu royale sur ton cou ?

- Heu... Mais c'est parce que... J'vais tout t'expliquer, balbutie Nixie-Elle alors que ses joues s'empourprèrent de gêne.

L'adolescente pouvait aisément deviner, malgré sa virginité, que l'assassin avait trouver un partenaire d'activités nocturnes douteuses. Elle avait eu du sexe ! Elle en était certaine. Rien d'autre ne pouvait expliquer son état. C'était bien trop cliché. Au lieu, elle préféra taquiner de sa supérieure comme elle le pouvait tant qu'elle était en situation avantageuse.

- Il n'y a rien à expliquer, mademoiselle ! Je sais ce que tu mijotais toute la sainte nuit ! Que dirais Elysia ? Oh encore pire ! Que dirais Grand Maître Terenas qui te fait confiance ? s'exclama-t-elle d'une voix dramatique.

- Mais chuuuttt. Baisse l'ton de voix quand-même ! Une femme à droit à une vie sociale, même lorsqu'elle a été assignée à une mission aussi exigeante et gênante !

- Une vie sociale eh ? Alors c'est qui le chanceux ?

- Ce n'est pas quelque chose que je vais divulguer.

- Alors j'ai raison, dit Azéna en haussant les sourcils.

- ...mince, grogna Nixie-Elle en ramassant ses épées qu'elle avait cachée sous le sofa. D'accord, mais ne répète rien s'il-te-plait.

Au moment où Azéna allait répondre, une troisième voix se joignit à la conversation :

- Répéter quoi ?

Là, dans l'ouverture de la porte qui menait aux dortoirs des filles, se trouvait une grande brunette aux yeux noisette et à l'expression faciale suspicieuse.

- Fayne ! s'exclama l'archère qui ne savait pas quoi dire d'autre. Faynnneee ! Tu es resplendissante ce matin ! Tu as fait quelque chose de différent avec tes cheveux ?

Elle mentait. Enfin, Fayne était toujours belle, mais elle ne pouvait certainement pas cachée qu'elle venait de se lever de son lit. Elle avait à peu près la même allure que Nixie-Elle sans le suçon. L'une paraissait autant fatiguée que l'autre.

- Tu as mal dormi ? couina Azéna, effrayée de sa réponse.

- Assez..., avoua l'herboriste sans gêne. Je t'ai entendu rigoler avec Teri dans la nuit.

Nixie-Elle croisa les bras et lança un regard noir à sa protégée qui se sentit soudainement très ciblée et anxieuse. Honnêtement, l'archère ne savait plus comment se défendre, alors elle attendit que quelqu'un d'autre parle.

- Je vais t'arranger ton suçon Nix, proposa Fayne comme si c'était une banalité. Viens par ici. J'ai du fond de teint que je peux utiliser pour dissimuler tout ça. Non mais vous êtes vraiment deux idiotes, marmonna-t-il d'une voix pâteuse.

- Sauvée par l'acte de trahison, murmura Azéna pour elle-même alors que les deux autres filles se dirigèrent vers la chambre.

- Merci Fayne, répliqua l'assassin avec une mine de défaite.

Pendant ce temps, Azéna demeura sur le sofa, les jambes et les bras croisés entrain de faire la moue. Elle était irritable aujourd'hui et rien ne semblait pouvoir calmer son esprit chaotique. Des souvenirs défilèrent dans sa tête comme si elle les revivait, lui donnant des sautes d'humeurs assez extrême. Elle réussit à les contenir jusqu'à ce qu'elle sente une présence qui s'était immobilisée derrière le sofa.

- Qui es là ? questionna-t-elle sèchement faisant volte-face.

Elle se retrouva devant une paire d'yeux bleus identique aux siens et une crinière blond foncé qui ondulait naturellement. Pendant un instant, elle crut que c'était Nymia et faillit paniquée, mais elle réalisa rapidement qu'elle avait tort.

- Qui tu crois ? répliqua Arièlla avec rogne.

- Désolée Ari, s'excusa Azéna, mais elle ne réussit pas à émettre de la sincérité de ses paroles. Je suis irritable ce matin...

- J'ai bien vu ça... Bon, je pars sans toi. Je n'ai pas très envie d'une telle compagnie.

Elle tenu à sa parole, claquant la porte menant à la sortie de la tour derrière elle.

- Bah clairement, je ne suis pas la seule à avoir une tête de cochon, ronchonna l'archère qui se leva avec peine et misère.

Elle devait aller se préparer pour la journée ce qu'elle s'efforça de faire en grommelant tout le long. Nixie-Elle avait été respectueuse et l'attendait dans la salle commune et malgré cela, l'humeur de la demi-elfe ne s'améliora pas.

Elle, Fayne et Nixie-Elle se rendirent ensembles au Grand Hall pour le déjeuner dans un silence total. L'herboriste avait le nez planté dans un livre – même en descendant les escaliers -, Nixie-Elle semblait distraite, sûrement occupée à remémorer ses folies nocturnes et l'archère s'endurait du mieux qu'elle pouvait.

D'ailleurs, c'était la garde du corps qui ouvrait la marche. Azéna et Fayne ne prêtaient pas attention à où elles allaient et faisait confiance à leur guide jusqu'à ce que celle-ci s'arrête nette et qu'elles écrasèrent leur visage dans son dos, ou plutôt, dans ses épées croisées.

- C'est quoi le problème ? questionna Azéna avec colère alors qu'elle se dégageait.

Devant le groupe, Èrionda Murkwan se disloquaient les hanches en passant par là.

- Bon matin Nix ! s'exclama-t-elle, évidemment d'une humeur sautillante.

Elle se mit à gambader comme une enfant en continuant son chemin, ses longues oreilles pointues dépassant de sa chevelure menthe d'un bon mètre.

- C'était quoi ça ? questionna Azéna, sans aucune subtilité, en tournant la tête pour suivre l'elfe sylvaine des yeux.

Nixie-Elle se remit à la marche d'une cadence imparfaite, saccadée comme si elle était incertaine de ce qu'elle devait faire. Du son silence, son message était clair : elle ne désirait pas en discuter. Azéna comprit après un certain temps : elle avait probablement coucher avec Èrionda la nuit passée, mais rien ne le confirmait. Après tout, elles avaient été proches durant leurs années ensembles à l'académie. Serait-il possible...? Azéna devait lui demander. Était-ce qu'elle était l'une de ses fameuses personnes cachées dans la foule dont Mel parlait ? De tout le monde, ça devait être sa garde du corps qui lui tapait royalement sur les nerfs. Enfin, peut-être... Il fallait qu'elle trouve une façon d'être seule avec elle pour lui en parler. Mais, si elle le faisait, elle se révélerait aussi. Était-elle prête à un tel risque ? Pouvait-elle faire confiance à Nixie-Elle ?

Elle se mâchouilla la lèvre inférieure, angoissée jusque dans ses os. Elle sentit son cœur battre la chamade et ses mains devenir moites.

- Putain, ronchonna-t-elle en serrant les poings. Comme si je n'avais pas assez de trucs qui me rongent la santé mentale...

- De quoi parles-tu ? Que vient-il d'arriver ? demanda Fayne qui fronçait les sourcils, complètement perdue.

Le tout en marchant, la rebelle sortie un parchemin de son sac à dos et y inscrit en marchant, avec une écriture quasi-illisible, qu'elle désirait être en tête à tête avec sa garde du corps pour une affaire urgente et elle la remit à Fayne. Cette-dernière mit un moment à déchiffrer le message, mais enfin, elle acquiesça et s'éclipsa silencieusement.

Azéna et Nixie-Elle continuèrent leur chemin en route pour le grand hall et elles y étaient presque. Il fallait que l'archère trouve une solution et vite. Il y avait des apprentis partout autour d'elles, la garde du corps marchait rapidement et l'archère ne pouvait plus penser à rien. Son cerveau dysfonctionnera, se déconnecta de toute pensées rationnelles et lorsqu'elle aperçut un placard laissé entrouvert, elle se rendit compte de son unique chance. Elle agrippa Nixie-Elle par le bras et la traîna avec elle dans le lieu ménagé de force sous les yeux de quelques apprentis qui ne réagirent qu'avec un haussement choqué de sourcils.

- Je sais pour toi et Èrionda ! vomit l'archère impulsivement en fermant la porte derrière elle.

L'assassin eut le réflexe de dégainer une dague de sa manche et de l'accoter contre la gorge fragile de son assaillant. Ses yeux étaient petits, à la fois affolés et disciplinés. C'était une expression unique qu'Azéna n'eut la chance de rencontrer. Un mélange de résultats d'un long entraînement stricte et d'une hantise profonde qui cherchaient tous les deux à se manifester.

- Parce que tu veux tuer ta protégée maintenant ? s'énerva l'adolescente en repoussant la lame d'un doigt de son côté non-tranchant.

- Qu'est-c... A-Azéna ? couina Nixie-Elle.

Et soudainement, comme une enfant vulnérable, la poigne de fer qui tenait l'assassin debout forte et fière l'abandonna. Elle se laissa tomber à genoux et se fut Azéna qui la l'attrapa dans ses bras et qui la supporta.

- Nix... Nix, ça va aller. Allons, allons.

Elle se baissa doucement pour ne pas énerver Nixie-Elle jusqu'à ce qu'elles soient au sol.

- J'peux pas... Je ne – Non, c'est pas possible ! J'suis pas... Personne ne sait. Il ne faut pas. Je suis une assassin, une dragonnière... J'ai un devoir envers Aerinda, marmonna la dragonnière accomplie.

Elle continua de répéter les mêmes choses en boucle jusqu'à qu'Azéna réalisa qu'elle était en fait, complètement traumatisée. Une personne forte comme elle l'était n'agissait pas ainsi. C'était anormale. Quelque chose n'allait pas du tout.

Et Azéna ne savait pas comment réagir à une telle crise. Elle retourna donc à son enfance lorsque sa propre mère devait la calmer lorsqu'elle était aveuglée par la rage. Elle savait maintenant ce qu'elle devait faire.

- Nix... C'est juste moi, dit-elle avec la douceur d'une mère à son enfant. C'est Azéna.

Elle retira sa cape et entoura la jeune femme adulte. Déjà, elle se calma un brin et ses paroles saccadées ralentirent puis, elles recommencèrent :

- Non... Il ne faut pas... J'ai gradué... J'ai vingt ans... J'suis une assassin professionnelle. Il ne faut pas oubliée Sièrre dans tout ça.

Puis, une larme roula le long de sa joue et ses mains se mirent à trembler comme des feuilles. L'archère les empoigna dans les siennes ; elles étaient glaciales, sûrement dû au stress.

- Je m'en fous de quel âge où de ce qu'est ta profession Nix, dit fermement Azéna en lui caressant les mains de ses petits doigts. Je n'ai que seize ans, je ne suis qu'une apprentie, mais ce n'est pas ça qui nous sépares.

Puis, Nixie-Elle se tue et plongea son regard dans celui de la demi-elfe. Ses traits s'adoucirent et elle râcla sa gorge timidement. Elle avait beaucoup parlé dans sa crise après tout.

- J'irai te chercher de l'eau après si tu veux, proposa l'adolescente qui espérait qu'elle arrivait à aider.

- M-merci, murmura la garde du corps d'une voix brisée. Mais s'il-te-plait, j't'en supplie, ne le révèle pas.

- Bien sûr que non, dit Azéna sans cesser ses cajoleries improvisées et parfois, bien maladroites. Mais je dois savoir clairement. Toi et Èrionda...

Nixie-Elle se remit à pleurnicher et baissa le regard. Elle avait honte, honte d'elle-même.

- Je vais te révéler un secret en échange comme ça si tu veux me faire du mal, tu le pourras, d'accord ? proposa la demi-elfe qui avait les nerfs aussi à vifs que son interlocutrice.

Mais elle devait s'exposer si elle désirait que Nixie-Elle en fasse de même pour elle.

- J'ai une attirance physique... e-et... je crois aussi romantique... pour les filles...

Elle eut de la difficulté à prononcer les mots en cause de l'énorme boule qui s'était formé dans sa gorge. Elle était elle aussi au bord des larmes et elle ne comprenait pas pourquoi.

- Donc... toi et Èrionda...

- J-j'l'aimes... depuis le premier jour... depuis sa rentrée à cette maudite académie...

Nixie avait avouer et encore plus. Azéna ne s'attendait à ce que ce soit une aventure, pas quelque de sérieux qui durait depuis si longtemps. Prise au dépourvue, elle figea et resta bouche-bée.

- J'en étais à mon troisième cycle et au début, j'croyais que j'la trouvais tout simplement attirante, expliqua Nixie-Elle avec un mélange de libération, de crainte, de joie et de tristesse. Tu sais... Comme quelqu'un qu'on admire. J'trouvais ça étrange car j'étais une personne fière, difficile à plaire, particulièrement parce qu'elle était plus jeune de deux ans et qu'elle ne m'avait même pas encore prouvé quoi que ce soit. Enfin bref, ça m'a pris une saison avant que mes sentiments s'intensifient puis, nous sommes devenues amies... Jusqu'à ce que...

Elle ne termina pas sa phrase, mais Azéna compris parfaitement où elle voulait en venir.

- J'imagine que ça ne s'est pas bien terminé, devina-t-elle sur un ton amer.

- On se rencontrais la nuit dans une salle déserte, raconta Nixie-Elle avec une certaine vulnérabilité autant qu'une franchise dans sa voix. Imagine le reste... C'était le seul temps qu'on pouvait être nous-mêmes. Nos performances ont chuté en cause de la fatigue et j'm'entraînais pour devenir une assassin et c'est l'une des branches les plus exigeantes donc... j'pouvais pas me le permettre... Et Èrionda étant la merveilleuse âme qu'elle est, a compris sans broncher. Ils sont tellement beaux, les elfes sylvains...

- Oh ça je sais, confirma l'adolescente en se souvenant des multiples différences culturelles entre leur peuple et le sien.

- Elle m'a beaucoup appris, mais j'pouvais pas adopter la plupart de ses leçons. Pas ici, pas à cette académie, pas en étant une Gardienne d'Aerinda.

Elle prit une pause pour prendre une grande respiration et elle se mit à caresser les mains de sa protégée aussi.

- C'est une véritable cage à oiseau.

- Dit comme une vraie dragonnière grise, approuva l'adolescente qui accepta la tendresse de son interlocutrice et se laissa s'attachée à elle.

- Toi aussi tu penses ça ? questionna-t-elle avec surprise.

- J'y ai songé, mais ce n'est pas important. Continue.

- Enfin bref... Nous nous sommes fréquentées ici et là jusqu'à ce que je gradue et là, j'n'avais plus de temps du tout. De plus, je n'étais que rarement dans les parages... J'lui ais donc dit que je la libérais...

- Elle a du mal réagir, la pauvre.

- Étrangement, pas du tout... Un tel mystère, ces elfes des bois... Elle m'a tout simplement répondue que j'pouvais pas la libérée, qu'elle était déjà en toute liberté et qu'elle serait ravie de me revoir.

Au dernier mot, elle couinait comme une souris, devant se concentrer pour ne pas perdre le peu de sang-froid qui lui restait.

- J'ai passé les deux dernières années à faire de mon mieux pour l'oublier en ce concentrant sur mon devoir d'assassin, en reniant mon côté romantique, en ne voyant que les autres des obstacles, des ennemis, des cibles, des partenaires ou des supérieurs. Mon cœur s'est vite transformé en pierre, oubliée dans une mare pourrissante quelque part dans ma conscience. En gros, j'ai caché mes peines avec une attitude de merde et avec un peu d'humour et de sarcasme.

- As-tu aimé quelqu'un d'autre ? D'autre attirances ?

- Nah. Personne ne vient à la cheville d'Èr... et lorsque j'suis revenue à l'académie, j'avais la trouille. J'voulais pas la voir, mais j'pouvais pas m'enfuir non plus. Malheureusement, j'devais te suivre partout comme si t'étais un bébé sans défense – ce que t'es pas évidemment – et éventuellement, j'ai croisé son regard qui m'a immédiatement replongé dans la forêt éternelle que j'avais oublié. Elle a agi comme si rien ne s'était produit – complètement gaie et positive, pleine de joie et d'énergie, exactement comme j'me souviens d'elle.

Elle fit une pause comme pour se remettre de ses émotions.

- Et elle m'a fondue le cœur... encore une fois...

- Et tu n'as pas pu résister, dit Azéna en retenant un petit rire innocent.

- Hé, j'ai mené une belle bataille... J'ai enduré son charme pendant huit journées ! C'est long quand tu n'as qu'une envie et c'est d'te beigner dans son amour et son corps !

Puis, son sourire s'effaça et elle sembla vieillir de quelques années, exténuée émotionnellement. Craignant pour sa garde du corps, la rebelle se dit qu'une petite touche d'humour pourrait alléger la tension :

- Hé attend un instant ! s'exclama-t-elle en faisant semblant qu'elle venait tout juste de le réaliser. Tu entrais dans ma chambre quand j'étais nue comme un ver ! Sans souci, sans questionnement !

- Je n'ai jamais été attirée à personne d'autre qu'Èrionda si c'est ce que tu veux savoir, grogna l'assassin qui avait repris un peu de couleur au visage.

- Bah... Bah...

Cette-fois, l'adolescente perdit ses moyens et sentit son visage chauffé de gêne.

- Désolée p'tite, lâcha Nixie-Elle avec un petit sourire mesquin.

- Mais je n'ai aucun intérêt en toi ! s'énerva Azéna.

- Je sais, je sais. Je te taquine. Je sais que tu aimes bien la petite elfe aux yeux céladon par contre.

- P-pas du tout ! s'exclama l'archère, prise au dépourvue.

- T'es pas subtile, ricana l'assassin.

- Il n'y a absolument rien qui se passe entre nous deux...

- T'es pas capable de lui avouer, ein ? Moi, c'est Èrionda qui a tout initier... Elle était sans gêne. Apparemment, c'est dans la culture des elfes sylvains d'être si ouvert d'esprit. Moi, ça m'a complètement déboussolée, mais putain... Elle m'a convaincu malgré mon inconfort avec la situation.

- Naëshirie a été élevée à Nadalé...

- T'aurais probablement une bonne chance avec elle, à moins qu'elle n'aime tout simplement pas les femmes, mais d'ce que j'ai entendu, la plupart des elfes sylvains s'en foutent du sexe de leur partenaire... donc...

- Mais d'où ça sort toute cette mentalité ? J'ai l'impression d'avoir vécue dans une boîte quand j'entends parler d'eux...

- Tristement, la plupart des Aeriendiens donnent cette impression, incluant les dragonniers...

- Je ne m'étais jamais vraiment questionner à ce sujet jusqu'à ce que je commence à éprouver de l'attirance pour Naëshirie... Mais... C'est contre nature de se priver de l'amour et du désir sexuel. Ce sont des parties intégrales de soi et c'est inhumain qu'on nous en prive. Je me questionne encore et toujours...

Elle ne termina pas sa phrase, incapable de vomir les mots qu'elle désirait. C'était là une haute trahison et un manque d'honneur. Elle avait fait un serment, une promesse.

- Tu questionne tes choix, termina Nixie-Elle pour elle. J'ai passé par là maintes et unes fois... et j'y suis toujours.

Elle semblait beaucoup plus calme physiquement et d'esprit. Sa voix était douce, stable et elle affichait une expression de détermination.

- Je vais t'aider avec Naëshirie, déclara-t-elle en serrant les mains de sa protégée. En autant que tu ne dis rien à propos de moi et d'Èr.

- Pas de problème, dit Azéna en lui offrant un sourire chaleureux et en lui serrant les mains en retour.

Soudainement, elle fut prise d'une vague de confiance comme si leur lien d'amitié naissant venait d'être forgé et scellé. Elle savait que c'était une affaire encore plus dangereuse qu'admettre son béguin pour Naëshirie, mais elle avait besoin de son entraînement avec Argoshin. Si Nixie-Elle lui avait fait confiance avec ses problèmes et ses plus profondes blessures, elle se dit qu'elle pouvait en faire autant pour elle.

- Dis Nix... J'aurais une faveur à te demander...

- Bien sûr !

- Tu pourras m'accompagner puisque je ne veux pas te causer plus de stress que nécessaire, mais j'ai besoin que tu rencontres quelqu'un qui m'est important et que tu gardes le silence sur nos activités.

L'assassin hésita pendant un moment d'un mouvement de recul puis, elle se rapprocha à nouveau et acquiesça.

- Marché conclut, la jeune !

Et ce matin-là, elle rata son premier cours, se fit réprimander, mais elle avait bâti un lien unique, une amitié fleurissante avec sa garde du corps qui était bien plus qu'elle le croyait.

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