9 - Hormones sur une branche

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20e jour de la saison du soleil 2449

Comme planifié, Azéna avait passé une nuit avec ses compagnons dans la Forêt Rousse puis, ils s'étaient mis en route pour Atgoren, majestueuse cité des dragonniers ainsi que de leurs dragons. Tyrath avait porté l'archère et son mentor sur son dos pendant quelques heures avant de se reposer et se nourrir et ce cycle recommençait jusqu'à ce qu'ils soient arrivés à Agmeath. D'ailleurs, ils approchaient du village et Tyrath se prépara à l'atterrissage en se laissant planer, perdant doucement de l'altitude.

- Tu es certaine que tu as besoin de maintenance sur ton équipement ? questionna Argoshin qui était installé derrière la demie-elfe.

- Pour la énième fois, j'en suis absolument positive, répliqua Azéna avec rogne.

Notre dragonnière grise n'était pas d'humeur ce jour-là. Elle avait très mal dormi pendant les deux derniers jours, soit sur un nid improvisé de feuilles d'érables et sur une souche de bois. De plus, les évènements récents avec sa famille la hantaient et elle se questionnaient quant à sa loyauté envers les Gardiens d'Aerinda. Il y avait l'attentat de mise à mort de Serfantor puis, la punition injuste de Zorn qui l'angoissaient. N'étaient-ils pas ce qu'ils disaient être ? Devait-elle restée ? Si elle prenait la fuite, ils la traqueraient sûrement comme une criminelle. D'ailleurs, elle se questionnait sur le bien-être de Serfantor. Lui qui n'était pas aimé de sa famille et des Gardiens. Ils allaient possiblement bientôt en avoir bien plus en commun qu'elle ne l'aurait jamais cru durant sa première année d'entraînement en tant qu'apprentie dragonnière.

Azéna se mordilla la lèvre et poussa un long soupire.

- Bon, je suppose que cela devrait être sécuritaire, marmonna le demi-dragon en tirant sa large capuche sur sa tête.

Argoshin était nerveux à l'idée de passé du temps dans un village car son identité était toujours secrète. Son pouvoir, quoique limité, était tout-de-même puissant et recherché par bien des filous qui étaient au courant de son existence.

- Reste à l'écart si ça te rend si anxieux, proposa l'adolescente.

- Je m'inquiète pour toi, mais c'est sûrement pour le mieux, avoua son maître.

- Maître, je me dois de vous rappeler que je ne suis pas une enfant.

- Je me dois de te rappeler de qui tu es et de ce que tu portes en toi.

- M'ouais bah... Mel est folle à lier et peut se tenir droite devant un stimilien et il y a un dragon vert qui guette le village donc, je crois que je suis en sécurité. Tu peux desserrer la laisse à mon cou maintenant papa, ronchonna-t-elle en terminant sur une note de sarcasme.

- Ne soit pas vicieuse, lui ordonna fermement Argoshin qui n'appréciait pas du tout l'attitude de son élève. Je sais que tu as eus du mal durant les derniers jours, mais cela ne t'excuse pas.

Un lourd silence rendit l'ambiance gênante, particulièrement pour Tyrath qui n'était qu'un spectateur dans tout cela.

- Je te laisserais y aller, décida enfin le demi-dragon. D'ailleurs... Qui es cette Mel ? C'est tout un exploit de vaincre un stimilien à un humanoïde seul.

L'archère put presque imaginer son maître rougir; lui qui était si inconfortable autour des femmes en cause de son inhabilité à socialisé et à son habitude de s'isoler. Azéna était souvent en sa présence donc il avait brisé la glace avec elle, mais ce n'était pas le cas pour le reste de la gente féminine.

- Maître, vous êtes impressionné. Est-ce que je me trompe ?

- Q-quoi ? Mais... Mais bien sûr que je suis impressionné ! Quelle question !

Tyrath poussa une série de grognement étrange qui changeait constamment en intensité. Il riait d'Argoshin.

- Oh ! Je m'excuse, dit-il avec une pointe de timidité. Pardon de couper votre discussion ainsi, mais nous sommes arrivés. Il est temps...

Tyrath se posa à quelques lieues d'Agmeath pour y déposer Argoshin. Là, il y avait une jolie clarière parsemer de fleurs jaunes et bleues. Les deux soleils étaient hauts dans le ciel et leur chaleur agréable relaxait Argoshin tel un gecko qui bronze sur une roche.

- Soyez prudents ! siffla-t-il avec autorité.

- Ouais ! s'exclama Azéna avec détermination. Prélassez-vous dans ce lit coloré Maître ! Faites confiance à vos enfants ! ria-t-elle.

Elle démontra le champ fleuris de ses deux mains et ricana de bon cœur. De son côté, Argoshin plissa ses yeux dorés et posa ses mains sur ses hanches. On aurait dit une femme outrée ce qui fit doublement rigoler l'archère.

- On y va ! annonça Tyrath en prenant son essor.

Une fois à Agmeath, Azéna se rendit vite compte d'un important détail qui lui avait échappé jusque-là : l'argent. Alors que Fayne travaillait à bout de bras pour ses parents à la Corne Blanche pour se ramasser assez de monnaie pour son équipement, l'archère n'avait pas prêtée attention à cela. Elle n'avait jamais vraiment eu ce souci auparavant. Après tout, tout lui avait été fourni, soit durant sa vie en tant que Kindirah ou en tant qu'apprentie dragonnière. Cette-fois, elle n'avait personne pour la soutenir.

- Mmmm nous pourrions vendre des peaux d'animaux, suggéra Tyrath qui se vantait souvent de sa prouesse à la chasse.

- Je suppose, approuva Azéna en affichant une petite grimace. Ce n'est pas mon expertise, mais nous pourrions garder la viande pour nous nourrir. Ça serait pratique.

Elle faillit trébucher sur une poule passante. La volaille, éprise d'une poussée d'énergie, se dirigea follement en direction opposée de l'archère et de son dragon qui se mit à ronronner à sa vue.

- Arrête un peu, ordonna Azéna en se croisant les bras. Arrête de la fixer ! Ce n'est pas ton repas !

Tyrath grommela et porta son attention à son interlocutrice.

- Tu veux que je me charge de dépecés les proies que j'attraperai ? proposa-t-il en affichant un sourire mesquin.

- Ce n'est pas amusant ! s'exclama la dragonnière. De plus, je ne saurais même pas par où commencé. Assure-toi tout simplement de ne pas abimer la fourrure.

- C'est le tanneur qui va être heureux. Bon ! J'y vais !

Et un instant plus tard, il n'était qu'une silhouette ailée qui se dirigeait vers le ciel, laissant la demie-elfe seule au centre d'une foule qui ne leur prêtait pas attention. Les habitants d'Agmeath étaient parmi les rares qui étaient habitués à la présence de dragons. Tyrath ne les faisait pas broncher de leur routine. C'était rafraichissant.

Un gargouillement qui provenait du ventre d'Azéna la reconnecta avec la réalité : elle n'avait pas manger depuis hier. Elle pourrait aller chasser; elle avait assez de flèches. En revanche, ça serait idiot car Tyrath allait ramener amplement de viande. Elle opta pour se distraire jusque-là, mais avec quoi et surtout, sans argent ?

Elle se promena au travers du village si familier et prit le temps d'admirer les changements de décoration, plus particulièrement les plantes qui avaient encore cru à une vitesse hallucinante dû à l'influence de Vhargg, le dragon vert d'Édredon, le marchand de selles draconiques du village. D'ailleurs, Tyrath allait en avoir besoin d'une nouvelle; il avait tant grandi depuis leur rencontre. Il était encore un enfant, mais il approchait de l'adolescence et c'était représentatif dans son physique, quoiqu'un peu moins dans son attitude. Ses piquants et ses cornes s'allongeaient et devenaient plus solides. Il était en pleine croissance à en devenir un véritable prédateur alpha – bien au sommet de la chaîne alimentaire.

Éventuellement, la dragonnière se retrouva à la lisière du village où elle y trouva une paire d'arbres dont les feuilles étaient d'un vert éclatant. Sous la bénédiction des soleils jumeaux, elle grimpa à celui de droite et s'installa confortablement sur une branche solide et s'accota contre le tronc. Elle y resta, une jambe suspendue paresseusement dans le vide, bercée par la chaleur agréable et finit par se permettre une brève sieste, apaisée par la sérénité du moment. Il n'y avait plus aucun problème. C'était juste elle et sa pause bien méritée.

Ses rêves furent que couleurs, motifs étranges et concepts abstraits. Elle n'y avait que très peu compris, mais du moins, ce n'avait pas été des cauchemars.

Son réveille, au contraire, fut brusque et chaotique.

- Hé ce n'est pas la meilleure idée de siester dans un arbre !

L'accent bizarre et en même temps, familier, lui apporta de l'anxiété qui ne dura pas plus d'un instant.

- Q-quoi ?!? s'exclama-t-elle en redressant subitement son dos.

Effectivement, elle aurait été sur le point de tomber si elle n'avait pas été rudement éveillé par une elfe lunaire crassée de la tête au pied de cendre. C'était évidemment une forgeronne et une avide de boisson; elle portait un marteau ainsi que quelques flacons à sa ceinture et un tablier épais et abîmer. Sa joue droite était entièrement noircit et sa chevelure était attachée en queue-de-cheval. Melanh'tash Vlèkhamnan.

- J'ai entendu dire qu'il y avait un dragon argenté au regard améthyste dans les parages donc, je me suis permis de venir te payer une petite visite ! expliqua-t-elle en grimpant à l'arbre.

Elle s'installa sur une branche à côté d'où était Azéna et lui offrit un sourire béant.

- Tu m'as réveillée, grommela l'archère.

- Je t'ais apporté une offrande de paix pour faire pardonner mon impolitesse !

Elle lui tendit l'un des flacons qui était, à la surprise d'absolument personne, rempli d'un liquide qui sentait l'alcool à en faire fondre des narines.

- Oh Mel ! Encore du rhum ?

- Bah pourquoi pas ? Le rhum rend tout plus agréable ! déclara Melanh'tash avec fierté en levant une jambe pour la poser sur la branche.

- Inutile d'argumenter contre toi, rigola l'archère qui se mit à observer sa botte en cuir intimidante puis, sa jambe musclée avec intérêt. De toute façon, je ne m'en plains pas.

- À ta santé dans ce cas ! clama la forgeronne en prenant une longue gorgée.

Elle n'avait soit pas remarquée où Azéna regardait ou bien son comportement pervertis ne la dérangeais nullement. La dragonnière n'attendit pas pour une réaction; elle leva les yeux et se dépêcha à trouver quelque chose à dire pour se distraire :

- Err... err...mmm... De toute façon... Tu as délaissé ton travail ? Tu es... fraîchement sale.

- Ah... M'ouais... Mon dernier client a épuisé ma patience. Quel connard... Je désirais tout simplement une pause après un tel entretient.

Nerveuse, Azéna faillit laisser tomber le flacon entre ses doigts tremblants et se permit se siroter le rhum.

- T'es un peu rosée, mentionna l'elfe lunaire sur un ton sérieux. Ta tolérance à l'alcool est-elle si basse ?

- Ça doit être cela, mentit l'archère qui sentit encore plus de sang monté à son visage.

- Ah bah... Les enfants d'aujourd'hui... J'ai eut ma première bouteille à l'âge de sept ans.

Azéna cligna des yeux, incrédule à ce qu'elle venait d'entendre. Elle prit une deuxième gorgée dans l'espoir de calmer son esprit agité.

- À sept... ans...?

- Oui ma chère !

- Mais... Tes parents... Comment...?

- Ce n'est pas une histoire que j'aime particulièrement partager, mais disons que j'étais orpheline, soupira Mel en repoussant une mèche rebelle qui s'était détachée de sa queue-de-cheval.

L'archère respecta la vie privée de son aînée et enchaîna avec un nouveau sujet :

- Sinon comment ça va avec Vigoth ? questionna-t-elle avec innocence.

- Il ne se passe rien du tout, rétorqua l'elfe lunaire sur la défensive. Il ne m'intéresse évidemment... hic... pas.

Elle n'était pas convaincante, mais Azéna décida d'en demeurer là.

- Tu as abattu un stimilien près d'Atgoren, s'excita-t-elle lorsque les souvenirs du duel de l'an passé de Renora et d'Èrionda refit surface. C'est un exploit incroyable d'avoir tuer l'une de ses créatures à toi seule. Comment tu as fait ?

- C'est... flou, avoua la forgeronne entre deux gorgées de rhum. Mais j'étais complètement ivre lorsque je l'ais rencontrer. Il m'a menacé d'un sifflement puis... Plus rien. La prochaine...hic... chose dont je me souviens est de me venter en plein centre-ville d'Atgoren avec...hic hic... le croc, je crois ?

- Sérieusement ? Tu t'es battu contre une telle créature complètement bourrée et tu en es sortie vivante ?

- Et en pleine santé de surcroit ! annonça la forgeronne en levant son flacon dans les airs comme lorsqu'on boit à la santé de quelqu'un ou d'un évènement.

- Bah, tu m'épates, complimenta l'archère avec toute sincérité.

Mel lui offrit un sourire en coin empli de fierté et de mesquinerie ce qui la fit rougir comme une cerise puis, elle vida son flacon et le laissa tombe au sol. Elle vacilla dangereusement, clairement trop saoul pour jouer dans un arbre.

- Eh Mel, que dirais-tu d'aller sur la terre ferme ? proposa Azéna avec inquiétude.

- Hé ! Fait attention à ce que tu insinues, mademoiselle ! Après tout, c'est moi... hic... qui répare et qui façonne tes armes et armures !

- Arf... Touchée... Tu gagnes. Tu fais ce que tu désires !

Une longue pause aggrava l'angoisse de l'archère. Elle avait failli se mériter la colère de Mel et cette-dernière n'était pas belle à voir dans tous ses états. Enfin, c'est elle qui brisa le silence :

- Parlant de désires...

À ces mots, la demie-elfe sentit ses muscles se contracter et sa lèvre inférieure se mit à trembler.

- Tu as trouvé le droit chemin concernant ta préférence sexuelle ? demanda Mel sur un ton des plus nonchalant.

Azéna crut assistée à son cœur qui explosa. Elle n'avait jamais révélé directement à personne qu'elle préférait les femmes et cette idée la rendait indéfiniment nerveuse. Teriondil était au courant, mais il l'avait deviné, tout simplement.

- Err... hé bien... J'ai remarqué quelques demoiselles... et... et... aucun garçon.

- Ça va. Tu te découvres, tout simplement, dit Mel en posant une main sur l'épaule de l'adolescente. Et la sexualité, c'est fluide. Qui sais ? Peut-être qu'un jour, tu trouveras un homme à ton goût. Nous sommes tous des êtres extrêmement complexes qui ne cesse d'évoluer. On doit... hic... bouger. Si on reste sur place trop longtemps, nous mourrons en dedans.

Elle lâcha prise et se pointa du doigt.

- Prends-moi... hic... par exemple. Je vois les gens d'une façon qui diverge de la norme. Tout comme toi, les autres semblent avoir une préférence, ou du moins, ils voient une différence claire entre un homme et une femme. Pas moi.

L'archère ne savait pas si c'était le fait qu'elle était au courant de la flexibilité de la préférence sexuelle de Mel ou le fait qu'elle était elle-même entrain d'avoir des pensées impures qui la mettait hors d'elle-même, mais il fallait que ça cesse. Elle rougissait sans cesse; c'était insupportable. Elle pouvait sentir son visage surchauffé et bientôt, ce sentiment s'étendit à ses oreilles. Elle détourna le regard et prit une gorgée de son rhum en priant silencieusement pour de l'aide.

C'était tout nouveau; une autre personne qui était différente au niveau sentimental. Elle se sentait soudainement proche de Mel.

- C'est réconfortant de connectés sur ce plan avec quelqu'un d'autre, n'est-ce pas ? questionna la forgeronne avec douceur. Mais... hic... ne t'en fais pas pour autant. Tu en trouveras d'autres. Ils sont tous simplement dissimulés parmi la foule.

Et juste avec ses quelques paroles, elle libéra Azéna de ses démons du moment. Elle en rigola même.

- Tu es philosophique quand tu es ivre, sourit-elle.

Puis, son visage s'assombrit.

- Qu'est-ce que cela fait de nous ?

- Je n'en sais rien, avoua la forgeronne qui jouait maintenant avec son marteau en le faisait tourbillonner sur lui-même. Mais le plus important... hic... est de se poser cette simple question : est-ce important ?

- C'est hors norme... Les divinités nous punirons-t-ils ?

Mel éclata d'un rire spécialement rauque pour une femme et perdit son équilibre. Avant qu'elle ne tombe, l'archère l'agrippa par le bras et réussit à la stabiliser.

- Oufff... Tu as... hic... des réflexes de félins ! complimenta Mel, le ton de sa voix toujours aussi instable en cause de l'influence de l'alcool.

- Je suis une demie-elfe après tout, souligna Azéna avec une pointe légère d'inconfort.

- Et je suis une elfe à sang pure, mais qui est complètement bourrée !

Elle fit un geste exagérer avec ses bras et lâcha prise de son marteau qui tomba au sol, non sans briser quelques branches dans sa chute.

- Oh ! Merde à chier ! jura-t-elle dans toute sa splendeur.

- Et dire que tu as réussis à tuer un stimilien dans un tel état, fit remarquée la dragonnière en se cognant la main sur le front.

- Changement de sujet car j'ai décidé de te partager un petit... hic... secret, mais il ne faut pas le répéter à personne, chuchota-t-elle en se rapprochant le visage d'Azéna.

Son interlocutrice attendit avec patience, mais rien...

- Oui...?

- Oh ! Désolé ! J'ai failli tomber endormie ! Nous parlions de quoi déjà ?

- Le secret, grommela l'adolescente.

- Vigoth il l'est quand-même assez mignon, ricana la forgeronne en retournant à sa position originale.

- Non mais, grogna Azéna en se roulant les yeux. C'est quoi le problème dans ce cas ?

- Nous nous connaissons depuis très longtemps... trop longtemps... Ça serait étrange... Depuis genre l'adolescence... Il m'a croisé alors que j'étais séparée de mon... hmmm... disons un groupe... C'était beaucoup mieux ainsi car il n'aurait pas été vivant aujourd'hui. Le pauvre idiot, il était... hic... perdu et confus.

Elle continua à marmonner avec incompréhensibilité. Azéna la laissa tout simplement tranquille jusqu'à ce qu'elle se taise, dégustant sa boisson entretemps. Ses yeux errèrent jusqu'à ses jambes et à chaque fois, elle dut s'efforcer pour détourner le regard par politesse et par gêne.

Qu'est-ce qui lui arrivait dernièrement ? Elle était souvent hantée par des sentiments, des pulsions et des images impures. Elle ne pouvait pas en parler à personne... pas même Tyrath qui n'était qu'un enfant. Peut-être que...

- Dis Mel...

- M'oui ?

- Est-ce que c'est normal que dernièrement, j'éprouve beaucoup de difficulté à... à...

- À te concentrer ? questionna la forgeronne en lui offrant un clin d'œil.

Elle avait compris le message. Azéna se sentit soulager ; elle n'avait pas eu besoin d'utilisé le terme directement.

- J'ai remarqué, poursuivit Mel en faisant référence à ses jambes d'un geste de bras.

Et voilà. La dignité de l'archère s'écroula en milles petites pièces et elle se sentit fondre d'anxiété.

- Ça va, je suis habituée, ricana l'elfe lunaire. Après tout, tu dois avoir environs douze, peut-être treize ans ?

- Seize ans ! couina l'adolescence en se couvrant le visage de honte avec ses mains.

- Bon alors voilà ! T'es en retard pour commencer à te laisser dominer par tes hormones ! Ce n'est pas trop tôt ! C'est le temps qu'il font surface !

- Ça semble génial, marmonna Azéna avec sarcasme, toujours incapable de faire face à son aînée. Puis-je partir maintenant avant de mourir d'indignité ?

- Oh que non ! Je n'en ait pas terminé avec toi, mademoiselle...hic... ! Mes hormones à moi... hic... ils ont commencé à me titiller à dix ans, mais il faut dire que j'étais dans un environnement qui promouvait ce genre de chose... De toute façon, tu es chanceuse, ma petite !

L'imagine de Mel qui faisait des activités pas très pures avec une partenaire infesta l'esprit de l'archère qui sentit son crâne au complet monter en température. Elle n'osa pas encore lui dévoiler son visage qui était sûrement aussi rouge qu'un volcan.

- Tu es sexuelle toi ? vomit-t-elle impulsivement.

Choquée d'elle-même, elle couvrit sa bouche, son cœur qui battait maintenant la chamade pour lui rappeler de son état d'esprit paniqué. Avant qu'elle puisse se reprendre, la forgeronne prit la parole :

- Bah oui ! Pour qui me prends-tu ? Une religieuse ?

- T-tu parais sévère et réservée en t-temps normal, bégaya maladroitement l'adolescente qui eut enfin le courage de détacher ses mains de son visage.

Encore une fois, Mel s'éclata de rire et faillit tomber en bas de sa branche, sauvée par les réflexes d'Azéna.

- Ahhh je suis difficile sur la facette romantique, expliqua l'adulte en adoptant un air songeur. Mais pas autant sur la sexuelle.

Azéna se sentit perdre ses moyens encore une fois en cause d'un déluge d'images qu'elle tenta avec misère d'arrêter.

- Mais arrête ! supplia-t-elle.

- Honnn ! Tu es toute rouge comme une cerise !

Cette-fois, l'archère ne réussit pas à agripper la forgeronne ivre à temps et cette-dernière bascula, se retrouvant suspendue à une branche par les bras en riant comme une corneille démente.

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