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— RÉPONDEZ-MOI ! tonna Aaron avant de porter les mains à sa tête douloureuse.

Tout le monde sursauta.

— Que quelqu’un aille chercher la Guérisseuse ! ordonna Jordan. Comment tu te sens, Aaron ?

Le jeune homme lui lança un regard mauvais tandis qu’Alric sortait en courant.

— Comme si un train m’était rentré dedans. Tu m’as dit que la douleur serait supportable. Si c’est ça que tu appelles supportable, qu’est-ce que ça doit être pour l’insupportable ! Et pourquoi j’ai cette voix ? Mais qu’est-ce qu’il se passe à la fin ! ?

Il tenta de se redresser en se tenant aux barres de sécurité entourant son lit. Ce faisant, il tira dessus et... elles lui restèrent dans les mains. Mais... que… ? Il regarda ses mains, écarquilla les yeux, se tourna vers Loric, et sentit ses yeux se remplir de larmes ; affolé, paniqué.

— Chef ?

Des pas précipités provenant du bureau résonnèrent avant l’entrée d’une jeune femme dans la pièce. Il reconnut Sandra, la Guérisseuse, qui bouscula Loric pour s’approcher de lui avant de s’arrêter net à sa vue.

— Aaron ? Oh mon Dieu !

Ouvrant la bouche pour parler, il ressentit des picotements sur tout son corps. Un voile bleu se posa sur son regard tandis qu’il sentait son corps chauffer et ses muscles se raidir à nouveau. La peur rampait sous sa peau ; il tremblait, frissonnait.

— Ça recommence.

Les larmes débordèrent et coulèrent sur ses joues. La Guérisseuse posa sa main sur son front et ferma les yeux.

— Je dois le rendre inconscient, et vous avez intérêt à m’expliquer ce qui se passe, c’est clair ?

Il n’entendit pas la réponse, sombrant avec soulagement dans le néant. Lorsqu’il rouvrit les yeux, il se trouvait dans une des chambres de la clinique et non plus dans le cabinet de l'Éveilleur. Il ne ressentait aucune douleur, il jeta un coup d'œil sur ma main, tout semblait normal. Ce qui en soi était une bonne chose. En tournant la tête, il remarqua Alia assise à son chevet.

— Alia ?

— Aaron ! Comment te sens-tu ?

— Bien, enfin je crois...je...j’ai...c’était un cauchemar ? Cette douleur, ces trucs bizarres que j’ai faits et ressentie, je les ai rêvés, hein ?

Alia fit la moue et tourna sa tête vers l’autre côté du lit, le regard noir. Loric se tenait là, ainsi qu' Alric et Tobias. Il tenta de se redresser inquiet de ne pas y arriver mais il s’assit sans problème à son grand soulagement. En fait, il se sentait en pleine forme.

— Chef, j’ai rêvé, n’est-ce pas ?

Comme il ne répondait pas, Aaron sentit la colère monter en lui.

— Bon, ça suffit ! Je veux savoir ce qui se passe ! Maintenant !

Loric sursauta, surpris par cet éclat. Tout le monde regarda le jeune Asilien avec des yeux ronds. Jamais il n’avait parlé ainsi à son chef, mais il lui fallait des réponses. Il soutint donc son regard et croisa les bras sur sa poitrine, la mine renfrognée mais déterminé, en attente.

Loric sourit, regard assombrit.

— D’accord, alors non tu n’as pas rêvé. En fait tu n’as pas du tout réagi comme tu l’aurais dû au déclenchement. Thomas est à la bibliothèque avec Jordan pour essayer de savoir ce qu'il s’est passé. Ils ne devraient plus tarder.

Thomas et Jordan entrèrent dans la chambre à ce moment-là. Ils étaient blancs comme un linge. Aaron fixa le regard sur eux, anxieux au vu de leur mine.

— Alors ?

Thomas se racla la gorge en dansant d’un pied sur l’autre.

— Tu sais comment se passe la transmission de nos dons et pouvoirs, n’est-ce pas ?

Bien sûr qu’il le savait, Asilia accueillait toutes les âmes, esprits, énergies selon le nom que chacun voulait lui donner, de chaque être vivant, animal, humain, surnaturel ou même végétal, que ce soit du monde des humains ou d’un autre monde. Lorsque l’un des natifs mourait, son énergie errait dans leur monde. Seules celles issues de leur peuple gardaient en mémoire leurs dons et pouvoirs, et les transmettaient à un Asilien ou une Asilienne lors de leur évolution. Ces énergies ne gardaient aucun souvenir de leur vie, mais choisissaient l’héritier de leur capacité. C’est pourquoi personne ne savait avant cette étape ce qui leur serait transmis.

Il hocha donc la tête.

— J’ai fait des recherches pour savoir ce qui t’est arrivé, reprit-il, nous ne savons pas quels dons et pouvoirs tu as reçus, mais savons qui te les a transmis, et cela aurait dû être impossible.

— Et donc ?

— Tu as reçu ceux d’un Originel.

Après un instant de stupeur, Loric et Alric poussèrent un horrible juron. Alia hoqueta avant de mettre sa main sur sa bouche, et Tobias vacilla sur ses jambes en dévisageant Aaron, horrifié.

Quant à ce dernier, l’impression que le ciel lui était tombé sur la tête le statufia. Il resta immobile quelques instants avant de se lever précipitamment et courir en trébuchant vers la salle d’eau pour rendre le contenu de son estomac. Il haletait, tentant de retrouver sa respiration, en vain. Une crise de panique le terrassait. Il sentit une main se poser sur mon épaule,Tobias qui murmura.

— Regarde-moi, respire lentement.

Aaron le fixa dans les yeux, inspira et expira lentement s’ancrant à son ami. Au bout d’un long moment, il prit une grande inspiration. Tobias le dévisageait, inquiet.

— Ça va aller ?

— Je ne sais pas Tobias, franchement je ne sais pas.

Tobias le prit dans ses bras sans dire un mot et il le laissa faire. Il se détacha ensuite de lui, passa de l’eau sur son visage et resta le temps de reprendre ses esprits. Ils retournèrent dans la chambre et Aaron se rassit sur son lit, le visage défait mais son sang-froid recouvré.

— Combien de temps suis-je resté ici ?

— Tu es là depuis hier après-midi, l’informa Alric. Et il est onze heures du matin.

Son cœur se mit à battre plus vite.

— Lola !

— Ne t’inquiète pas, j’ai envoyé un Protecteur pour veiller sur elle.

À cette annonce, un grondement sortit de la gorge du jeune homme. Il mit sa main à son cou.

— C’est quoi ça encore ?

Loric ricana.

— T'inquiètes, tu comprendras bientôt. Revenons-en à cette bombe que Thomas vient de lâcher. Aaron, te sens-tu prêt à entendre la suite ? questionna-t-il, inquiet.

— Je crois que je n'ai pas trop le choix, mais vous êtes sûr qu’il s'agit d’un Originel ? Comment pouvez-vous le savoir ?

Il posa ces questions d’une voix incertaine, méfiant quant à cette allégation.

En effet, un Originel était l’un des premiers “Êtres” à avoir été créé dans leur Monde. Asilia existait afin que chaque âme de chaque créature vivante trouve un refuge à l’abri des abominations qui les dévoraient, les possédaient ou les torturaient pour annihiler ou corrompre les innocents.

Premiers Protecteurs ayant existé, ils possédaient des dons et des pouvoirs inimaginables. Malheureusement, l’un d’entre eux devint orgueilleux, arrogant et assoiffé de pouvoir. Il voulait être adoré comme un Dieu. Les autres Protecteurs finirent par le mettre hors d’état de nuire, mais attendirent trop longtemps. Il avait instauré la peur et la méfiance dans leur monde. Beaucoup d’âmes refusèrent de passer et furent perdues. Errantes dans leur monde respectif sans protection, elles devinrent des proies faciles pour les âmes noires.

La Destinée, ne pouvant accepter cela, fit en sorte que cette première génération de Protecteur soit punie et encadrée. C’est à ce moment-là qu’un Meneur et des Gardiens firent leur apparition. Les générations suivantes héritèrent de dons et pouvoirs, mais ceux-ci furent partagés sur l’ensemble des Protecteurs et non plus tous sur chacun d’entre eux.

Thomas répondit.

— Parce que la puissance que tu as absorbée ne peut en aucun cas être celle d’un Protecteur, même si ces derniers ont l'esprit plus fort que les autres à part le Meneur. Or, pour toi, cette puissance est telle que cela ne peut signifier qu’une chose, il s’agit bien d’un Originel.

Jordan prit la parole.

— Lorsque j’ai déclenché ton ascension, tu as emmagasiné tellement d'énergie, que ton corps a réagi comme une évolution normale, mais il n’était pas prêt à encaisser ça. C’est pourquoi Sandra t’a rendu inconscient et a ainsi bloqué ce trop-plein. Ce qui me fait dire que si je n’avais pas provoqué cela de façon à ce que cela s’étale sur sept jours, tu serais probablement mort. Ton corps n’aurait pas supporté une telle pression. Et nous pensons que c’est la raison pour laquelle tu peux absorber cette âme et qu'elle t'a choisi.

Aaron déglutit.

— Tu crois que son énergie a senti ce processus et à deviné que je pourrais l’absorber ?

— Oui, je le pense, car c’est la première fois que ce procédé est mis en place, et qu'aucun Originel n'avait fusionné avec quelqu'un.

— Et maintenant ?

— Je pense que ton évolution va se faire progressivement, ton corps est redevenu stable. Tu risques d’avoir des poussées de puissance, mais comme ton organisme se modifie au fur et à mesure, tu devrais pouvoir le gérer.

— Et vous ne pouvez pas me dire quels don et pouvoir j'ai reçus ? s’enquiert-il avec espoir.

— Ça, sera à toi de le découvrir, mais nous avons déjà une petite idée de l’allure que tu vas avoir.

Loric l’observait d’un air malicieux.

— Ouais, tu vas en faire des jaloux, renchérit Alric.

Il reçut un regard torve en retour.

— Mais pourquoi un Originel m’aurait sélectionné ? Je ne veux pas de cet héritage.

— Malheureusement ce n’est pas nous qui choisissons, intervint Alia d’une voix douce, s’il t'a désigné cela veut dire que le Destin a de grands projets pour toi et qu’il te sait capable d’y faire face.

— Hum...fit Jordan en se raclant la gorge. Regarde ton bras gauche Aaron.

Ce dernier le fixa, puis non sans appréhension releva la manche de son t-shirt et écarquilla les yeux.

Au-dessus de son poignet, se trouvait un tatouage qui montait juqu’à la moitié de son avant-bras. Il était de couleur bleu cobalt et représentait un arbre majestueux. Il interrogea Jordan du regard.

— Il s’agit du Chêne, expliqua-t-il en regardant Thomas, qui confirma d’un signe de tête. Ce symbole représente la Force. C’est le premier don qui a commencé à apparaître lors de ton évolution et dont nous avons été témoins. Ton tatouage s’est imprimé à ce moment-là.

— Notre hypothèse, continua Thomas, est que d’autres symboles suivront au fur et à mesure des dons et pouvoirs qui se révèleront à toi.

— Mais pourquoi vous n'en avez pas vous ?

— Nous ne savons pas, fit Thomas, nous pensons que c'est lié à l'Originel, mais pas à quoi. Il faut que je fasse d'autres recherches.

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