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Le jeune Asilien observa les guerriers à la dérobée. Son admiration envers ces hommes se devinait dans son regard qui glissa sur leur incroyable tenue de combat. Celles-ci se composaient d’un casque intégral et d’une armure créés dans une matière souple, légère et transparente aussi solide que du kevlar. Ces protections vivantes issues de l’énergie circulant dans leur monde, donnaient l’impression d’ondoiement autour de leurs corps. Les Protecteurs pouvaient les endosser ou les occulter d’une simple pensée tout comme celles de leurs destriers, en symbiose avec leurs maîtres, entraînés aux combats et aux situations de danger.

Alric, leur chef, était armé d’une épée bâtarde* et d’un bocle* attachés dans le dos, ainsi que de dagues dissimulées sur lui.

Le forgeron qui créait ces armes n’était autre qu’Aaron, la réputation de ses créations dépassait les limites de leur canton et ses œuvres étaient recherchées. Il forgeait, adaptait, et gravait chaque arme pour un combattant spécifique. Ses mains travaillaient les métaux, n’importe lequel, un sentiment de fierté l’inonda en voyant ses lames portées par ces hommes.

Ils traversèrent le village et arrivèrent devant un grand portail en fer forgé surveillé par deux Gardes qui s’effacèrent à l’approche des cavaliers. En apercevant le jeune homme, ils croisèrent son regard puis levèrent les yeux au ciel en secouant la tête. Avec l’impression d’être un gamin emmené au bureau du proviseur pour se prendre une soufflante, il soupira en leur lançant un regard noir.

Derrière le portail, les cavaliers prirent la direction des écuries alors qu’Aaron se tournait face à la magnifique demeure à trois niveaux du Meneur. De nombreuses ouvertures perçaient la construction faite de bois massifs et de pierre de taille. Malgré son apparence, il s’agissait d’une véritable forteresse.

La porte d’entrée s’ouvrit et une femme, aux cheveux blonds cendrés s’avança sur le perron et posa les mains sur les hanches.

— Tu comptes rester là longtemps ou faut-il te ramener par la peau des fesses ?

— J’arrive ! j’admirai ta demeure.

— Oui, bien sûr. Je pense plutôt que tu essaies de retarder l’inévitable.

— C’est vrai aussi, avouait Aaron avec un sourire charmeur.

— Tu sais qu’il est très en colère ? J’espère que tu possèdes d’excellents arguments, jeune homme !

Sa voix paraissait dure, toutefois son regard aux prunelles couleurs lavande exprimait la malice et la compassion.

— Je crois... Je crois que mes raisons sont importantes.

— Alors, allons-y.

Alia, la compagne du Meneur de la région, semblait fragile avec son allure de poupée et sa petite taille. Sa bouche s’étirait la plupart du temps sur un sourire bienveillant. Mais si son regard lançait des éclairs et s’adressait à vous mieux valait faire profil bas. Elle possédait une force de caractère étonnante, et indispensable pour pouvoir vivre avec le Meneur.

Ils traversèrent un immense hall et s’arrêtèrent devant une très belle porte en bois massif, ouvragée d’arabesques sur toute sa surface.

Alia toqua.

— ENTREZ ! aboya la voix tonitruante du Meneur.

Alia grimaça et poussa la porte. Le garçon se demandait si en effectuant un rapide demi-tour et en courant très vite et très loin, il pourrait éviter de se faire botter les fesses. Mais à la place, il leva le menton et entra à la suite de la jeune femme. Celle-ci traversa la pièce, contourna un énorme bureau en granit noir, et posa sa main sur l’épaule de l’homme qui lisait un document, installé dans un fauteuil en cuir. Elle semblait minuscule à côté de lui.

Aaron tenta de se donner une contenance en regardant autour de lui. Le bureau dégageait une atmosphère d’autorité et de sobriété adoucie par un mélange de fragrance de fleurs et de cuirs issus des plantes encadrant deux canapés couleur camel.

Son regard revint vers le bureau où il croisa les yeux bleus de son chef, il déglutit. Le Meneur était une force de la nature comme tous les Protecteurs et les Gardes, il avait un physique de combattant et respirait l’autorité. Ses cheveux blonds cendrés lui arrivaient au milieu du dos et encadraient un visage dont les prunelles bleu pâles le fixait d’un air furieux. Visage fermé, mâchoires crispées et lèvres pincées, il inspira profondément et... trois... deux... un... compta le jeune homme en aparté.

— TU AS DEUX MINUTES POUR M’EXPLIQUER CE QUE C’EST QUE CE BORDEL !

Ok, il est vraiment furax. Aaron se racla la gorge, planta son regard dans celui de son vis-à-vis, redressa les épaules et se lança.

— Tu savais que le Gardien n’était plus là ?

— Oui je le savais, son remplaçant est arrivé il y a trois jours. Je sais aussi que tu allais le voir de temps en temps et j’ai laissé couler, mais là je voudrais que tu m’expliques pourquoi tu sors tous les soirs sans autorisation. La passation n’a pas encore été effectuée avec lui. Tu n’as donc rien à faire là-bas.

La passation avec un Gardien, était un rituel consistant à donner à ce dernier les pouvoirs nécessaires à la protection du passage. Seul le Meneur pouvait le lui octroyer. Avant cela, le Gardien n’avait même pas connaissance de notre monde ni du rôle qu'il aurait. Il était donc strictement interdit de le voir avant cela.

— Euh... et c’est normal qu’une humaine se soit installée dans le chalet ? Elle a emménagé il y a trois jours.

Un silence ahuri accueillit sa révélation. Loric et Alia avaient les yeux écarquillés et la bouche grande ouverte. Cela aurait pu être comique si la situation n’avait pas été inquiétante.

Loric s’ébroua et appuya sur un bouton de l'interphone de son bureau.

— ALRIC ! RAMÈNE TES FESSES DANS MON BUREAU !

— J’arrive, chef.

Quelques minutes plus tard, Alric entra dans la pièce. Il avait troqué son armure pour un jean, un t-shirt et des bottes de combat.

— Aaron, répète ce que tu viens de dire.

Les yeux d’Alric s’écarquillèrent à mesure des paroles réitérées.

— C'est impossible ! un humain ne peut accéder à ce chalet. Il est protégé. Nous en aurions été immédiatement avertis.

— Et pourtant c’est bien le cas, mais ce n’est pas tout, et je pense que ça ne va pas vous plaire.

Loric s’appuya contre le dossier de son fauteuil, croisa les bras sur sa poitrine et plissa les yeux.

— On t’écoute.

Le garçon raconta ce qu’il avait observé. L’aura aux couleurs étonnantes, l’entité qui tournait autour de l’inconnue lors de l’attaque par le biais d’un cauchemar.

Loric devint livide. Ses yeux s’assombrirent d’inquiétude.

— Nom de dieu ! C’est pas vrai ! beugla-t-il en bondissant de son fauteuil.

Il se mit à faire les cent pas. Alric, Aaron et Alia le regardèrent, surpris. Cette dernière ouvrit la bouche.

— Loric ? Qu’est-ce qui se passe ?

L’interpellé s’arrêta et se planta devant Aaron.

— Est-ce que tu as touché cette femme ? C’est important, réponds-moi ! ordonna-t-il comme il gardait le silence.

— Quand... quand cette chose l’a attaqué, j’ai peut-être apposé la main sur elle pour tenter de la défendre et de savoir ce que c’était ?

— Merde ! souffla-t-il. Merde...merde... merde… ! Pourquoi es-tu resté la surveiller au lieu de venir nous avertir ?

Loric, avait le regard plongé dans celui du jeune homme, lui donnant l’impression de lire son âme. Désatabilisé, il lui répondit d’une voix hésitante.

— Je ne sais pas, mon instinct me disait de ne pas la laisser seule. Mais qu’est-ce qu’il se passe ?

Loric ne répondit pas mais demanda.

— Est-ce qu’elle t’as vue ?

— Non.

— Alric, Je veux tout savoir sur cette femme, et sur sa famille. Tout, même les détails, date anniversai…

— Aujourd’hui, l'interrompit Aaron. Je l’ai vue se le souhaiter à elle-même ce soir, elle vient d'avoir vingt cinq ans. Elle s’appelle Lola. Elle possède un site internet qu’elle utilise pour vendre ses créations. C’était inscrit sur son fourgon.

Le Meneur inspira profondément tout en se tournant vers le Protectuer et d’une voix basse et grave lui ordonna :

— Je veux que toutes les sorties vers le monde des humains soient interdites jusqu’à nouvel ordre et que tous ceux à l’extérieur rentrent immédiatement. Double la garde à chaque passage ainsi que les rondes.

— Quoi ?! s’étrangla Alric.

Alia mit ses poings sur ses hanches et fusilla son mari du regard.

— Il va falloir que tu t’expliques, et vite !

— Je vais le faire mais je dois voir quelqu’un avant. Je veux les Protecteurs dans deux heures dans la salle de défense, et toi aussi Aaron.

— Et moi aussi ! aboya Alia d’un ton n’admettant aucun refus.

Loric hocha la tête en signe d'acquiescement, s’approcha d’elle et lui donna un baiser. Il tendit la main, fit apparaître un miroir et disparut dans une brume bleue au travers de ce dernier.

Tout le monde resta abasourdi. Tout à coup un couinement se fît entendre qui fit se tourner les têtes vers la fenêtre, alors qu’une pluie torrentielle s’était mise à tomber.

— Euh...Loric est vraiment contrarié, observa Alia en regardant les trombes d'eau qui s’abattaient avec violence.

— Tobias, sors de là ! Tout de suite ! Sinon je t’attrape par la peau du cou. Claqua la voix furieuse d’Alric.

Un chat au pelage beige foncé entra par la fenêtre. Trempé, avec un air misérable mais surtout dépité. C’est bien connu que les chats détestent l’eau. Son allure eut au moins le mérite de détendre l’atmosphère. Aaron ricana, Alia sourit et Alric grogna.

— Transforme-toi et tu as intérêt à avoir une très bonne raison d’être là.

Un éclair bleu illumina le chat qui laissa la place à un jeune homme vêtu d’un jean, d’un t-shirt trop grand pour lui et de baskets vertes. Coiffé de cheveux d'un blond roux étrange coupés courts, avec des yeux bleus malicieux, il montrait une allure d’éternel ado dégingandé. Une allure qu’il gardera jusqu’à son évolution, qui devrait arriver dans un peu plus d'un an.

Son regard vira à l’inquiétude lorsqu’il croisa celui d’Alric.

— Peut-on savoir ce que tu faisais planqué derrière cette fenêtre ?

Tobias baissa la tête au ton doucereux d’Alric et jeta un coup d’œil en coin à son ami. Au bout d’un moment il redressa le menton et regarda le Protecteur dans les yeux.

— Je savais que Aaron allait avoir des ennuis, je voulais savoir à quel point pour lui apporter mon soutien.

— Et c’est en nous espionnant que tu pensais le soutenir ?

— Hum… j’ai vu cette fille. Je me demandais moi aussi pourquoi personne ne s'était rendu compte que quelque chose clochait au chalet.

— Quoi ? tu es toi aussi allé là-bas sans autorisation ? Les deux Dupond et Dupont vous me les casser sérieusement tous les deux. Tobias, dégage, on reparlera de ça plus tard, nous on a du boulot.

Tobias sortit sans demander son reste tout en lançant un clin d’œil discret à Aaron. Celui-ci leva les yeux au ciel. Tobias était son meilleur ami, mais il avait tendance à se mettre dans des situations pas possible tout comme son acolyte d’ailleurs.

— Allons-y, trouvons qui est cette femme.

* épée bâtarde: même capacité au combat que les épée a une main. Mais elle sont utilisable a 2 main permettant des attaque et des enchaînement de coups plus varié et efficace. Leurs longueur (lame -1m, poignée - 30cm, poids ~1kg5 )est aussi un avantage et leurs poids en est un autre l'impacte étant plus violent.

* Bocle: Le bocle, aussi connu sous le nom de boucle, est un petit bouclier circulaire, d'environ 15 à 45 cm de diamètre, tenu à bout de bras, l'autre étant armé d'une épée.

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