La glace au congel

2 minutes de lecture

La nuit avait été dure, impitoyable.

La migraine l'avait torturé dans un état de demi sommeil plus épuisant que réparateur. Même si sa conscience avait fini par lâcher prise, il se sentait aussi abruti que si il avait passé une nuit blanche. Il jeta machinalement un œil à l'horloge murale, il était 5h36, Dehors il faisait encore nuit. Sur l'horloge était inscrit « LOVE » au dessus d'un dessin de Snoopy allongé sur un gros cœur. Son père lui avait offert quand il avait emménagé avec son ex femme dans la maison qu'ils venaient d'acheter. La vitre avait cassé dans un des innombrables déménagements qui avaient suivi son divorce, mais il s'était contenté de la retirer et avait gardé l'objet. Ses couleurs vives et son style enfantin tranchaient singulièrement avec le style sobre et dépouillé de l'appartement. Marvin la conservait en quelque sorte par superstition, comme si sa présence pouvait importer du passé une part d'un bonheur révolu et influencer positivement son pénible présent.

Il prit son thé sans sucre. Il savait que le mal de crâne était toujours là, en embuscade, n'attendant qu'une seule chose : Qu'il mange quoi que ce soit pour revenir à la charge le tourmenter. Comme la veille aussi il n'avait pas dîné, son corps commençait à taper dans ses maigres réserves, ce qui aggravait son éreintement.

Sur le sol de la cuisine, un énorme crocodile le regardait finir lentement son bol de thé noir tiède.

- Marvin.

Il jeta un regard las au saurien. Il se dégageait de l'animal une aura primitive et brutale, préhistorique. Sa peau épaisse couverte de plaques osseuses était entaillée en plusieurs points mais sur un tel monstre, ces plaies paraissaient autant d'égratignure.

Ses yeux jaunes fixaient intensément Marvin.

Il continua :

- Il reste de la glace au congélateur.

Marvin ne répondit pas, il enjamba le crocodile et déposa son bol dans l'évier.

- Tu pourrais au moins en prendre une cuillère…
- Oublie ça tu veux ?

Dehors le vent et la pluie s'intensifiaient. Il remonta les persiennes. Des trombes d'eau se déversaient par vague sur la ville. La rue était déserte. En face de lui une plaque de tôle battait frénétiquement sur le coté d'un des climatiseurs. Brusquement elle s'arracha et s'envola comme s'il s'était agit d'un vulgaire prospectus.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 4 versions.

Vous aimez lire Sam974 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0